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II. CONTEXTE DES PROCÉDURES D’ÉVALUATION ET D’ORIENTATION DE LA RECHERCHE

2. Le cycle d’orientation, le cas du canton de Genève

2.2. Déroulement de l’admission au cycle d’orientation

Précisons ici, qu’à Genève, trois établissements ont un système de fonctionnement particulier, dans le sens où l’orientation dans les différents regroupements ne se fait pas à partir de la 7ème mais de la 8ème année. Ces cycles sont dits hétérogènes. Aussi, étant donné que la procédure d’orientation des cycles hétérogènes n’est pas la même que celle en vigueur dans la plupart des cycles, nous n’en traiterons pas au travers de ce travail.

Comme le mentionne Rey (1995), il existe de nombreux critères et conditions de passage qui régissent le processus d’orientation au cycle. La plupart est consignée dans des règlements alors que d’autres font l’objet d’un consensus large. Cependant, il est important de noter qu’au moment où ces normes ou conditions doivent être appliquées afin d’orienter un élève, rien n’est uniforme ni simple. La marge d’interprétation des acteurs chargés de ce travail est en effet importante. La Direction générale du cycle d’orientation service de la scolarité (2008)3 parle de ce processus d’orientation de la manière suivante :

La transition entre l’EP4 et le CO doit s’inscrire dans un parcours de formation des élèves confiés à l’enseignement public dans le cadre de la scolarité obligatoire. Les maîtres jouent un rôle clé dans ce processus qui est encadré et piloté à chaque étape par l’autorité scolaire.

La responsabilité institutionnelle est partagée par les deux ordres d’enseignement (p.3).

La prise de contact entre le primaire et le cycle se fait en deux temps. Le premier lors des bilans

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et pronostics de fin de deuxième période et le second avant les inscriptions au cycle d’orientation. Comme le mentionne la Direction générale du cycle d’orientation (2008), ces deux échanges sont nécessaires afin que la transmission des informations ainsi que l’anticipation de situations particulières puissent être réalisées dans les meilleures conditions. Ils permettent également aux diverses personnes appelées à suivre un élève, de soigner le passage d’un degré à l’autre et ceci de manière à favoriser la coordination.

Ces rencontres ont donc pour but d’assurer la transition pédagogique et administrative des élèves de l’école primaire vers le CO. Lors de ces dernières, toutes les situations considérées comme difficiles ainsi que celles pour lesquelles la promotion ne semble pas acquise à ce moment de l’année, sont discutées. De plus, les enseignants du primaire sont amenés à remplir un document appelé

« Situation et pronostic de mars »5. Ce dernier est transmis aux directions du CO comme à la DGCO6 par les directeurs de l’enseignement primaire. Il permet de définir une préorientation pour chacun des élèves.

Selon le document émis par la Direction générale du cycle d’orientation (2008), cette procédure se déroule d’un point de vue administratif, il s’agit en particulier, à ce stade de la procédure d’orientation, de vérifier :

- l’admissibilité probable ;

- l’orientation prévisible (basée sur les résultats ainsi que sur l’avis de l’enseignant et le souhait des parents) en termes de regroupement et de choix d’options ;

- le secteur d’affectation en fonction de l’adresse actualisée ;

- les particularités liées aux déménagements, changements d’école, etc. (p.3).

D’un point de vue pédagogique, cette rencontre a également pour but de :

- discuter de toutes les situations scolaires difficiles, ceci en complément aux rapports des maîtres qui sont transmis aux directions ultérieurement ;

- examiner les hypothèses et démarches entreprises pour envisager les solutions appropriées aux élèves qui n’atteindront pas, selon toute vraisemblance, les normes d’admission au CO ;

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- convenir de la suite des démarches à leur propos (avec échéances partagées). La coordination supplémentaire avec l’enseignement spécialisé est dès lors indispensable (tests EFP, etc.) ;

- d’assurer la transmission à la direction du CO de secteur de tous les renseignements utiles à la constitution des futures classes (p.3-4).

A l’issue des travaux administratifs de l’école primaire, un nouveau contact peut avoir lieu entre l’EP et le CO, ceci avant la procédure d’inscription des élèves au CO.

Cette nouvelle entrevue intervient afin de clarifier la situation des élèves en ce qui concerne : - les indications nouvelles à transmettre et utiles pour l’accueil des élèves au CO, - les résultats finaux des élèves,

- l’orientation prévue (basée sur les résultats ainsi que sur l’avis de l’enseignant et le souhait des parents) en termes de regroupement et de choix d’options,

- les indications fournies par l’EP en vue du traitement par le CO des situations "limites"

qui nécessiteraient un examen particulier […] (p.4).

Pour être promu au cycle d’orientation, l’élève doit avoir obtenu une note au moins égale à 3,0 de moyenne annuelle dans les disciplines mathématiques, français I (communication) et français II (grammaire, vocabulaire, orthographe, conjugaison). Il est alors admis dans l’un des trois regroupements (A, B ou C) dont il remplit les conditions. Ainsi, les seuils minimaux pour chaque regroupement sont : pour être orienté en A : une note égale à 4 en mathématiques, français I et II ; pour le regroupement B : une note égale à 4 et les deux autres au moins égales à 3 ; et puis, pour le regroupement C : des notes supérieures ou égales à 3 dans ces trois disciplines. Comme le mentionne le document d’admission au CO des élèves issus des écoles primaires genevoises (2008)7 ces conditions sont établies par le règlement du cycle d’orientation du 10 octobre 2001.

Les responsabilités de l’école primaire et du cycle d’orientation sont partagées. En effet, l’évaluation de fin de 6ème primaire, dont le résultat oriente pour une large part les élèves, est du ressort de l’école primaire tandis que l’admission au CO et l’orientation finale des élèves sont de la responsabilité des directions des établissements du CO. Aussi, l’orientation de l’élève, admis ou admis par dérogation au cycle d’orientation, est de la responsabilité de ce dernier. Comme le mentionne la Direction générale du cycle d’orientation (2008), « un préavis n’a pas force de

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décision ». Certaines situations nécessitent un examen plus approfondi (sans parler encore de dérogation). Dans ces cas-là, les éléments suivants sont également considérés par la direction de l’établissement:

- le rapport et les renseignements fournis par l’enseignant primaire au cours des rencontres de mars et de juin,

- l’avis de l’élève et de ses parents,

- les indications fournies par les tests de raisonnement, - les résultats aux épreuves cantonales (p.7).

Comme mentionné précédemment, les élèves sont répartis dans trois regroupements différents A, B et C selon les résultats minimaux attendus. Certains cycles ne disposent pas de classe de regroupement C. Ces derniers accueillent dès lors les élèves qui y seraient destinés dans des classes dites mixtes, réunissant les regroupements B et C, ou dans des classes dans lesquelles les élèves sont au bénéfice d’un encadrement pédagogique particulier. Dans ce dernier cas, le regroupement est nommé B passerelle.

L’élève qui n’aurait pas atteint les exigences de fin de cycle pour passer au cycle d’orientation ou encore pour être orienté dans le regroupement espéré est donc amené, avec ses parents et s’il le souhaite, à effectuer une demande de dérogation8. Ces demandes de dérogation font l’objet d’un examen attentif réalisé par la direction, ceci pour chaque situation. Une négociation est alors lancée avec les professionnels de l’éducation. Lors des traitements de dérogations, d’autres paramètres que les notes sont également mis en avant. Ainsi, comme le mentionne le service de la scolarité secteur de la préorientation (2008), les éléments suivant sont notamment pris en compte :

- Résultats pédagogiques (notes, épreuves cantonales, etc.) et, en particulier, la progression de l’élève.

- Rapport du maître de 6e.

- Résultats aux tests de raisonnement.

- Discussions préalables avec les enseignants ou inspecteurs/directeurs d’école.

- Evolution des résultats scolaires pendant l’année.

- Circonstances particulières : langues étrangères, maladie, troubles spécifiques (p.4).

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Aussi, comme le mentionne Rey (1995), les informations transmises par les maîtres primaires, les résultats aux tests psychologiques, les entretiens avec les parents, les conseillers d’orientation et les directeurs peuvent avoir un rôle important lors de la décision d’orientation d’un élève et ce, notamment en cas de demande de dérogation. En effet, ceux-ci peuvent relativiser la valeur des notes annuelles obtenues au cours de la 6ème primaire et ainsi modifier l’orientation des élèves.

De plus, cette même étude nous montre que la liberté des acteurs est grande. A ce propos, l’auteur s’exprime en ces termes : « la mobilité du système est grande. Loin d’être figée dans un cadre étroit de notes, la liberté des acteurs permet d’ajuster l’orientation en tenant compte de caractéristiques propres à l’élève ». p. 80).

Ainsi, la question de l’orientation des élèves, qui a lieu entre l’école primaire et le cycle, prend place dans un contexte particulier, qu’il est important pour le lecteur de garder à l’esprit au fil de notre travail de mémoire.