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III. CADRE THEORIQUE

2. Evaluation des apprentissages

2.3. Outils de communication

Afin de pouvoir communiquer les résultats aux évaluations ainsi que la progression de l’élève, les enseignants ont recours à différents outils qu’il nous semble important de spécifier ici. Dans le cadre de notre recherche, nous avons choisi de nous centrer sur ceux nous semblant les plus significatifs pour notre travail. Il s’agit des objectifs critériés, des notes en général, des commentaires écrits (en évaluation), ainsi que des livrets scolaires.

2.3.1. Objectifs critériés

Lorsque l’enseignant construit et met en place une évaluation, il doit pouvoir interpréter les résultats obtenus par ses élèves. Pour cela, l’enseignant doit pouvoir « définir des repères lui permettant de situer le résultat de l’élève par rapport à un ensemble de critères (ou objectifs) fixés en termes quantitatifs et /ou qualitatifs dans un champ donné » (Wegmuller & Allal, 1997, p.14). Nous parlerons ici d’évaluation critériée dans laquelle l’enseignant évalue ses élèves par rapport à des objectifs spécifiques ayant été travaillés par ces derniers et pour lesquels il aura défini les critères lui permettant de porter un jugement sur l’acquisition ou non de tel ou tel objectif. Nous distinguons ce type d’évaluation d’une autre pratique, qui serait de considérer les élèves les uns par rapport aux autres, au niveau des résultats scolaires. En d’autres termes, cela reviendrait à effectuer une évaluation à référence normative. Cependant, nous ne traiterons pas de cette dernière dans notre travail.

Ainsi, nous nous posons la question de savoir si le recours à des évaluations à référence critérielle est une pratique courante au sein de l’enseignement primaire genevois, comme ceci est d’ailleurs prescrit dans les directives officielles.

2.3.2. Commentaires écrits

L’enseignant, lorsqu’il corrige les travaux de ses élèves, que ceux-ci soient des évaluations ou des exercices sans note, est susceptible d’inscrire des remarques ou d’énoncer oralement des commentaires qualitatifs à propos de ce qu’il a sous les yeux.

Le fait que ces commentaires paraissent sous forme écrite donne un certain poids au message transmis par l’enseignant : en effet, il tient lieu de mémoire car il ne peut s’oublier ou voir son

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au contraire, il évite cette tâche.

Voici quelques exemples de commentaires écrits énoncés par Perrenoud (1995) : 'Tu oublies d’accorder les adjectifs ! Lis les consignes ! Bravo ! Bâclé, tu pourrais faire un effort ! Et la ponctuation ? Illisible, à recopier ! Aligne mieux tes chiffres en colonne ! 38 n’est pas un multiple de 12 ! Les diagonales ne se coupent [pas] à angle droit !'(p.260).

Cet auteur ajoute également que le statut des commentaires peut être très varié. Cela passe de l’explication d’une erreur ou d’une correction aux remarques plus générales sur le comportement de l’élève face à certaines activités ou sur sa méthode de travail, en passant par les félicitations et les blâmes. A ce sujet, Favre (2000), parle des actes de langage écrits qui diffèrent dans la parole de l’enseignant, selon le but que ce dernier poursuit : « L’enseignant utilise l’écrit […] pour : affirmer, avertir, ordonner, blâmer, recommander, encourager, demander, dénoncer, approuver, féliciter, questionner, etc » (p.29).

Plus encore, Georges Pasquier (dans Favre, 2000), insiste sur une forme particulière qui se retrouve souvent dans les commentaires écrits en évaluation. Il s’agit des énoncés pronostiques du type : « Si tu ne fais pas tes devoirs, tu vas redoubler ton année ». Ces commentaires constituent une pression pour le récepteur du message. Dès lors, nous sommes curieuses de nous confronter à la réalité du terrain, afin de savoir quel usage des commentaires est fait par les enseignants.

De telles remarques sont destinées à différents acteurs comme les parents, les enseignants, la direction ou encore tout autre personne intervenant auprès de l’enfant. Là encore, Favre (2000) précise que les « marques d’adressage » du message ne sont pas toujours bien définies. Dès lors, s’adresse-t-on à l’élève directement, aux parents, à l’administration ou à une autre personne?

2.3.3. Les notes et la difficulté à leur attribuer une signification

Nous souhaitons mettre l’accent sur le fait que, bien qu’il existe une grande quantité de textes officiels concernant la mise de notes, les interprétations liées à ces derniers ne sont pas uniformes. En effet, les écoles et les enseignants s’octroient une certaine marge de manœuvre dans le choix des contenus et des normes d’excellence (Perrenoud, 1995).

De plus, selon cet auteur, les notes permettent de situer un élève sur une échelle d’excellence relative et ont des conséquences prévisibles. Il est néanmoins plus difficile de se représenter à

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« 5 » de mathématiques en 3ème primaire. Aussi, le maître qui a attribué ces moyennes est-il en mesure de faire correspondre à ces dernières un commentaire écrit ou une justification orale.

Autrement dit, il traduit ces moyennes en « savoirs » et « savoir-faire » maîtrisés partiellement ou totalement par l’enfant. Toutefois, cette correspondance entre une moyenne et un commentaire est souvent difficile pour le maître. En effet, l’enseignant doit décrire « en général » le niveau de maîtrise correspondant à la moyenne de l’élève dans une branche et un degré en particulier.

S’il est difficile d’attribuer une signification précise à une moyenne, c’est en grande partie dû au fait que, comme son nom l’indique, il s’agit d’une synthèse des différentes évaluations réalisées durant l’année. Elle est donc la synthèse d’un ensemble de performances faisant référence à des compétences diverses et partiellement indépendantes les unes des autres. Aussi, nous pouvons nous demander jusqu’à quel point il est difficile pour un enseignant d’attribuer une note à un élève, qui ait du sens et qui soit justifiable.

2.3.4. Notes et commentaires : quelle cohérence ?

Le maître aura plus ou moins de difficultés à faire correspondre de façon stable le niveau de maîtrise de l’élève à une note, selon s’il a l’habitude d’établir des barèmes, de se fixer ou non des objectifs ou des critères de maîtrise ou selon sa façon d’adapter les notes qu’il attribue aux performances des élèves.

De plus, comme le mentionne Perrenoud (1995), la façon de « fabriquer » une note est très différente d’un enseignant à un autre. Aussi, les enseignants ne sont pas toujours d’accord entre eux en ce qui concerne la signification des notes. Il semble donc qu’attribuer une signification aux notes ne soit pas chose aisée.

Toutefois pour accompagner la note, l’enseignant peut avoir recours au commentaire écrit. Ceci afin de clarifier le message que tente de transmettre la note.

En effet, comme le précise Maulini (2003), « la note n’a rien d’objectif. Elle ne mesure pas, elle transmet un message. Et ce message n’est pas clair : parce qu’il est arbitraire, mais surtout parce qu’il ne dit pas ce qu’il faut faire » (p.24).

Dans ce cas, il est intéressant de se demander s’il ne faudrait pas attribuer systématiquement un commentaire à une note.

Cela d’autant plus si l’on considère les propos de Maulini (2003) selon lesquels « en passant

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l’ombre : les objectifs à atteindre, les obstacles à dépasser, les moyens d’y arriver » (p.24).

2.3.5. Les livrets scolaires

Les textes officiels énoncent que le livret scolaire représente le document officiel de communication de l’évaluation à la famille de l’élève et ceci tout au long de la scolarité primaire.

Il est précisé que ce dernier est informatif en cours de cycle et certificatif en fin de cycle. La transmission de ce livret est effectuée trois fois par année et vise trois buts :

1. Renseigner la famille sur la progression de leur enfant dans les apprentissages de la vie scolaire ;

2. Informer sur la progression et l’atteinte des objectifs spécifiques à chacune des disciplines (bilan de progression) ;

3. Certifier le degré d’atteinte des objectifs d’apprentissage en fin de cycle (bilan certificatif de fin de cycle) (circulaire de rentrée 2005, dans Mundler, 2006).

Aussi, l’évaluation étant certificative et trimestrielle en 6ème primaire :

L’enseignant titulaire de 6P inscrit chaque trimestre dans le livret scolaire les notes des évaluations trimestrielles et le bilan certificatif annuel de l’élève, ainsi que sa progression dans les apprentissages de la vie scolaire. Le livret atteste en outre les relations entretenues avec les parents (Direction générale du cycle d’orientation, service de la scolarité, 2008).

Comme le dit Barlow (2003), les parents étant moralement et juridiquement responsables de leur enfant, c’est tout naturellement que les informations communiquées par ce biais leur sont adressés. Celles-ci ont pour but de les aider à aider leur enfant.

Toutefois, bien qu’adressé essentiellement aux parents, le livret scolaire transmet également des informations aux acteurs intervenants dans la formation de l’élève (enseignants du primaire, doyens du cycle et directeurs), ainsi qu’à l’élève lui-même. Aussi, d’une manière générale, le livret scolaire permet une analyse détaillée de l’ensemble des performances de l’élève.