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jeunes se font des agences

1.1.3 S OURCE DE FIERTÉ

À la question de savoir laquelle de l’agence ou de l’entreprise cliente pour laquelle vous travaillez est une source de fierté pour eux, la grande majorité des réponses obtenues se partage en parts inégales entre ceux, les plus nombreux, que cette question laisse indifférents et ceux qui préféreraient être identifiés à l’entreprise cliente plutôt qu’à l’agence. Quelques-uns identifient soit l’agence (4 cas), soit les deux (4 cas), comme source potentielle de fierté. Et pour cinq répondants, la réponse est clairement « non », aucune raison d’être fier.

Douze jeunes identifient clairement l’entreprise de préférence à l’agence comme source de fierté. Certains d’entre eux n’ont pas pour autant donné les motifs de cette adhésion (F1U33, F3U34, F5C06). Dans presque tous les cas, chez ceux qui se sont exprimés plus longuement, il s’agit de grandes entreprises dont la marque est très connue. Cette identification à une marque, à une étiquette paraît influer sur la source de fierté davantage que la nature de la tâche ou le climat de travail.

Une jeune Canadienne :

« Oui, c’était le “ fun ” travailler chez (telle entreprise cliente – très connue), mais tout le monde pense que c’est une épicerie, mais ce n’est pas une épicerie, c’est comme ce qu’il y a entre les deux. Oui, je dirais que c’était une moyenne source de fierté. Mettons travailler chez (telle autre entreprise cliente), là ça je suis fière pour vrai. Oui, c’est pas mal connu (cette entreprise cliente). » (F1U16, employée de bureau, centre de distribution)

Une étudiante de niveau universitaire :

« Bien (telle entreprise cliente) oui. C’est sûr que c’est reconnu. Quand tu dis que tu travailles chez (cette entreprise cliente) les gens savent c’est quoi. Ça a quand même une belle place (cette entreprise cliente). […] Ça fait que oui il y a une petite fierté là-dedans. Les gens savent c’est quoi. » (F1U36, finance, assurance ou services bancaires)

Une autre étudiante de niveau universitaire :

« L’agence, non. Je dirais que je n’avais pas un assez grand sentiment d’identification à l’agence. La seule raison pour laquelle je savais que je travaillais pour l’agence c’était parce que mon chèque de paye avait le nom de l’agence dessus. Ce n’est pas tout à fait ça, mais dans mon compte finalement c’était le nom

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de l’agence qui apparaissait. Sinon, pour le reste, je faisais… mon équipe de travail c’était l’entreprise. J’avais beaucoup plus de fierté à être pour l’entreprise que pour l’agence. » (F2U10, finance, assurance ou services bancaires)

Une étudiante de niveau postsecondaire :

« Q : Puis on en a parlé un petit peu, est-ce que c’était une source de fierté pour toi les agences ou bien les entreprises clientes ? C’était plus les entreprises si j’ai bien compris ?

R : Ouais. Surtout (telle entreprise cliente), j’étais fière de dire que je travaillais pour là. Oui […] parce que c’est quand même… C’est comme “ hot ” sur mon c.v. si on peut dire parce que c’était quand même… C’est un bon poste aussi. Ça a été quand même pendant un an en tout. Mais, pendant que je le faisais, j’étais assez fière. Quand un client qui serait passé pendant que je faisais mon emploi, il aurait pensé que j’étais vendue à l’entreprise. Je veux dire, je suis capable de… C’est ça. Je fais bien mon travail donc j’ai l’air enthousiasmée et tout ça. Mais, à l’extérieur, c’est moins important. » (F5C35, agente de promotion, tourisme)

Un étudiant de niveau universitaire :

« Oui. Principalement l’équipe pour laquelle je travaillais. J’aimais beaucoup mon patron et mes collègues.

Q : OK. Puis est-ce que l’agence c’était une source de fierté pour toi ?

R : Ce n’était pas une source de fierté. Je n’étais pas fier d’être en agence. Je n’étais pas non plus honteux en tant que tel. Il y avait ma coordonnatrice que j’appréciais, celle qui me “ dispatchait ”. Elle travaillait pour moi. Vraiment, je le sentais. Quand on était au téléphone c’était agréable, mais je n’ai pas… » (H1U07, finance, assurance ou services bancaires)

Un jeune immigrant qui a terminé des études de niveau universitaire

« R : L’agence de placement, pour moi ? Euh […] fierté, non. Non. Q : Puis est-ce que l’entreprise, elle, c’était une source de fierté ?

R : Bah, j’étais content de travailler là-bas, oui. C’était […] c’est plus facile et plus valorisant de s’afficher de travailler chez (telle entreprise cliente – très connue) que […] une agence de placement.

Q : Puis, pourquoi tu dirais que c’est plus valorisant de s’afficher à une entreprise qu’à une agence ?

R : Déjà c’est plus simple pour que les gens comprennent, et c’est […], c’est des compagnies beaucoup plus reconnues, ce qui fait que […] c’est ça. Le sentiment

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d’appartenance est plus grand. Je sais pas, c’est ça. » (H1U14, finance, assurance ou services bancaires)

Un étudiant de niveau universitaire :

« Bien je dirais plus l’entreprise, parce que c’est sûr que si je vais dire aux gens que je travaille pour (telle agence) ils font comme « Quoi ? », mais si je leur dis que je travaille chez (telle entreprise cliente – très connue) bien ils font comme « Ah ouais ! Tu travailles chez (telle entreprise cliente) ? » Ça fait que par rapport à ça je dirais que ce serait plus l’entreprise. » (F1U05, finance, assurance ou services bancaires)

Un jeune travailleur avec une formation de niveau secondaire :

« R : Bien je dirais plus les entreprises.

Q : Les entreprises ? Donc, tu es fier de t’afficher, par exemple, employé de… R : (telle entreprise cliente), pour (telle autre entreprise cliente), oui.

Q : C’est bon. À cause que ce sont des marques reconnues ? » R : Oui. » (H1S18, alimentation)

Pour celui-ci, jeune travailleur avec une formation de niveau élémentaire, l’entreprise cliente représente un espoir :

« Q : Puis, est-ce que c’était une source de fierté, pour toi, l’agence ? R : Non.

Q : Ou l’entreprise, elle, c’était une source de fierté pour toi ?

R : Le fait de travailler sous-contractant pour (telle entreprise cliente), oui, ça, c’était valorisant. Le fait d’être engagé par l’agence, c’était moins […] je sais pas, là. Q : Est-ce que tu étais fier de travailler pour (telle entreprise cliente), quand même ?

R : Ouais. Ouais, ouais.

Q : OK. Parce que c’était une bonne entreprise ou ?

R : Écoute, c’était […] je te dirais que c’est une entreprise avec du monde comme on n’en trouve pas partout. Puis surtout que, de un, la paye est bonne, les […] t’as une retraite. T’as un fond de retraite avec eux autres quand tu travailles […] tsé au fil des années, là, t’as un fonds de pension qu’ils appellent, une affaire de même, là, en tout cas. Quand tu prends ta retraite, au lieu d’avoir genre un chèque de BS, t’as

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comme un […] mille quelques piastres par mois. C’est quand même pas pire. T’as […] t’avais les assurances puis tout ça : les yeux, les dents, tout, tout, tout, tout, tout. Médicaments, tout.

Q : Mais toi en tant que travailleur, tu les avais pas, là, ces avantages-là ? R : Non, moi en tant que travailleur, je les avais pas encore.

Q : Mais t’espérais les avoir.

R : Ben je les aurais eus si j’aurais été engagé. » (H5S19, manutention)

Quatre répondants se sont identifiés à l’agence, dont un qui n’a pas donné les motifs (F4S28, entretien ménager). Généralement, l’adhésion paraît timide, non enthousiaste, voire par défaut. Un immigrant étudiant qui a terminé le niveau élémentaire :

« En quelque sorte, oui, parce que quand tu dis (telle agence)… Parce que je pense que c’est une bonne agence là et puis les entreprises peut-être si elles ont déjà fait affaire avec les agences et puis si toi-même tu dis que tu as déjà travaillé pour, ils vont peut-être trouver que tu es une bonne personne, que tu fais la bonne affaire, parce que je trouvais que ça marchait bien (telle agence). Sûrement. Ça donne aussi un coup de pouce à ton CV.

Q : Ça fait que dans ton CV ça va être marqué « pour telle agence » et non pour l’entrepôt ?

R : Exactement. En fait, ça dépend. Comme moi j’avais écrit pour (telle agence) parce que des fois, on arrivait des fois, et les patrons ne connaissaient pas trop nos noms.

Q : Puis, dans l’autre sens, est-ce que l’entreprise, elle, c’était une source de fierté ?

R : L’entreprise, bien, pour l’instant je ne peux pas dire grand-chose parce que je n’ai jamais vraiment travaillé avec lui parce que moi je travaillais avec (telle agence). Donc lui ne m’avait pas embauché, c’est (telle agence) qui m’avait embauché. Je ne peux pas dire vraiment la fierté de travailler avec lui.

Q : C’est vraiment avec l’agence.

R : Avec l’agence. Mais par contre j’ai aimé l’expérience de travailler chez lui. » (H1S09, travailleur d’entrepôt)

Celui-ci, un jeune canadien s’identifie davantage par la négative à l’agence plutôt qu’au client chez qui il n’a pas spécialement apprécié le climat de travail.

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« Q : Puis est-ce que c’est une source de fierté pour toi l’agence ? R : Quand je suis là-bas un peu on dirait.

Q : Oui ?

R : Bien je suis comme content de ne pas appartenir vraiment à ce monde-là. Bien ce n’est pas parce que c’est un mauvais monde, mais je veux dire… Bien je ne sais pas je veux dire… Comme je t’ai dit ça chiale tout le temps là, je veux dire dans les « breaks », le monde « bla-bla-bla, lui il a fait ça… ». Moi je m’assois. J’écoute, mais je ne me prononce pas. Je ne me mêle pas à… Ça fait que oui c’est un peu à cause de ça que je me sens on dirait… Je ne me verrais vraiment pas faire partie de l’entreprise.

Q : OK.

R : Non parce que je vois plus loin dans le fond ça ne me tenterait pas… Bien faire ce qui me ressemble. Je ne me vois pas faire ça le reste de mes jours ça fait que... C’est ça. » (H1U04, restauration hôtellerie)

Cet autre, un étudiant immigrant qui a occupé plusieurs emplois comme travailleur d’agence, préfère s’identifier de préférence à l’agence dont il ne tire pas pour autant un sentiment de fierté :

« Q : Et tu te sens plus appartenir à l’agence ou à l’entreprise ?

R : À l’agence. Parce qu’il y a un truc qu’ils font. Tu as une carte ; cette carte-là vous différencie. Mais appartenir à une agence ce n’est pas vraiment valorisant… Honnêtement, ce n’est pas une fierté quand tu le dis aux gens. Tu vois ? C’est pourquoi tu travailles… par contre, il faut que tu sois engagé par ces entreprises-là. Tu dis : je fais partie de telle entreprise. Je ne sais pas si vous comprenez ? Parce qu’avec l’agence, ils savent que ce n’est pas terminé. » (H3U01, commerce)

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