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travail et satisfaction des jeunes salariés par rapport à l’emploi 1 LES PRATIQUES DE RECRUTEMENT : TECHNIQUES D’ÉVALUATION ET CRITÈRES DE

SÉLECTION DES CANDIDATS À UN EMPLOI D’AGENCE

3. LA SATISFACTION PAR RAPPORT À L’EMPLO

3.2 Les motifs d’insatisfaction

Mises à part les réserves exprimées dans les paragraphes précédents par ceux et celles qui se sont dits généralement satisfaits, les jeunes travailleurs qui sont nettement insatisfaits demeurent minoritaires, contrairement aux répondants de la précédente étude où ils étaient très majoritaires. De plus, leur insatisfaction repose davantage sur le climat de travail que sur les conditions de travail, sur l’écart entre leur niveau de qualification et les exigences du travail ou encore des considérations étrangères au fait qu’ils ont obtenu leur emploi par l’intermédiaire d’une agence. C’est ainsi qu’une étudiante de niveau secondaire se dit tout à fait insatisfaite en raison des conditions physiques du travail et du salaire en regard des efforts physiques demandés, mais plus fondamentalement à cause de sa surqualification pour la tâche :

« Ça vient avec le fait que tu n’as pas besoin de qualifications. J’imagine ça fait que… Sauf que, moi, de base, ce n’est pas que je ne suis pas satisfaite de comment l’agence m’a mise là-dedans, c’est juste que je ne suis pas satisfaite du genre de « job ». Ce n’est pas l’hôtel. Ce n’est pas l’agence. C’est juste que ce n’était pas fait pour moi. » (F1C37, d’origine canadienne, préposée aux chambres)

Ou encore, un jeune immigrant qui a terminé des études universitaires :

« R : Pas entièrement, mais j’étais content d’avoir ce genre d’emploi, ouais. Q : Puis pourquoi est-ce que tu dirais que t’étais pas entièrement satisfait ? R : Bah je me sens un peu surqualifié.

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R : Eh, peut-être la relation que peuvent avoir les gestionnaires de l’agence avec les employés. On peut se sentir un peu des pions quelques fois. » (H1U14, secteur financier et bancaire)

Un autre jeune immigrant qui a terminé des études universitaires n’est pas satisfait du tout aussi bien en raison de l’ambiance de travail, des conflits à l’interne que du bas salaire (H1U39, immigrant, marketing).

Il arrive aussi parfois que les motifs de l’insatisfaction soient complètement étrangers au travail lui- même, par exemple à cause de la distance perçue comme trop grande entre le domicile et le lieu de travail.

« Si on était au 15 juin dernier, je reprendrais pas la même job. Je prendrais à la limite une job dans une épicerie ou quelque chose. Parce qu’il serait à côté de chez nous. C’est un peu moins payant, mais j’aurais pas à me claquer une heure d’autobus.

Q : C’est surtout par rapport à la distance que t’es insatisfait. R : Ouais, ouais. Pis les heures. Je n’ai pas d’heures. Q : Pas assez d’heures, pis c’est trop loin.

R : La distance, ouais. » (H2U30, d’origine canadienne, service postal)

En conclusion, sur le plan de la satisfaction, il y a lieu de revenir sur les différences observées entre la présente recherche et une autre réalisée précédemment16. En effet, dans la première

étude les expressions d’insatisfaction étaient nettement majoritaires17 alors que dans la présente

recherche c’est le contraire si ce n’est que dans l’un et l’autre cas, les répondants d’origine étrangère sont davantage insatisfaits que les natifs.

On ne saurait pour autant opposer ces deux recherches, les différences s’expliquant par le fait que les populations observées ne sont pas les mêmes à maints égards. Plusieurs caractéristiques les distinguent quant à leur profil, leurs attentes et les milieux de travail où ils ont été affectés. Dans la présente étude, il s’agit de jeunes travailleurs qui sont soit aux études soit en début d’insertion sur le marché du travail. Ils ont pour la plupart des objectifs à court terme : trouver un emploi et gagner un peu d’argent pour payer leurs études et subvenir à leurs besoins primaires. La population de la précédente étude est beaucoup plus hétérogène ; elle inclut aussi bien des jeunes travailleurs que des travailleurs qui ont des responsabilités familiales18. L’échantillon comprend aussi pour la moitié

16 Voir supra note 15. 17 Loc. cit., p. 100. 18 Loc. cit., p. 38.

93 des immigrants dont certains sont au Canada depuis quelques années et qui sont souvent surqualifiés. Les besoins et les attentes de cette population sont différents. Le recours au travail en agence n’est pas que transitoire ou perçu comme tel, mais, dans certains cas, il est devenu une façon de vivre sa vie de travail.

Une autre caractéristique qui distingue les deux études se situe sur le plan des milieux de travail où ont été affectés les répondants. Dans la première étude, nombreux sont ceux qui se sont trouvés dans des conditions de travail pénibles, voire dangereuses et exigeant des efforts physiques importants19. Dans la présente recherche, on ne retrouve guère ce type d’emploi. Au

contraire, il y a une représentation plus grande des emplois de cols blancs due entre autres au fait que l’échantillon comprend un nombre presque égal de femmes alors que dans la première les femmes comptent pour le tiers de l’échantillon20. On observe aussi une part relative plus

importante d’emplois dans le secteur financier et bancaire. Ces facteurs paraissent avoir favorisé un degré d’intégration plus élevé des jeunes travailleurs dans les entreprises clientes malgré le caractère éphémère de ces emplois comme cela apparaît dans la section consacrée au sentiment d’appartenance. La présence de ces facteurs permet de mieux comprendre en quoi les deux études différent eu égard à l’expression de la satisfaction face à ce type d’emploi.

Il n’en demeure pas moins que les motifs de satisfaction exprimés dans l’un et l’autre cas sont davantage de l’ordre des besoins à court terme que des perspectives d’emploi à long terme dans le travail en agence. On observe également dans l’une et l’autre étude la conscience et la déception face à des disparités salariales entre travailleurs temporaires et permanents pour un même travail de même que, chez plusieurs, le sentiment de constituer un groupe à part, pas toujours bien accepté par les employés permanents de l’entreprise cliente.

19 Loc. cit., p. 147 et suivantes. 20 Loc. cit., p. 33.

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Chapitre 4 - Le recours à une agence : avantages et inconvénients

Les expériences des jeunes qui ont trouvé du travail par l’entremise d’une agence de travail temporaire sont des plus variées. Certains en vantent les mérites alors que d’autres hésitent à y avoir recours à nouveau. Qu’aime-t-il du travail en agence et, au contraire, qu’est-ce qui leur déplaît tout particulièrement ? Afin d’en savoir davantage sur le sujet, nous avons posé aux jeunes interrogés la question suivante : Quels sont les facteurs positifs et les facteurs négatifs, les avantages et les désavantages en lien notamment avec votre parcours professionnel ? Les réponses obtenues sont nombreuses et diversifiées. Nous présenterons d’abord les avantages (1.) du recours à une agence de travail temporaire et ensuite, les inconvénients (2.) tels que perçus par les jeunes travailleurs que nous avons interrogés (2).

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