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ÉTUDIANTS UNIVERSITAIRES : L’AGENCE COMME SOURCE DE REVENUS D’APPOINT

rôle de l’agence dans l’accès au marché du travail

1. ÉTUDIANTS UNIVERSITAIRES : L’AGENCE COMME SOURCE DE REVENUS D’APPOINT

Par l’intermédiaire des agences de placement, les étudiants accèdent à des emplois leur permettant de concilier études et travail. Pour assurer leurs besoins de base, payer leurs études ou financer

50 leurs loisirs, ils sont nombreux à travailler1 et les agences leur permettent de le faire en leur confiant

des missions compatibles avec leur réussite universitaire. Elles leur procurent une source de revenus, et ce, en attendant qu’ils fassent leur entrée dans la vie professionnelle. Des quarante répondants, le tiers appartient à ce groupe. Au moment de l’entrevue, ils étaient toujours aux études, en voie d’obtenir leur diplôme.

1.1 Caractéristiques du groupe

Le parcours scolaire des membres de ce groupe se caractérise par un passage direct de l’enseignement secondaire à l’enseignement postsecondaire, accompagné parfois d’une interruption de courte durée (six mois à un an) ou d’un changement de programme d’études. On observe ainsi quatre cas de figure.

Certains jeunes ont un cheminement linéaire : ils passent du secondaire au cégep, puis du cégep à l’université sans jamais interrompre leurs études ou changer de programme (1). D’autres diffèrent leur entrée à l’université pour prendre une pause. De courte durée, elle est prise pour voyager ou pour économiser l’argent nécessaire à la poursuite des études (2). D’autres encore changent de programme à la suite d’une remise en question de leur choix de carrière (3). Il arrive qu’on observe à la fois une interruption des études et un changement de programme (4), mais les jeunes de ce groupe partagent tous un point commun : le désir de mener à terme leur projet d’études puis de trouver un emploi dans leur domaine. En attendant, ils occupent des emplois à temps partiel et des emplois d’été afin d’assumer les coûts de leur formation universitaire et d’arrondir leurs fins de mois. 1.2 Expérience de travail en agence

Les agences de placement offrent plusieurs possibilités d’emploi pour les étudiants, mais elles leur sont méconnues. C’est sans doute pourquoi leur inscription dans les agences relève davantage du hasard que d’une réelle volonté de recourir à leurs services. Le plus souvent, cette inscription résulte d’une recherche d’emploi menée en ligne sur le site d’Emploi-Québec. Comme bien d’autres sites, il constitue une porte d’entrée vers les agences. Par son entremise, les étudiants postulent pour des emplois proposés par des agences.

« C’est juste par hasard, parce que le poste pour lequel j’avais postulé était avec une agence. » (F1U02)

« Bah moi, j’ai accepté de travailler pour une agence parce que c’est elle qui offrait le poste. » (H1U11)

1 En 2011, 54,3 % des étudiants à temps plein de 20 à 24 ans occupaient un emploi pendant l’année scolaire. Ce

51

« La raison c’est que j’avais besoin d’un emploi. J’avais besoin de faire de l’argent pour pouvoir manger et payer mes factures, et c’est l’emploi que j’ai trouvé. » (H6U23)

« C’est pas mal le hasard […] parce que dans le fond, je ne me forçais pas pour trouver une job qui avait du bon sens. J’ai juste envoyé mon CV partout puis j’ai essentiellement pris le premier truc qui est passé, une place qui assumait que j’allais être là juste à court terme et qui avait un peu d’heures à me donner. » (H2U30)

Si certains postulent en toute connaissance de cause, ce n’est qu’une fois en entrevue que d’autres réalisent que l’emploi trouvé sur Internet est relié à une agence. Mais dans un cas comme dans l’autre, ces jeunes ne s’en formalisent guère, car les emplois ainsi obtenus répondent à leurs besoins en matière de conciliation études-travail. La flexibilité qu’offrent les agences leur permet de travailler selon leurs disponibilités : à temps partiel pendant l’année scolaire, et à temps plein pendant les vacances d’été. S’ils le désirent, ils peuvent même se voir affecter à des missions de courte durée pendant la période des Fêtes et la semaine de lecture afin de toucher un supplément de revenus.

« Ça m’a permis d’obtenir un emploi qui est un peu plus flexible […] Être adjointe administrative à temps partiel, c’est travailler de huit à quatre la semaine. Ça permet d’avoir ses weekends, ça permet d’avoir… Bref, c’est beaucoup plus flexible sur le plan personnel. Je dirais que ça m’a permis d’aller chercher des emplois qui me permettaient d’étudier, d’avoir mes fins de semaine, d’avoir plus de loisirs et tout ça. » (F2U10)

« Je ne me suis pas inscrite pour travailler dans une agence, c’est l’emploi qui m’intéressait. Mais avec le recul, j’apprécie vraiment ça parce que justement c’est flexible. C’est moi qui décide mon horaire. Si je décide de me mettre non-disponible, bien ils ne m’appellent pas et je peux étudier ou peu importe. C’est ça, je me sens peut-être plus maître de mon emploi. » (F1U15)

Le rôle des agences consiste essentiellement à leur fournir du travail pendant la durée de leurs études. Bien qu’elles facilitent la recherche d’emploi, ces jeunes n’envisagent pas de recourir à leurs services une fois diplômés. Et sans lien avec leur domaine d’études, ils ne croient pas que les emplois obtenus par leur intermédiaire puissent les aider à décrocher plus tard un emploi qui correspond à leurs aspirations professionnelles.

« C’est un emploi qui va quand même être sur mon CV, mais vu que ça n’a pas de lien avec mes études… » (F1U02)

« Je cherchais un emploi étudiant pour l’été, puis c’est ça… Cuisiner dans une cafétéria ce n’est pas du tout en lien… Ça n’amène pas des expériences qui peuvent être transférées pour une carrière en gestion ou en développement durable, ou même d’entrepreneur. » (H6U23)

52 1.3 Profil type (Vincent)

C’est d’ailleurs l’avis partagé par Vincent2, un étudiant à la maîtrise en science politique dont le

parcours est représentatif de celui de ces jeunes.

À la fin de ses études secondaires, Vincent s’inscrit au cégep dans un programme en sciences humaines qu’il complète en deux ans et au terme duquel il entreprend des études universitaires en enseignement. Une année dans ce domaine suffit toutefois pour le convaincre qu’un changement s’impose. Il prend alors la décision de quitter sa région natale pour aller étudier à Québec dans un programme qui correspond davantage à ses champs d’intérêt : le baccalauréat en science politique. Jeune militant dans un parti depuis quelques années déjà, il s’y plaît instantanément et obtient son diplôme trois ans plus tard. Depuis, il poursuit des études de deuxième cycle dans cette même discipline.

Vincent étudie à temps plein, mais ça ne l’empêche pas de travailler à temps partiel les soirs et les fins de semaine. Il travaille d’abord comme téléopérateur dans une centrale d’appels puis comme préposé à la réception dans un hôtel, et ce, jusqu’à son départ pour Québec où il trouve un emploi de marchandiseur dans le commerce de détail. Depuis 2011, il travaille pour une agence comme commis d’entrepôt dans un magasin à grande surface ; un emploi qu’il a trouvé sur le site d’Emploi- Québec. Comme la plupart des jeunes de son groupe, Vincent ne fait pas de distinction entre l’emploi d’agence qu’il occupe actuellement et les autres obtenus sans intermédiaire ; leur seule raison d’être étant de lui procurer des revenus pendant ses études. Il est loin de penser qu’une fois diplômé, le travail en agence peut constituer un véritable tremplin professionnel.

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