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Originalité du sujet en France et en Algérie, à travers une étude bibliographique commentée

Pour l’élaboration de cette thèse, nous nous appuyons sur une large gamme de travaux interdisciplinaires relatifs à la multitude de thématiques auxquelles notre sujet se réfère.

6.1 A propos de développement durable et d’éco-urbanisme

Durant les dernières années, le thème de la « durabilité » a suscité une profusion littéraire portant sur le développement durable en termes d’efficacité des politiques publiques, comme pour les écrits de J. Theys, B. Zuindaux, O. Godard, J.M. Offner ou encore P. Nijkamp et A. Da Cunha. Ces travaux traitent des principes et des règles du développement durable, avec notamment un regard sur la ville et sur son rapport à l’environnement. D’autres recherches comme celles de C. Emelianoff, d’E. Torrès, de G. Loinger ou de P. Knoepfel et S. Nahrath étudient, avec des exemples empiriques, les questions de gouvernance et de politiques publiques locales en ce qui concerne les parcours territoriaux en matière de développement durable. Elles relèvent ainsi plusieurs obstacles liés notamment à l’organisation compartimentée des administrations, aux cultures traditionnelles ou aux difficultés de la démocratie participative. Nous recensons également les travaux de d’A. Bourdin ou de B. Jouve sur les logiques territoriales des acteurs urbains, et des préconisations de conciliation par les dispositifs et procédures appropriées.

Au delà de l’intérêt théorique et empirique des ces travaux, aucun d’entre eux ne traite de la question de l’articulation des préoccupations environnementales aux procédures et documents d’urbanisme. La notion de durabilité urbaine a été pour une large partie liée aux agendas 21 et non pas aux PLU.

Certains travaux récents commencent à émerger en la matière comme ceux de J.-F. Inserguet et de Ch. Voiron-Canicio sur la prise en compte du développement durable dans les procédures d’urbanisme. Mais ces travaux ne se saisissent pas de notre objet d’étude, le bruit routier.

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6.2 A propos de la mobilité et de ses externalités

Nous recensons aussi de multiples des travaux de recherche dont ceux de C. Lamure, G. Dupuy, J.-M. Offner et J.-P. Orfeuil qui traitent des effets environnementaux et territoriaux des flux et infrastructures de transports. Ces analyses s’intéressent aux enjeux liés au développement des transports dans la ville et aux externalités des trafics urbains. Mais, exception faite des travaux de C. Lamure ou de J. Lambert, qui abordent aussi cette question sous un angle technique (normalisation, usage des instruments économiques…) et à des échelles variables, les travaux recensés ne se saisissent pas de la problématique que nous proposons ici.

6.3 A propos du bruit

Une littérature foisonnante traite du bruit : nous citons les écrits de B. Barraqué, M. Leroux, J.-F. Augoyard, M. Perianez, A. Alexandre et J.-P. Barde, qui traitent notamment de l’approche sectorielle et techniciste du bruit et du potentiel que l’urbanisme peut offrir pour résoudre ce problème. Le recours à l’urbanisme est même présenté par certains de ces chercheurs comme étant l’une des solutions les plus efficaces contre ce problème environnemental. Cependant, ces analyses ne traitent pas directement, à notre connaissance, de la manière dont les nouveaux outils et nouvelles procédures d’urbanisme se saisissent de la question du bruit routier.

Wolfgang Schade, chercheur allemand, a publié en 2003 un article sur les effets de la perception du bruit routier durant ces dernières années en Europe en observant de près les politiques de protection contre le bruit des transports dans quatre pays européens mêlées aux perceptions subjectives et à l’exposition objective des populations. Les résultats montrent que le bruit des transports est l’un des problèmes d’environnement les plus importants de ces pays. Son expérience montre que la lutte contre le bruit ne peut être gagnée qu’en adoptant un ensemble de politiques qui nécessitent des investissements et qui demandent beaucoup de temps. Cependant, cet article n’a pas ou peu d’articulation entre sa problématique et les politiques urbaines de ces pays. Il n’aborde pas les questions relatives à la prise en compte du bruit routier dans les documents d’urbanisme.

En 2005, un guide intitulé « PLU et Bruit – La boite à outils de l’aménageur » est primé par le Décibel d’Or. Ce guide, qui est l’un des documents qui se rapprochent le plus de notre problématique, est élaboré par un groupe de techniciens de terrain du Pôle de compétence Bruit de l’Isère, dont M. Esmenjaud et V. Poirot. Il permet d’apporter des réponses aux

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objectifs de réduction des nuisances sonores et de prévention des pollutions fixés par la loi SRU. Il propose de donner des solutions concrètes et simples pour que les élus et techniciens puissent traiter la problématique du bruit dans leurs projets. Mais ce travail important auquel nous nous sommes référées dans notre démarche méthodologique, ne traite pas particulièrement du bruit routier et ne permet pas d’évaluer cette démarche sur le terrain avec des applications locales.

6.4 A propos des documents d’urbanisme

Exception faite de ce guide, ou encore des publications des revues Etudes Foncières et Urbanisme qui alimentent la réflexion théorique et empirique de l’applicabilité des nouveaux outils d’urbanisme, ou enfin des travaux de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région Ile-de-France (IAURIF) et de quelques ouvrages remarqués tel celui de M. Sauvez qui questionne l’efficacité environnementale des Plans d’Occupation des Sols (POS), Zone d’Aménagement Concertée (ZAC) et Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (SDAU), aucun travail ne traite à notre connaissance, aussi bien sur le plan théorique qu’empirique, de l’efficacité environnementale des PADD et PLU en ce qui concerne la lutte contre le bruit routier.

6.5 A propos d’interdisciplinarité

Dans notre travail, nous nous appuyons sur des travaux de sociologie urbaine, d’urbanisme, de politique publique et d’écologie. Notre objectif est de prendre en compte la qualité de vie pour une meilleure efficacité de l’action publique. Nous dépassons l’aspect quantitatif pour nous intéresser aux aspirations des habitants, à leur perception de leur environnement et de leur cadre de vie. Nous nous intéresserons également à leurs problèmes et leurs positions à l’égard de l’action publique.

Une fois les indicateurs qualitatifs identifiés pour le cas algérien, ils serviront, en termes de besoins et d’attentes, à renforcer les rapports avec les pouvoirs publics. Cela permet de trouver un terrain d’entente où l’échange est possible entre ces deux parties très souvent en conflit.

Notre étude s’inscrit donc dans un champ de recherche international récent. Nous citons entre autres l’étude de Brainard et al70 qui traite et analyse la relation entre l’exposition au bruit et un ensemble de facteurs socio-économiques dans la ville de Birmingham. Il en ressort que les

70 Brainard J. S., Jones P. A., Bateman I. J. and Lovett A., 2004, «Exposure to environmental urban noise pollution in Birmingham, UK», Urban studies, Vol 41, n°13.

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zones les plus bruyantes, riveraines des grandes infrastructures de transports, sont occupées par les populations étrangères à faibles ou moyens revenus. Cette étude, même si elle traite d’un seul aspect environnemental, met en évidence le rapport entre conditions socio-économiques et problèmes environnementaux.

6.6 A propos de l’Algérie

En Algérie, l’émergence de la notion de développement durable a motivé, depuis la fin des années 90, l’élaboration de plusieurs études en matière d’environnement. Leur objectif est de pointer du doigt les faiblesses des politiques sectorielles en l’absence de cohérence et de coordination. Cependant, ces travaux - dont les deux rapports du ministère de l’environnement : « Evolution des institutions et de la législation en matière d’environnement et d’aménagement du territoire 2005 » et « Le plan d’action pour le développement durable 2002 » -, n’impliquent que rarement le rapport participatif aux procédures urbaines en matière d’environnement.

Le choix de notre sujet nous amène à mettre l’accent sur une thématique pas ou encore peu explorée en Algérie :

Dans la littérature algérienne en matière d’urbanisme, nous pouvons citer « Alger, les nouveaux défis de l’urbanisation ». Cet ouvrage collectif met l’accent sur les problèmes qui inhibent le meilleur fonctionnement de la ville algérienne. Les travaux de J. Dubois-Maury, A. Hadjiedj, B. Benyoucef, M. Saidouni ou encore E. Azagg et A. Bouder traitent de thématiques très actuelles telles que les contraintes de l’urbanisation algéroise, la crise des transformations et évolutions urbaines, le problème d’organisation des transports, mais abordent peu la question de l’environnement.

Dans le domaine de l’environnement, nous avons pu, grâce au dépouillement des différents numéros de la revue « Symbiose Environnement », nous rendre compte des différents problèmes posés et des actions menées à leurs égards. Mais ces travaux, même s’ils traitent des diverses thématiques environnementales (désertification, biodiversité, protection du littoral…), ne touchent pas à la question des nuisances urbaines et de la qualité de vie. Enfin, dans les productions et publications traitant de la question de la ville arabe, nous citons C. Chaline71. Son livre « Les villes du monde arabes » rend compte des dynamismes de l'espace urbain et de son adéquation avec les besoins de la société arabe. Il met également l'accent sur les ambitions et les limites des différents acteurs de la planification urbaine, le poids des apports culturels et politiques, les bases économiques responsables des processus

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de développement et de changement social. Mais cet ouvrage, s’il traite de la pertinence des outils d’urbanisme dans les villes, n’évoque pas la question de l’environnement ou des nuisances urbaines.

Compte tenu de ce qui vient d’être montré, notre problématique ne trouve que peu d’articulations avec les publications récentes traitant d’Alger et des villes arabes en général. La recherche en Algérie n’est pas encore focalisée sur notre objet d’étude, d’où notre intérêt à nous investir dans ce champ relativement inexploré jusqu’à nos jours.