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Le développement urbain durable exige de reconsidérer l’urbanisme et ses enjeux. Ce sont les choix de la planification urbaine qui peuvent prévenir les problèmes potentiels. Dans notre exemple, l’augmentation de la sensibilité des riverains au bruit des infrastructures routières est imputable à une approche normative de plus en plus sévère, mais qui n’a tenu compte que de la dimension acoustique du bruit. Il s’agit donc de prendre conscience de l’importance de l’apport de l’urbanisme à travers l’approche transversale et interdisciplinaire sur laquelle nous avons insisté à maintes reprises.

Le problème est de savoir comment l’atteindre, lorsqu’on connaît les difficultés qui existent sur ce plan dans les pays du Nord et du Sud.

La première difficulté rencontrée consiste en la nature même du sujet: comment arriver à une meilleure articulation entre les différents thèmes relatifs à notre problématique ? Nous qui sommes à la recherche de transversalité, arriverons- nous à faire un travail transversal ? L’un des avantages qui caractérisent notre formation d’urbaniste est la polyvalence et l’interdisciplinarité. Nous sommes donc familiarisées au droit de l’urbanisme, à la sociologie, l’économie, la géographie urbaine, la cartographie, l’écologie, les transports …

Cependant, certains domaines tels que les techniques d’isolation, l’acoustique et les méthodes de modélisation qui permettent une meilleure compréhension des actions courantes de réduction du bruit ne relèvent pas de nos compétences. Nous avons donc essayé de nous renseigner sur ces aspects pour mieux servir les objectifs de notre travail mais sans pour autant empiéter sur un domaine de compétence qui n’est pas le notre. Il convient donc de préciser que ce travail ne s’inscrit pas dans un axe technique, mais il se sert de cet élément pour atteindre ses objectifs.

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La deuxième difficulté réside dans les cultures et logiques sectorielles enracinées dans les services municipaux. Si le développement durable apparaît comme le sujet privilégié des acteurs politiques qui valorisent leur approche « d’ensemble », il n’en demeure pas moins que la structure administrative fait que chaque service est replié sur lui-même, ne s’occupant que des missions qui lui sont attribuées, sans pour autant s’ouvrir aux autres services aux compétences complémentaires. Nous ne voulons pas anticiper des éléments de nos conclusions mais simplement montrer les difficultés que nous avons rencontrées lors de nos entretiens avec les acteurs publics (élus et techniciens) et leur attitude assez réservée face à nos interrogations : lorsqu’il s’agissait de questionner sur les mesures urbanistiques de réduction de bruit routier, les responsables communaux de l’urbanisme nous renvoyaient aux services de l’environnement et de la voirie, et vice versa. Toute la difficulté était donc dans le fait de réagir à leurs réorientations car pour eux, nous n’avions pas frappé à la bonne porte ni questionné les bonnes personnes…

Le choix était difficile entre :

- introduire et expliquer l’objectif de ce type de questions transversales et donc de risquer d’influencer la réponse de l’interviewé,

ou

- maintenir notre stratégie de départ en interprétant ces réactions significatives comme des éléments d’analyse, cela tout en prenant le risque de passer, pour nos interlocuteurs, pour une personne pas ou peu familiarisée au fonctionnement et à la structure des administrations publiques.

Nous avons finalement opté pour le deuxième choix. Par prudence, nous signalions au préalable que, dans un souci de complémentarité, nous avions l’intention de questionner les autres services impliqués.

Si nous nous sommes heurtées à cette difficulté aussi bien en France qu’en Algérie, d’autres handicaps relèvent de certaines particularités temporelles et contextuelles propres à chaque pays.

En France, la période à laquelle nous avons mené nos études de terrain (pour les villes de Boulogne-Billancourt et Saint-Denis) n’a pas été la plus propice puisqu’elle correspondait à la période des élections municipales de mars 2008. De fait, il nous a été difficile voire même impossible dans certains cas, d’obtenir des rendez-vous pour les entretiens compte tenu des enjeux pré-électoraux et de la mobilisation des cadres de l’administration (bilan, projets, propositions pour promesses électorales…).

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Par ailleurs, ce contexte politique particulier nous a donné l’avantage d’apprécier le poids du développement durable, et plus précisément de l’environnement, dans l’enjeu électoral. Nous avons donc pu comprendre, grâce à cet événement, comment les différents partis politiques font de ces « causes » mobilisatrices, auxquelles « tout le monde adhère», le sujet idéal de leurs campagnes.

En Algérie, nous avons rencontré un autre type de problèmes liés essentiellement au manque ou à l’absence de certaines données relatives à l’état de l’environnement et du bruit en particulier : nombre de plaintes contre le bruit, mesures sonores, taux de motorisation, etc. Si ce pays fait un progrès remarquable en matière de cartographie et de système d’information géographique, il connaît un manque flagrant concernant les enquêtes sociales. Ce type de données devrait permettre de se renseigner sur la situation de la population, sur les conditions dans lesquelles elle vit et enfin, sur les mesures qu'il y a lieu de prendre. Certes, les recensements généraux de la population, dont le plus récent a été effectué en avril 2008, peuvent permettre de déterminer quantitativement les besoins sociaux en matière d’équipement, de logements…, mais ils ne peuvent pas renseigner par exemple sur la qualité de vie de ces populations, ni sur les nuisances qu’elles peuvent subir.

Notons à cet égard que nous n’avons pas eu accès à ces données récentes car à l’heure de la rédaction de cette introduction, ces données ne sont pas encore publiées.

Il s’ajoute à cela les difficultés que nous avons rencontrées lors de notre enquête par entretiens : la consistance du guide d’entretien (12 pages), la méfiance des habitants en raison des conditions sécuritaires, l’obtention de l’accord des interrogés car certains d’entre eux n’ont pas le temps et la patience de répondre à nos questions…

Nous avions finalement limité notre échantillon à 100 personnes même si nous aurions voulu doubler voire tripler ce nombre.

En somme, ce travail a nécessité une recherche multidisciplinaire, de multiples déplacements entre les divers cas d’études (plusieurs voyages en Algérie pour l’étude du cas algérois) et beaucoup de volonté pour surmonter les difficultés que nous avons pu rencontrer.

PREMIERE PARTIE : LE BRUIT DANS LA VILLE, ASPECTS