• Aucun résultat trouvé

MATERIEL ET METHODE A Type d’études

A. Description de l’échantillon

3. Les obstacles de la collaboration entre le psychiatre et la famille

1.5 Obstacles et perspectives liés au système de santé

1.5.1. En Côte d’Ivoire : Le cout des soins psychiatriques

Le manque d’accès aux soins est un obstacle rapporté par tous les psychiatres d’Abidjan. En Côte d’Ivoire, il n’y a pas de système de sécurité sociale. Les frais médicaux sont à la charge des familles qui souvent ne peuvent financer les soins au long cours.

99 Pour les psychiatres ivoiriens, le manque de moyens financiers est un obstacle à l’implication des familles dans le soin : l’épuisement financier amène à une rupture de soins et au rejet du proche malade.

« Pour une schizophrénie, c’est vraiment un traitement au long cours... Il faut des moyens. Et comme le malade mental est exclu, non seulement de son village, mais de la société! Ceux qui paient les médicaments c’est la famille. » P15

« Ceux qui paient les médicaments, ils sont fatigués. Si tu ne les sensibilises pas, ils les laissent tomber. Donc le manque d’accès aux médicaments c’est un obstacle. » P15

« En plus, si c’est un enfant qui est dans une famille où il y a d’autres enfants, si à lui seul par mois il faut mettre 12 000 francs, et les autres qu’est-ce qu’ils vont avoir ? « Bon lui, il est fou, il ne pourra rien rapporter donc on va le mettre de côté ou on va l’envoyer dans le village ». » P13

Les perspectives d’amélioration du manque d’accessibilité financier au soin en Côte d’Ivoire sont décrites par certains psychiatres ivoiriens, soit via la mobilisation d’associations de famille, soit par celle des psychiatres eux-mêmes.

« Si ces associations le peuvent, ce sera un peu comme les associations de diabétiques qui ont réussi à mettre en place une prise en charge des médicaments. C’est pris en charge en partie par l’état. » P13

« Ça aussi, ça aurait pu être notre bataille pour qu’ils aient une subvention de l’État, pour que les médicaments soient comme les médicaments pour les tuberculeux : c’est gratuit ! Mais pourquoi pas les malades mentaux ? Mais les médicaments des personnes ayant la lèpre, c’est gratuit ! VIH, c’est gratuit ! Mais qui doit mener le combat ? Mais c’est au psychiatre ! » P15 Les psychiatres ivoiriens rapportent de façon indirecte des obstacles liés au système de santé mentale ivoirien à travers les perspectives d’amélioration des soins psychiatriques afin de mieux impliquer les familles dans le soin.

Pour certains, le manque de structures communautaires de santé mentale au plus près des familles est un obstacle à leur implication dans le soin psychiatrique.

« Je pense que déjà c'est d'apporter les soins dans la communauté au sein des dispensaires. Et mieux les intégrer, donc favoriser les interventions à domicile, apporter le soin dans les familles. Si les soins psychiatriques sont au sein de la communauté, c’est plus facile. C’est un bon moyen d’introduire la famille dans le jeu. » P5

1.5.2. En France : obstacles liés à l’offre de soins : manque d’accessibilité et de disponibilité médicale

Les obstacles liés au système de santé français sont différents selon les psychiatres interrogés, qui pointent une mauvaise organisation de l’offre de soins.

100 Pour certains psychiatres, le manque d’accessibilité au soin psychiatrique est un obstacle pour l’implication des familles dans le soin. Ce manque d’accessibilité se traduit par:

- Une difficulté à rentrer en contact avec les psychiatres.

« Les familles se plaignent qu’elles n’arrivent pas à joindre le psychiatre. » P10 « Le premier obstacle, c’est le temps dont on dispose et la disponibilité qu’on a.» P7

- Une difficulté pour les familles à orienter leur proche malade en cas de crise.

« Leurs proches se retrouvent enfermés à la maison complètement délirants ou agressifs. Le nombre de familles qui sont démunies et qui ne savent pas quoi faire face à ça… En fait, ils n’ont pas de réponse de la psychiatrie. C’est hyper compliqué de nous joindre. Ils ne savent pas où appeler, qui et comment. […] Et pour les quelques familles qui vont trouver notre numéro ce qu’on va leur répondre, c’est : « appelez le généraliste ou emmenez votre fils aux urgences ». » P2

- Le manque de qualité d’accueil fait aux familles dans les services d’urgences.

« Aux urgences, pour les familles, quand il y en 4 ou 5 qui attendent, on leur dit : « allez signez ! il est malade ! » on va peut-être vite quoi. Donc, déjà pour la première alliance, pour le premier contact, c’est dur. » P6

- Le fait d’avoir plusieurs intervenants médicaux successifs au cours du parcours de soin de leur proche.

« Ils voient les médecins des urgences, puis les médecins de l’unité d’accueil, les médecins de l’unité de secteur…Ça fait trois lignes au minimum de médecins. » P6

Pour la grande majorité des psychiatres interrogés, l’un des obstacles majeurs à l’implication des familles est le manque de disponibilité, temporelle et émotionnelle, du psychiatre et des soignants, pour les familles aidantes.

« En consultation, on a un réel manque de temps. L’idéal ce serait d’avoir plus de temps pour plus intégrer, toujours faire un point avec la famille. » P12

« Ben déjà, c’est la faute de temps. C’est-à-dire si je suis le seul médecin à gérer le service. Et si j’ai une autre situation stressante, si je suis pressé par le temps, s’il y a une urgence à côté, et que j’ai une consultation avec la famille, je ne vais pas avoir le même niveau d’écoute, je ne vais pas être ni sur le même niveau d’empathie ni sur la qualité d’information délivrée.» P6 Pour certains psychiatres, le manque de valorisation du travail fait auprès des familles et le manque de budgets accordés sont des obstacles pour leur implication dans le soin.

« Donc, recevoir les familles: ça prend du temps et ce n’est pas valorisé en termes d'activité, que ce soit en libéral ou à l’hôpital. » P1

« Nous, au niveau temps et budget, on a des difficultés par rapport à Profamille [programme de psychoéducation familiale]. On n’a pas de budget. A priori, on n’aura pas d’aide financière, alors que tous les programmes d’aides pour les patients en ont. » P10

101 Pour contourner ces obstacles, certains psychiatres proposent quelques perspectives

Documents relatifs