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schizophrénie au sein du contexte ivoirien

2. Le patient atteint de schizophrénie en Côte d’Ivoire

2.1 Épidémiologie

Il n’y a pas d’étude épidémiologique sur la schizophrénie en Côte d’Ivoire ou en Afrique de l’Ouest retrouvé sur les moteurs de recherches pubmed, Google scholar, CAIRNS, Science- Direct, PsycINFO et EM-consult. Mais les études épidémiologiques affirment que la schizophrénie est une maladie chronique et invalidante dont le risque vie entière a été longtemps établi à 1%, quelle que soit la zone de région géographique (192). D’autres études

64 nuancent ces résultats en montrant que la prévalence est de 0.7% et peut varier selon les régions géographiques (2). Il est même rapporté par plusieurs études que la prévalence de la schizophrénie est moindre dans les pays en voie de développement que dans les pays industrialisés (193). Mais, le nombre de cas réel de schizophrénie est très certainement sous- estimé par ces études dans les pays en voie de développement du fait de biais de sélections (194). En effet, les patients sélectionnés sont ceux répertoriés durant la période des études dans les hôpitaux psychiatriques. Et les réalités sociales, économiques et culturelles très différentes des pays en voie de développement font très certainement obstacle à l’inclusion du nombre réel de malades souffrant de schizophrénie.

2.2 Une présentation clinique non influencée par le contexte social et

culturel

La similitude de présentation clinique des patients souffrant de schizophrénie est décrite par certains auteurs. Dans le cas de l’Afrique de l’Ouest, il est montré qu’il y a plus de similitudes de présentation clinique. L’organisation et la structure des troubles en syndrome sont semblables. Les spécificités culturelles se retrouvent dans le contenu délirant imprégné du vécu du malade et la présence de symptômes pseudo-hallucinatoires dans la dépression (195). En ce qui concerne la schizophrénie, d’autres auteurs montrent que le trouble a une présentation clinique semblable, quel que soit l’environnement culturel dans lequel a vécu le patient (196).

2.3 La prise en charge des patients souffrant de schizophrénie en Côte

d’Ivoire

Les recherches concernant la schizophrénie des patients souffrant de schizophrénie en Côte d’Ivoire à partir des moteurs recherches documentaires (Google scholar, CAIRNS, Science- Direct, PsycINFO et EM-consult) n’ont permis de faire ressortir que deux études. L’une porte sur les « itinéraires des patients schizophrènes à Abidjan » (197) et la « Place des neuroleptiques atypiques dans la prise en charge médicamenteuse des schizophrénies » (198).

2.3.1. Le parcours de soins des patients souffrant de schizophrénie

L’étude menée par Yao et al. (2009) est une étude prospective analytique afin de décrire le parcours de soin des patients souffrant de schizophrénie ayant consulté au service d’hygiène mentale (SMH) de l’Institut national de santé publique (INSP) d’Abidjan.

Les résultats montrent que 43,2% des patients et familles associaient la maladie mentale à une origine mystique. Pour ces patients et leur famille, la maladie mentale n’est pas secondaire à un dysfonctionnement au niveau de cerveau. Elle est la conséquence d’un fait d’ordre surnaturelle et mystique. Ces maladies peuvent être vécues comme la conséquence d’une transgression d’un interdit familiale ou tribale : on est malade parce que l’on n’a pas respecté l’interdit. Elle peut être la conséquence de l’agression d’un tiers par la sorcellerie. Et enfin, elle peut être l’élection du malade par une divinité pour exercer une fonction ; le malade est sélectionné par les divinités pour exercer une fonction mystique dans sa

65 communauté. Du fait de ces croyances, les malades et leur famille s’orientent vers des soins non conventionnels. Ces soins sont exercés par les prêtres, les pasteurs ou les imams dans des centres de prière. Ils peuvent aussi être exercés par le tradithérapeute, le féticheur ou le marabout. Le tradithérapeute est un professionnel du soin traditionnel utilisant une pharmacopée à base de plantes pour réaliser des décoctions. Ces décoctions sont prescrites par voie orale ou par lavement. Le féticheur est un guérisseur ou devin qui utilise la consultation divinatoire pour établir son diagnostic et pour traiter la maladie. Le marabout est semblable au féticheur à la différence qu’il utilise des versets coraniques à but conjuratoire. Il est aussi montré que les patients qui avaient consulté sur le centre de santé mentale sans avoir consulté d’autres thérapies non conventionnelles étaient de 22.7%. Et 38.6% des patients continuaient à avoir recours aux thérapies non conventionnelles malgré le suivi sur le centre de santé mentale.

L’auteur conclut que les populations s’orientent pour la majorité des cas vers des thérapies non conventionnelle. Il préconise un rapprochement des systèmes de soins conventionnels et ceux non conventionnels en vue de redynamiser les structures psychiatriques auprès de la population.

2.3.2. La place des neuroleptiques dans la prise en charge médicamenteuse des patients souffrant de schizophrénie à Abidjan

L’étude de Yéo et al. (2008) est une étude rétrospective évaluant les prises en charge médicamenteuse sous neuroleptique atypique des patients souffrant de schizophrénie. Il ressort de cette étude les observations suivantes : une faible proportion (27,1 %) de prescriptions des neuroleptiques atypiques en général, une prédominance de la prescription des neuroleptiques atypique en monothérapie (21,8 %), les neuroleptiques classiques étaient les plus prescrits (57,2 %) en association avec la bithérapie (halopéridol et chlorpromazine) qui représentait 34,5 % des prescriptions. L’étude retrouve un meilleur taux de réinsertion professionnelle chez les patients sous neuroleptique atypique (48,3%) que chez les patients sous neuroleptique classique (32%). Les auteurs expliquent ces prescriptions par le cout trop élevé des neuroleptiques atypiques pour les patients souffrant de schizophrénie et leur famille. Les prescripteurs prenant en compte cet obstacle financier prescrivaient plus des neuroleptiques typiques du fait de leur cout moins élevé.

Un taux de prescription plus important pour les neuroleptiques classiques est donc rapporté par les auteurs. Les auteurs expliquent ces résultats par le fait que les neuroleptiques atypiques sont plus couteux que les neuroleptiques classiques. Les patients et les familles n’ont souvent pas les revenus suffisant pour faire face à l’achat des neuroleptiques atypique au long cours . Le taux de prescription de neuroleptique atypique est donc dû à la prise en compte des contraintes financières des familles par le prescripteur.

66 Il n’y a notre connaissance aucune étude épidémiologique portant spécifiquement sur la

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