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schizophrénie au sein du contexte ivoirien

D. Généralité sur la méthodologie qualitative

1. Origine des méthodes qualitative

Le début de la méthode qualitative a vu le jour au début des années 1920 dans le cadre de recherche en anthropologie et en sociologie. La formalisation de cette pratique s’est faite à partir des années 1970 essentiellement à travers la « théorie ancrée » (199). Cette dernière a pour objectif de construire une théorie explicative d’un phénomène social, en se basant sur les éléments recueillis sur un terrain sociologique donné. Cette méthode est emprico inductive. Elle consiste donc à développer des concepts explicatifs théoriques à partir de l'observation sur le terrain. Cette approche se différencie de la majorité des disciplines de recherche basées sur une approche déductive. L'approche déductive consiste à vérifier l'application d'une théorie dans des conditions expérimentales. Ce n’est qu’en 1990, que Gasser et Strauss vont progressivement faire connaître ces pratiques. Elles s’étendront de plus

68 en plus dans la recherche en science humaine et sociale à travers le monde. Dans le monde anglo-saxon, la recherche qualitative ainsi que les ouvrages se sont multipliées au cours des vingt dernières années. En langue française, la situation est toute autre et l’analyse qualitative fait encore l’objet de peu d’ouvrages de fond (200).

2. Recherche quantitative versus recherche qualitative

Il est intéressant d’expliquer la distinction entre les deux méthodes de recherche quantitative et qualitative (201).

La méthode quantitative se base sur un paradigme hypothético-déductif et objectiviste. Pour rappel, le chercheur va donc partir d’une idée générale qu’il établit à priori : une hypothèse. Il va ensuite tester cette hypothèse selon une situation expérimentale dont il essaie de contrôler les variables. L'objectif est d'affirmer ou d'infirmer son hypothèse de départ. Les indicateurs utilisés sont souvent des variables quantifiables qui nécessitent l’utilisation des statistiques. Les conclusions sont énoncées dans le cadre d’une démonstration.

La méthode qualitative se base sur un paradigme compréhensif et inductif. Le chercheur a un raisonnement plus inductif. Il choisit de partir des faits ou de plusieurs faits rapportés pour en construire une idée générale. Dans cette démarche, le cadre conceptuel se construit à postériori par la description des faits et des phénomènes et de leurs significations. Il va y avoir le plus souvent des protocoles de recherches ouverts et évolutifs. Le but est de théoriser des phénomènes en prenant en compte l’intersubjectivité et le contexte. La conclusion est énoncée dans le cadre de validation d’un processus.

Ces approches n’explorent donc pas les mêmes champs de la connaissance. Elles ne sont donc pas opposées, mais plutôt complémentaires. Il sera expliqué dans la partie problématisation les raisons pour lesquels la méthode qualitative est plus adaptée pour le travail de recherche présenté ici. La comparaison de ces deux méthodes de recherche est illustrée dans l’annexe 1.

3. Le recueil des données en recherche qualitative

Dans le cadre de la recherche qualitative, un travail de terrain est nécessaire afin de recueillir les données nécessaires à la compréhension d’un processus social. Les principales méthodes utilisées pour le recueil des données sont l’observation participante ou les entretiens. Dans le cas de l’observation participante, le chercheur va s’immerger dans la vie des sujets étudiés pour déterminer la place du phénomène étudié selon le contexte social et culturel (202). Les données seront recueillies dans un journal de bord où seront transcrits les faits observés en rapport avec la problématique de recherche. Dans le cas des entretiens, le chercheur interroge des sujets selon un guide d’entretien se rapportant à une ou des problématiques données. Les entretiens peuvent être semi-directifs ou ouverts. Ils peuvent être individuels ou en groupe

69 (on parle dans ce dernier cas de « focus group »). Les entretiens sont enregistrés et retranscrits afin d’être analysés. Il existe plusieurs méthodes d’analyses d’entretiens dans le cadre de la recherche qualitative. Mais ceux-ci ont en communs une lecture exhaustive des entretiens suivis d’une lecture analytique permettant de regrouper les idées rapportées selon des catégories afin de construire un modèle théorique cohérent. Le recueil des entretiens s’arrête lorsque l’analyse des nouveaux entretiens n’apporte plus de nouveaux éléments dans le modèle théorique construit (203). C’est la saturation des données.

Dans le cadre de ce projet de recherche, il sera utilisé des entretiens semi-directifs individuels. Les sujets interrogés seront des psychiatres. L’analyse des entretiens peut se faire selon différents concepts méthodologiques, dont l’approche phénoménologique, l’approche de la théorie ancrée ou l’approche ethnographique. L’auteur de ce travail a choisi de faire son analyse selon l’approche phénoménologique qui sera décrite dans le paragraphe suivant.

4. Analyse de données selon une approche

phénoménologique

La phénoménologie est un courant philosophique qui a pour but de décrire et d’observer le sens donné à une expérience vécue, en se basant sur la conscience qu’en a l’individu qui vit cette expérience (204). Les principes de base de ce courant ont été développés par Edmund Husserl puis complétés par Michel Henry pour ensuite être appliqués dans divers domaines tels que la psychologie, la psychiatrie et la recherche en sciences humaines (205).

Dans le cadre de cette méthode, le chercheur étudie un phénomène. Celui-ci sera décrit à travers la signification que le sujet attribuera à ce phénomène selon son expérience vécue. Il prendra en compte l’expérience du sujet de façon subjective à travers ses perceptions, sa biographie et son histoire. L’expérience vécue, la subjectivité et le sens sont des principes essentiels pour aborder un processus selon ce modèle.

L’investigation phénoménologique dans le cadre de la recherche qualitative se fait essentiellement au travers d’entretien semi-directif en posant des questions ouvertes aux sujets étudiés selon la problématique abordée. Dans sa démarche intellectuelle, l’investigateur devra rechercher le sens attribué à l’expérience vécue du sujet étudié. Pour avoir ce sens, le chercheur doit faire preuve d’une écoute sans porter de jugement ; il doit donc mettre de côté ses propres normes et valeurs. Ce dernier pourra ainsi dérouler toute la signification attribuée à son expérience vécue sans être influencée par le jugement du chercheur.

Les textes sont ensuite retranscrits puis analysés. L’une des méthodes phénoménologiques les plus utilisées ce jour en recherche qualitative est celle de Giorgi (204). Elle se déroule selon plusieurs étapes :

-Le protocole descriptif : Tout d’abord, les entretiens sont retranscrits et relus. Le chercheur s’imprègne des récits pour retenir un sens général lors de cette première lecture.

70 -La seconde étape consiste à identifier des unités de signification qui déterminent le contexte dans lequel se produit le phénomène.

-La troisième étape consiste au développement du contenu des unités de signification en se basant sur le contenu descriptif et significatif du sujet.

-Enfin, la dernière étape de l’analyse constitue la mise en place d’une organisation cohérant des thèmes signifiants qui permettrait une généralisation sans pour autant perdre le sens de l’expérience vécue par le sujet.

La méthode qualitative est théorisée dans les années 1970 au travers de la « théorie ancrée » utilisée initialement en sociologie. Elle est utilisée en recherche médicale depuis les années 1990. C’est une méthode de recherche dite empirico inductive basée sur un paradigme compréhensif. Elle se distingue de la méthode de recherche quantitative qui est dite hypothético-déductive basée sur la démonstration. Pour le recueil de données, un travail de terrain est nécessaire pour la compréhension des processus sociaux. L’utilisation d’entretien semi-directif individuel ou en groupe est l’une des méthodes les plus utilisées. L’analyse des données se fait selon un cadre conceptuel. Dans cette étude l’analyse selon une approche phénoménologique permet de centrer l’analyse sur l’expérience vécue des sujets inclus dans l’étude.

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