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Au titre des premières élaborations de la psychologie nord-américaine, on trouve principalement celles promues par son fondateur, William James, suivies de celles de Stanley Hall dont les parcours ont été pour le moins enrichis par les humanités dispensées par les protagonistes de l’intelligentsia allemande. Dans l’Allemagne, en voie d’unification nationale, se développe au cours du XIXème siècle, une discipline aux contours indistincts se référant à la fois à la science et à la philosophie promue par des auteurs tels Gustav Fechner et Rudolf Herman Lotze. Mais l’on doit surtout à Wilhelm Wundt, d’avoir promu cette discipline en tant que science réalisant ainsi le projet de Christian Wolff, tout en prenant prioritairement appui sur des fondements physiologiques35. Ses travaux font de lui

le chef de file de la méthode expérimentale en psychologie. Plusieurs jeunes chercheurs de l’époque, dont Hall, puis James MacKeen Cattel etc. viennent se former dans le laboratoire qu’il dirige. De sorte qu’un jeu de concurrence et de collaboration, anime ces protagonistes de divers pays.

C’est aux confluents de ces courants d’idées l’on peut situer les recherches de John Dollard et de Neal E. Miller (1939)36, d’où émerge la problématique de l’« aggression » définie comme une action offensive et nocive.

Ces derniers développèrent, en particulier, la notion de frustration-agression pour tenter de

35 Franz Brentano développe en revanche une approche descriptive à partir de sa référence à la

phénoménologie. Il admet une conception de l’« expérimentation » par l’usage du principe de variation et de comparaison.

36 Dollard J., Doob L. W., Miller N. E., Mowrer O. H., and Sears R. R.. Frustration and aggression. New

49 rendre compte d’un rapport d’implication conçu comme nécessaire entre la frustration et l’agression. Le débat du moment est alors traversé par des références issues à la fois de la psychanalyse et des théories pavloviennes et Watsonienne de l’apprentissage. Le parti pris est de proposer comme source ou origine des comportements agressifs individuels et collectifs, l’aspérité inhérente supposée des contraintes génératrices de frustrations. L’agression aurait ainsi une fonction cathartique au regard de la tension provoquée par la frustration.

Miller envisage de rectifier quelques allégations prêtant le plus le flanc aux critiques, il affirme que certains énoncés ont prêté à confusion :

The objectionable phrase …is : "that the occurrence of aggression always presupposes the existence of frustration and, contrariwise, that the existence of frustration always leads to some form of aggression.37

« La phrase contestable est : « Que les situations d’agression présupposent toujours

l’existence d’une frustration et inversement, que l’existence d’une frustration conduit

immanquablement à des formes d’agression. »

Seul le deuxième membre de la phrase à savoir « que l’existence d’une frustration conduit immanquablement à des formes d’agression » traduit, aux yeux de Miller, maladroitement les intentions des auteurs. L’interprétation malheureuse qu’elle suggère serait que la frustration n’a pas d’autre conséquence que l’agression. Il semble pourtant manifeste que l’enjeu n’est pas simplement rhétorique mais théorique.

Miller considère en somme qu’il s’agit de malentendus induits par l’équivocité de quelques termes. Ainsi la formulation de la phrase incriminée n’aurait pas permis d’éviter la confusion entre l’idée d’incitation ou de provocation d’un acte agressif et la réalisation effective d’une agression. Il précise donc :

Frustration produces instigation to aggression but this is not the only type of instigation that it may produce38

37 Miller N. E., : The Frustration-aggression hypothesis in Psychological Review 38 Ibid.

50

La frustration entraîne une tendance à l’agression cependant ce n’est pas la seule sorte

de tendance qu’elle peut engendrer. »

De cette explication de texte, il ne ressort qu’une définition (simplifiée) de l‘agression qui se réduit à l’évènement prétendument univoque (la réponse entendue comme but attendu) et celle de la frustration qui signifie l’animation d’une tendance à plusieurs issues possibles (une causalité équivoque).

Leonard Berkowitz39 dans les années 60, réduisant la portée de la notion de frustration tout en confortant la place grandissante des théories de l’apprentissage affirme que le rapport entre la frustration et l’agression n’est fondamentalement qu’un cas particulier d'un lien plus général entre la stimulation irritante et la tendance agressive. Il admet que les contraintes ne produisent de tendances à l’agression que dans la mesure où elles génèrent un affect négatif.40

Berkowitz, en reformulant, selon des logiques prioritairement behavioriste et cognitiviste, le discours de ses prédécesseurs de l’université de Yale, déclare que selon Dollard et ses collègues :

« L’agression n’est pas simplement la libération de stimuli toxiques mais une action

clairement orientée vers un objectif précis : infliger des préjudices à autrui. [Il ajoute que].

Néanmoins la nature exacte de cette réponse n’est pas toujours la même d’une situation

à une autre.

41

»

Les stimuli ne sont pas directement opérant pour induire le comportement agressif selon cet auteur, ils contribuent par leur nature aversive au renforcement de la tendance agressive. Berkowitz propose donc un nouveau schéma explicatif :

What is relatively new about the present analysis is the proposal that thwartings, as aversive events, evoke negative affect (any feeling that people typically seek to lessen or eliminate), and it is this negative feeling that generates the

39 Berkowitz, L., Roots of aggression The frustration-aggression hypothesis revisited, Atherton Press: New

York, 1969

40 Berkowitz, L., Frustration-aggression hypothesis: examination and reformulation. Psychological bulletin,

106(1), 59-73 “More specifically, it is argued here that thwartings produce an instigation to aggression only

to the degree that they generate negative affect.” 1989

41 Ibid., “Dollar and his colleagues regarded aggression as not merely the delivery of noxious stimuli but as

an action having a fairly definite objective: the infliction of injury. Of course, the exact nature of this response is not always the same from one occasion to the next”

51 aggressive inclinations. From this perspective, an unexpected interference is more apt to provoke an aggressive reaction than is an anticipated barrier to goal attainment because the former is usually much more unpleasant.42

« Ce qu'il y a de relativement nouveau dans cette présente analyse, c’est la proposition

que les contrariétés, comme tout ce qui peut constituer un contexte hostile, évoquent

l'affect négatif (toute forme d’émotion que les gens cherchent typiquement à diminuer

ou à éliminer), et c'est ce sentiment négatif qui produit des tendances agressives. Dans

cette perspective, une

interférence inattendue est plus susceptible de provoquer une

réaction agressive qu'un empêchement connu parce que le premier est habituellement

beaucoup plus désagréable »

Berkowitz se référant à des études réalisées en éthologie animale43 ou à nombre de résultats

de travaux de laboratoire en psychologie, abandonne l’hypothèse (formulée en 1962) selon laquelle l’angoisse aurait une propriété causale dans l’acte agressif. Il admet la simplification du principe de causalité par le truchement du schéma classique stimulus- réponse. Le stimulus comme facteur aggravant ou atténuant provenant de l’extérieur induisant une réponse de l’organisme. Il considère, en même temps, un schéma parallèle au sein même du psychisme, dès lors dépendant de facteurs composés, de données mémorisées au cours de ses expériences, de données issues de son patrimoine génétique et de l’impact situationnel, etc. Son point de vue est qualifié comme néo-associationniste.

Parallèlement à ces élaborations théoriques se mènent des expériences qui vont faire date soit par leur caractère spectaculaire soit par les commentaires qu’ils vont susciter. En 1961, se déroule donc, l’expérience célèbre de cette autre figure de l’université de Yale, Stanley Milgram. Ce dernier cherchait, au moyen d’un dispositif, à étudier, le degré d’obéissance ou de soumission à l’autorité chez l’humain44.

Jacques Semelin en donne ainsi une présentation édifiante :

42 Berkowitz, L., « Frustration-aggression hypothesis: examination and reformulation ». Psychological

bulletin, 106(1), 59-73.” 1989. op, cit.

43 Azrin, N. H., Hutchinson, R. R., MacLaughlin, R. “The oppotunity for aggression as an operant reinforcer

during aversive stimulation”, Journal of the experimental Analysis of Behavior, 8, 171-180, 1965

44Il faut souligner qu’entre les deux guerres mondiales, les chercheurs font déjà usage de machines sensées

entre autres offrir les meilleures garanties contre tout soupçon de subjectivité dont pourrait être qualifié leur démarche. Ainsi le Dr Willars Hayes de l’université de Washington invente en 1938 une « shocking machine », sorte de « gégène » ou générateur de courant électrique utilisé à des fins éducatives. En 1961 en Algérie, la « shocking machine » est un instrument de torture.

52 Deux personnes viennent dans un laboratoire de psychologie qui organise une enquête sur la mémoire et l’apprentissage. L’une d’elles sera le moniteur et l’autre l’élève. L’expérimentateur (en blouse blanche) leur explique qu’il s’agit d’étudier les effets de la punition dans le processus d’apprentissage. Il emmène l’élève dans une pièce, l’installe sur une chaise munie de sangles qui permettent de lui immobiliser les bras et lui fixe une électrode au poignet…45

Le décor est planté. La mise en scène consiste à faire savoir au moniteur que l’élève doit mémoriser une liste de couples de mots et qu’en cas de réponses erronées ce dernier aura comme sanctions des décharges électriques d’intensité croissante.

Semelin fait remarquer que c’est le moniteur, le véritable objet d’étude de l’expérience. Il est conduit dans une salle de contrôle différente de celle où se trouve placé l’élève, et invité à prendre les commandes d’un appareillage factice censé administrer des décharges électriques d’intensité variée partant de quinze volts jusqu’à quatre cent cinquante volts. L’instrumentation est munie d’indicateurs présentant un continuum d’effets allant de « CHOC LEGER à ATTENTION : CHOC DANGEREUX ».

Le moniteur guidé par l’expérimentateur, a pour objectif de faire mémoriser à l’élève un certain stock d’informations. Il dispose de cet appareillage comportant des niveaux mesurés (par l’ordre chiffré) de décharges comme moyen d’agir sur l’apprentissage de l’élève en réprimant les contre-performances de celui-ci.

Cette situation expérimentale cherche à mesurer la capacité de résistance et/ou de soumission à l’autorité au dépend des valeurs qu’un individu pense défendre.

L’individu se trouve aux prises avec un conflit artificiellement créé par la situation expérimentale. Elle consiste à mesurer son degré de docilité faisant face à sa capacité de désobéissance. Le conflit oppose le sentiment d’obligation d’exécuter les consignes de l’expérimentateur à celui du libre-arbitre que l’individu considère disposer.

Les résultats sont là ; aucun ne refuse de participer à l’expérience ; aucun ne s’arrête avant trois cents volts ; soixante pour cent vont jusqu’à la fin. Ces expériences reprises à Rome et Milan par Ancona sur des italiens cultivés, ont donné quatre-vingt-cinq pour cent d’obéissants, chiffres confirmés à Munich, en Afrique du Sud et en Australie…46

45 Sémelin J., Pour sortir de la violence, pp. 50-51 46 Ibid, pp. 50-51

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Notons qu’Arnold Buss, à cette même époque est assistant-professeur à l’université de Pittsburgh et présente un dispositif étonnamment similaire à celui de Milgram, la BAM (Buss Aggression Machine).

Berkowitz et Anthony Lepage font part, quant à eux, en 1967, à travers leur article : « Weapons as aggression-eliciting stimuli » des conclusions qu’ils tirent d’une expérience de simulation de comportements violents qu’ils ont menée. Et dans le prolongement extrême de cette approche, Philip Zimbardo, en 1971, ira jusqu’à développer une pratique particulièrement invasive et un discours plutôt controversé. Son expérience se révèle être une parodie cruelle d’une situation de rétention dans une prison factice. Cette tragédie expérimentale qui se mène avec la collaboration naïve d’étudiants recrutés comme sujets d’expérimentation et celle de la police aux premières étapes de l’opération, va déboucher sur des scènes de violences réelles.

Les expériences et les théories se succèdent non sans heurt, les collaborations entre Leonard Berkowitz et Craig A. Anderson, ou encore entre Anderson et Brad Bushman ou Nicholas L. Carnagey, par exemple, aboutissent notamment au cours de ces vingt dernières années, à des reformulations des notions de violence et d’agression. L’« aggression » est un comportement dirigé vers autrui et poursuivi dans le but de lui faire du tort. Selon ce point de vue la notion d’« aggression » demeure associée à celle de l’action violente.

L’action violente est ainsi définie :

Violence is usually defined as physical aggression at extremely high end of the aggression continuum, such as murder and aggravated assault […] an intentional action directed at one or more fellow humans and designed to inflict great harm and those target individuals.47

«

La violence est généralement considérée comme une agression physique extrême située

au point culminant des niveaux d’agression telle que le meurtre ou l’attaque à main

armée… Une action délibérée dirigée vers un ou plusieurs autres êtres humains et

conçue pour infliger un dommage conséquent aux personnes visées

. »

47 Anderson C., Carnagey N., “Violent evil and the general aggression model” in Miller, Arthur G., ed. The

54 Selon Craig A. Anderson et Nicholas L. Carnagey, tout acte violent équivaut à une « aggression » alors que l’inverse n’est pas vrai. Certaines agressions seraient commises sans violence, avec douceur ou sans faire usage de la force physique.

Ces auteurs font observer que les notions de violence et d’agression se pensent à partir d’un postulat qui prend appui sur l’image du continuum. Elles s’appréhendent au sein d’un répertoire à partir d’une logique sérielle constituée de degrés. La violence niveau extrême de l’agressivité, suppose d’infliger de graves dommages physiques à une personne que cette action soit interdite ou autorisée.

Le G.A.M. (General Aggression Model) défini par Anderson et ses collaborateurs emprunte une forme acronymique pour servir une ambition de synthèse de l’élaboration de plusieurs générations de chercheurs en faisant intervenir prioritairement le facteur environnemental (incluant des variables situationnelles, individuelles et biologiques) additionnant facteurs économiques, historiques, et sociaux afin de prédire certaines observations du comportement humain. Le GAM comprend différents facteurs qui se combinent aux processus internes d’auto-régulation notamment ceux qui relèvent des facultés d’apprentissage.

Selon ce modèle la notion de violence et d’agression prend appui sur l’étude des comportements observés impliquant les protagonistes agresseurs et agressés.

Ces degrés définis dans une première approche par paires de catégories dichotomiques (une causalité affective de l’agression opposée à une autre de caractère instrumental ou une causalité impulsive opposée à une seconde de nature préméditée ou encore une causalité offensive opposée à une autre définie comme réactive ou défensive, par exemple) se révélèrent inopérants au terme d’analyses critiques. Ces taxinomies des conduites ont donc été mises de côté au profit d’un modèle mettant en exergue les interactions entre processus décisionnels et automatismes spontanés ou conditionnés.

Au final, c’est à partir d’un modèle reposant sur les compétences et attentes du moi conscient (principalement à l’aune des structures cognitives) et les données déterminantes de l’environnement que se joue toute cette dynamique d’interactions.

Les auteurs proposent une distinction reposant sur les finalités qui se déclinent entre but à court terme (proximate goal) et but ultime (ultimate goal). Ils utilisent dans cette même veine, selon un schéma répondant à une dualité imaginaire de la prédation ou de la lutte, l’opposition entre la figure du (perpetrator) soit l’acteur ou l’auteur de violence et celle de la cible (target) soit la victime réduite à une position d’objet en ligne de mire.

55 Le but à court terme détermine les modalités immédiates des agissements et du comportement alors que le but ultime en détermine le principe général. Le trait commun à toute agression est qu’elle comporte une intention attentatoire mais ce trait caractérise radicalement le but à court terme. Alors qu’en tant que but final l’agression peut viser à infliger un dommage à l’autre ou à obtenir un gain comme bénéfice principal. Les auteurs considèrent des configurations mixtes avec divers niveaux qui se résument à une violence aux finalités crapuleuses et à une présumée violence préobjectale.

Anderson et Carnagey proposent en outre la notion d’agression indirecte proche de la violence crapuleuse, où il est question de considérer la victime dans sa virtualité tant du point de vue spatial que du point de vue temporel. Dans cette catégorie se décrivent des scénarios malveillants à l’égard de personnes absentes. Nous verrons plus loin que l’injure est une de ces formes de violence qui peuvent s’effectuer en l’absence de la victime ainsi que la fonction particulière et éclairante de l’injure dans certaines configurations psychotiques.

Les critères de visibilité et de proximité (visibility and propinquity) font aussi partie des schémas explicatifs proposés : dans ce cas de figure, les protagonistes ainsi considérés, les acteurs et les victimes doivent avoir vécu une situation qui requiert leur présence physique respective, leur permettant de se voir ou de s’identifier mutuellement, de plus, l’acte attentatoire doit s’être produit dans un court délai mettant en relation l’acte et l’effet. Le point de vue prévalent se réfère en somme au modèle des théories classiques du conditionnement pavlovien : le contexte ou l’environnement détermine unilatéralement les conduites :

…repeated exposure to media violence can create highly accessible retaliation scripts that are easily activated on future occasions […]. Exposure to a violent movie both primes aggression-related knowledge structures in the immediate situation and constitutes an additional learning trial that teaches the viewer beliefs that will have longer-lasting effects.48

Anderson et Carnagey revendiquent le caractère causal de leur modèle suivant ainsi le principe d’un déterminisme justifié par un souci pragmatique et utilitaire. Ces auteurs

48 Anderson C., Carnagey N., “Violent evil and the general aggression model” in Miller, Arthur G., ed. The

Social Psychology of Good and Evil. op. cit., p. 183 : « L’exposition répétitive à la violence des médias peut

entrainer l’inscription d’un fort ressentiment qui pourra être aisément mobilisé dans le futur […]. L’exposition à un film violent d’une part stimule l’animation des structures cognitives impliquées dans une réponse agressive spontanée face à ce type de situation et d’autre part constitue une expérience d’apprentissage supplémentaire qui est ainsi offerte. »

56 récusent fermement les termes de rapport ou d’association de leur champ syntaxique s’ils ne sont subordonnés au principe d’une unité causale maîtresse.

Enfin, Anderson et Carnagey se défendent contre certaines critiques portées à l’égard du modèle qu’ils ont élaboré, dont celle soulignant le défaut de responsabilité qui en découle pour des personnes mises en cause pour avoir commis une agression. Ils rétorquent que le GAM n’absout pas les auteurs d’acte violents de leur responsabilité. Ce faisant, ils se situent, d’emblée, dans un rapport dichotomique entre victime et auteur, mais surtout confondent la notion de la responsabilité subjective attachée au je distinct du moi et qui est le fruit d’une élaboration dialectique et la notion, juridiquement déterminée, de la responsabilité pénale du commissionnaire de l’acte (perpetrator).

L’une des premières contradictions tient au fait que le modèle causal dénie tout rôle opérant au sujet, l’exclut de son champ explicatif, puisque la cause ici trouve sa pertinence dans l’unicité structurale de son fondement et dans l’attribution d’un schéma fonctionnel autonome de son procès garantissant ainsi la scientificité du modèle.

Les auteurs signalent, en effet, des cas où lors de procès le défenseur d’une personne accusée d'homicide fait valoir comme cause majeure voire exclusive, la nocivité de jeux vidéo violents pratiqués précédemment et en toute naïveté, par la personne accusée. Le justiciable et son conseil, empruntent avec une habilité ironique, l’argument avancé par Anderson et Carnagey, pour en tirer avantage devant la justice. En toute logique, c’est le jeu vidéo qui est placé en position d’accusé. C’est la violence incluse dans le jeu qui serait responsable d’avoir déclenché, chez le joueur incriminé, un comportement meurtrier. Si la violence est la conséquence d’un agent pathogène, elle prend alors valeur de violence pathogène, à l’instar de celle qui générée par un état de démence ou de folie.

Si Anderson et Carnagey49peuvent exprimer leur désaccord quant à un verdict qui