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CHAPITRE 4 – ENTRE ÊTHOS PROFESSIONNEL PARTAGE ET INVISIBILITE DE LA

1. VIVIANE

1.2. A NALYSE DES DIMENSIONS DE L ’ ENGAGEMENT SUR LA DURÉE

Figure 7 : Analyse thématique de l'entretien avec Viviane

« C’est génial, parce que c’est très créatif C’est là qu’on voit que les gens, comme dans l’enseignement, ils inventent, ils créent, ils expérimentent, ça marche, ça marche pas, ils travaillent dessus, puis après, ils arrivent à proposer quelque chose qui est bien. »

« Je pense que vraiment le duo, pour moi, c’était fondamental.

C’était vraiment – et c’est toujours – une amie, on est devenues proches, voilà, on travaillait, on se voyait en dehors, enfin c’était une sorte de passion commune. » Viviane

1.2.1. Décalage entre travail prescrit et travail réel et évolution de la fonction En page 7, Viviane énonce :

« Non, c’est parce que ça m’attirait quand même de travailler au niveau de la santé.

C’était quand même un point qui m’intéresse, moi je suis quand même assez, un petit peu sportive, enfin, je regarde un petit peu ce que je mange. Voilà, c’est un point qui m’intéressait de travailler avec les élèves d’une manière différente que juste dans sa classe » (Entretien, 7, 271-274).

Elle dévoile au début une de ses représentations de la santé qui s’arrête à la santé physique : être un peu sportive et attentive à ce qu’elle mange.

Par la suite, Viviane relève également une dimension sociale de son engagement en PSPS dans le climat scolaire (Entretien, 19, 801-808).

Elle relève le décalage entre travail prescrit et travail réel et mentionne que cette fonction est soutenue par de la formation continue proposée par l’Unité PSPS. Elle se montre à la fois très respectueuse du cahier des charges, ne se voyant pas, par exemple, demander à un autre membre de l’équipe PSPS que sa collègue déléguée de prendre le PV (Entretien, 7, 234-236).

Viviane décrit sa fonction comme ayant évolué au niveau de l’analyse des besoins, notamment, et comportant beaucoup de travail administratif et de coordination (Entretien, 9-10, 21, 892-896) et, à la fois, comme créative (Entretien, 17, 708-712).

Un des déclencheurs de son engagement consiste en un travail différent avec sa classe (Entretien, 2, 25-29, 23, 1022). Nous entendons ici une fonction qui permet de prendre une position différente de celle de l’enseignante et de considérer les élèves sous un autre jour que devant répondre à des objectifs pédagogiques.

1.2.2. Motifs épistémophilique et socio-affectif et invisibilité du travail

Viviane s’est engagée par envie d’avancer, de découvrir de nouvelles personnes et de nouvelles choses, ce que Carré et Fenouillet (2011, p. 282) appelleraient des motifs socio-affectifs et épistémiques, au sens de « gai savoir ». Un autre déclencheur de son engagement a été la possibilité de travailler différemment avec ses élèves. Elle s’est formée avec une collègue, avec laquelle elle avait l’habitude de collaborer (Entretien, 2, 22-23) : « on se connaît bien, on sait comment on fonctionne ») et qu’elle qualifie d’amie (Entretien, 18, 753-754), et a travaillé avec elle en tant que déléguée PSPS. À la suite d’un changement d’établissement scolaire, elle a à nouveau travaillé en collaboration avec une autre déléguée PSPS. Concernant sa collaboration avec la première déléguée PSPS, elle parle en termes de « passion commune » (Entretien, 18, 754).

En termes de modalités d’apprentissage, Viviane relève que sa formation ne lui a pas appris ce qu’elle devait faire sur le terrain, mais qu’elle y a appris par essais-erreurs, par tâtonnements (Entretien, 16, 673-678).

Elle mentionne le caractère invisible du travail et la difficulté à être reconnue dans ce qu’elle fait.

« En fait, la légitimité, c’est un point important, parce que les gens, ils croient que tu ne fais rien. La plupart du temps, ils ne savent pas. En fait, la prévention canine, ça paraît un tout petit truc, c’est un tout petit truc, on est d’accord, mais il faut quand même contacter les gens, faire des téléphones, envoyer des lettres, faire le tournus des élèves, prévenir les enseignants, tout ça. Et en fait, tout se fait, et les gens voient ton nom, mais, voilà… c’est normal que tu fasses ça. Les pommes, c’est normal, tout arrive, elles sont là toutes les trois semaines, les paniers sont là, c’est normal. Enfin, tout paraît normal. Voilà. On n’est pas forcément, je pense, reconnus, sauf quand… enfin je pense que les grands projets, c’est plus bénéfique. On se sent plus reconnus quand c’est des grands projets. Quand on avait fait une grande chorégraphie, sur tout un terrain de sport, avec toute l’école, et là, les gens savaient aussi que c’était l’équipe PSPS qui avait fait tout ce travail. Et bien là, voilà, on a l’impression que les gens disent : ah et bien voilà, il y a quelque chose qui se fait, qui se passe. Alors que toutes les petites actions, les petits tournus qu’on organise, pour les différents degrés d’élèves, ça passe vraiment inaperçu » (Entretien, 9-10, 367-380).

Elle précise qu’il est important pour elle de faire ce qui lui est demandé du mieux qu’elle peut et que cela lui suffit, qu’elle ne cherche pas de reconnaissance (« C’est aussi notre rôle de faire ça » Entretien, 10, 381-383). Pour Viviane, ses deux périodes de décharge représentent du temps pour accomplir sa mission « comme il faut » (Entretien, 12, 509-512) et une forme de reconnaissance de l’exigence de la pratique PSPS.

À un niveau méthodologique, Viviane relève le manque d’outil pour évaluer les impacts des projets (Entretien, 15, 644-647). Elle fait ici allusion à l’écart entre le travail prescrit et le travail réel.

En page 17, elle mentionne sa conviction du bienfait des activités thématiques (sommeil, alimentation, activité physique) pour les élèves, au-delà d’une récolte des besoins auprès de ces derniers : « C’est ma vision personnelle. Je trouve que rien n’est inutile » (Entretien, 17, 740-746). Nous pouvons faire l’hypothèse que ce présupposé lui vient de sa formation d’animatrice santé (que Sabine décrit plus bas comme formation à l’animation de groupes sur des thématiques prédéfinies et d’équipe).

1.2.3. Développement professionnel et motif opératoire personnel En page 19, Viviane mentionne son goût pour

« le lien, le contact avec les gens, c’est aussi un aspect de ma personnalité duquel je ne peux pas passer outre. J’aime bien ça, travailler avec d’autres gens, pas toujours les mêmes » (Entretien, 19, 824-829).

Elle relève aussi l’enrichissement personnel de ses lectures, participations à des conférences, apprentissages divers (Entretien, 20, 848-851) dans le cadre de la PSPS, qui relèvent d’un motif d’engagement opératoire personnel (Carré & Fenouillet, 2011, p. 283).

1.2.4. Soutien relationnel et liberté d’action confrontés à l’écart entre travail prescrit et réel Viviane pense que l’engagement doit être idéalement composé d’une conviction personnelle pour la PSPS, d’un engagement envers les élèves et d’un goût pour le renouvellement

(Entretien, 18, 778-789). Elle relève aussi que « faire des projets communs […], ça soude les gens » (Entretien, 23, 1000-1002). Elle perçoit l’engagement commun de l’équipe PSPS et le chemin parcouru ensemble sur la durée pour atteindre un but comme un liant relationnel.

Viviane mentionne que l’élément le plus dissuasif pour elle dans son engagement sur la durée dans la fonction est la contradiction entre la théorie, le travail prescrit et les possibilités de mise en pratique sur son terrain professionnel, ce qui l’a à plusieurs reprises fait hésiter à poursuivre son engagement (Entretien, 2, 33-39).

Un des éléments qui, au contraire, soutient son engagement sur la durée est la collaboration avec sa collègue déléguée PSPS avec laquelle elle s’entend bien. Elle apprécie également sa liberté d’action, aussi bien pour le fait de travailler quand elle veut (Entretien, 10, 406-407) que pour le contenu des actions qu’elle propose. Elle mentionne le processus d’apprentissage créatif de la PSPS qu’elle apprécie beaucoup :

« C’est génial, parce que c’est très créatif. C’est là qu’on voit que les gens, comme dans l’enseignement, ils inventent, ils créent, ils expérimentent, ça marche, ça marche pas, ils travaillent dessus, puis après, ils arrivent à proposer quelque chose qui est bien » (Entretien, 17, 709-712).

Elle apprécie la présence des directeurs lors des séances de PSPS, leur soutien financier des projets, leur confiance dans ses compétences et sa manière de travailler, ainsi que leur compréhension des tensions avec l’Unité PSPS.

Viviane relève qu’il est plus difficile de mobiliser les collègues qu’elle ne connaît pas et que les enseignants de 1 à 4 P peuvent davantage libérer des périodes pour des activités PSPS que ceux des degrés plus élevés, dont le programme semble plus serré (Entretien, 15, 613-618). Elle précise que les enseignants ont tendance à percevoir la PSPS comme quelque chose d’imposé (Entretien, 22, 954).

En page 19, elle relate que d’« arriver à un aboutissement où tout le monde a collaboré, où les liens se font » est ce qui la motive le plus (Entretien, 19, 805-806).

Viviane mentionne le climat général de l’établissement (qui « fait que tu peux arriver à mettre des choses en place ou parfois pas. Et puis, là, tu peux t’épuiser » (Entretien, 25, 1082-1083)) comme facteur de persévérance pour elle.

1.2.5. Travail en duo et humilité

Travailler à deux est relevé comme fondamental pour Viviane. Elle mentionne l’importance d’un nombre de périodes de décharge correspondant au travail à faire et de la confiance et du soutien de la direction. Dans l’idéal, elle aimerait avoir moins de travail administratif (demandes de subside à l’Unité PSPS).

Aux débutants, Viviane conseillerait « tout de même de se lancer » tout en ne mettant pas la barre trop haut (Entretien, 23, 1021-1030). Elle les rendrait attentifs et les rassurerait sur l’écart entre le travail prescrit et le travail réel, elle relativiserait ce qu’elle ressent comme une pression de la part de l’Unité PSPS lors des journées de formation continue.

« […] tu vas sauver le monde [… c’est] pas ça » (Entretien, 24, 1041-1042) : ici Viviane donnerait une vision humble et réaliste de la fonction.

2. Solène13