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Chapitre 3 — Méthodologie

3.3 Description du dispositif de développement professionnel proposé

3.3.2 Modalités

La conception du dispositif et la description des modalités sont inspirées des travaux de Dunst et Trivette (2009), sur lesquels se sont appuyés certaines études dans le domaine du soutien du développement langagier des enfants (notamment, Dunst et al., 2014; Robert et al., 2014; Sylvestre et al., 2016). À la suite d’une recension systématique des écrits sur l’apprentissage et l’enseignement chez les adultes, Dunst et Trivette (2009) ont identifié quatre principaux volets constituant un dispositif de développement professionnel avec, au centre, l’engagement actif du participant dans chacun des volets. La Figure 2 illustre ces quatre volets pour le présent dispositif : (1) introduction; (2) mise en pratique; (3) réflexion; (4) répétition. Chaque volet est décrit ci-dessous.

Figure 2

Représentation schématique des quatre volets du dispositif (adaptée des travaux de Dunst et Trivette, 2009)

Introduction. Une formation de 3 heures en grand groupe, avec l’ensemble des éducatrices de l’installation du CPE (entre 20 et 30 éducatrices), a d’abord été offerte par l’orthophoniste. La formation a permis de présenter le contenu qui serait par la suite approfondi durant les rencontres de cointervention avec les éducatrices ciblées, de se familiariser avec l’approche de l’orthophoniste et de développer un vocabulaire commun autour des pratiques abordées. La présence de la direction du CPE et des collègues permettait de mettre les bases d’une compréhension commune du projet et un soutien au sein de l’organisation. À la suite de cette formation, l’introduction de nouvelles connaissances théoriques s’est poursuivie via les autres modalités du dispositif, notamment lors des périodes d’échanges ou sur le vif durant les rencontres de cointervention.

Mise en pratique. Des séances de cointervention avec la présence de l’orthophoniste dans le groupe duraient une heure et se déroulaient en avant-midi. Plusieurs des contextes présents dans la routine en CPE ont été explorés : lecture d’histoire, collation/repas, habillage et transition vers

l’extérieur, activité structurée (comme un bricolage), activités semi-structurées (ateliers à différentes tables), jeux, etc. Le choix des activités reposait sur l’éducatrice, selon ses routines habituelles, les contextes qu’elle souhaitait explorer et la dynamique des enfants lors de la journée de la rencontre. L’orthophoniste avait un souci d’aborder une diversité de situations et d’accorder une attention particulière aux situations de jeu libre et aux routines (collations, transitions, etc.).

Durant cette heure, l’éducatrice et l’orthophoniste étaient appelées à jouer en alternance différents rôles : (1) mise à l’essai des pratiques ciblées, tant par l’éducatrice que l’orthophoniste; (2) observations des réactions des enfants face à ces pratiques; (3) observations par l’éducatrice des interactions orthophoniste-enfants; (4) observations par l’orthophoniste des interactions éducatrice- enfants. L’alternance des rôles entre l’orthophoniste et l’éducatrice était définie à l’avance pour certains moments (p. ex. : durant une activité précise comme la lecture d’histoire ou un moment précis, comme en début de rencontre) ou gérée de façon spontanée dans d’autres contextes (p. ex. durant la collation). Au travers de chaque rencontre, un vécu conjoint se développait dans le contexte du groupe de l’éducatrice, ce qui permettait de cibler des moments clés et ainsi d’alimenter l’échange qui suivait. Certaines discussions ou rétroactions avaient également lieu sur le vif, créant un court aparté entre l’orthophoniste et l’éducatrice au sein même de la rencontre dans le groupe, à propos d’un évènement venant de survenir. Il y a eu prise de notes occasionnelles par l’orthophoniste et l’éducatrice. D’ailleurs, la prise de notes et les rétroactions sur le vif ont davantage été utilisées lors des deux dernières rencontres, afin d’augmenter la précision des situations discutées.

Réflexion. Après chaque rencontre de cointervention, des sessions de rétroaction duraient de 20 à 30 minutes. À partir des objectifs ciblés précédemment, l’orthophoniste et l’éducatrice revenaient sur leurs observations de la rencontre de cointervention : ce qui les a frappées, ce qui les a questionnées, ce qu’elles ont trouvé facile ou difficile, etc. L’orthophoniste accompagnait chaque éducatrice dans ses réflexions par des questions, dans l’optique d’un soutien à la pratique réflexive. Elle contribuait également en y apportant ses propres réflexions, suite à la mise à l’essai de différentes pratiques dans le groupe, et en ajoutant des explications et à l’occasion des rétroactions et conseils précis par rapport à ce qu’elle a observé dans les pratiques de l’éducatrice.

La période d’échanges se concluait par une planification conjointe du réinvestissement et de la prochaine rencontre : défi à garder en tête, choix des activités pour la prochaine rencontre, ajustement des objectifs suite à la rencontre actuelle. Les activités étaient majoritairement décidées par l’éducatrice, avec quelques propositions venant de l’orthophoniste. Le choix pouvait être adapté le matin même, selon la dynamique du groupe.

Les trois entretiens semi-dirigés réalisés respectivement en début, à la moitié et en fin de parcours ont également offerts des espaces pour les rétroactions, discussions et pour la planification.

Réinvestissement. De façon souple, chaque éducatrice a décidé de ce qu’elle souhaitait réinvestir dans son quotidien au cours de la semaine, en fonction de ses préoccupations et en faisait un retour avec l’orthophoniste la semaine suivante. À l’occasion, l’orthophoniste a émis des suggestions à mettre en pratique : observer certains aspects du contexte, la réaction d’un enfant, essayer une pratique dans un nouveau contexte, etc.

Ces quatre volets — formation/introduction, mise à l’essai durant la cointervention, sessions de rétroaction et réinvestissement — étaient abordés de façon itérative chaque semaine, avec le souci constant de conserver l’engagement actif de l’éducatrice, notamment par des questions réflexives et des espaces pour qu’elles puisse orienter le déroulement des rencontres en fonction de son expertise et de sa connaissance de son groupe.