Le mod`ele de Vasicek

In document Couverture des risques dans les marchés financiers (Page 153-157)

Nous d´ecrivons d’abord les deux mod`eles les plus classiques, le mod`ele gaussien deVasicek([Vasi]) et le mod`ele dit en “racine carr´ee” de Cox, Ingersoll, Ross ([CIR2]). Ce mod`ele qui date de 1977, utilise une structure tr`es simple pour mod´eliser la dynamique du taux court.

Nous proposons deux m´ethodes diff´erentes pour mod´eliser les taux et les z´ero-coupon de diff´erentes ma-turit´es.

1. La premi`ere utilise les propri´et´es particuli`eres du taux court dans le mod`ele de Vasicek, et mˆeme un calcul probabiliste explicite pour la r´esolution du probl`eme.

2. La deuxi`eme introduit l’EDP d’´evaluation, dont les coefficients sont lin´eaires par rapport au taux court. Des solutions explicites sont alors propos´ees.

Vasicek suppose qu’il y a un seul al´ea (Wt), qui influe sur le taux spot, dont la dynamique, dansl’univers risque-neutre, est de la forme :

drt =a(b−rt)dt−σ dWt r0=r (8.4.1)

8.4.1 L’´ equation des taux

L’´equation suivie par le taux court est celle d’un processus d’Ornstein-Uhlenbeck, c’est `a dire d’un processus gaussien, qui oscille autour d’une tendance centraleb, avec une force de rappel d’intensit´e a.

L’´equation (8.4.1) se r´esoud comme une ´equation diff´erentielle ordinaire, bien que son second membre soit al´eatoire.

Proposition 8.4.1 La solution de l’´equation (8.4.1) est donn´ee par : rt=r0eat+b(1−eat)−σ

Z t 0

ea(ts)dWs. (8.4.2)

C’est donc un processus gaussien, dont la distribution est stationnaire si r0 est une variable gaussienne, de moyenne b et de variance σ2a2, ind´ependante du brownien W. La variableI(t, T)d´efinie par

I(t, T) = Z T

t

rsds

est gaussienne, de moyenne (rt ´etant donn´e) m(T−t), et de variance Σ2(T−t), o`u : m(T−t) = b(T−t) + (rt−b)1−ea(Tt)

a et Σ2(T−t) = −σ2

2a3(1−ea(Tt))22

a2(T−t−1−ea(Tt)

a )

Preuve : Le mod`ele de taux court est celui de l’ornstein Uhlenbeck dont les porpri´et´es sont bien connues.

⇒ La solution de l’´equation lin´eaire (??) s’obtient comme dans le cas d´eterministe par la m´ethode de variation des constantes, en ´etudiant le processus{eatrt;t∈[0, T]}, solution dedρt =beatdt−σeatdWt. Le caract`ere stationnaire, qui signifie querta une distribution ind´ependante detse v´erifie facielement.

⇒ Pour montrer les propri´et´es de I(t, T), le plus simple est de calculer I(t, T) `a partir de l’´equation diff´erentielle en notant que

aI(t, T) =−(rT−rt) +ab(T −t)−σ Z T

t

dWs

Reportons dans cette ´equation la forme int´egrale du taux spot. Il vient : I(t, T) =b(T−t) + (b−rt)1−ea(Tt)

a −σ

Z T t

1−ea(Ts)

a dWs

Le calcul de la variance se fait `a partir de l’int´egraleσ2RT

t (1−ea(Ts) a )2ds.

Nous aurons souvent `a utiliser des processus d’Ornstein-Uhlenbeck non stationnaires, v´erifiant

drt =at(bt−rt)dt−σtdWt r0=r (8.4.3)

La solution est donn´ee par :

rs=rte tsaudu+ Z s

t

e usavdv(budu+σudWu) (8.4.4) Le calcul de I(t, T) s’obtient en utilisant une formule d’int´egration par parties dans l’int´egrale stochas-tique, soit

I(t, T) =rt

Z T t

e tsaududs+ Z T

t

Z T u

e usavdvds(budu+σudWu) Les r´esultats pr´ec´edents se g´en´eralisent alors facilement `a cette situation.

Les prix des z´ero-coupon et la forme g´en´erale des taux actuariels continus se d´eduisent alors ais´ement du caract`ere gaussien deI(t, T).

Th´eor`eme 8.4.1 Dans le mod`ele de Vasicek, le prix d’un z´ero-coupon de maturit´e T est donn´e par : B(t, T) = exp−h

R(T−t)−(R−rt)1ea(Ta t) +4aσ23(1−ea(Tt))2i o`u R=b−2aσ22

(8.4.5)

et sa volatilit´e par

ΓaV(t, T) =σ1−ea(Tt)

a (8.4.6)

La courbe des taux de la date t est donn´ee par :

R(t, θ) =R−(R−rt)1−e aθ + σ2

4a3θ(1−e)2 (8.4.7) avec R(t,+∞) =R pour toutt.

Preuve : La repr´esentation des z´ero-coupon est essentiellement une cons´equence des calculs pr´ec´edents et des propri´et´es de la transform´ee de Laplace d’une v.a. gaussienne.

⇒ Il nous suffit de calculerB(t, T) comme :

B(t, T) =EQ[eI(t,T)| Ft] =eE(I(t,T)+12var(I(t,T)=em(Tt)+12Σ2(Tt)

car la variableI(t, T) ´etant gaussienne, sa transform´ee de Laplace ne d´epend que son esp´erance et de sa variance. La formule explicite est obtenue en regroupant les termes de mˆeme nature. L’´equation des taux s’en d´eduit ais´ement `a partir de la formuleR(t, θ) =−1θln[B(t, t+θ)].

⇒ Il reste `a noter queR(t, θ) tend vers :R=b−2aσ22 (ind´ependante de t) si θtend vers l’infini.

8.4.2 La courbe des taux issue du mod` ele de Vasicek

Le mod`ele de Vasicek donne la forme analytique de la courbe des taux aujourd’hui et plus g´en´eralement de n’importe quelle date.

Le graphe de la fonction θ→R(t, θ) ressemble effectivement `a de nombreuses courbes de taux observ´ees sur le march´e. Toutefois, certaines d’entre elles, notamment les courbes dites “invers´ees”, o`u le taux court rest plus haut que le taux longR, et o`u apparaˆıt un creux ne peuvent ˆetre atteintes par un mod`ele de ce genre.

8.4.3 Le mod` ele de Vasicek g´ en´ eralis´ e

En g´en´eral, le march´e pr´ef`ere introduire la courbe des taux d’aujourd’hui comme une donn´ee du probl`eme et d’ajuster les param`etres des mod`eles pour qu’il y ait un ajustement exact avec cette entr´ee.

Dans le cas de Vasicek, il est toujours possible d’introduire une fonction bt pour que l’ajustement soit parfait.

Pour cela remarquons que la courbe des taux aujourd’hui est associ´ee `a un mod`ele stationnaire (bt

constant) de Vasicek, si la courbe des taux spot forwards aujourd’hui v´erifie f(0, t) = R−(R−r0)eat+ σ2

2a2(1−eat)eat (8.4.8)

= b+ (r0−b)eat− σ2

2a2(1−eat)2 (8.4.9)

Cette fonction v´erifie donc l’´equation diff´erentielle en maturit´e

tf(0, t) +a(f(0, t)−f(0,+∞))−σ2a2e2at= 0

f(0,+∞) =R=b−2aσ22 (8.4.10)

tf(0, t) +a(f(0, t)−b) +σ2

2a(1−e2at) = 0

Proposition 8.4.2 Le taux courtrt v´erifie le mod`ele de Vasicek ´etendu `a des coefficients d´ependant du temps (Pour simplifier nous avons suppos´e les volatilit´es stationnaires) g´en´eralis´e, ajust´e `a la courbe des taux forwards (f(0, T);T ∈R+ si

drt = [∂tf(0, t) +af(0, t) +σ2

2a(1−e2at)]dt−artdt−σdWt (8.4.11) Preuve: NotonsrVt la dynamique d’un Vasicek de mˆeme fonction de volatilit´e, mais de niveau de rappel constant,b=f(0,+∞) +2aσ22, partant der0=f(0,0) aujourd’hui.

La courbe des spots forwards issue de ce mod`elefV(0, t) v´erifie

fV(0,+∞) =f(0,+∞), fV(0,0) =f(0,0) =r0

La diff´erencert−rVt satisfait `a l’´equation lin´eaire, non stochastique

d(rt−rVt ) = [a(bt−b)−a(rt−rtV)]dt, (8.4.12) Cette diff´erence d´eterministe est encore ´egale `a la diff´erence des taux forwards aujourd’hui associ´es `a chacun des deux mod`eles Par suite, les deux courbesf(0, t) et fmod(0, t) la courbe forward d´eduite du mod`ele sont ´egales car

dfmod(0, t) +afmod(0, t)dt=dfV(0, t) +afV(0, t)dt+a(bt−b)dt

=ab−σ2

2a(1−e2at) +∂tf(0, t) +af(0, t) +σ2

2a(1−e2at)−ab]

=∂tf(0, t) +af(0, t)dt

8.4.4 L’EDP d’´ evaluation et le prix des options sur z´ ero-coupons

Nous pouvons employer une m´ethode plus num´erique pour calculer la forme de la courbe ds taux et le prix des options sur z´ero-coupon. Elle consiste `a introduire une EDP d’´evaluation. Nous avons vu que le prix d’un z´ero-coupon est une fonction exponentielle affine du taux courtB(t, r, T).Nous allo,s retrouver ce r´esultat par une m´ethode num´erique,

Th´eor`eme 8.4.2 1. Si le prix d’un z´ero-coupon est une fonction r´eguli`ere du taux court B(t, r, T), n´ecessairement B est solution de l’EDP

1

2 Br00r(t, r, T) +a(b−r)B0r(t, r, T)−rB(t, r, T) +Bt0(t, r, T) = 0

B(T, r, T) = 1 (8.4.13)

2. R´eciproquement, supposons qu’il existe une fonction r´eguli`ere du temps et du param`etre r , C(t, r, K, T, T+θ), solution dans ]0, T[⊗R+ de l’´equation aux d´eriv´ees partielles :

1

2 C00rr(t, r) +a(b−r)Cr0(t, r)−rC(t, r) +Ct0(t, r, T) = 0

C(T, r, K, T, T+θ) = (B(T, r, T+θ)−K)+ (8.4.14) 3. Alors le prix d’une option de maturit´eT, de prix d’exercice K sur z´ero-coupon de maturit´eT+θ

est donn´e par

C(t, K, T, T+θ) =B(t, T+θ)N(d1)−KB(t, T+θ)N(d0)

d0= 1

Σt,T

T −tLog B(t, T+θ) KB(t, T)

−1 2Σt,T

√T−t (8.4.15)

d1=d0+ Σt,T

√T −t

Σ2t,T = 1 T−t

Z T

t |Γ(u, T +θ)−Γ(u, T+θ)|2du (8.4.16) Preuve: La preuve de l’EDP est tr`es similaire `a celle utilis´ee pour montrer la formule de Black et Scholes.

⇒ Nous appliquons la formule d’Itˆo `a la fonctionB(t, r, T) et `a la solutionrt de l’´equation diff´erentielle stochastique. La comparaison avec l’´equation d’autofinancement donne imm´ediatement le r´esultat. La v´erifivation est imm´ediate.

⇒ L’´equation aux d´eriv´ees partielles ne donne pas imm´ediatement une solution explicite. L’id´ee est de faire `a la fois un changement de variable en posanty =B(t, r, T) et de fonction en posantv(t, y) =

u(t,r,f)

B(t,r,T), pour se ramener `a une EDP de type Black et Scholes et appliquer la formule connue.

⇒ C’est la traduction en termes de changement de variables de l’observation que le z´ero-coupon forward Bt(T, T+θ) est une martingale log-normale de volatilit´e Γt(T, T+θ) =σea(Tt)(1−e), sous la probabilit´e forwardQT, de densit´e exp−RT

t rsdsB(t, T)1. Comme

C(T, r, K, T, T+θ) =EQ exp− Z T

t

rsds(B(T, T+θ)−K)+|rt

!

=B(t, T)EQT BT(T, T+θ)−K)+|rt

Nous pouvons appliquer la formule de Black et Scholes, sans taux d’int´erˆet, au sous-jacentBt(T, T+θ) de volatilit´e d´ependant du temps Γt(T, T+θ).

In document Couverture des risques dans les marchés financiers (Page 153-157)