L’incertain est mod´elis´e `a travers les trajectoires futures du titre risqu´e, vues comme des
scenarii possibles d’´evolution. En g´en´eral, on suppose que ce sont des fonctions continues (ω
t),
d´efinies sur
R+. Afin de prendre en compte le caract`ere tr`es erratique des cours des actifs
financiers, Bachelier les mod`elise `a l’aide d’un mouvement brownien avec tendance. Une telle mod´elisation conduit `a des prix qui peuvent ˆetre n´egatifs. Aussi, Samuelson (1960) propose de retenir cette mod´elisation pour les rendements, plutˆot que pour les cours eux-mˆemes.
2.3.1 D´ efinition et Propri´ et´ es
Il y a plusieurs d´efinitions possibles des rendements, qui en g´en´eral sont ´equivalentes lorsque les ph´enom`enes sont d´eterministes, mais qui diff´erent dans le cas stochastique. La diff´erence est explicable par la formule d’Itˆo. Nous supposons que les rendements entre deux p´eriodes sont mesur´es par la diff´erence des logarithmes des cours.
L’hypoth`ese que les rendements entre 0 et
tsuivent un mouvement brownien de tendance
µ−12σ2et de coefficient de diffusion
σ, se traduit par les propri´et´es suivantes du processus des prix {St;
t∈[0, T ]
}:
• S0
=
x;
•
les rendements Log(S
t)
−Log(S
s) suivent une loi gaussienne de moyenne (µ
− 12σ2)(t
−s)et de variance
σ2(t
−s).•
Pour tout 0
< t1 < t2... < tn,les accroissements relatifs
{SSti+1ti; 0
≤ i ≤ n−1
}sont ind´ependants, et de mˆeme loi.
En d’autres termes, il existe un mouvement brownien
cWtel que
St=
f(t,
cWt) =
xexp
µt
+
σWct−1 2
σ2t
(2.3.1) Par application de la formule d’Itˆo pour le mouvement brownien et la fonction
f(t, z) = xexp
µt+
σz− 12σ2t, dont les d´eriv´ees valent :
ft0(t, z) =
f(t, z)(µ−1
2
σ2),
fz0(t, z) =
f(t, z)σ,
fzz00(t, z) =
f(t, z)σ
2nous voyons que,
dSt St
=
µdt+
σdcWt(2.3.2)
Comme la fonction exponentielle n’est pas born´ee, pour justifier l’´ecriture diff´erentielle et l’uti-lisation de la formule d’Itˆo, nous avons besoin de propri´et´es d’int´egrabilit´e, que l’on v´erifie facilement grˆace aux propri´et´es des exponentielles de variables gaussiennes.
Lemme 2.3.1 La transform´ee de Laplace d’une v.a. gaussienne
Ude moyenne
met de variance
γ2est donn´ee par
E
[exp(λU )] = exp
λm
+ 1 2
γ2λ2
(2.3.3) En particulier, si
Wcest un mouvement brownien,
E
exp
λWct−
1 2
λ2t
= 1 (2.3.4)
Ce graphe repr´esente les prix du taux de change dollar-yen pendant la p´eriode Avril 99-Nov 2000, ainsi que ceux d’un contrat future. Les deux ´evolutions sont tr`es sem-blables.
Ce qui est remarquable, ind´ependamment de la tendance, c’est le caract`ere tr`es erratique de l’´evolution
Le graphe simul´e avec diff´erents param`etres de diffusion (c=1,1.1,0.9) des trajectoires d’un mouvement brownien pr´esente beaucoup d’analogies avec la trajectoire du cours r´eel
-8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Echelle c = 1 Echelle c = 1.1 Echelle c = 0.9
Th´ eor` eme 2.3.2 Soit
Sun mouvement brownien g´eom´etrique de valeur initiale
x.1. Le cours
St, de condition initiale
S0=
x, suit une loi log-normale dont les deux premiersmoments valent
E
[S
t] =
xeµt, E St2=
x2exp (2µ +
σ2)t
,
(2.3.5)
var(S
t) =
x2exp (2µt) exp(σ
2t)−1
En particulier, le ratio de Sharpe, qui rapporte le gain moyen ` a la variabilit´e du titre,
Sharpe ratio =
E[S
t]
−x pvar(S
t) est ind´ependant de la valeur initiale
x.2. Pour toute fonction
hpositive ou born´ee,
E
(h(S
tx)) =
Zh(y)l(t, x, y)dy
=
Zh x
exp
(µ
−1
2
σ2)t +
σ√ tu
g(u)du
(2.3.6)
g(z) =1
√
2π exp
−z2
2
(2.3.7)
g(z)
est la densit´e gaussienne centr´ee r´eduite
3. La densit´e de la loi de
Stpartant de
xest la fonction l(t, x, y)donn´ee par
lµ,σ2
(t, x, y) = 1
σy√2πt exp
−
1
2
d0(t, xe
µt, y)2(2.3.8)
d0(t, x, y) = 1
√σ2t
Log(
x y)
−1
2
σ√ tLa densit´e gaussienne en fonction du temps La densit´e lognormale en fonction du temps
Preuve: L’´etude des moments deSt repose sur le lemme 2.3.1.
⇒ Introduisons le brownien avec d´erivecWt que nous pouvons repr´esenter `a l’aide d’une v.a. gaussienne centr´ee r´eduiteU parcWt=√
tU de telle sorte que St = xexp (Yt) si Yt = (µ−1
2σ2)t+σcWt= (µ−1
2σ2)t+σ√ tU Le lemme nous conduit aux calculs suivants :
E[St] = E xeYt
=xexp
(µ−1
2σ2)t+1 2σ2t
=xexp (µt) E
St2
= E
x2e2Yt
=x2exp
(2µ−σ2)t+1 24σ2t
=x2exp 2µt+σ2t
= E[St]2exp σ2t
⇒ La densit´e l(t, x, y) est d´eduite de la densit´e gaussienne par la formule du changement de variable (d´ecroissant) associ´ee `a
u = 1
σ√
t[Log(y
x)−(µ−1
2σ2)t] = 1 σ√
t[Log(xeµt y )−1
2σ2)t] =d0(t, xeµt, y) (2.3.9)
∂u
∂y = − 1
σ√
ty (2.3.10)
qui conduit au calcul de l’int´egrale des fonctionsh >0 Z
h(y)l(t, x, y)dy= Z
h(xe(µ−12σ2)t+σ√tu)g(u)du= Z
h(y)g(d0(t, xeµt, y) 1 σy√
2πtdy
2.3.2 Interpr´ etation financi` ere des param` etres du mod` ele Interpr´ etation
S’il n’y a pas de bruit, (σ = 0),
µrepr´esente le rendement annualis´e du titre. Un simple argument d’arbitrage montre qu’en absence d’alea sur le titre, son rendement doit ˆetre le mˆeme que celui d’un placement `a la banque, dont le taux est d´esign´e ici par
r. On d´esignerapar
St0la valeur en
tde la capitalisation d’un Euro `a la banque.
dSt0
=
St0rdt(2.3.11)
Un ordre de grandeur de ce taux est [2%,12%].
Lorsque le titre est risqu´e,
µrepr´esente le rendement annualis´e du titre esp´er´e par unit´e de temps. Le march´e le compare en g´en´eral `a celui d’un placement sans risque. Le param`etre
µ−rest donc en g´en´eral un param`etre de r´ef´erence.
Le ratio de Sharpe par unit´e de temps des exc`es de rendements par rapport au cash prend en compte la volatilit´e du titre. Il est consid´er´e comme la prime de risque
λque la march´e affecte `a la source de risque
Wcpuisque
prime de risque =
λ=
1 dtEh
dSt
St
i−r q1
dt
var(
dSStt)
=
µ−r σdSt St
(2.3.12)
Il sera utile d’´ecrire
dSt
=
St[rdt +
σ(dWct+
λdt)](2.3.13) Dans cette repr´esentation, nous voyons apparaˆıtre l’importance du param`etre cl´e dans la caract´erisation des titres financiers `a savoir la volatilit´ e
σ. L’ordre de grandeur de ceparam`etre d´epend ´enorm´ement de la nature du titre support : dans les march´es d’action il varie entre 30 et 70 %, dans les march´es de change entre 10 et 30 %, dans les march´es de taux d’int´erˆet entre 8 et 30 %.
Limites de la mod´ elisation
]
Dans le monde de Black et Scholes, tous les param`etres sont suppos´es constants. Il est
clair que ce n’est pas tr`es r´ealiste dans le cas du yen d´ecrit ci-dessus, ni d’ailleurs dans
aucun march´e. En fait, on pourra sans grande modification dans ce qui suit supposer
les param`etres d´eterministes. Mais cel`a pose ´evidemment des probl`emes d’identification
(calibration dans le vocabulaire de la finance) importants.
]