TROISIEME PARTIE : PRESENTATION DES RESULTATS
Ecart 33 Fonction liée aux récompenses et punitions 3 9
2.4. Modélisation des figures du rapport au savoir
Pour dresser et compléter les profils de trois figures du rapport au savoir identifiées, nous avons recoupé les résultats obtenus aux différentes modalités étudiées, selon notre posture théorique. Ainsi, le rapport au savoir s’inscrit dans une conception dynamique basée sur des interactions du sujet avec ses milieux de vie.
Rapport épistémique Rapport externalisé Rapport utilitaire Modalités Aime beaucoup venir à l’école ;
Donne un sens aux apprentissages ; Reconnait la fonction socioculturelle du savoir ;
S’auto-évalue positivement ; Attribution causale interne ; Adopte une position active dans apprentissage ;
Médiation du savoir dans les projets professionnels ;
Utilise méthode pour apprendre ;
Montre curiosité et désir d’apprendre.
Vient à l’école pour des motifs externes aux apprentissages ; Ne donne pas de sens aux apprentissages ;
Ne reconnait pas la fonction socioculturelle du savoir ; S’auto-évalue négativement ; Attribution causale externe ; Inscrit acte d’apprendre selon les normes sociales ;
N’investit pas de projets professionnels ;
Les fonctions et enjeux de l’école ne sont pas maîtrisés ;
Apprend pour faire plaisir à ses parents.
Aime bien venir à l’école ;
Le sens qu’il donne aux apprentissages est utilitaire ; Ne reconnait pas la fonction socioculturelle du savoir ; S’auto-évalue moyennement ; Attribution causale externe ; Adopte une position passive dans les apprentissages ; Rôle flou du savoir dans les projets professionnels ; Pas de méthode précise pour apprendre ;
Va à l’école pour avoir un diplôme ou un travail plus tard.
Mobilisation scolaire
Mobilisation subjective Mobilisation cognitive
Absence de mobilisation Mobilisation cognitive Absence de mobilisation subjective Interactions avec le milieu Dyade parents/enfant
Perçoit comme attentes des parents d’apprendre et étudier
Dyade enseignant/élève (selon élève)
Reconnaît la fonction pédagogique de l’enseignant
Dyade élève/enseignant (selon enseignant)
Reconnaît la fonction de l’enseignant
Dyade parent/enseignant
Reconnait la fonction de l’enseignant/ présence d’accompagnement scolaire
Dyade parents/enfant
Pas d’attentes parentales perçues
Dyade enseignant/élève (selon élève)
Ne reconnaît pas la fonction pédagogique de l’enseignant
Dyade élève/enseignant (selon enseignant)
Ne reconnaît pas la fonction de l’enseignant
Dyade parent/enseignant
Ne reconnait pas la fonction de l’enseignant/ existence de conflits
Dyade parents/enfant
Perçoit comme attentes des parents d’avoir un bon avenir et travailler Dyade enseignant/élève (selon élève) Réduit la fonction de l’enseignant aux récompenses/punitions
Dyade élève/enseignant (selon enseignant) Réduit la fonction de l’enseignant aux récompenses/punitions Dyade parent/enseignant Reconnaît la fonction de l’enseignant mais absence d’accompagnement scolaire
Nous avons tenté d’illustrer dans ce chapitre les articulations possibles entre les différentes modalités étudiées. Pour ce faire, nous avons procédé à une analyse interactive des différentes catégories émanant du discours des sujets. Dans ce qui suit, et partant de la modélisation des trois figures du rapport au savoir (épistémique, utilitaire et externalisés) et la modélisation des quatre styles éducatifs (stimulant, rigide, couveur et laisser-faire) nous allons proposer des études de cas reflétant les histoires singulières des sujets.
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Afin de compléter notre démarche d’analyse et ne pas réduire l’expérience subjective des sujets à une expérience instantanée d’entretien, nous nous proposons de développer des cas cliniques permettant de retracer l’histoire réelle du développement de chacun des 16 enfants- élèves. De fait, il nous semble que seule une méthode clinique conjuguée à une analyse rigoureuse du contenu des énoncés permet de saisir la réalité du sujet. En somme, nous pensons que les approches d’ESCOL et du CREF, ayant traité de la question du rapport au savoir sont complémentaires dans leurs démarches et ne peuvent exister l’une sans l’autre. A l’instar du laboratoire toulousain de PDPS, nous allons analyser nos résultats sous l’angle de l’interactionnisme social.
Dans une première étape, nous analyserons les profils d’éducation familiale et du rapport au savoir pour chaque sujet. Les résultats qui vont être développés dans les tableaux ci- dessous ont découlé de l’analyse statistique descriptive à partir du logiciel NVIVO. Ensuite, nous intégrerons les caractéristiques des sujets dans l’étude de leurs expériences singulières. Cela nous permettra de mettre en exergue les processus psychologiques sous-jacents à leurs constructions identitaires.
Compte tenu de la nature « dynamique et évolutive » des phénomènes étudiés mais également de notre position dans la recherche, nous avons adopté une démarche d’investigation appelée « la triangulation ». Ce terme désigne « une stratégie de recherche au
cours de laquelle le chercheur superpose et combine plusieurs techniques de recueil de données. La stratégie permet également de vérifier la justesse et la stabilité des résultats produits » (Mucchelli, 2009, 285). Plus précisément, « la triangulation des données » telle que
définie par Denzin (1978), puis développée par Pourtois et Desmet (1988)37, recoupe plusieurs niveaux : temporelle, spatiale et par combinaison de niveaux. Elle est « temporelle » car elle prend en compte la dimension évolutive et progressive du phénomène étudié. Elle est « spatiale » car elle cherche à appréhender l’individu dans les différents milieux et contextes dans lesquels il évolue. Et enfin, elle est par « combinaison de niveaux » car elle recourt à un niveau individuel, interactif et collectif. C’est donc en corroborant les différentes données
recueillies et tout en prenant en compte les différentes dimensions que nous tenterons d’objectiver des pistes d’interprétations.
Nous utiliserons les résultats qui ont découlé de nos analyses statistiques pour développer des analyses singulières des modes de fonctionnement des sujets, et plus précisément l’étude des processus de construction de leur rapport au savoir.