• Aucun résultat trouvé

processus d’évaluation. En conséquence, Stufflebeam recommande aux orga- nisations souhaitant utiliser le modèle CIPP la mise en place d’un dispositif d’évaluation permanent. La démarche paraît donc lourde et il est difficile, à première vue, de mettre en exergue un élément du modèle qui pourrait être évalué de manière séparée.

2.10 Le modèle IPO de Bushnell (1990)

Le modèle IPO (pour Input, Process, Output), est un troisième modèle centré sur l’évaluation du processus de formation. Développé par David Bushnell en 1990, le modèle IPO est centré sur la maîtrise des coûts de la formation et présente plusieurs similarités avec les modèles CIRO et CIPP (figure 13).

Fig. 13:Le modèle IPO de Bushnell (1990)

Résultats Réactions Apprentissages Comportements Ressources Intrants Produits Profit Productivité Processus Déroulement de la formation

Déroulement du processus de formation Boucles de rétroaction dans le processus d'évaluation

Source : adapté de Bushnell, 1990, p.42

2.10.1 Les quatre éléments évalués et les boucles de rétroaction

Lors du développement de son modèle, Bushnell est parti du constat que les entreprises recherchaient de plus en plus à offrir à leurs employés des forma- tions de qualité à un coût raisonnable. Il a aussi remarqué qu’elles se posaient souvent la question du choix entre le développement à l’interne et l’achat à l’ex- terne d’une formation. Il a enfin constaté que les coûts de développement d’une formation avaient tendance à augmenter (Bushnell, 1990). En conséquence, son modèle centre l’évaluation sur les ressources investies en formation (lnput) et les résultats qu’elles produisent (Output et Outcomes).

Les ressources (Input) Les ressources investies dans la formation, l’élément le plus important du modèle IPO, doivent être évaluées au regard de leur contri-

64 2 LES MODÈLES D’ÉVALUATION DE LA FORMATION

bution à l’efficacité générale d’une formation. Elles peuvent être de natures très diverses et englobent aussi bien l’expérience du formateur ou les qualifi- cations des personnes formées, la disponibilité du matériel d’instruction, des centres et des équipements de formation que la libération d’un budget adapté aux besoins (Bushnell, 1990).

Le processus de formation (Process) A ce niveau, l’évaluation est principale- ment considérée comme une évaluation formative. Elle sert à déterminer les objectifs d’apprentissage, définir les critères les plus judicieux pour concevoir la formation et sélectionner les stratégies d’enseignement les mieux adaptées (Bushnell, 1990).

Les résultats (Output) et la première boucle de rétroaction Dans le modèle IPO, Bushnell fait une distinction entre les résultats de court terme, qu’il ap- pelle Ouput et que nous nommerons résultats, et les résultats de long terme, qu’il appelle Outcomes et que nous nommerons produits. Les résultats de court terme correspondent aux réactions, apprentissages, et modifications du com- portement au travail des personnes formées, c’est-à-dire aux trois premiers niveaux du modèle de Kirkpatrick. Une évaluation de l’ampleur de ces résul- tats permet à l’évaluateur de corriger le déroulement et le contenu du prochain séminaire de formation qu’il mettra en place. Ce phénomène est illustré dans le modèle IPO par une boucle de rétroaction entre les résultats et le processus (Bushnell, 1990).

Les produits (Outcomes) et la seconde boucle de rétroaction Les produits

ou résultats de long terme correspondent à une augmentation des résultats financiers de l’entreprise, de la rentabilité de ses activités, de sa compétitivité et voire même de son espérance de vie. Suivant un peu la même idée que Warr et al. (1970), Bushnell distingue les résultats de long terme des résultats de court terme car il considère qu’il est difficile d’identifier la part d’amélioration des résultats de long terme qui est due à la formation. En revanche, il est selon lui important d’évaluer ces résultats de long terme dans leur globalité car ils détermineront les ressources qui pourront être à nouveau investies dans de futures formations. C’est tout le sens de la seconde boucle de rétroaction du modèle. Le rendement produit par les ressources investies dans une formation déterminera en partie la quantité de ressources qui pourront être investies dans la formation suivante (Bushnell, 1990).

2.10 Le modèle IPO de Bushnell (1990) 65

2.10.2 Le principal apport du modèle

L’évaluation d’un rendement de la formation Le principal apport du modèle IPO est qu’il est, parmi les modèles centrés sur les processus, celui qui invite de la manière la plus explicite à considérer les résultats d’une formation au regard des ressources qui y ont été investies. Il encourage ainsi à procéder à une forme d’évaluation du rendement de la formation et justifie cette évaluation par la présence d’une boucle de rétroaction : les gestionnaires RH doivent démon- trer la rentabilité des ressources investies en formation s’ils veulent pouvoir à nouveau disposer de ces ressources pour de futures formations.

2.10.3 La principale limite du modèle

Une confusion entre les différentes formes d’évaluations Tout comme le mo- dèle CIRO, le modèle IPO ne définit pas clairement la finalité poursuivie par l’évaluation. La description par Bushnell de l’évaluation du processus (Process) fait penser que le modèle IPO vise une évaluation formative, c’est-à-dire une évaluation qui participe à l’optimisation de la formation en cours. Cependant la présence de la seconde boucle de rétroaction – à notre avis le grand apport du modèle – fait penser que le modèle vise plutôt une évaluation sommative, c’est-à-dire une évaluation qui permet l’optimisation de futures formations. Cette limite semble provenir du fait que, tout comme le modèle de Kirkpa- trick, le modèle IPO a pour la première fois été présenté de manière assez succincte dans une revue pour praticiens de la formation (Bushnell 1990) et qu’il n’a encore fait l’objet d’aucune publication plus importante.

66 2 LES MODÈLES D’ÉVALUATION DE LA FORMATION