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Saguenay–Lac-Saint-Jean Légende

6. AUTRES ESPÈCES D’INTÉRÊT POUR LA RÉGION

6.1. MAMMIFÈRES TERRESTRES

6.1.1. Caribou des bois

Le caribou forestier est le cervidé qui a subi le plus de pertes en termes de densité et de distribution sur le territoire québécois. Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, il est maintenant disparu d’une bonne partie du territoire régional puisqu’on ne le retrouve plus le long du Saguenay depuis plusieurs années (Dussault 2005). Au début du XVIIe siècle, le caribou était présent au nord de plusieurs états américains et dans tout le sud du Québec. Au milieu du XXe siècle, sa répartition avait régressé jusqu’au nord du Saguenay (Équipe de rétablissement du caribou forestier du Québec 2008). Le caribou des bois, écotype forestier (écotype génétiquement distinct, communément appelé caribou forestier) a été désigné espèce vulnérable par le gouvernement du Québec et possède le statut d’espèce menacée en vertu de la Loi sur les espèces en péril (COSEPAC 2002). L’habitat de ce dernier, défini comme étant «un territoire forestier fréquenté par le caribou et servant à la mise bas, au rut ou à l’alimentation hivernale de ce caribou, identifié par un plan dressé par le ministre» a récemment été placé sur la liste des espèces fauniques vulnérables.

Le caribou forestier vit en groupe de quelques individus et son taux de recrutement est faible. Son déclin est surtout associé à la transformation de son habitat et à la chasse sportive. Les caribous vivent principalement dans les forêts matures d’épinettes noires et évitent les milieux perturbés. Ces milieux (coupes forestières et brûlis récents) ne constituent pas un habitat adéquat pour cette espèce en raison de l’absence de lichens, sa principale nourriture, et puisque le risque de prédation y est accru. En effet, les coupes forestières aident la régénération de feuillus, ce qui favorise la présence de l’orignal et des prédateurs associés, soit le loup gris et l’ours noir (Équipe de rétablissement du caribou forestier du Québec 2008).

Au cours des dernières années, plusieurs inventaires ont été réalisés afin de déterminer l’état des populations dans la région. Depuis l’hiver 1999, l’ensemble de l’habitat potentiel du caribou forestier en région a été couvert par des inventaires aériens. La connaissance de la répartition de l’espèce était essentielle afin d’adopter des ententes avec les industriels forestiers pour maintenir des massifs de protection et préparer des massifs de remplacement (Dussault et Gravel 2008).

La population totale de caribous au Saguenay−Lac-Saint-Jean s’élèverait à environ 1 100 caribous.

La densité est variable selon les secteurs, variant de 0,18 caribou/100km2 dans la partie ouest en-tre le 49e et le 50e parallèle, jusqu’à 3 caribous/100 km2 au nord du 51e parallèle. Le recrutement est également variable, mais relativement faible au nord (11,5 % de faons), si l’on considère qu’il faut 15 % de faons dans les effectifs afin de maintenir les populations (Équipe de rétablissement du caribou forestier du Québec 2008). Le recrutement serait toutefois suffisant dans d’autres secteurs inventoriés, comme dans la partie ouest entre le 50 et le 51e parallèle, avec 22 % de faons dans les effectifs (Dussault 2003).

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Plusieurs observations de caribous avaient été rapportées dans la partie nord du parc Saguenay. Un inventaire a été réalisé à l’hiver 2005, sur 354 km2, entre le fjord du Saguenay et la route 172 entre Sainte-Rose-du-Nord et la baie Sainte-Marguerite. Toutefois, aucun caribou n’a été aperçu dans la zone inventoriée, ce qui laisse croire qu’il n’y a pas pour l’instant de noyau de colonisation hivernale dans ce secteur (Dussault 2005).

Dans la zone 28, située au sud du 50e parallèle, aucune chasse sportive n’est autorisée. Les Pekuakamiulnuatsh, suite à une décision du conseil de bande, ne chassent plus le caribou.

Cependant, les autochtones de la communauté de Betsiamites, dans le cadre de leurs activités traditionnelles, y ont déjà pratiqué la chasse, en particulier au réservoir Pipmuacan. Une entente est survenue afin de suspendre la chasse au caribou forestier dans ce secteur. Dans la zone 29 (anciennement une partie de la zone 19), la chasse au caribou a été autorisée jusqu’en 2001 à raison de 600 permis par année. Elle y est maintenant interdite.

Plan de rétablissement

Le plan de rétablissement du caribou forestier, publié en avril 2009, a comme principal but de permettre au caribou forestier de retrouver un état satisfaisant partout dans son aire de répartition pour que l’on puisse le retirer de la liste des espèces menacées ou vulnérables. Les objectifs élaborés pour atteindre ce but sont les suivants : maintenir l’occupation de l’aire de répartition actuelle du caribou forestier; atteindre et maintenir un effectif d’au moins 12 000 caribous au Québec;

maintenir et consolider les deux hardes isolées de Val-d’Or et Charlevoix. Pour ce faire, des actions devront être entreprises pour maintenir ou augmenter le taux de survie des caribous, conserver des habitats adéquats et adopter des mesures d’aménagement forestier pour maintenir l’intégrité de la forêt boréale. L’équipe de rétablissement du caribou forestier souhaite également obtenir l’appui des citoyens dans leur démarche et augmenter la recherche et le développement des connaissances sur l’espèce (Équipe de rétablissement du caribou forestier du Québec 2008).

Le plan d’action pour le rétablissement du caribou propose une trentaine d’actions qui devront être mises en œuvre (Équipe de rétablissement du caribou forestier du Québec 2008).

Afin de maintenir et d’augmenter la survie des caribous, il est prévu de maintenir l’interdiction de chasse sportive, de convenir avec les autochtones d’une entente pour maintenir l’interruption de leur chasse, et d’élaborer des plans de protection régionaux pour contrer le braconnage.

Afin de conserver des habitats adéquats, il est suggéré d’établir un réseau de massifs de protection et de remplacement de grande superficie, idéalement d’environ 250 km2, en donnant à ces massifs un niveau de protection légale. Il est également suggéré d’établir des aires protégées répondant aux exigences du caribou, et ce, le plus rapidement possible. Afin de s’assurer que ces milieux de protection jouent bien leur rôle, il faudra aussi veiller à limiter le développement de la villégiature et d’infrastructures (récréatives, commerciales, industrielles de même que les chemins forestiers) dans ces zones et d’envisager la fermeture de chemins forestiers. Il faudra également veiller à modifier adéquatement la Stratégie d’aménagement de l’habitat du caribou forestier, réviser la définition légale de certains règlements afin qu’ils puissent être appliqués à la situation du caribou et considérer la situation précaire du caribou lors d’études d’évaluation environnementale.

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Les mesures visant l’aménagement forestier seront les suivantes : appliquer des modèles de dispersion de coupe plus appropriés et des pratiques sylvicoles permettant de maintenir le caractère résineux de l’habitat du caribou.

Dans l’objectif d’obtenir l’appui des citoyens, un plan de communication devra être élaboré pour informer le public et les autochtones sur les pratiques d’aménagement mises de l’avant dans le cadre du plan de rétablissement, sur les effets du prélèvement, du braconnage et du dérangement des caribous, et sur l’importance des aires protégées pour le caribou.

Pour la recherche et le développement des connaissances, il faudra compléter les inventaires, les répéter aux cinq ans dans les forêts aménagées et aux dix ans ailleurs et préciser l’impact de la prédation sur le caribou. Certains comportements du caribou devront également être documentés, comme décrire l’utilisation fine des milieux par le caribou, évaluer la réponse du caribou face aux différents types d’aménagement forestier, décrire le retour du caribou dans les secteurs perturbés et évaluer les effets du dérangement humain. Plusieurs de ces recherches, effectuées en collaboration avec le MRNF, sont déjà amorcées à l’Université du Québec à Rimouski, au Centre d’études nordiques et au Groupe de recherche Bionord. Il sera également pertinent d’évaluer l’enfeuillement de l’habitat du caribou et finalement de documenter les connaissances autochtones sur le caribou forestier.

6.1.2. Cerf de virginie

Le cerf de Virginie est présent mais en faible densité sur le territoire du Saguenay−Lac-Saint-Jean. Il semblerait que seulement 6 % du territoire régional soit considéré comme habitat propice pour cette espèce (Société de la faune et des parcs du Québec 2002). Le seul ravage connu se localise au sud du lac Kénogami et sa superficie représente moins de 1 % de l’habitat propice au niveau régional.

Le nombre de cerfs recensés dans ce ravage a varié de 9 à 27 dans les inventaires effectués entre 1978 et 1990. Sa rareté fait en sorte qu’aucune chasse n’est autorisée et il ne fait l’objet d’aucune activité d’observation. Aucune mesure particulière n’a également été prise dans le plan de gestion 2002-2008 afin d’augmenter les populations (Dussault 2002).

Par contre, les derniers inventaires du cerf de Virginie dans la région datent de 1990 (Dussault 2002).

La présence régulière du cerf de Virginie dans plusieurs secteurs laisse croire que les populations sont en augmentation dans la région. La table faune régionale a formulé une recommandation au MRNF afin de réaliser un inventaire régional du cerf de Virginie. Celui-ci est actuellement en planification et sera réalisé en 2011, si le financement le permet. Par contre, les connaissances actuelles ne permettent pas de déterminer si les populations pourraient supporter une certaine pression de chasse, ce qui fait en sorte que le prochain plan de gestion pourrait ne pas permettre la chasse dans les deux zones de la région (28 et 29). Il pourrait par contre être envisagé de permettre la chasse dans certains secteurs et sous certaines conditions dans des plans de gestion futurs, si les inventaires prévus démontrent un potentiel à cet effet.

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6.1.3. Cougar

Le cougar est un animal solitaire qui fréquente les forêts de conifères et mixtes. Ses proies préférées sont le castor du Canada et le cerf de Virginie. Sa distribution s’étendait autrefois sur tout le territoire occupé par le cerf de Virginie. La chasse, pendant près de deux siècles, pourrait avoir causé sa disparition sur une grande partie de ce territoire (Prescott et Richard 1996). Le cougar est un animal extrêmement discret, difficile à apercevoir puisqu’il est passé maître en camouflage. Il évite tout contact avec les humains, les seuls signes de sa présence étant les pistes et traces de queue dans la neige ou la boue. Le cougar a été désigné comme espèce en voie de disparition pour la première fois en 1978 par le comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Il est, depuis 1998, sur la liste des espèces sur lesquelles il y a un manque d’informations. Le COSEPAC considère ne pas disposer de suffisamment de renseignements pour évaluer sa véritable situation. Les données manquantes concernent l’identification génétique de la population de l’est comme une espèce dis-tincte, et un manque d’indices physiques récents démontrant la présence du cougar sauvage et non des cougars captifs échappés. Il est toutefois présent sur la liste des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables. Son rétablissement serait difficile étant donné la faible densité des individus.

Plusieurs observations de cougars ont été rapportées à différents endroits dans la région. Par contre, dans plusieurs cas, il n’est pas possible de conclure à la présence de l’espèce. En 2008, 18 rapports d’observation de cougars ont été rédigés, ce qui est comparable aux années antérieures.

La majorité des témoignages semble crédible. En 2004, des mentions d’observation du cougar ont été rapportées dans le secteur de la baie Éternité du parc du Saguenay (SÉPAQ 2008c). Depuis, trois stations d’appâtage, munies de pièges à poils, sont opérées toute l’année dans le parc du Saguenay.

Des poils seront acheminés à un laboratoire pour une analyse d’ADN. Jusqu’à maintenant, les résultats se sont avérés négatifs (MRNF 2009b).

6.1.4. Carcajou

Le carcajou est un animal solitaire qui était autrefois présent presque partout dans l’est du Canada, mais on ne le retrouve aujourd’hui que dans le nord-ouest de l’Ontario et dans le nord du Québec. Il est toutefois plus abondant dans l’ouest du Canada et en Alaska. Le carcajou est omnivore et il se nourrit, entre autres, de carcasses de gros animaux morts de causes naturelles ou tués par les ours ou les loups. Il a peu de prédateurs à part l’homme qui le piège pour sa fourrure. La baisse des populations de carcajou est attribuable au piégeage intensif, à la raréfaction du caribou dans la première moitié du XXe siècle et à la diminution des populations de loup gris. Ce dernier lui fournit des sources importantes de nourriture en délaissant les carcasses de ses proies (Prescott et Richard 1996).

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L’espèce a été considérée comme préoccupante à partir d’avril 1982. Elle a ensuite été divisée en deux populations en 1989 (population de l’ouest et de l’est). La population de l’est a été désignée en voie de disparition en 1989 et en 2003. Selon cette dernière évaluation, il n’y a aucune observation vérifiée de cette espèce au Québec depuis 25 ans, bien qu’il y ait des observations non confirmées presque chaque année. La population restante ne peut être que très petite et l’absence de rétablisse-ment, malgré la présence en abondance de certaines proies, laisse croire que la population de l’est pourrait avoir disparu au Canada (COSEPAC 2003). Le carcajou est également considéré comme menacé au niveau provincial. La chasse au carcajou est interdite au Québec depuis 1981, sauf pour les autochtones du Nord québécois, qui n’ont toutefois rapporté aucune capture (Moisan 1996). En 2008, deux mentions d’observation du carcajou ont été rapportées dans la région. Un échantillon de poils a été récolté et expédié à des fins d’analyse d’ADN (MRNF 2009b).

6.1.5. Micromammifères

On peut distinguer deux grands groupes de micromammifères, soit les insectivores et les rongeurs.

Les espèces d’insectivores présentes en région sont les suivantes : Famille des soricidés :

• Musaraigne cendrée

• Musaraigne fuligineuse

• Musaraigne palustre

• Musaraigne pygmée

• Grande musaraigne Famille des talpidés :

• Taupe à queue velue

• Condylure à nez étoilé

La musaraigne fuligineuse est la seule de ce groupe à être sur la liste des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au niveau provincial.

Parmi le groupe des rongeurs, le campagnol-lemming de Cooper et le campagnol des rochers font partie de la liste des espèces susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables au Québec. Les autres espèces présentes en région sont les suivantes :

Famille des sciuridés :

• Tamia rayé

• Marmotte commune

• Écureuil roux

• Grand polatouche

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Famille des cricétidés :

• Souris sylvestre

• Campagnol-à-dos-roux de Gapper

• Campagnol des champs

• Campagnol des rochers

• Campagnol-lemming de Cooper

• Phénacomys d’Ungava Famille des muridés :

• Rat surmulot

• Souris commune Famille des dipodidés :

• Souris-sauteuse des champs

• Souris-sauteuse des bois Famille des éréthizontidés :

• Porc-épic d’Amérique