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Saguenay–Lac-Saint-Jean Légende

5.3.3.11. Espèces marines

5.3.3.11.1 Espèces recherchées Sébastes

Le sébaste est une espèce retrouvée uniquement en milieu marin. Au plan régional, le milieu marin se limite au fjord du Saguenay dont les eaux salées s’étendent du fleuve Laurent jusqu’à Saint-Fulgence, en incluant la baie des Ha! Ha!. Une bonne partie de ce territoire fait d’ailleurs partie du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Le sébaste est l’espèce marine dont la récolte est la plus abondante sur le Saguenay.

On observe une hausse constante des captures de 1996 à 1999, passant d’environ 150 000 à près de 250 000 poissons. Par la suite, la chute de la récolte observée au cours des années 2000 et 2001, atteignant un minimum d’environ 125 000 spécimens capturés, a été attribuable à l’arrivée tardive de l’espèce dans la baie des Ha! Ha!, soit après le début de la saison de pêche (Lambert et Bérubé 2002). Mais les captures ont continué à diminuer jusqu’en 2008, atteignant même des captures de moins de 40 000 poissons en 2007. Il faut toutefois noter que cette année de pêche a été celle où il y a eu le moins de fréquentation depuis 1995 (MPO 2009, données non publiées).

éperlan

0,250 0,550 0,850 1,150 1,450 1,750 2,050 2,350 2,650

1 995 1 997 1 999 2 001 2 003 2 005 2 007

Source des données : MPO, données non  

publiées

Figure 47. Indice des taux de capture d’éperlans arc-en-ciel lors de la pêche hivernale dans le Saguenay et erreurs types associées en nombre de poissons/hameçon/heure, par année de 1995 à 2008

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Par contre, en comparant les indices des taux de capture (Figure 48), il est possible de voir qu’ils sont actuellement très bas par rapport à ceux déjà connus à la fin des années 90. Également, depuis 2000, les captures lors des missions de pêche diminuent constamment, et ce, à tous les sites de pêche. Cette situation peut être jugée préoccupante.

Plusieurs informations laissent croire que cette espèce pourrait présenter des problèmes de recrutement. Tout d’abord, le sébaste est une espèce qui vit longtemps (des spécimens ont atteint l’âge de 48 ans) et ne commence à se reproduire que vers l’âge de 10 ans (Scott et Scott 1988). Cet âge pourrait être encore plus tardif dans le Saguenay, puisque sa croissance est plus lente dans le Saguenay que dans le Saint-Laurent (Bourgeois 1993). Des études récentes ont également pu démontrer que les sébastes se reproduisaient dans le Saguenay, mais que la survie larvaire était nulle (Fortin et al. 2006). Ce résultat signifie que les stocks présents dans le Saguenay sont nécessairement dépendants de l’advection d’individus plus âgés provenant de l’estuaire du Saint-Laurent. D’ailleurs, des études génétiques récentes ont démontré que les individus du Saguenay et du Saint-Laurent appartiennent aux mêmes populations (Sévigny et al. 2009). Par contre, les différences phénotypiques observées entre les individus du Saguenay et du Saint-Laurent suggèrent qu’une fois que les individus ont pénétré dans le Saguenay, ils y compléteraient leur cycle de vie (Sévigny et al. 2009). Finalement, un dernier élément démontre la fragilité de la population de sébastes dans le Saguenay. Selon les derniers résultats sur la pêche blanche, il semble que la distribution des fréquences de taille soit unimodale depuis plusieurs années (Figure 49). Cette information signifie qu’il n’y a pas de nouvelle cohorte alimentant les captures des pêcheurs depuis 1995. Par contre, il a été démontré que le succès de recrutement du sébaste est extrêmement variable, alors que de fortes classes d’âge apparaissent à tous les 5 à 12 ans (Sévigny et al. 2007). Mais puisque le recrutement semble dépendre de l’extérieur du fjord et qu’il est imprévisible, les populations du Saguenay pourraient être très vulnérables à un taux d’exploitation élevé (Sévigny et al. 2009). Tous ces facteurs indiquent que la pérennité de la ressource pourrait être menacée.

sébaste

0,050 0,070 0,090 0,110 0,130 0,150 0,170 0,190 0,210

1 995 1 997 1 999 2 001 2 003 2 005 2 007

Figure 48. Indice des taux de capture de sébastes capturés lors de la pêche hivernale dans le Saguenay et erreurs types  

associées en nombre de poissons/hameçon/heure, par année de 1995 à 2008

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Source des données : MPO, données non publiées

Figure 49. Distribution des fréquences de taille des sébastes capturés lors de la pêche hivernale sur le Saguenay de 1995 à 2008

Morue franche et ogac

En 2002, les captures de morues présentaient une hausse quasi constante depuis 1996, selon Lambert et Bérubé (2002). Cette augmentation, principalement au cours des années 2000 et 2001, peut cependant être attribuable à l’apparition récente de la morue ogac dans les captures et à sa comptabilisation en tant que morue franche compte tenu de la difficulté des pêcheurs à différencier les deux espèces. Suite à une sensibilisation auprès des pêcheurs, les deux espèces sont maintenant séparées, mais ne présentent pas la même tendance quant au taux de capture. L’indice des taux de capture de la morue franche est bas mais relativement stable. Ces résultats sont aussi confirmés par les missions de pêche printanières du ministère des Pêches et Océans. Par contre, la morue ogac présente une diminution des indices de taux de capture depuis 2000, alors que les missions de pêche démontrent une certaine stabilité des captures (MPO 2009, données non publiées). La situation n’est pas critique mais requiert toutefois un suivi serré des résultats dans les années à venir.

Selon Lalancette (1984), il existerait une population locale de morue franche, étant donné la présence d’œufs, de larves, de juvéniles, d’adultes et de femelles gravides. Par contre, Talbot (1991) affirme qu’il n’y a aucune preuve de l’existence d’une population reproductrice dans le fjord, malgré le fait qu’elle y effectue une partie importante de son cycle vital. Des études récentes démontrent qu’il n’y a pas d’indices de rétention ou de survie des larves de morues (Sirois et al. 2009). Si la population du Saguenay dépend des apports d’individus juvéniles ou larvaires des populations de l’estuaire du Saint-Laurent, il y a lieu de gérer cette ressource avec précaution étant donné la situation actuelle de l’espèce dans le Saint-Laurent.

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Flétan du Groenland

La récolte du flétan du Groenland montre une diminution quasi constante de 1995 à 2001, autant en ce qui concerne le nombre de poissons que l’indice du taux de capture. La situation s’est par la suite rétablie, mais à nouveau en 2006 et 2007, les stocks semblent avoir chuté radicalement. L’année 2008 présente une nouvelle augmentation du nombre de poissons et de l’indice du taux de capture.

(MPO 2009, données non publiées).

Finalement, des analyses génétiques démontrent que la population de flétan du Groenland dans le Saguenay n’est pas isolée de celles du golfe et de l’estuaire maritime (Sévigny 1994). Par contre, l’espèce accomplit une partie importante de son cycle de vie dans les eaux du fjord comme le démon-trent les parasites récoltés chez les flétans adultes (Arthur et Albert, 1993). Les échanges entre le golfe et le Saguenay se feraient par les œufs ou les stades larvaires ou juvéniles (Sévigny 1994). Par contre, la biologie et l’écologie de ce poisson sont très peu connues, autant dans le fjord du Saguenay que dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent (Sirois et al. 2009). Une fois encore, la variabilité des captures et le manque de connaissances sur l’espèce requièrent une attention spéciale dans le suivi des prochaines saisons de pêche.

5.3.3.11.2 Gestion des espèces marines

La limite de capture quotidienne était en 2002 de 25 poissons de fond dont au plus 5 morues. Elle a été baissée à 15 l’année suivante, et elle se situe maintenant à 5 poissons de fond par jour au total depuis 2004. La saison de pêche a toujours débuté lorsque la glace était suffisamment épaisse pour supporter le poids des cabanes sur la glace, soit lorsque la glace atteignait une épaisseur de 30 cm.

Depuis la saison 2005, la pêche aux poissons de fond ne débute qu’à la mi-janvier, pour se terminer avec l’arrivée du brise-glace à la mi-mars (les dates précises sont variables d’une année à l’autre).

Ces différentes mesures ont été mises en place dans le but de protéger la ressource étant donné les résultats obtenus lors du suivi de la pêche blanche. En effet, l’hypothèse récemment avancée par plusieurs auteurs (Sirois et al. 2009; Sévigny et al. 2009) selon laquelle les individus retrouvés dans le Saguenay sont issus des populations du Saint-Laurent et que le recrutement des espèces marines est nul dans le Saguenay, signifierait que la pêche ne devrait pas affecter la probabilité d’un recrute-ment. Par contre, en absence prolongée de recrutement, les populations du Saguenay pourraient être menacées de disparition. Même si ces populations ne sont pas différentes génétiquement de celles du Saint-Laurent, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une composante importante d’un écosystème unique et que l’approche par précaution est de mise.

5.3.3.12. Autres espèces