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Saguenay–Lac-Saint-Jean Légende

5.3.3.5. Doré jaune

Au niveau régional, on retrouve le doré jaune principalement dans le lac Saint-Jean, dans la section d’eau douce du Saguenay et dans les bassins des rivières Ashuapmushuan, Mistassini et Péribonka.

Le lac Saint-Jean constitue le plan d’eau présentant le plus fort potentiel régional. Les pêcheurs de doré ont capturé, en 2008, et pour la seule pêche effectuée en soirée (la plus productive), 17 000 dorés. De ce nombre, près de 4 500 dorés (26 %) ont été remis à l’eau. Les captures de doré au lac Saint-Jean ont chuté radicalement en 2003 (Figure 41), reflet de la diminution importante de l’effort cette même année (Figure 43).

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000

1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Année

Montaison et captures

0 1000 2000 3000 4000 5000

Effort de pêche (jours- che) Fraye Captures grands saumons captures madeleineaux Jours pêche

 

Figure 40. Évolution des montaisons, de l’effort de pêche et des captures de saumons atlantiques au Saguenay–Lac-Saint-Jean (Données non publiées, MRNF)

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À la récolte effectuée par les pêcheurs sportifs, il faut ajouter celle effectuée à l’aide de filets par les autochtones de Mashteuiatsh. La pêche traditionnelle des Pekuakamiulnuatsh consiste à l’installation de filets maillants dans le lac Saint-Jean devant la communauté de Mashteuiatsh. Cette pêche vise principalement le doré, bien qu’un certain nombre de ouananiches, meuniers, brochets, corégones, perchaudes, lottes et barbottes soient également capturés à chaque année. La pêche printanière se déroule du départ des glaces pour une période de trois semaines maximum. Les captures réalisées sont comptabilisées par les agents territoriaux qui encadrent cette activité. Le code de pratique mis en place par le Conseil des Montagnais du Lac-Saint-Jean édicte, comme pour toutes les activités traditionnelles, les règles de conduite pour la pêche traditionnelle au filet. En 2008, le prélèvement des Pekuakamiulnuatsh comptait 2 563 prises, soit 17 % de la récolte totale de dorés (pêche sportive en soirée et pêche traditionnelle printanière). Ce prélèvement a déjà été plus important, atteignant un sommet de plus de 6 000 prises en 1999. Les Montagnais pêchent également le doré pendant les autres saisons. Par contre, aucune donnée n’est disponible quant au nombre de pêcheurs et à leurs captures.

Au lac Saint-Jean, le doré jaune peut être considéré comme très abondant. Le succès de pêche est excellent et il a très peu varié depuis 1997, se situant en moyenne à 0,864 capture par heure de pêche, tel que présenté à la figure 42. Par contre, l’effort de pêche a diminué de manière importante depuis 2003, année où la remise à l’eau était obligatoire pour les ouananiches. Lors de cette saison de pêche, l’effort de pêche a diminué de 60 % (par rapport à 2002) et cet effort ne s’est toujours pas rétabli, sans raison apparente. La figure 43 présente l’effort de pêche depuis 1997. Ce faible effort de pêche fait en sorte que le nombre de poissons capturés est également moins important depuis 2003. La moyenne des captures est d’environ 17 000 entre 2003 et 2008, alors qu’elle était de près de 50 000 captures entre 1997 et 2002. Les remises à l’eau ont également diminué depuis 2003, résultat qui peut être interprété de deux manières. Soit les pêcheurs sont moins sélectifs à l’égard de la taille de leurs captures, soit la taille moyenne a augmenté, ce qui porterait les pêcheurs à conserver plus souvent leurs dorés. Il faut toutefois considérer ces résultats à titre indicatif puisque le niveau d’imprécision de l’échantillonnage est très élevé.

 

Figure 41. Nombre de dorés capturés au lac Saint-Jean pendant la pêche en soirée de 1997 à 2008 (Source des données : CLAP).

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Succès (capture moyenne/heure)

 

Nombre de jours de pêche

Figure 42. Succès de pêche (capture moyenne par heure) au doré jaune au lac Saint-Jean de 1997 à 2008. Les données de 1998 n’apparaissent pas en raison d’un échantillonnage incomplet.

Figure 43. Effort de pêche (nombre de jours de pêche) effectué pour le doré jaune au lac Saint-Jean de 1997 à 2008. Les données de 1998 n’apparaissent pas en raison d’un échantillonnage incomplet.

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Le MRNF a effectué des pêches expérimentales en 2005 et 2006 afin de caractériser les stocks de dorés jaunes du lac Saint-Jean. Par contre, ces analyses ne sont pas complétées. Cet échantillonnage devrait se répéter tous les cinq ans. La Corporation LACtivité Pêche (CLAP) Lac-Saint-Jean, qui gère la pêche sportive dans l’aire faunique communautaire du lac Saint-Jean, désire augmenter la limite de prise (qui est actuellement de six dorés), mais les analyses des pêches expérimentales confirmeront si cette mesure est acceptable. Toutefois, une analyse partielle des résultats démontre que le doré est exceptionnellement abondant au lac Saint-Jean, puisque les captures moyennes de 27 et 34 dorés/filet-nuit de pêche en 2005 et 2006 respectivement égalent ou surpassent toutes les valeurs comparables mesurées au Québec et en Ontario (Figure 44). Il semble que cette abondance soit nettement plus élevée aujourd’hui qu’il y a 30 ou 40 ans en considérant que plusieurs facteurs ont pu contribuer à l’augmentation de la population. Ces facteurs sont la transformation du lac en réservoir en 1926, la réduction de la limite de prise en 1989 de dix à six dorés, la protection des principales frayères par la CLAP depuis 1997, la date de fermeture de la pêche plus hâtive depuis 1983 et la pêche traditionnelle estivale qui a été arrêtée les fins de semaine, pendant la pêche sportive, depuis 1989 et totalement arrêtée depuis 1993. Par contre, les pêches expérimentales du MRNF révèlent aussi que la masse moyenne des dorés du lac Saint-Jean est faible comparativement à d’autres plans d’eau québécois (Figure 45). Ce phénomène pourrait s’expliquer par une relation inverse entre la densité des stocks et la croissance du doré, tel que rapporté par Hazel et Fortin (1986). Le doré en forte densité surexploiterait ses ressources alimentaires.

 

Figure 44. Comparaison de l’abondance du doré dans les pêches expérimentales de 2005 et 2006 au lac Saint-Jean avec des plans d’eau comparables (Source des données : Houde et Scrosati 2003 ; données préliminaires, MRNF)

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Dans les autres territoires structurés, le doré se retrouve dans la réserve faunique Ashuapmushuan, la zec des Passes et quatre pourvoiries à droits exclusifs, principalement la Pourvoirie du Domaine Poutrincourt. En 2007 et 2008, la récolte dans ces territoires s’élevait à 11 822 dorés. Comme on peut le voir au tableau 33, le doré jaune semble fortement exploité dans la zec des Passes (97 %), alors que son exploitation est relativement élevée dans les pourvoiries à droits exclusifs (79 %). Il reste un certain potentiel de récolte de doré jaune dans la réserve Ashuapmushuan puisque le niveau d’exploitation y est de 58 %. Il semble également qu’il y ait un certain potentiel pour l’aménagement de frayères sur ce territoire. Cette espèce a d’ailleurs été implantée avec succès dans certains plans d’eau de la réserve afin d’y augmenter le potentiel (Gravel 2001). La contrainte de pêche se situerait plus au niveau de l’effort de pêche, puisque le potentiel de fraie serait adéquat sur certains lacs.

Territoire Potentiel

(nb poissons) Effort

(jours de pêche) Récolte

(nb poissons) Succès (capture/

jour de pêche)

Niveau d’exploitation

(%)

Réserve faunique Ashuapmushuan 7 460 1 492 4 296 2,9 58

Zec des Passes 2 065 - 1 996 - 97

Pourvoiries à droits exclusifs (17)* 6 738 1 209 5 323 4,4 79

TOTAL 16 263 6 276 12 224 -

-Tableau 33. Statistiques d’exploitation de 2008 du doré jaune dans les territoires structurés

* Les données de pêche de seulement 17 des 24 pourvoiries à droits exclusifs sont disponibles  

Figure 45. Comparaison de la masse moyenne des dorés jaunes capturés lors de pêches expérimentales de 2005 et 2006 au lac Saint-Jean avec des plans d’eau comparables (Source des données : Houde et Scrosati 2003 ; données préliminaires, MRNF)

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Les populations de dorés se trouvent principalement dans des secteurs éloignés des centres urbains dans la partie nord-ouest de la région. En l’absence d’informations provenant d’un suivi de l’exploitation en territoire non structuré, on ne peut que présumer que ce territoire fait l’objet d’une forte exploitation compte tenu de son potentiel relativement limité. En 2006, la direction de l’aménagement de la faune du MRNF a débuté le déploiement d’un réseau de plans d’eau témoins où des pêches expérimentales seront effectuées sur une base quinquennale. Ces pêches expérimentales permettront d’obtenir une meilleure image de la condition des populations de dorés. À ce jour, les premiers résultats montrent que l’état des stocks est variable selon la situation géographique des plans d’eau.

Certaines populations montrent des signes de forte exploitation alors que d’autres sont en meilleure condition.

Le doré est présent dans différents secteurs du Saguenay, tant en aval qu’en amont du pont de Chicoutimi (Hazel et Fortin 1986). Il existe également une population de dorés isolée de celle du lac Saint-Jean par les barrages hydroélectriques d’Isle Maligne à Alma en amont, et les barrages de Chute-à-Caron à Jonquière en aval. Bien qu’il puisse y avoir un certain apport par les populations du lac Saint-Jean qui franchiraient les barrages, des frayères ont été découvertes dans cette portion du Saguenay qui contribueraient significativement au recrutement de cette population (Lesueur 1998).

Une frayère à doré jaune a été localisée près du canal d’évacuation No 4 à Alma et, depuis ce temps, un débit minimum est maintenu pendant la période de reproduction.

Cette portion du Saguenay est un endroit fréquenté par les pêcheurs de doré jaune pour l’équivalent d’environ 3 500 jours de pêche selon Lesueur (1998). Ce secteur de pêche est situé près des grands centres, mais l’escarpement des berges le rend surtout accessible par embarcation. La problématique de ce secteur, tant du point de vue biologique, de l’habitat et de la pêche, est mal connue (suivi de la pêche, nombre de pêcheurs, récolte, etc.).

Il y a trois zones réglementaires différentes pour le doré jaune au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Dans la zone 28, la limite de prise quotidienne et de possession est de six spécimens, alors qu’elle est de huit pour la zone 29. Pour le tronçon de la rivière Saguenay situé en aval des barrages localisés à Jonquière (zone 21), la limite de prise quotidienne et de possession est de six spécimens et la pêche au doré jaune peut être pratiquée toute l’année. Ailleurs, elle est généralement autorisée de la fin mai à la fin novembre (jusqu’à la mi-septembre dans l’AFC du lac Saint-Jean) et de la mi-décembre à la fin mars, si la pêche d’hiver est autorisée dans le plan d’eau.