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CHAPITRE 2 : CADRE CONCEPTUEL

4. L’ACTIVITÉ DE L’ENSEIGNANT : LES PRATIQUES DE LECTURE

4.2. LES RECHERCHES DÉCRIVANT LES PRATIQUES DE LECTURE

4.2.1. Les macro-descriptions des pratiques de lecture à haute voix

Des enquêtes réalisées au Québec, en France, et aux États-Unis ont permis de faire des macro-descriptions des pratiques de lecture à haute voix au préscolaire et au primaire. Ces recherches portent sur la fréquence de ces pratiques, leur durée, les livres qui y sont lus et le regroupement des élèves.

4.2.1.1.La fréquence des lectures à haute voix

La fréquence des lectures à haute voix en maternelle a fait l’objet de plusieurs enquêtes. Au Québec, Giasson et Saint-Laurent (1999) ont mené une recherche qui visait, entre autres, à décrire les pratiques de lecture à haute voix des enseignants de la maternelle au primaire (n=249 classes). Pour ce faire, elles ont demandé à des stagiaires de remplir un questionnaire sur les pratiques de lecture à haute voix de leur maître associé. Pour la maternelle (n=29), les résultats indiquent que l’ensemble des enseignants font, au moins une fois par semaine, la lecture aux élèves. De plus, selon les estimations des stagiaires, 31% des enseignants lisent tous les jours aux élèves.

En France, au moyen d’une enquête, Grossmann (2000) a constaté que 41% des enseignants de maternelle déclarent lire à haute voix aux élèves tous les jours, tandis que 53% des enseignants le font une à deux fois par semaine. Ces données sont assez similaires à celles obtenues par Giasson et Saint-Laurent (1999). Toutefois, il est étonnant de constater qu’il existe, dans l’enquête française, un petit groupe d’enseignants (3%) qui mentionnent ne faire la lecture aux élèves qu’une à deux fois par mois.

Aux États-Unis, Jacobs, Morrison et Swinyard (2000) ont mené une enquête nationale (n=1874) sur les pratiques de lecture à haute voix des enseignants de la maternelle (n=216) et du primaire (n=1658). Les enseignants devaient remplir un questionnaire sur leurs pratiques de lecture à haute voix au cours des dix jours

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précédant l’enquête. Les résultats indiquent que la fréquence des lectures à haute voix, en maternelle, est en moyenne de 2 à 3 fois par semaine30. Dickinson (2001) a obtenu des résultats similaires lors d’une recherche dans laquelle des enseignants de maternelle américains (n=131) décrivaient leurs pratiques de lecture à haute voix.

De l’analyse de ces différents résultats sur la fréquence des lectures à haute voix en maternelle, nous retenons que la fréquence de cette pratique varie généralement d’une à 5 fois par semaine, avec une tendance, aux États-Unis, de 2 à 3 fois par semaine. Compte tenu de cette disparité dans la fréquence des lectures à haute voix, nous avons considéré cet aspect lors de notre expérimentation.

Ces résultats, axés sur la fréquence des pratiques de lecture à haute voix, nous donnent peu d’indications quant au temps réellement consacré à ces pratiques au préscolaire et au primaire, c’est pour cela que, dans la partie suivante, nous explorons les résultats des recherches sur la durée de ces pratiques.

4.2.1.2.La durée des lectures à haute voix

En maternelle, Dickinson (2001) a relevé que les lectures à haute voix sont d’une durée variable selon les classes. En maternelle 4 ans, environ 50% des enseignants rapportent que leurs lectures à haute voix durent entre 8 et 10 minutes. Un peu plus de 25% des enseignants consacrent entre 11 et 15 minutes à la lecture à haute voix, tandis que pour 25% des enseignants cette lecture prend plus de 16 minutes. Ces résultats s’accordent avec ceux de Dickinson, McCabe et Anastasopoulos (2002) qui, à partir d’observations en maternelle (n=96), ont conclu que la durée moyenne des lectures à haute voix était de 9,56 minutes. Ces chercheurs ont aussi noté qu’environ 7 à 8 % de la journée étaient consacrés à la lecture à haute voix. À titre

30Ces chercheurs présentent les résultats en nombre de jours (parmi les 10 jours qui font l’objet de

l’enquête) au cours desquels il y a eu une lecture à haute voix. Cependant, nous avons transformé ces résultats en nombre de lectures à haute voix réalisées en moyenne en une semaine de façon à pouvoir les comparer aux résultats des autres enquêtes.

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comparatif, ils indiquent que, dans une journée, la quantité de temps dévolue aux transitions est supérieure à celle destinée à la lecture aux élèves.

Au Québec, l’enquête de Giasson et Saint-Laurent (1999) présente des résultats similaires : lors de l’observation des stagiaires, dans les classes de maternelle, les lectures à voix haute duraient entre 5 et 10 minutes pour la majorité des enseignants (69,6 %). En plus de prendre en compte la fréquence des lectures à haute voix, lors de notre expérimentation nous avons également observé la durée de celles-ci.

4.2.1.3.Les livres lus à haute voix par les enseignants

Les recherches sur les livres exploités lors des lectures à haute voix concernent le nombre de livres lus, les genres de livres valorisés, ainsi que les raisons orientant le choix des livres.

En maternelle, Dickinson et ses collaborateurs (2002) ont remarqué qu’en moyenne 1,26 livre était lu dans une journée par les enseignants. Ces données sont complétées par celles de Jacobs et al. (2000), qui présentent les genres de livres lus par les maîtres en classe en fonction des niveaux scolaires. Leurs résultats montrent que, du préscolaire jusqu’à la deuxième année, les albums sont les livres les plus lus par les enseignants, tandis qu’à partir de la troisième année jusqu’à la fin du primaire, ce sont les chapitres de livres qui sont les plus choisis. En dépit de cette différence, il existe une constante pour tous les niveaux scolaires : les livres informatifs font partie des genres de livres les moins lus à haute voix.

En ce qui touche le choix des livres en maternelle 4 ans, Dickinson (2001) a relevé les différentes raisons qui amènent les enseignants à choisir les livres pour les lectures à haute voix31 : 64 % des enseignants déclarent le faire en fonction des thèmes étudiés en classe, 61 % des enseignants sélectionnent aussi les livres en fonction de la qualité des images, tandis qu’une faible proportion des enseignants

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(moins de 5%) choisit les livres en raison de la nature des informations qu’ils véhiculent. Enfin, 35% des enseignants disent qu’ils le font en fonction des demandes des élèves. L’enquête de Grossmann (2000) offre des données complémentaires quant à la place accordée aux élèves lors de la sélection des livres. À cette fin, il a interrogé les enseignants afin de savoir s’ils demandaient aux élèves d’apporter des livres personnels en classe pour la lecture à haute voix. Ces résultats montrent que ce choix varie selon les enseignants et qu’il constitue une habitude pour seulement 21% des enseignants. Andersen (2006), lors de la version pilote de son enquête (n=37) sur les pratiques de lecture à haute voix au préscolaire et au primaire, a obtenu des résultats analogues. En effet, au préscolaire et au primaire, il semblerait que le choix des livres soit le plus souvent effectué par les enseignants.

La question du choix du livre nous renvoie à celle de la relecture d’un même livre. Grossmann (2000) a également questionné les enseignants pour découvrir si cette pratique, généralement prisée par les élèves (Morrow et Gambrell, 2002), était fréquente dans leur classe. La majorité des enseignants (51%) relisent quelquefois un même livre aux élèves, tandis que seulement 34% le font souvent. Ces résultats seront, ultérieurement, mis en lien avec les recommandations des chercheurs quant aux caractéristiques des lectures à haute voix à privilégier.

En résumé, nous pouvons dire que les albums sont les genres de livres privilégiés au préscolaire et que le choix des livres est généralement effectué par l’enseignant.

4.2.1.4.Le regroupement des élèves lors des lectures à haute voix

En maternelle, l’enquête de Grossmann (2000) révèle que les lectures à haute voix sont, pour 78 % des enseignants, le plus souvent faites devant l’ensemble des élèves. Une faible proportion des enseignants (13%) déclarent lire à haute voix à de petits groupes d’élèves, tandis que 5% des enseignants rapportent faire souvent la lecture à un élève en particulier. Dickinson et ses collaborateurs (2002) ont aussi

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remarqué, au cours de leurs observations (n=161), que la lecture à haute voix était réalisée, le plus souvent, devant l’ensemble du groupe. Leurs résultats indiquent que, dans 36% de leurs observations, les enseignants lisaient à un petit groupe ou à un enfant en particulier. Ce résultat ne semble pas étonnant, puisqu’il semble plus facile pour l’enseignant, en matière d’organisation, de lire à haute voix devant l’ensemble du groupe plutôt que de répéter cette lecture tout en s’assurant que, durant cette période, les autres élèves réalisent des activités dans lesquelles ils n’ont pas besoin d’aide.

En somme, les recherches macro-descriptives dévoilent les grandes lignes des pratiques de lecture à haute voix au préscolaire et au primaire dans différents pays. Toutefois, elles ne fournissent pas d’informations précises quant au déroulement de ces lectures en classe. Afin de pallier ce manque, nous présentons dans la partie qui suit des recherches de l’ordre de la micro-description.