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5.1. Le contexte international sur la mise en place d’un programme ou projet au Mali

Les relations entre la Banque Mondiale, le Fond Mondial, le H.C.N.L.S. et les autres structures sont quelques fois problématiques [3]. Le taux de participation aux réunions du Fond Mondial reste faible en comparaison des sommes engagées (64% en 2008, 69.9% en 2009). L’assiduité varie selon les structures. Sur 19 structures (2008), 14.8 participants de moyenne assistaient aux réunions (2009, 15.4). Seulement, entre les deux années, la participation des titulaires de chaque structure a diminuée (suppléants ; Fond Mondial, 2009).

Les directives internationales ont du mal à être accueillies par les villageois (Lewandowski, 2007). Nombre de problèmes ont une portée qui va bien au-delà de l’échelle locale d’où des besoins importants en moyens humains et financiers pour mettre en œuvre des programmes à une échelle plus vaste (Ministère du Travail, de la Fonction Publique et de la Réforme de l’Etat, 2009).

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Les actions sont ramenées, pour certains sujets, au plan national même si la marge de manœuvre est limitée. Certains problèmes et réponses restent globalisés et standardisés (SIDA, pauvreté…) et dépassent la capacité des Etats. La multiplication des agences de développement publiques ou privées a changé les conditions des négociations de l’aide avec une « p rt d’ t i » pour certains gouvernements (De Renzio, Whitfield, Bergamaschi, 2008). Les convoitises internationales (per diem) engendrent un repositionnement et une vulnérabilisation des acteurs (Gindroz, Traoré, 2009). Les agences internationales perturbent les acteurs et populations d’où l’émergence de nouvelles fragilités (modification des pouvoirs locaux ; Ouallet, 2009). L’espace social est composé d’acteurs multiples et divers de la coopération internationale avec très souvent une absence de médiation et beaucoup de contradictions avec la réalité (Bouju, Bocoum, Ouattara, Touré, 2004). Seulement, la présence d'un

« contrôleur blanc » atteste très souvent que le projet est « normal » et qu'il ne s'agit pas d'un

« programme » décidé par le Ministère de la Santé (qui n'aurait nul besoin d’« experts » étrangers mais

seulement de « moyens » ; Berche, 1996).

« J’ i t j r dit x Fr ç i ( r p c x d ’O.N.G.) que la réalité dans nos deux pays

t différ t . Q ’i i t tr v i r, q ’i i t réf échir tr -mêmes, en ce t p v i xpri r t t c q ’ v t (dé ci ti d ’i ér c d ’O.N.G.). Ils ont v yé T. f ir d f r ti Fr c , pr ’i r ti , i v i t que T. comme directeur. « Q ’i fich t p ix v c c Comités de Développements Participatifs (C.D.P.) là ». En son temps,

j’ v i ê éré d c tr ir ’ c d tr q rti r, ici K r fi i y t t. » (B.C.,

chef de la brigade d’hygiène de la Commune I in Bouju, Bocoum, Ouattara, Touré, 2004)

Les politiques publiques de santé en Afrique sont souvent traitées sur un modèle unique « imposées de

’ xtéri r » (De Renzio, Whitfield, Bergamaschi, 2008). L’assistance, aussi désintéressée qu’elle puisse

paraître, peut masquer une forme de « recolonisation » (notamment par les anciennes puissances colonisatrices). Nous retrouvons la même base idéologique, la même volonté de faire profiter les peuples des bienfaits de la « civilisation » occidentale. Or, « chaque peuple doit trouver la voie qui est la sienne

d ’hi t ir , p p d’Afriq c tr » (Robert A.C., 2006). Ils doivent « cuitter la

natte » et définir eux-mêmes leurs priorités. Les programmes imposés ne sont pas de nature à favoriser

la démocratie et la bonne gouvernance (Sanankoua, 2007).

Pour éviter cela, les O.N.G., l’Etat et les agences internationales s’appliquent à renforcer les capacités des communautés (Janin, 2008) pour s’appuyer sur elles. Ces organisations financent des formations qui ont pour conséquence « d’ cc t r r » les bénéficiaires aux problématiques occidentales. Cela a des conséquences. La société civile privilégie une logique de « choix » avec l’économie du raisonnement classique coûts/avantages au lieu d’une logique de « pertinence » (Thiriot, 2002). Les bailleurs disposent d’une « batterie » de mécanismes pour soustraire la société civile à leurs exigences. Ils enferment les organisations dans des logiques bureaucratiques abstraites et ignorent la décentralisation (Hetland, 2008) et la logique (Raffinot, 2002).

La lutte contre le SIDA est fortement dépendante des bailleurs de fonds. Au Mali, 80% des investissements publics sont financés par l’étranger. Le pouvoir politique devient, lui-même, étranger à la réalité de sa propre société (Bourdarias, 2003). Si, en totalité, le financement intérieur est stable

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(18% des dépenses totales, Ungass, 2010) et si le financement extérieur diminue, ce dernier reste tout de même omniprésent (42% partenaires bilatéraux, 33% Fond Mondial, 19% O.N.G. et institutions nationales, 6% Nations Unies, Ungass, 2008).

5.2. Exemples de l’aide publique développement et de la lutte

contre la pauvreté au Mali

5.2.1. Des mécanismes censés améliorer la gouvernance nationale

La Déclaration de Paris sur l’Efficacité de l’aide (2005) est devenu le nouveau paradigme de l’aide internationale. Ce nouveau modèle « invite » les pays bénéficiaires à prendre en charge eux-mêmes la direction et la mise en œuvre des politiques, à établir leurs propres systèmes de coordination des bailleurs de fonds et à « ’ cc pt r » l’aide internationale que si les programmes répondent réellement à leurs besoins (Bergamaschi, 2007). Malheureusement, quelques années après sa mise en place, les bailleurs de fonds continuent à décider des politiques d’aide (modes de dépenses, conditions de décaissements… ; De Renzio, Whitefield, Bergamaschi, 2008). D’autre part, certains programmes ou financements ne sont pas concernés par cette implantation (Fond Mondial, GAVI, the President’s Malaria Initiative, Inter Alia A.B.S. ; … International Health Partnership, 2008).

Les bailleurs de fonds font face à de nouveaux défis et reconsidèrent le contenu et les procédures d’acheminement (Cissé, Maïga, Bartholomeeussen, 1999). Depuis 1999, les Institutions de Bretton Woods (I.B.W.) luttent contre la pauvreté via les Cadres Stratégiques de Lutte contre la Pauvreté (C.S.L.P.). Les gouvernements doivent élaborer un document de référence pour l’ensemble des aides extérieures (Magassa, Meyer, 2008). La Déclaration de Paris et le C.S.L.P. doivent amener un glissement de l’aide, par programmes à l’Approche Globale de l’Aide (A.B.G.). Cela occasionne donc une baisse d’interaction entre O.S.C. et bailleurs par la diminution du financement direct de ces dernières. Si ces démarches augmentent la gouvernance de l’Etat, un manque de communication et de compréhension persiste entre Etat et O.S.C. (Cherry, Mundy, 2007).

En 2006, huit bailleurs ont accepté de verser 10% de leur aide à l’A.B.G. contre 9% en 2009. Les bailleurs de fonds peuvent désormais intervenir directement dans le processus budgétaire du pays. Un problème se pose. Si les donateurs les plus importants dans le domaine sanitaire (Canada, Pays-Bas, France, Belgique, U.E.) font aujourd’hui de l’aide budgétaire non ciblée leur priorité (Martini, Fligg, à paraître 2011), s’ils n’arrivent pas à leurs fins via l’A.B.G., ils recourent directement aux ministères en détournant les modalités classiques (Magassa, Meyer, 2008, [3]). En conséquence, les anciens pouvoirs des bailleurs et du gouvernement sont dans les faits renforcés au lieu de favoriser la démocratie (Anne-Marie De Vassal in Gindroz, Traoré, 2009). L’initiative sanitaire COMPACT est chargée améliorée l’harmonisation et la coordination des différents acteurs et programmes avec pour objectifs : un renforcement du leadership du Ministère de la Santé et du système de santé, une optimalisation des ressources, une complémentarité accrue, une réduction des coûts, une mobilisation de ressources additionnelles, de meilleurs analyses des problèmes et des recherches de solutions plus globales et centrées sur le pays (Samaké, 2009).

173 5.2.2. De faibles changements opérés…

Si, sur les documents, les institutions maliennes sont invitées (via le C.S.L.P. ou la Déclaration de Paris) à prendre « les cartes en main » et à produire leurs propres directives, la réalité est bien différente… En dépit des appels à l’harmonisation de l’aide, le document de référence (C.S.L.P.) ne constitue pas la base des projets (Le Marcis, 2003).

L’autonomie du gouvernement dans la rédaction du C.S.L.P. a été limitée. Les responsables politiques maliens ont eu peur de voir ce cadre stratégique ne pas aboutir et donc ne pas voir la dette réduite faiblement. En conséquence, les Institutions de Bretton Woods (I.B.W.) ont été réclamé à tous les stades de son élaboration (Raffinot, 2002). Les orientations finales relèvent donc plus des institutions internationales/multilatérales/bilatérales que celles du gouvernement et des populations (Magassa, Meyer, 2008). Sur le terrain, la coordination et l’appropriation du C.S.L.P. sont limitées avec une faible information des acteurs communaux, une non-implication de la société civile dans la formulation, la mise en œuvre et le suivi du C.S.L.P. I et un déficit de communication entre les O.S.C. et l’Etat (Conseil National de la Société Civile, 2006).

Figure 55 : Dans quelles mesures les contraintes institutionnelles, bureaucratiques et les politiques entravent-elles les efforts que vous faites pour que votre travail soit orienté, mis en œuvre et approprié

par les communautés les plus touchées par le VIH/Sida ? (Panos Institute, 2003, Tusseau S., 2009) Les efforts récents de participation des politiques et populations maliennes sont nécessaires mais montrent leurs limites. Les populations locales se retrouvent souvent « embarquées » dans des programmes. De même, les pouvoirs publics ressentent un faible enthousiasme face aux solutions proposées par les bailleurs internationaux (Dorier-Apprill, Jaglin, 2002). L’aide internationale est perçue comme inutile et compliquant même un peu plus les choses [12].

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5. ANALYSE ET PRESENTATION DES PRATIQUES LOCALES