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3. Présentation de la ville de Bamako

3.4. La typologie des différents quartiers de Bamako

Environ 68 quartiers spontanés existent. « Environ » car les chercheurs et professeurs ne sont par d’accord sur ce nombre (Assises de la coopération Angers-Bamako, 2009).

Figure 35: Typologie des quartiers de la capitale malienne et données annexes (D.R.U.H. de Bamako sur la base de la D.N.S.I. et les résultats provisoires R.G.P.H. 1987 et 2009)

Les quartiers « spontanés » se sont multipliés et étendus (Fig. 35). En 1993, l’habitat dit spontané abritait 55% des ménages et ce « ré ’ xi t c d’ p i t r j ridiq q i ’ pp iq

pratiquement pas » (S.N.L.M., 1993 in Rondeau, 2000).

Les jeux moqueurs (« senankuya ») sur les stéréotypes des quartiers constituent un sujet de conversation intarissable et une forme de connivence mais soulignent aussi des clivages entre quartiers riches/pauvres et entre quartiers autochtones/allochtones.

L’espace public est un lieu de confrontation dynamique entre une ville fondée sur des espaces bien délimités, attribués, salubres, ordonnées et portés par des autorités, et, un « désordre » qui s’appuit sur des pratiques populaires d’occupation « anarchique » de l’espace (Bouju, Bocoum, Ouattara, Touré, 2004). Bamako se développe comme beaucoup de villes africaines (horizontal, centrifuge) à partir d’un centre historique (Bozola, Niaréla; C.E.M.AF., 2007, Fig. 36).

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Figure 36: Typologie des différents quartiers de la capitale malienne

Les quartiers précoloniaux sont anciens et traditionnels (banco, dur ou semi-dur). A proximité du centre

commercial, les bâtiments sont à deux niveaux. Le premier sert souvent de magasin et le deuxième de logement ou de bureau.

Les quartiers coloniaux crées entre 1884 et 1960 comprennent la « ville européenne » (bâtiments

coloniaux), des quartiers populaires, le centre administratif et commercial. Depuis quelques années, ses activités se déplacent vers la rive droite (halles de Bamako).

Les quartiers centraux anciens : Bozola, considéré comme site initial de la ville (avec l’ouest de Niaréla)

est habité par des familles très vastes (parfois 200 personnes), famille Bozos (pêcheurs), maraboutiques (Touré, Haidara..) ou commerçantes (Koné, Diawara). Le quartier abrite un marché permanent, des commerçants non-résidents et attire de nombreux migrants saisonniers hébergés dans les vieilles familles autochtones. La réputation de ses vieilles mosquées attire également de nombreux étrangers (élèves coraniques, mendiants). Le centre commercial est l’ancienne ville coloniale, actuellement centre administratif et marchand, peu habité, sinon par des hauts cadres maliens et par des européens.

Les quartiers tramés anciens ont été construits pendant la phase coloniale (1930-60) pour loger et

contrôler la population africaine employée par les colons. Les concessions y étaient vastes mais ont connu depuis de nombreuses vicissitudes (héritage, location, vente). Les densités sont fortes et les familles vastes. Ces quartiers sont au nord-ouest (Bamako Coura, Dravéla, Bolibana, Dar salam, Badialan, N’Tominkorobougou, Hamdallaye) et au nord-est (Bagadadji, Niaréla, Médina Coura, Missira).

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Les quartiers créés entre 1960 et 1979 sont des quartiers populaires, mal assainis. A partir de la grande

sécheresse de 1973, l’exode rural s’est intensifié. L’ancien site urbain a ainsi « éclaté » de toutes parts sauf au nord où les falaises et le plateau de Kati ont bloqué pendant quelques années l’expansion de la ville (Gibbal, 1988).

Les quartiers tramés récents prolongent, à partir de 1960, les précédents. Issus d’une initiative publique,

ils abritaient et abritent surtout des fonctionnaires. Ces quartiers ont absorbé 23% de l’excédent de population entre 1976 et 1983 grâce aux locations offertes dans les anciennes cours (Lafiabougou, Djicoroni au nord, Badalabougou, Quartier Mali, Daoudabougou, Sogoninko, Banankabougou au sud).

Les quartiers créés après 1980, généralement de grand standing (ambassades et organismes

internationaux) comportent aussi des quartiers populaires (en dur).

Les quartiers de villas comportent de grandes parcelles, des densités faibles, de l’habitat en dur et une

architecture européenne destinés à la location à une population très aisée. Ces quartiers représentent le symbole de la promotion sociale (Hippodrome, Korofina, Quinzambougou, Niaréla-sud, Djélibougou au nord, Badala-Séma au sud).

Les quartiers tramés en formation : Lesconcessions y sont moins vastes qu’au centre, sontn en cours de

construction et en dur (au nord Djélibougou, au sud, Banankakura, Faladié).

Les quartiers réhabilités sont d’anciens quartiers spontanés où l’on a construit de grandes artères et des

équipements publics (bornes-fontaines, système de drainage, électricité).

L’h it t p t é est situé dans les pourtours urbains mais aussi dans les interstices des anciens

quartiers. Les constructions sont anarchiques, parfois régulières mais toujours autorisées par une autorité locale. La surface des parcelles est faible, les densités fortes. Ces quartiers se greffent sur un ancien quartier villageois. Ils absorbent 45% de la population additionnelle entre 1976 et 1983 et accueillent aussi les habitants du centre qui accédent à la propriété (au nord, Banconi, Sikoroni, Fadjiguila, au sud, Sabalibougou, Niamakoro, Djikoroni Para, Baco-Djikoroni, Magnambougou).

Les villages sont rejoints par la ville, font l’objet des convoitises foncières, de transition du droit

coutumier en droit foncier moderne et sont le carrefour des courants centrifuges et centripètes (au nord, Samé, Sébénikoro, au sud, Niamakoro, Sénou).

Les trois dernières catégories sont difficiles à distinguer car elles s’imbriquent dans les pourtours urbains. Leurs populations sont extrêmement diverses avec une sociabilité complexe.

Les concessions rurales sont de grands espaces distribués initialement à des fins agricoles et souvent

transformés en quartiers résidentiels ou en espaces industriels/commerciaux.

Les villages africains sont souvent perçus comme homogènes (Balique, 2001b). Or, nos deux quartiers sont clairement décrits dans l’ouvrage de Sébastien Philippe (2009).

Banconi signifie « le petit marigot » (« bans » signifit le nom d’un arbre59) et est un quartier spontané

divisé en six sections (Fig. 37). La densité urbaine et le développement anarchique du quartier fait qu’aujourd’hui, les arbres sont peu nombreux…

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Figure 37 : Secteurs du quartier de Banconi et densité d’habitants

Banconi Salembougou signifie « le hameau où il y a beaucoup de poissons capitaines » et a été fondé

vers 1913 par Djiné Massa Koné, féticheur originaire de Bougouni. Ses successeurs ont été Fado Koné et aujourd’hui Bourama Koné.

Banconi Flabougou signifie « le hameau des peuls » et a été fondé vers 1924 par un cultivateur, Bougary

Diallo. Ses successeurs sont Samba Diallo, Mamadou Diallo, Souleymane Sy et Sory Diallo, l’actuel chef.

Banconi Zékénékorobougou signifie « le hameau près du vieil arbre nommé Zékéné » et a été fondé vers

1928 par Mambé Diarra. Son successeur, Zoumana Diarra est décédé en 2007 et la chefferie est depuis disputée entre deux camps.

Banconi Layebougou signifie « le hameau de Laye » et a été fondé vers 1930 par Laye Sidibé, cultivateur

orirginaire de Bougouni. Ses successeurs sont Tiémoko Koné, Issouf Koné, actuel chef, fils de Tiémoko.

Banconi Plateau a été fondé vers 1960 par Bekaye Niaré, Yaya Niaré et Oumar Coulibaly qui se sont

réunis. Le premier chef est Sidi Niaré, grand-frère de Bekaye. Bekaye Niaré prend sa succession et est encore chef de nos jours.

Banconi Dianguinébougou signifie « le hameau de Dianguina » et a été fondé vers 1970 par Dianguina

Traoré, un chauffeur originaire de Kolokani. Ses successeurs sont Sounkalo Niaré et Koniba Coulibaly. Depuis le décès de ce dernier en 2008, deux clans se disputent la chefferie.

Il existe également Banconi Razel, du nom du siège de la société de travaux publics.

Faladié : A la recherche de terres cultivables, les Touré de Bozola ont fondé Faladié vers 1898. Le village

prit alors le nom du ruisseau qui le traversait (Faladié = « la petite rivière propre ». Ses habitants (maures, bambaras et peuls) pratiquaient l’agriculture et l’élevage. Le village s’est développé jusqu’à devenir un quartier englobé dans le tissu urbain. Les chefs successifs sont Batio Touré, Bazoumana

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Touré, Bourama Touré, Haina Touré, Bany Touré, Bassiki Touré, Dramane Touré et Ibrahim Touré (imam).