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4. Les compléments méthodologiques

4.2. Les entretiens

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Pour privilégier l’approche informelle, nous avons utilisé un mémo constitué d’une série d’informations clés. Les données recherchées se rapportaient aux fiches qui ont constitués la trame des entretiens (Fig. 14). Les entretiens n’ont pas été conduits de manière structurée pour ne pas fermer le dialogue. Nous avons donc dû maîtriser parfaitement les éléments de ce mémo sans avoir à recourir automatiquement au support papier. Nous l’avons conservé le plus discrètement possible et l’étudiant qui nous accompagnait suivait, au fur et à mesure, si l’ensemble des items étaient abordés. Il a fallu laisser le plus possible à l’interlocuteur la sensation de diriger la conversation pour qu’il déroule librement ses pensées. Les entretiens libres ont été préférés aux questionnaires stricts d’autant que dans un second temps, certains de ces entretiens ont été complétés par l’enquête Preffi 2.0.

La souplesse de l’entretien semi-directif a permis de sentir, au cours de l’entretien, les informations sur lesquelles l’impasse devait être faite (inutilité relative, sujet « déplacé »…). Les informations liées à la gestion du pouvoir, aux finances ont dûes être recueillies avec tact. Il a fallu « jauger » le degré de réceptivité des interlocuteurs avant toute question, de crainte de bloquer les échanges. Pour exemple, lors du travail de la Cifam en 2007, seules 8 O.N.G. sur 13 avaient acceptés de communiquer leurs données salariales (De Niet, 2007).

La prise de notes s’est faite au fur et à mesure de la conduite de l’entretien. Cette technique a été préférée à l’enregistrement audio trop indiscret qui pouvait compliquer la bonne conduite des entretiens. Le climat chaleureux des entretiens dû aux salutations en bamanan et à la pratique du cousinage aurait pu se détériorer par la pratique de l’enregistrement.

La prise de note n’a pas été effectuée tout au long de l’entretien pour ne pas fermer l’échange notamment lorsque nous avons abordé des sujets « sensibles » (politiques, financiers…). Pour ces sujets difficiles, la retranscription post-entretien a été utilisée. La prise de note a d’autre part été partagée avec l’étudiant. Le croisement final de nos données a permis de juger les réponses intéressantes non retranscrites.

L’entrevue a consisté à travailler le sujet suivant un schéma d’entrevue prédéfini composé de deux parties (Fig. 14) : la première, relative aux aspects institutionnels de l’organisation, la seconde, aux questions plus opérationnelles.

Figure 14 : Fiche institutionnelle et organisationnelle d’entretien

Cette phase institutionnelle est importante car les organisations ne se créent pas spontanément et ont des caractéristiques différentes : genèse dans un contexte historique spécifique, thèmes d’intervention, positionnement sociopolitique, professionnalisme…

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Il est important de vérifier le développement institutionnel de la structure, son indépendance, sa solidité, son degré d’organisation et son insertion dans le milieu. En dehors de son caractère purement administratif, l’adresse du siège est également un indicateur de la classe d’appartenance ou de l’image développée par l’organisation. C’est en partie pour ce « prestige » que beaucoup d’associations/O.N.G. déménagent dans le nouveau quartier de bureaux d’Hamdallaye/A.C.I. 2000.

La connaissance de la genèse d’une organisation est un point-clé (motivations, moyens, objectifs, leaders, difficultés...). En dehors de l’âge de la structure, la date de création de l’organisation doit être replacée dans le contexte général de l’époque pour mieux cerner les motivations de sa création (nombreuses O.N.G. créés lors des Plans d’Ajustement Structurels (P.A.S.)). Il est également essentiel de savoir si l’organisation est née d’une initiative locale, d’une action exogène d’un projet ou d’une mixité entre les deux.

Deux axes principaux sont intéressants à travailler : institutionnel et chronologique. La personnalité de l’intervenant est importante : son profil (histoire, culture, formation), son fonctionnement, son positionnement institutionnel, ses représentations, ses motivations et sa proximité avec l’infection. Très souvent, les personnes ont occupé plusieurs postes différents, des fonctions politiques puis associatives ou inversement. La question de l’anonymat et de la confidentialité des entretiens a été essentielle pour garantir la liberté de paroles des acteurs rencontrés et recueillir de bonnes informations. En effet, les acteurs émanent souvent d’institutions ou d’administration soumis au devoir de réserve.

L’organisation des responsabilités, du pouvoir, de la structuration générale sont des critères essentiels dans le diagnostic institutionnel. Il permet de comprendre dans les mains de qui, est en réalité, concentré le pouvoir. Est-elle aux mains de quelques fondateurs qui préservent leurs prérogatives ou issue d’une dynamique associative et collégiale ? En effet, il ne faut pas se leurrer sur la nature des structures associatives quelles qu’elles soient. Comme dans toute structure humaine, il y a des leaders et des dominés. On peut ainsi déterminer, à partir du profil des leaders et du style de gouvernance, une partie du mode de fonctionnement interne mais également de ces liens avec les autres acteurs et les populations.

Un faible renouvellement des équipes et une concentration du pouvoir peuvent correspondre d’une part à une association paralysée par ses dirigeants ou au contraire signifier une importante activité qui exige un professionnalisme et une logique entrepreneuriale plutôt qu’associative. Inversement, un renouvellement rapide peut traduire d’une grande dynamique associative et un semblant de démocratie tout comme un malaise profond dans les fondements et la représentativité de l’organisation. Nous nous sommes donc interroger, non seulement sur la vitesse du turn-over des leaders, mais également sur ces raisons. Voilà les organisations rencontrées lors de nos entretiens de terrain (Fig. 15).

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Figure 15 : Récapitulatif d’entretiens

Pour citer dans le corps du texte des phrases d’acteurs rencontrés lors de nos entretiens de terrain et pour garantir l’anonymat, nous formulerons de la manière suivante les citations : [Numéro] = [1], [2]…, chaque numéro correspond à un acteur ou organisation différente.