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Livre Deuxième Evaluer La concentration de commerces : le poids d’une offre

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Dans la première partie de cette thèse, nous avons tenté de cerner les centralités ur- baines et plus particulièrement de définir les espaces de la centralité commerciale que sont les concentrations de commerces. Maintenant il nous faut voir comment évaluer cette centralité

commerciale. Ensuite seulement, dans un troisième temps, nous pourrons étudier en quoi les

concentrations de commerces sont ou ne sont pas des éléments privilégiés dans l’approche des centralités urbaines, commerciales ou non.

Nous avons jusqu’alors présenté la fonction commerciale en ville, comme étant une forme de centralité. De là, nous avons perçu des éléments dans la ville qui accueillaient plus de commerces de détail, qui semblaient de visu cristalliser de la centralité, qui paraissaient for- mer des ensembles cohérents et forts, multiples et variés, plus ou moins structurés. C’est ce que nous avons regroupé sous l’appellation de « concentrations de commerces ». Ces derniè- res doivent indubitablement être des lieux de centralité, c’est là une des conditions de leur existence.

Mais, pour évaluer cette centralité, nous devons prendre en compte chacun des composants de la concentration de commerces. En effet, si la concentration de commerces est un élément qui a sa prégnance dans le paysage urbain, comme nous nous sommes efforcés de le démontrer, elle n’est que le résultat d’un conglomérat plus ou moins coordonné d’individualités marchandes. Elément paradoxal qui nous oblige à de multiples va-et-vient entre approche par individualité commerciale et approche par concentration de commerces : 1. La concentration de commerces est perçue d’emblée comme un ensemble pertinent indé-

pendamment des multiples entités commerciales qui la compose.

2. Certes, mais la centralité d’une concentration de commerces ne peut quant à elle être réellement évaluée qu’en prenant en compte le poids de chacune de ces multiples entités. 3. Encore faut-il être conscient du fait que le poids de chaque commerce ne peut être vrai-

ment jaugé sans prise en compte du contexte d’implantation, et notamment du fait que le commerce est ou n’est pas dans une concentration de commerces…

Dès lors, quel ordre suivre pour nous qui souhaitons voir le lien entre fonction com- merciale et urbanité, entre concentrations de commerces et centralités urbaines ?

Nous nous devions dans la première partie de cette thèse, d’expliciter tout ce qui, sur le plan terminologique notamment, tendait à rendre ambigu son intitulé. C’est ainsi qu’il nous a fallu recadrer le concept de centralité urbaine, lui donner une signification à laquelle nous pourrions nous tenir tout au long de cette étude de façon à être compris par nos lecteurs. Il nous a fallu positionner notre expression de concentration de commerces, parmi un vocabu- laire d’urbanisme commercial déjà riche.

Est-ce pour autant, maintenant que nous entrons dans une phase plus « pratique » de notre étude, que nous devons considérer l’appréhension des concentrations de commerces comme point de départ de la mesure de la centralité marchande ? Bien évidemment non. Ainsi, avant notre présentation de la formule « concentration de commerces », nous avons réfléchi à propos des centralités urbaines, comme nous venons de le rappeler. Et ce dans le but de montrer notamment la différence qu’il pouvait y avoir entre un centre et un lieu de

centralité. Nous avons insisté sur le risque de chercher à mesurer la centralité par l’examen de

centres apparents, alors qu’il s’agissait pour nous de considérer la centralité à travers des biais sûrs, c’est-à-dire en investissant toute la cristallisation d’éléments qui la compose. Dès lors, nous devons être conscients que les concentrations de commerces existent, mais ne pas trop nous hâter de les examiner. Ce serait faire l’erreur d’oublier certaines formes de centra- lité commerciale, exprimée ou latente, de sous-estimer certains lieux de centralité promis à un bel avenir.

Simplement, il faudra nous souvenir au moment opportun que le poids du commerce peut-être influencé par des éléments qui lui sont supérieurs, telle son insertion dans une concentration de commerces qui a son image, son attractivité, son inertie, son contenu. En effet, si un magasin n’est qu’un élément parmi d’autres qui permet de composer la réalité d’une concentration de commerces, cette réalité va rejaillir sur chacun d’entre eux. C’est à ce prix que nous pourrons pleinement évaluer la centralité induite par un ensemble commercial sans risque de la limiter à une addition d’individualités anonymes. Et d’ailleurs, puisque c’est là le but avoué de cette thèse, comment pourrions-nous réellement examiner la pertinence de la centralité commerciale comme reflet d’urbanité, si nous sacrifions tout ce liant qui trahit le cadre urbain et qui donne une portée autre qu’économique et fonctionnelle au commerce ?

Il ne suffit pas en effet de donner une mesure de la centralité commerciale et ensuite de voir où les concentrations de commerces s’insèrent, il s’agit d’emblée de penser ces ensem- bles comme partie intégrante du paysage urbain, et non comme des groupes d’entités commerciales isolées de tout substratum. Pour autant dans le cadre de ce second livre, nous devons impérativement nous conformer à un examen de la centralité marchande qui se limite à l’approche de la seule offre marchande. Dès à présent nous sommes conscient que cette vision introvertie du commerce est insuffisante mais nécessaire. Il ne s’agirait pas non plus d’essayer de dégager hâtivement à travers l’examen du commerce tout ce qui a trait à l’urbanité, tout ce qui est a priori central, puisque ce serait des éléments du ressort d’autres formes de centralité. Il ne serait que trop facile ensuite de déceler des éléments de centralités non commerciaux, si nous les incluions d’emblée dans ce qu’il ne conviendrait plus d’appeler une mesure de la centralité commerciale… Ce serait oublier que nous voulons mesurer la centralité efficace liée à la seule fonction commerciale, même si nous sommes conscients que

cette dernière ne se confond en rien avec la seule approche du contenu fonctionnel288. Néan- moins, ces éléments connexes sont indubitablement à prendre en compte, à partir du moment où la destinée commerciale leur est directement liée.

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En d’autres termes, à trop vouloir distinguer la centralité efficace de la centralité fonctionnelle, on risque de surestimer la première en y incluant toute une série d’éléments immatériels qui n’ont plus rien à voir avec le commerce.