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Densité commerciale et concentrations de commerces

l’appellation « centre commercial »

Z. A.C 169 , de zones commerciales, de zones d’activités marchandes, de complexes commerciaux 170 ou comme nous l’avons mentionné précédemment de lotissements commerciaux 171 Selon cette

2.2. Cerner les concentrations de commerces

2.2.2 Densité commerciale et concentrations de commerces

Nous nous rendons alors compte que, comme tout phénomène perceptif, l’appréhension d’une concentration de commerces n’est en rien régie par des facteurs quantifiés et matérialisés. Mais, alors que l’urbanité est une notion si difficile à saisir, comment un élément de la centralité urbaine, c’est à dire un concentré d’urbanité, serait plus facilement circonscrit par des règles à l’issue pour la moins subjective ? Il est d’ailleurs symptomatique de constater que Kevin Lynch, à l’issue de l’énumération de ces qualités de la forme que nous mentionnions précédemment, ne débouche que sur une « impression d’ensemble »191.

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Mais nous verrons aussi par la suite, que ce facteur « dominance » serait plus pour nous un élément de différenciation interne des concentrations de commerces, qu’un élément de perception a priori susceptible de nous aider à délimiter l’espace commercial.

Néanmoins, il nous faut reconnaître que nous ne pouvons en aucun cas bâtir une étude des concentrations de commerces viable sur des bases aussi floues. Notre souci de rigueur terminologi- que préalable ne doit en aucun cas cacher une quelconque faiblesse sur le plan pratique. Il est des moments où la théorie doit nécessairement céder le pas face à des contingences propres à toute approche d’aménagement. Néanmoins, tous ces rapprochements ne sont en rien inutiles puisqu’ils nous ont permis de souligner des points sensibles dont une appréhension plus « matérialisée » serait plus qu’utile.

Dès lors nous devons définir des éléments fixes susceptibles de bien délimiter les concen- trations de commerces. Il s’agit de fixer les limites d’un espace qui doit être plus dense commercialement. Toute règle est donc à chercher à travers l’appréhension de cette densité et non de l’offre et le contenu qui, nous le rappelons, ne peut pour nous constituer qu’un élément de diffé- renciation interne, auquel nous nous intéresserons ultérieurement.

L’emprise commerciale d’un espace peut être mesurée de diverses manières. Différents éléments révélateurs de celle-ci sont a priori quantifiables. Encore faut-il véritablement en connaître les limites et être capable de déterminer des seuils pertinents.

Une première manière consisterait à calculer le rapport entre le nombre de mètres de vitri- nes et la longueur totale des façades des axes considérés. L’attribution d’un seuil permettrait de savoir où la densité serait suffisante pour qu’on puisse parler de concentrations de commerces. Mais, cela serait sans compter l’absence de vitrines192 caractéristique de certains magasins, notam- ment les grandes et moyennes surfaces de conception récente ou encore les commerces situés en étage193. Un moyen de contourner cette difficulté serait de compter non pas la longueur des vitrines, mais la longueur globale des façades commerciales, que ce soit une « devanture vitrée d’un local

commercial »194 ou un mur aveugle. Mais si cet artifice permet de passer outre le problème des

magasins sans vitrines, il ne résout en rien les problèmes liés à la forme même du magasin. Il y a parfois en effet une distorsion marquée entre la surface de vente et les mètres linéaires de façade : pour cause de « profondeur » ou de mise sur plusieurs niveaux du local marchand, ou encore pour cause d’usage différents de la façade par le ou les commerces occupants195.

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De même certains commerces, notamment en centre ancien, sont tributaires d’un parcellaire en lanière qui procure une façade sur rue de taille réduite mais une grande profondeur du magasin. Ainsi, un ancien commerce de luminaire de la rue de Vesle à Reims affichait « 3 mètres de vitrine, mais 40 mètres de luminaires »… Ce type de parcellaire est très répandu dans l’hypercentre rémois (rue de Vesle, Place Drouet d’Erlon). On le rencontre aussi dans une partie du Vieux-Lille (rue Grande-Chaussée, rue Lepelletier).

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Ces derniers, même s’ils sont en nombre réduits constituent une exception non négligeable. Ils correspondent le plus souvent à des services marchands et sont situés au-dessus d’un commerce qui lui a un besoin de vitrine plus consé- quent. Le commerçant pallie l’absence de devanture par un effet de vitrine en étage et/ou par l’adjonction d’enseignes proéminentes.

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in # Le Petit Robert, article « vitrine, n. f. »

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Ainsi la construction d’une grande surface en lieu et place d’une petite galerie marchande correspond nécessairement à une baisse sensible des vitrines, sans pour autant qu’il y ait véritable modification de la surface globale de vente (qui est même en légère hausse du fait d’une disparition de l’espace semi-public de la galerie). On pourra ainsi citer la dis- parition à Reims de la Galerie du Petit Poucet, spécialisée dans le jouet, au profit d’un magasin Casa, ou d’une aile de la Galerie du Clair Maret au profit de l’enseigne M*S Mode.

Nous proposons donc, plutôt que de prendre la vitrine comme élément déterminant, de simplement prendre la présence commerciale. Ainsi, il nous faut définir une distance maximale entre deux commerces pour que nous puissions parler de concentration de commerces, indépen- damment de la nature et de l’importance de ceux-ci. Là encore, s’intéresser aux espaces interstitiels de l’emprise commerciale, et non au commerce lui-même196, répond à ce même souci de ne pas être tenté de chercher la concentration de commerces à travers son contenu.

Dès lors, en bâti dense, nous proposons une distance n’excédant pas deux maisons sans commerces pour qu’il n’y ait pas rupture de la concentration de commerces, et ce sur au moins un côté de la voie considérée. Ceci revient à dire qu’on pourra parler de continuité de la concentration de commerces même si un côté de la rue est dépourvu de commerces197.

En bâti lâche, caractéristique notamment des périphéries, nous adopterons plutôt un seuil métrique : 50 mètres séparant deux infrastructures commerciales semble être un seuil pertinent. Mais, il convient de préciser que sous cette expression « infrastructure commerciale » nous englo- bons, et le commerce lui-même, et tout ce qui s’y rattache : il est évident que deux commerces périphériques uniquement séparés par un large parking destiné à la clientèle doivent être considérés comme appartenant au même ensemble. (!)

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Comme cela aurait été le cas si nous prenions en compte la longueur des vitrines.

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Ceci éviterait certaines incohérences, par exemple de dire que les Champs-Élysées ne sont pas une voie commerçante parce qu’un de ses côtés est assez largement dépourvu de commerces…

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« Le savant doit ordonner ; on fait la science avec des faits comme une maison avec des pierres ; mais une accumulation de faits n’est pas plus une science qu’un tas de pierres n’est une maison. » Henri POINCARE

D’une approche théorique des centralités et de la fonction, notre propos a glissé vers l’étude d’une fonction bien précise, le commerce de détail, et vers l’examen d’une échelle de ré- flexion pertinente à savoir la concentration de commerces. Là encore, définir ces dernières nous a un temps éloigné de la géographie pratique pour des considérations conceptuelles.

Nous voilà arrivés en cette fin de chapitre au bout de notre débat quelque peu abstrait mais nécessaire, pour pouvoir dès le chapitre suivant, entrer pleinement dans un discours qui satisfasse plus le praticien et non le seul théoricien, en présentant dans de bonnes conditions les cadres géo- graphiques retenus pour illustrer l’essentiel de notre démarche. Il nous semblait en effet maladroit de choisir et présenter les sites retenus, sans d’abord maîtriser des concepts moteurs et des éléments de terminologie envisagés au cours de ces deux premières parties.

3.1.

Le degré d’homogénéité de la concentration de

commerces