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Dans la première partie « La confluence de la fiction et de l‟Histoire : dire la violence », notre objectif a été d‟examiner le rapport entre l‟Histoire et la fiction dans l‟écriture de la violence. Nous avons au préalable mis en exergue les discours établis sur l‟Histoire qui constitue le soubassement des fictions de Djebar, Lemsine, Belloula et Bey, donner un aperçu des composantes du paysage social sous la colonisation et la décennie du terrorisme des années 1990. Nous avons tout particulièrement interrogé la transposition des évènements historiques de la guerre de libération et du terrorisme dans les quatre

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fictions, leur représentation dans l‟espace et le temps par les écrivaines dans la création littéraire. Dans cette seconde partie, nous allons procéder à une analyse en profondeur du discours de la violence, notamment les variations de cette écriture sur les plans des champs lexico- sémantiques et discursifs. Actuellement, l‟approche lexico-sémantique est intégrée dans les nouvelles tendances de l‟analyse du discours, c‟est un moyen d‟investigation important dans l‟étude des textes littéraires, visant à cerner le ou les sens à partir du mot, des mots du discours, de la parole et du langage assumés par les différents personnages dans l‟inscription de la violence. Le lexique auquel ont recourt les écrivaines dans la production des textes n‟est pas involontaire, c‟est un ensemble de signes qui produisent un sens intentionnel, selon Liana Pop : « Il s‟avère souvent que dans la mise en discours de sa pensée, le locuteur se heurte à des catégories plus au moins définies et, conséquemment, à des étiquettes lexicales plus ou moins (re)connues dans une communauté linguistique donnée ». 64 Dans cette seconde partie, nous nous proposons donc d‟étudier quelques relations existant à l‟intérieur du système lexical, et ainsi mettre en évidence les variations des structures lexicales de la violence dans le corpus de recherche qui produisent du sens. Dans un premier lieu, il sera question de repérer l‟onomasiologie de la violence et le vocabulaire utilisé pour décrire les différentes situations de violence. Le sens des mots ne peut pas être saisie hors du contexte de la situation d‟énonciation, le sens ne peut apparaitre que si l‟on tient compte des conditions de son énonciation : « La signification dépend du rapport entre les signifiés abstraits qui sont repérables dans chacun des constituants de la phrase »65. En effet dans la communication et l‟analyse du discours, les conditions de l‟énonciation dépendent du locuteur, de la personne à laquelle on s‟adresse, de l‟espace, du moment et ainsi que des circonstances de l‟énoncé. C‟est le procès énonciatif ou d‟énonciation selon D. Maingueneau66. La signification d‟un texte est également soumise aux phénomènes énonciatifs de la dénotation et la connotation., du dit et du non dit qui nous permettrons de dégager une thématique. Si la signification d‟un mot, d‟une phrase ou d‟un texte est lisible au niveau de la dénotation, le sens demeure à réévaluer, à reconsidérer au niveau de la dénotation, appelant à des lectures à des interprétations

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Pop, Liana. Espaces discursifs, Paris, Peeters Louvain, 2000, p.82

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Jeandillou, Jean-François. L’Analyse textuelle, Paris, Armand Colin,2006, p.14

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plurielles. Le sens est même variable selon la date de la production de l‟œuvre et la date de ses lectures et relectures : « on sait que certains textes (poétique, ésotériques ou religieux notamment) se prêtent à de multiples relectures, à des exégèses qui évoluent avec le temps »67. Prenons pour exemple les descriptions de Zola dans « Au bonheur des Dames », il y a une abondance de mots appartenant au champ lexical des tissus moins connus des lecteurs d‟aujourd‟hui que des Bourgeois de 1883. C‟est ainsi que pour cette partie nous prévoyons trois axes d‟analyse :

Au préalable, dans un premier chapitre, « Les variations lexicales et sémantiques de la violence », nous abordons les variations de sens de la violence avec sa diversité linguistique et ses champs lexico-sémantiques dans différentes situations et contextes à travers la redondance du vocabulaire de la violence. Dans le deuxième chapitre, « Les prototypes de la violence », nous tenterons d‟interroger la subjectivité dans l‟écriture à travers les discours évaluatifs et affectifs des sujets énonciateurs. Une typologie de la violence sera examinée car récurrente dans notre corpus d‟analyse : une violence intra-communautaire vécue à l‟intérieur de la famille ou de la collectivité, une violence extra-communautaire provenant d‟un camp différent qu‟il soit le colonisateur ou le terroriste, et une violence singulière qui ne peut être classée ni dans l‟une ni dans l‟autre catégorie, c‟est une violence interne qui varie d‟un personnage à un autre et d‟une société à une autre. Nous pourrions parler dans ce cas d‟une violence diégétique.

Dans le troisième chapitre, « La violence et le parcours du personnage », nous permettra étudier l‟impact de la violence sur les personnages et sur l‟évolution de leur personnalité à travers leurs trajets. La violence est un facteur puissant qui entraine les personnages à s‟interroger sur leur identité, personnages marginalisés par leur propre communauté ou par celle de l‟Autre dans le contexte fictionnel en crise, en pleine déflagration ; aussi se trouvent-ils confrontés à l‟inscription de leur moi identitaire en quête de reconnaissance dans un espace sociétal de violence qui les bouleverse et bouleverse toutes les structures sociales. Notre approche de la sémiotique textuelle s‟appuiera sur une étude linguistique, discursive et thématique des textes.

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Chapitre I