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Les Enfants du nouveau monde : espace /temps entre anonymat et

L’espace / le temps : deux dimensions aux formes variables

1. Les Enfants du nouveau monde : espace /temps entre anonymat et

référentialité

Assia Djebar, en rédigeant son troisième roman n‟a que 25 ans. Elle s‟engage dans la rédaction d‟un roman qui relate les conditions de vie du peuple algérien, pendant la guerre de libération. Ce roman est écrit en 1960, avant la fin de la guerre, personne ne connait le sort de cette révolte, triomphe ou échec ?

L‟histoire se passe dans un village dressé au pied d‟une montagne qui abrite des révolutionnaires engagés dans les opérations armées contre le colonisateur, ce roman est un carrefour entre l‟Histoire d‟Algérie et l‟histoire romanesque des personnages surtout féminins, le roman se compose de neuf chapitres dont les quatre premiers sont titrés des noms de quatre personnages féminins : Chérifa, Lila, Salima, Touma. La narratrice est extradiégétique, il est omniscient et rapporte les voix de tous les personnages et en

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Gérard Genette, Figure lll : discours du récit, Paris, Seuil, 1972. p 228

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particuliers les voix féminines. L‟espace où se passe l‟histoire reste anonyme tout au long du récit, le lecteur n‟est pas informé sur le nom de la ville où se déroulent les événements, dans l‟ensemble du récit le temps diégétique est dans l‟opacité, en parallèle la narratrice insère deux référentialités historiques:

Chapitre 1 : « Chérifa »

- La narratrice entame l‟histoire en citant le lieu où se déroule une séquence du récit « Dans le vieux quartier arabe, au pied de la montagne, les maisons à façade blanche crépie à la chaux se ressemblent »(p.13), les maisons sont situées dans un vieux quartier, et leur crépissage est fait avec la chaux qui est une matière vendue à un prix dérisoire ce qui annonce la pauvreté de ce quartier où vivent généralement les Arabes ; cependant, il laisse dans l‟anonymat le nom de la ville. Il y a une description de la maison du premier mari de Chérifa, un trafiquant commerçant arabe « […]de ces années de lutte où il avait volé, nargué, triché avec ses concitoyens »(p. 26). Il gagne beaucoup d‟argent et il est l‟un des rares Arabes à posséder une demeure plus au moins luxueuse : « […]qu‟on méprisait pour le trafic inévitable d‟autrefois, pour les compromissions présentes avec les autorités locales, il jouissait de l‟une des meilleures situations de la société arabe »(p. 24). Dans un passage de ce premier chapitre, le temps est évoqué à travers une mesure de sécurité prise par l‟état français « le couvre-feu » (p. 21), cet événement laisse à deviner l‟année de l‟histoire sans pour autant préciser la date, l‟état d‟urgence étant proclamé dans la région des Aurès et de la Grande Kabylie le 31 mars 1955, puis dans toute l‟Algérie en raison de l'extension de la rébellion armée le 30 août de la même année.

Chapitre II : « Lila »

- Une femme qui est à l‟image de l‟émancipation féminine, piégée et engloutie par ses souvenirs et son attente, elle vit seule dans l‟espérance de retrouver son mari qui est au maquis, c‟est une situation assez étrange pour les coutumes dans la société, du moment qu‟une jeune femme habite indépendamment dans une maison louée. Encore une fois le temps de l‟histoire est figé, Lila pense qu‟il n‟est plus important de compter les jours ou

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de connaitre quelle date est-il, du moment qu‟elle ne peut pas deviner si son mari rentrera-t-il un jour du maquis ? C‟est un personnage qui vit dans l‟incertitude et l‟errance : « Depuis quand vivait-elle là, au dernier étage de cet immeuble vide, au bord de la route ? Lila ne saurait le dire, Elle ne s‟interrogeait pas, pourquoi compterait-elle les jours ? Était-ce aujourd‟hui au début de l‟aurore, ou hier à l‟aube, ou bien voici trois jours, quatre… » (p.33), de son appartement au dernier étage, situé dans un quartier habité par les Européens, elle pouvait voir le miséreux quartier arabes « La vue sur le fleuve fût si belle, s‟il n‟y avait eu, héla, ces cabanes grises, ce quartier pouilleux » (p35). Cette description de la spatialité témoigne justement de l‟espace dichotomique colonisé/colonisateur séparés, deux communautés dont le cloisonnement dans l‟espace est effectif.

- La narratrice après avoir dépeint la vie de Lila et son amour pour Ali, les circonstances de leur séparation, interrompe la chronologie par un analepse « la mort de Aicha », la belle mère de Chérifa, aux funérailles de la vielle tout le monde est présent sauf l‟époux de Amna, la voisine et l‟amie de Chérifa, car agent de police, sa présence est indésirable dans la vie de ses congénères ; ses voisins et amis à leur tour l‟ignorent en silence : « Chérifa pensait à tout cela, et aux circonstances qui installent maintenant des déserts entre les hommes, à l‟intérieur d‟une même maison » (p.44) . La narratrice décrit le chemin du cortège de la défunte, elle mentionne le passage devant le « Palais d‟Orient », un café dit « maure » (p.49), une appellation qui désigne les cafés fréquentés uniquement par une clientèle arabe. A la fin de ce chapitre, il y a une anticipation utopique sur l‟avenir de Bachir, une prédiction certaine vu l‟emploi du futur de l‟indicatif, un élève très doué en mathématique, admis au lycée : « Ainsi, c‟est ce petit dont on vante tant les mérites scolaires ! dans notre pays indépendant, il sera peut-être, un jour, un savant. Car nous serons riches, nous aussi, de médecins, de techniciens, de professeurs… » (p.52). La guerre semble compromettre un avenir à toutes les espérances, malgré l‟installation de la peur partout, qui s‟infiltre dans les rues, les ruelles pour atteindre les maisons les plus isolées, une peur mêlée à l‟espérance d‟un

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avenir meilleur « Les attentats, les arrestations se multipliaient, ces derniers mois, dans la capital » (p.63), La capital, espace de référence à la guerre.

Chapitre III : « Salima »

- Hakim, par son métier de policier perd le contact avec ses compatriotes depuis le déclenchement de la Révolution ; la narratrice fait allusion au début de la guerre : « depuis plus d‟un an, - en fait il ne savait situer le moment où cela avait commencé » (p.78), selon cette référence temporelle, l‟histoire devrait se passer entre la fin de 1955 et le début de 1956. Dans le passage qui suit, et à travers les paroles de Youcef le lecteur peut deviner l‟année de l‟histoire : « l‟an dernier, voici quinze mois environ,…,Hakim, quelques minutes après, emmenait Si Abderahmen, un homme connu de tous, il a été détenu trente heure, et torturé sans arrêt » (p.81), de ce passage l‟histoire racontée peut être située au début de 1956. Tout comme les hommes, la femme contribue aux actions de l‟organisation armée, Salima, l‟exemple de la femme instruite, une normalienne qui enseigne à l‟école, subit elle aussi la torture et l‟humiliation dans les prisons françaises, au point où elle perd , tout comme Laila , toute notion de temps et tombe dans l‟incertitude et la désillusion : « Dans une cellule de cette prison, se trouve, à présent, Salima. Elle ne sait ni l‟heure qu‟il est, ni le jour…onze ou vingt…elle ne sait plus » (p.83). Elle est orientée grâce à un gardien arabe qui sur sa demande lui porte la date sur un bout de papier : « 24 mai 1956 » (p. 87), c‟est pour la première fois dans le roman que nous rencontrons une précision de date. Une femme détenue et encellulée, est jusque-là une action sans précédent ou rarissime, au début, les soldats s‟introduisent dans les maisons « accompagnés d‟une femme qui parlent arabe » (p.75) pour interroger les femmes chez elle, le respect pour les traditions de la société arabe semble s‟affadir face à la propagande de la violence. Le nom de la ville où se passe l‟histoire, n‟est cité à aucun moment depuis le début de la narration, cependant, il y a une allusion qui enquérait une ville proche de la capitale, « Blida » assez renommée pour « ses roses » : « Mais le soleil dans les rues était doux et la ville, célèbre dans la région pour ses roses, embaumait comme une seule gerbe

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immense » (p.88). Salima, est une vielle fille, qui croit au changement, cette jeune femme armée de son instruction, rêve d‟un avenir meilleur, d‟une paix et d‟une justice dans son pays. Sans mari et sans enfants, elle se lance dans une nouvelle expérience pour libérer son pays : « Elle disait à Mahmoud, dans les moments de conversations qui terminaient leurs rencontres dans la capitale, où elle se rendait chaque jeudi : « Un jour, après notre indépendance, on en aura besoin ! » (p.90)

Chapitre IV : « Touma »

- Le personnage de Suzanne, symbolise une tranche de la société française, fortement attachée à l‟Algérie et qui défend la Révolution, au point où son mari, Omar, le seul avocat arabe de la capitale, pour des conflits idéologiques avec les chefs de l‟organisation secrète, quitte le pays ; elle refuse la fuite en avant, et choisit de continuer à vivre dans son pays et de soutenir ses compatriotes : « Je resterai ici, même si cela doit durer dix ans. Si je te quitte un jour…je ne divorcerai qu‟à la fin, quand tout sera fini, quand ce pays sera libre… » (p.112), Suzanne est tout comme Salima, elles ont confiance dans le résultat de leur lutte, elles sont persuadées de la libération de leur pays ; l‟emploi du futur de l‟indicatif renforce cette certitude. La narratrice, dans un bref passage, signale le renforcement des forces de l‟ordre par une armée d‟outremer : « de temps en temps, passent des soldats débarqués de la France » (p.127). Une seconde fois, nous rencontrons une précision de date, et encore par le biais d‟une voix féminine Touma : « C‟est la chaleur aujourd‟hui que je ne supporte pas ; une chaleur d‟août, alors que nous somme seulement en mai » (p.133). Le temps annoncé est un temps diégétique, non historique, par l‟usage d‟adverbe et de noms exprimant la temporalité.

Chapitre V : « Hakim »

- pour évoquer la disparition intrigante de Saidi, la narratrice continue dans une même démarche ; la relation anonyme, omission des lieux et des dates, en ayant recours à une narration ultérieure : « Sans doute Saidi est-il parti à la campagne peut-être une mort

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dans sa famille, il est originaire d‟un douar de la montagne » (p.144), de par cet événement, la narratrice, et brièvement, introduit ultérieurement la date du 08 mai 1945, sans développer de quoi est-il question ou ce qui s‟est-il passé ce jour-là , il l‟insère comme un analepse mais sans dire davantage : «Pardon, réplique l‟un, il a fermé un jour, le 8 mai 1945…mais ce n‟était pas un jour comme les autres. » (p.141).

En plus de l‟omission du temps des événements, la négligence des espaces est aussi une stratégie chez la narratrice de ce récit, adoptée depuis le départ, mais dans cette séquence narrative, elle rapporte le changement des appellations des ruelles par des noms choisit par les Européens : « ils s‟éparpillaient et remontaient la rue appelée « rue du Bey » bien qu‟en fait elle portait le nom d‟un général de conquête du siècle dernier » (p.143)

-Dans un discours dénonciateur de la colonisation, le jeune étudiant Ali rappelle l‟injustice à l‟égard du patron de Bagdad qui pour sa liaison avec une Européenne perd des années de sa vie en prison. Dans cette optique, Ali reprend, avec plus de détails, les événements du 8 mai 1945, comme étant un résultat inéluctable de l‟iniquité du système colonial : « […]après les manifestations du 8 mai 1945, les arrestations qui avaient suivi, la surveillance policière…une torpeur apparente s‟installait sur la ville ainsi que sur tout le pays, faux sommeil, nuit trompeuse…terre broyée, terre ouverte du peuple à une lumière secrète »(p.149), Les tueries et la torture sont le lot du peuple pour le réduire à nouveau au silence. Les autorités coloniales n‟ont pas pris conscience que les répressions du 8 mai 1945 sont le ferment de la Révolution du premier novembre 1954. - Depuis l‟exorde de la narration, la guerre est qualifiée par le mot « Révolution », pour Ali, qui représente le personnage instruit, émancipé et conscient de la situation de son pays, cette Révolution, ou comme il la désigne « guerre de libération » (p. 152), est une lueur d‟espoir d‟un avenir prometteur mais lointain ; il est persuadé que le chemin qui reste à faire est long et épineux : « Ces journées historiques de novembre où le premier éclair avait paru dans le ciel, premier véritable espoir. Non l‟indépendance du pays, l‟aventure enivrante que le combat apporterait » (p.152)

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Chapitre VI : « Hassiba »

- Dans ce chapitre, la narratrice revient, avec plus de détails et de précisions sur la date du 8 mai 1945. Yousef est un personnage qui tire bénéfice de son emprisonnement pour contribution aux manifestations ; la prison lui permet de rencontrer « des frères », qui l‟instruisent sur le passé lointain et l‟avenir de son pays.

- Dupé par les promesses de la France, un peuple, en liesse, femmes et hommes, descend dans les rues, fêter la fin de la guerre mondiale, et marquer d‟une pierre blanche le début de leur indépendance : « Aussi, étaient-ils venus de partout…ils étaient venus des cabanes de fleuve, des douars voisins, plèbe joyeuse de semi-citadins qui croyaient eux aussi la guerre finie ; jusqu‟aux femmes elles-mêmes » (p.168). En ce jour, un drapeau vert, confectionné de torchons et de haillon, est levé par les manifestants un drapeau dont l‟origine est depuis longtemps controversée, la première version l‟attribue au mouvement nationaliste fondé par Messali Hadj, la seconde, l‟accorde à l‟Emir Abdel-Kader qui menait les forces de libération contre la France. La narratrice s‟est située sur la deuxième attribution et ainsi le drapeau serait celui de l‟Emir Abdel- Kader : « Le drapeau vert de l‟Emir » (p.168), la narratrice reprend son discours implicite et non daté, elle évoque la colonisation lointaine : « Le drapeau de notre pays, de notre bonheur – continuait Youssef- pour la première fois depuis un siècle, enfin déployé dans la joie et dans l‟espoir » (p.168).

Ce n‟est pas uniquement la ville, réputée pour ses roses, qui est touchée par les massacres du 8 mai 1945, mais il y en a d‟autres qui en sont profondément affectées : « Le même jour, des massacres avaient eu lieu dans des villes martyres : Sétif, Guelma, Constantine… » (p.171).

-Dans un fragment de l‟Histoire de la régence ottomane en Algérie, la narratrice reprend la stratégie de l‟embrouillage tout en faisant une seconde allusion à l‟espace. Cet intertexte remémore l‟Histoire d‟Algérie qui remonte loin dans le temps. La description présente une ville agricole d‟envergure pour l‟économie des colons, tout en persistant à

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garder l‟espace fictionnel dans l‟anonymat : « Quelques fois au-delà, du temps des Turcs, lorsque le Bey du Titteri gouvernait cette région au nom du Dey de la capitale…car cette ville est la porte d‟une plaine devenue la plus riches des terres du pays où le colon étranger règne sur ses moissons et vignobles » 180. D‟après cet extrait, la ville de l‟intrigue serait située entre Médéa et Blida.

Chapitre VII : « Khaled »

-Juste avant le couvre-feu, les opérations d‟anticolonisations se poursuivent, Bachir avec ses compagnons, profitent du début de la nuit pour exécuter son premier acte au service de la guerre de libération : « Il est le temps de partir. On fait signe à Bachir : les hangars les plus proches, pleins de la récolte de l‟année, commencent à brûler. Ils ont réussi » (p. 195)

- Hassiba, une jeune fille qui a, à peine, seize ans, veut rejoindre le maquis pour offrir ses services aux combattants : « On a besoin d‟une infirmière. Si tu veux toujours partir…mais la vie à la montagne est dure. Il te faudra marcher chaque nuit. La nuit est à nous. Nous marchons » (p.207). La vie des maquisards est instable, de peur d‟être repérés, d‟être dénoncés par un indicateur, un harki ou par l‟un de leurs « frères » sous la torture, ils changent leur position en permanence. La jeune fille semble déterminée à se dévouer à cette vie d‟errance et d‟instabilité.

Chapitre VIII : « Bob »

- Le drame dans la montagne continue, lorsqu‟arrivent les habitants d‟un douar complètement anéanti par l‟armée française, leurs terres sont brulées et leurs maisons détruites ; ils se retrouvent réfugiés : « Nous avons laissé derrière nous notre semence, et nous sommes partis. Nous avons donné nos hommes au combat des montagnes et l‟ennemi a brulé nos demeures » (p.224). Le sort de la tribu de Beni Mihoub s‟apparente à l‟ensemble du peuple indigène, la peur, la torture et l‟anéantissement de leur existence. C‟est l‟errance et le nomadisme pour de tribus entières, délestées de tous leurs biens : « Un jour, murmure un citadin, nous serons tous ainsi, des nomades dans

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notre propre pays » (p.224). A nouveau la narratrice invite le lecteur à supposer l‟espace de l‟histoire, une ville qui n‟est pas très loin de la littorale, renforçant davantage l‟embrouillage narratif : « Il passera la nuit à la station balnéaire voisine où sa femme et ses enfants se trouvent déjà » (p.226)

-Avec l‟assassinat de Touma, à la tombée de la nuit, l‟opération militaire, qui commence le matin et qui semble durer une éternité , par l‟usage d‟analepse et de prolepses, est finie : « Les derniers témoins tournent le dos à Touma, à la place. Il est temps pour eux de rentrer, avant la nuit. Déjà, on entend les camions redescendre, grondement sourd, vers la ville ; l‟opération sur la montagne est terminée » (p.246). Avec la mort de la jeune traîtresse, Djebar clôture la journée riche en évènements, la mort semble une fin évidente à toute tentative d‟entraver le cours de la Révolution.

Chapitre IX : « ALI »

-Au dénouement de l‟histoire, le discours entre Lila et le jeune Bachir est un discours porteur d‟espoir et de projet d‟avenir. Les deux jeunes sont des personnages qui n‟ont pas réellement subit l‟injustice, ils n‟ont jamais eu faim, ils sont donc des rares Algériens à profiter du luxe de la société de l‟Algérie- française. Bachir laisse tomber tous les rêves et spéculations de son père pour qu‟il serait médecin. Le maquis, pour lui, est la seule occasion de décider de son sort . Bachir de répond à l‟appel du devoir et sert son pays : « Je montrai au maquis, décida-t-il. C‟est cela, je montrai ! pour certains, aller à la guerre est un devoir, et pour d‟autres, un départ héroïque. Pour moi, c‟est un besoin…une chance… » (p.255)

-Les hommes du douar des Beni Mihoub, se sont tous donnés au combat, poussés par la misère et convaincus de la fatalité de la guerre, ces hommes se révoltent parc que abattus par l‟injustice et l‟esclavagisme, ils sont à l‟image des campagnards qui travaillent au service du colonisateur, récoltant des salaires extrêmement dérisoires : « Quand nous du parti venions autrefois les voir[… ]Vous n‟avez pas besoin de nous parler de la misère ; nous, on la connait, on la vit….on sait bien qu‟on nous a volé nos

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terres. Ce qui nous intéresse maintenant, c‟est de nous donner les moyens de nous combattre » (p.257).

2. Le Ciel de porphyre : brouillage de l’espace et datation du récit dans une