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B. Economie du sport professionnel

6. L’évolution du modèle de financement du sport professionnel en Europe

6.1. Les principales clientèles des clubs professionnels

En ce qui concerne les sports collectifs professionnels, la littérature recense quatre principales clientèles qui seront autant de sources de revenus pour les clubs professionnels (e.g., Andreff & Nys, 2002 ; Durand, Ravenel & Helleu, 2005) : le public direct, les entreprises, les collectivités territoriales et les opérateurs télévisuels.

6.1.1. Le public direct.

Pour Durand, Ravenel et Helleu (2005), le public direct est une composante

essentielle pour deux raisons majeures. D’une part, à cause de l’accroissement quantitatif176

mais surtout qualitatif du public. En effet, concernant le football, les auteurs notent que « les classes populaires quittent le stade devenu trop cher » (p. 66) pour être remplacée par une

clientèle plus aisée qui est demandeuse de services de grande qualité177, ce qui permet aux

176 Durand, Ravenel et Helleu (2005) notent qu’en France, les affluences aux rencontres de football et les recettes ont été respectivement multipliées par 1,5 et 1,7.

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114 clubs de proposer des prestations de relation publiques utilisant les rencontres comme support avec notamment des réceptions d’avant et/ou d’après-match. Cette stratégie commerciale permet d’augmenter significativement les revenus tirés des spectateurs (Andreff & Nys, 2002). D’autre part, il est important pour la qualité du spectacle sportif que les enceintes sportives soient pleines. En effet, le public est à la fois acteur mais aussi spectateur de sa propre mise en scène et participe donc au spectacle sportif depuis les tribunes (Bromberger, 1995). Au-delà du spectacle en lui même, il est également important pour les clubs d’avoir un

bon taux de remplissage afin de légitimer les subventions des collectivités locales178, les

participations des partenaires/sponsors (qui attendent un retour sur investissement) et les droits de retransmission demandés aux opérateurs télévisuels. Aussi, les clubs ont mis en place différentes stratégies visant à fidéliser leurs publics, notamment en proposant différentes formules d’abonnement et en assurant un suivi commercial de leurs clientèles.

6.1.2. Les entreprises.

La recherche d’entreprises partenaires est très prisée par les clubs. En effet, celles-ci

s’avèrent être relativement inélastiques au prix179 et généralement solvables, même si pour les

structures plus modestes (e.g., les PME), les dépenses allouées aux partenariats sportifs restent très corrélées à la conjoncture économique (Durand, Ravenel & Helleu, 2005). Les entreprises peuvent investir dans un club professionnel de deux façons, soit par le sponsoring, soit par l’investissement direct. Dans le premier cas, l’entreprise achète un espace publicitaire (e.g., flocage du maillot des joueurs, panneau publicitaire dans l’enceinte sportive) ou une prestation, souvent de type « relations publiques » (e.g., loge « VIP », accès au « club house »). Dans le second, une ou plusieurs entreprises sont propriétaires du club professionnel. Le sport est alors utilisé comme un vecteur de communication – interne et/ou externe – ou alors, plus rarement, comme un support permettant de faire des bénéfices

supplémentaires en diversifiant ses actifs180. Les clubs professionnels cherchent à multiplier

les partenariats dans la double visée d’un cumul quantitatif et d’une diversification des sources de financement.

178 En plus des subventions, ce sont également les collectivités locales qui financent largement la construction/rénovation des enceintes sportives.

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L’élasticité « prix/demande » mesure les effets de la hausse des prix sur les quantités demandées par les clients. Une demande inélastique signifie que la hausse du tarif ne diminue pas sensiblement les ventes.

180 En se basant sur les exemples de Canal + (avec le club de football du Paris Saint-Germain) et de Pinault (avec le club de football du Stade Rennais), Durand, Ravenel et Helleu (2005) notent toutefois qu’en France, cette seconde approche déçoit souvent les investisseurs.

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6.1.3. Les collectivités territoriales.

Les collectivités territoriales locales soutiennent les clubs professionnels avec la prise en charge de la majeure partie des coûts de construction/rénovation et d’entretien des enceintes sportives, mais aussi par le biais d’aides financières directes et/ou indirectes (e.g., subventions, exonérations diverses, achat d’espaces publicitaires). Pour Durand, Ravenel et Helleu (2005), bien que les raisons de cet appui financier soient multiples, on peut toutefois les regrouper en trois grandes catégories. Tout d’abord, le sport de haut-niveau permet de répondre à un besoin de communication externe en véhiculant l’image des collectivités territoriales à l’échelle nationale voire européenne. Ensuite, le sport professionnel peut également être utilisé à des fins de communication interne en créant une émulation autour de l’équipe locale qui se traduira par un sentiment d’appartenance fédérateur. Enfin, la présence d’une équipe de haut-niveau, via son activité induite, est à même de générer des retombées

économiques181 sur les territoires locaux (e.g., hôtellerie, restauration).

6.1.4. Les opérateurs télévisuels.

Les chaînes de télévisions sont devenues une ressource financière conséquente pour

les ligues professionnelles182 (et donc pour les clubs). En effet, on note que les heures

d’antenne consacrées au sport, ainsi que les dépenses liées aux droits de retransmission, n’ont cessé d’augmenter au fil des années afin de répondre à la demande de spectacle sportif télévisé (Sobry, 2003). En France, cette manne financière ne concerne toutefois qu’un nombre limité de disciplines, principalement le football, le rugby, le cyclisme et le tennis (cf. supra). Les autres disciplines tendent donc à évoluer dans le but d’augmenter leur lisibilité télévisuelle afin de pouvoir profiter également de cette source de revenus (cf. infra). Les relations économiques entre le sport et la télévision sont basées sur une convergence d’intérêts (Andreff & Nys, 2002) : le sport attire les diffuseurs car il permet d’avoir de bonne audience (et donc des revenus publicitaires plus importants) et les diffuseurs attirent les sports qui trouvent là un gisement financier conséquent.

181 Ce dernier point suscite toutefois de vives controverses entre les chercheurs, la réalité de ce fait ayant du mal à être scientifiquement établie.

182 Du moins en ce qui concerne la France. En effet, dans d’autres pays, les clubs restent propriétaires de leurs droits et négocient individuellement avec les diffuseurs.

116 Nous venons de brièvement évoquer les principaux clients des clubs professionnels de sports collectifs. Nous allons voir maintenant que dans une perspective diachronique, l’importance de chacune de ses sources de financement évolue, notamment en fonction du stade de professionnalisation (cf. infra) où se trouve la discipline concernée.