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B. De l’utilité d’une pré-enquête

1. Analyse comparative exploratoire de la médiatisation du hockey sur glace et du

3.2. Les faits les plus marquants

Sans faire ici un bilan exhaustif des multiples apports de cette pré-enquête, nous mentionnerons toutefois les points suivants qui ont structuré le début de notre réflexion et initié notre démarche inductive :

- Il semblerait que le processus de professionnalisation n’a été déclenché ni par la

FFSG, ni par les clubs, mais par les joueurs de l’équipe de France qui ont profité de l’écho médiatique des Jeux Olympiques d’Albertville (1992) pour accuser la FFSG de

ne rien faire pour développer le hockey sur glace sous une forme professionnelle21. Ils

21 Nos résultats ultérieurs ont réfuté cette première impression. Le processus de professionnalisation a été déclenché par le club de Tours puis par celui des Français Volants (cf. infra).

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évoquent même la menace de faire une grève22 s’ils ne sont pas entendus par les

dirigeants de la fédération.

- En janvier 1994, aux Jeux Olympiques de Lillehammer, le patinage artistique obtient

61,1% des parts d’audience et devient un sport « médiatique ». En juillet, un accord est envisagé avec TF1. Bernard Goy, le Président la FFSG, annonce que le hockey profitera également d’une exposition médiatique et des retombées financières associées dans l’éventualité où le contrat serait signé. En novembre, TF1 obtient l’exclusivité des compétitions de la FFSG pour 5 ans et 75 millions de francs. Contrairement à ce qui avait été promis, en tout et pour tout, seuls deux matchs de hockey sur glace seront diffusés sur TF1, aux environs de minuit. C’est donc le patinage artistique qui bénéficiera de ce contrat en quasi-totalité.

- Pour la saison 1994, Goy attribue une subvention fédérale de 400 000 francs pour les

clubs de hockey car il estime qu’ils ont trop peu de ressources.

- En 1996, le Ministère des Sports commande un rapport d’enquête sur la gestion de la

FFSG. Il décide de ne pas verser le solde de la subvention prévue faute d’obtenir des informations comptables fiables.

- Lors de la saison 1996, les Présidents des clubs de première division forment une

coalition et menacent de former une fédération indépendante afin de permettre le développement du hockey sur glace. En octobre, neuf clubs rompent avec la FFSG et fondent l’Association Nationale des Clubs de Hockey sur Glace (ANCHG). Le Comité

National de Hockey sur Glace23 prend également position en faveur d’une autonomie

complète. A l’issue d’une Assemblée Générale Extraordinaire, le hockey sur glace reste dans la FFSG moyennant un plan de restructuration.

- En avril 1997, suite aux problèmes financiers de la FFSG, Goy demande la mise en

place d’un administrateur provisoire. En juillet 1997, la FFSG est mise en

22 Cette menace ne sera toutefois pas mise à exécution.

23 Comme nous le verrons plus loin, il s’agit de l’organisme fédéral qui a en charge la gestion du hockey sur glace au sein de la FFSG.

45 redressement judiciaire et dépose le bilan. Ce dépôt de bilan annule le contrat signé avec TF1 trois ans auparavant.

- Lors de la saison 1998, de nombreux acteurs se plaignent du fait que le dépôt de bilan

de la FFSG handicape sérieusement la préparation de l’équipe de France pour les Jeux Olympiques.

- En septembre 1998, Didier Gailhaguet est élu président de la FFSG en jouant sur les

dissensions qui opposent les dirigeants du hockey sur glace24. Il transige avec un des

candidats à la présidence en échange d’une promesse d’autonomie du hockey sur glace et de vote de nouveaux statuts renforçant l’exécutif.

- En mai 2001, suite à plusieurs saisons émaillées de nombreux dépôts de bilan et de

tensions parmi les dirigeants, des Etats Généraux du hockey sur glace sont organisés à

Grenoble25. Pour de nombreux acteurs, le hockey sur glace doit « renouer avec la

modestie »26. Les tensions se cristallisent notamment entre deux groupes de

dirigeants : d’un côté les « traditionalistes », majoritairement issus des clubs des Alpes, qui s’opposent à la professionnalisation radicale de l’activité ; de l’autre, des dirigeants, majoritairement issus des clubs de plaine, qui prônent la mise en place d’un hockey s’inspirant grandement du modèle de la NHL.

- En 2002, de nouveaux problèmes dans la gestion de la FFSG entraînent la mise en

place d’une mission d’inspection ministérielle. Le rapport de cette dernière dénonce la gestion de Gailhaguet. Par conséquent, Lamour lie l’octroi de la subvention d’état à la mise en place d’un plan de restructuration.

- Gailhaguet est partie prenante dans le scandale des Jeux Olympiques de Salt Lake

City.

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Gailhaguet vient du patinage artistique. Lors de cette Assemblée Générale Elective, les dirigeants du hockey sur glace étaient en position de prendre la présidence de la FFSG s’ils s’étaient entendus pour ne présenter qu’un seul candidat.

25 L’organisation de ces Etats Généraux est confiée à Luc Tardif, futur président de la FFHG.

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- En 2003, Gailhaguet présente les grandes lignes d’une réforme du fonctionnement de

la FFSG. Il propose notamment la création de directoires auxquels le bureau exécutif déléguerai des pouvoirs. Toutefois, lors de l’Assemblée Générale, le quorum n’est pas atteint, ce qui a pour conséquence d’empêcher l’intégration statutaire des directoires.

- En 2003, France Télévisons se dit intéressée par le hockey. Une réunion est prévue

mais elle est annulée au dernier moment par la FFSG. Gailhaguet annulera ensuite à trois reprises cette même réunion. Frédéric Chevit, le directeur des sports de France

Télévisions, dénonce alors des « méthodes bizarres » tout en observant « qu’il [lui]

paraissait pourtant intéressant pour le hockey d’avoir une diffusion sur une chaîne

hertzienne »27. Cette même année, Luc Tardif, qui était en train de négocier la

diffusion de cinq rencontres avec Sport +, se voit opposer le véto de Gailhaguet.

- Toujours en 2003, la Fédération Internationale de Hockey sur Glace, met la pression

sur la FFSG pour que le hockey sur glace devienne autonome. Elle menace en effet la France de n’être plus qu’un « membre associé sans droit de vote » et avec « peu de

chance d’organiser un championnat international »28. Le Ministère quant à lui

s’oppose à l’idée d’une fédération indépendante en affirmant qu’il n’a pas les moyens financiers pour la mettre en place.

- Luc Tardif entre en dissidence avec quelques dirigeants du hockey sur glace. Ils créent

l’Association pour l’Avenir du Hockey Français (AAHF).

- En avril 2004, Gailhaguet est contraint de céder les commandes de la FFSG à

l’administrateur qui avait était mis en place en 1997 car le Ministère des Sports lui accorde un pouvoir de contrôle renforcé. Cela se traduit notamment par la création d’une cellule chargée de surveiller les comptes fédéraux. Un mois après cet événement, Gailhaguet annonce sa démission de la présidence de la FFSG.

- Le 29 avril 2006, le hockey sur glace se réunit à Amiens en Assemblée Générale

Constituante, en présence – et avec l’assentiment – de Jean-François Lamour. Luc Tardif est élu à la présidence de la nouvelle FFHG.

27 L’Equipe, 2 octobre 2003.

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47 En plus d’avoir posé les bases de notre réflexion et de nous avoir apporté une meilleure connaissance de notre terrain d’étude, cette pré-enquête nous a également permis de dresser une première liste de trente-deux acteurs a interroger dans le cadre de notre enquête principale.

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A. Du Canada vers la France : sociogenèse, diffusion, professionnalisation et