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3.4.2.1 Les membres communautaires répondant au questionnaire

Pour le recueil des données relatives au questionnaire, le premier critère de sélection des informateurs maghrébins répondant aux besoins comparatifs avec les jeunes est celui de la langue. En effet, nous avons pris soin de choisir des informateurs dont le français n’est pas la langue première. Pour des raisons de non représentativité des pratiques linguistiques étudiées, nous avons volontairement écarté de notre échantillon des locuteurs qui ont comme unique langue de communication, l’arabe. Ceux-ci représentent en général des personnes âgées arrivées il y a de très longues années en France sans aucune instruction. Nous avons favorisé le critère de bilinguisme (quel qu’en soit le degré) comme donnée importante pour l’étude du contact du français et de l’arabe en situation de migration. Nous avons donc opté pour une sélection d’informateurs ayant l’arabe comme langue maternelle (ou apprise avec le berbère) et le français comme langue seconde31.

L’origine géographique des informateurs était, elle aussi, considérée comme élément important de représentativité de la communauté maghrébine observée. Nous n’avons pas les chiffres exacts indiquant par pays le nombre des ressortissants maghrébins à Bordeaux. Cependant, nous nous sommes appuyée sur les données de l’I.N.S.E.E32 relatives à la population d’origine étrangère en Aquitaine (où les Marocains représentent 14, 3%, les Algériens 4,8% et les Tunisiens 1,3%). Nous avons donc sélectionné un échantillon d’informateurs reflétant ces statistiques où les Marocains se présentent en nombre plus élevé (21personnes) que celui des Algériens (12 personnes) ou encore des Tunisiens (4personnes).

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Ngalasso Mwatha Musanji, 1992, « Le concept de français langue seconde » dans Le français langue seconde.

Etude de linguistique appliquée n° 88, p. 33, définit la langue seconde comme un idiome " nécessairement et

exclusivement par rapport à un individu au moins bilingue [qui] s’oppose aux autres langues dans une hiérarchie fondée sur un ordre à la fois chronologique (succession dans le processus d’acquisition) et logique (degré de maîtrise) ".

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Tableau n° 7 : Répartition de la catégorie des parents et membres communautaires Ages Hommes : 20 Femmes : 16 Ensemble : 36

0-20 1 1 2 20-29 3 5 8 30-39 9 4 13 40-49 1 2 3 50-59 4 4 8 60 et + 2 0 2

Le tableau n°7 révèle la répartition de notre échantillon à 36 personnes. Il concerne les variables relatives au sexe et à l’âge des informateurs. Nous avons veillé à ce qu’il soit représentatif en hommes et en femmes, en jeunes et en plus âgés. Au niveau de la répartition entre les deux sexes, au départ, nous avons interrogé autant de femmes que d’hommes à plus de 20 interviewés de chaque sexe. Mais, au dépouillement des réponses au questionnaire, nous nous sommes aperçue que ces dernières n’étaient pas toutes valables à l’exploitation comme corpus. Nous n’avons donc retenu que celles qui nous ont paru à même de répondre à nos objectifs, d’où ce léger déséquilibre numérique entre les hommes à (20) et les femmes à (16) personnes. Au niveau de l’âge, ces enquêtés étaient sollicités pour nous renseigner sur les pratiques de base (familiales et communautaires) des principaux ciblés, les jeunes. Pour avoir des données, plus ou moins, représentatives de ces pratiques, nous avons fait appel à des tranches d’âge variées : des jeunes, des moins jeunes, des personnes plus âgées…

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Tableau n° 8: Caractéristiques socioprofessionnelles dans la catégorie des parents et membres communautaires Scolaires et étudiants Employés et techniciens Catégories indéterminées Cadres et professions supérieures Etudiants (8) -Restauratrice -Aide ménagère -Agent immobilier -Vendeur Réceptionniste -Gérant de Cybercafé -Agent administratif (2) -Commerçant -Employé -Sans profession (2) -Femme au foyer (4) -Salarié (2) -Retraité -Banquière -journaliste -Profession libérale -Biologiste -Ingénieur d’études -Ingénieur -Banquier -Gérant d’une société -Médecin -Professeur 8 9 9 10

Le tableau n° 8 nous renseigne sur la variable socioculturelle et économique de nos 36 informateurs qui ont répondu au questionnaire. Pour arriver à une représentativité optimale à ce niveau, cela s’est avéré un peu plus délicat du fait que ces données, souvent confidentielles, ne sont pas directement accessibles à l’enquêteur. De même que certains enquêtés qui ont un niveau intellectuel élevé (ex, bac + 5) occupent des emplois peu valorisés (employés, ouvriers…), ce qui était difficile pour nous de les insérer dans un groupe précis. Toutefois, en nous appuyant sur l’aide de certaines de nos connaissances à Bordeaux qui nous orientée vers le profil recherché nous avons fait de sorte que toutes les catégories sociales soient représentées : les cadres moyens et supérieurs, les commerçants, les ouvriers, les retraités, les étudiants, les femmes au foyer…Notre échantillon instaure relativement un équilibre entre les différentes catégories socioprofessionnelles : les employés et les techniciens à 9 personnes, les représentants des cadres et professions supérieures, à peu près,

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au même nombre à 10 interviewés, les catégories indéterminées également à 9 personnes. Les étudiants et scolaires n’en comptent pas davantage, à 8 enquêtés.

3.4.2.2.

Les membres communautaires représentant le sous-groupe

Pour l’analyse linguistique et l’évaluation du poids des deux langues française et arabe dans la catégorie des membres communautaires maghrébins, il nous a été difficile de procéder au recueil des pratiques langagières auprès de l’ensemble des 36 enquêtés. C’est pourquoi nous avons prévu d’en dégager une sous sélection réunissant uniquement 10 personnes d’entre eux, susceptibles de nous fournir les informations suffisantes pour l’élaboration de notre description linguistique. Malgré ce nombre relativement restreint, les critères assurant la représentativité des pratiques langagières majoritairement partagées par l’ensemble de nos interviewés sont respectés. Nous les expliciterons à travers le commentaire que nous ferons du tableau n° 9.

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Tableau n° 9 : Présentation et profil du sous-groupe à partir de la catégorie des parents et membres communautaires.

Dans le tableau n° 9, nous présentons le profil du sous- groupe que nous avons retenu pour nous fournir des données sur leurs pratiques langagières qui représentent celles des parents et

membres communautaires. Comme tous les autres informateurs qui ont participé à l’enquête,

ils sont présentés anonymement sous forme de code. Le choix de ces locuteurs ne s’est pas fait rapidement. Comme nous l’avons souligné plus haut, nous sommes entrée en relation avec les personnes qui nous semblaient représenter un profil particulier pour mieux cerner leur comportement linguistique. Comme le tableau le montre, nous avons sélectionné des locuteurs de sexe masculin et féminin à parts égales (5 hommes /5femmes), représentant les trois pays du Maghreb (5 Marocains, 3 Algériens et 2 Tunisiens), d’âge variés, de profils socioculturels différents (étudiants, commerçants, professeur, femmes au foyer…), des personnes établies en France depuis très longtemps (44 ans, 28ans, 27ans, 22ans, 21ans) et d’autres installés à Bordeaux il y a peu d’années (10ans, 8ans, 6ans, 4ans). Le but est d’appréhender les pratiques langagières de base dans toute son homogénéité, d’observer les personnes nouvellement installées dans cette ville, plus représentatives des usages linguistiques des pays d’origine et aussi, si cela existe, de saisir les évolutions chez celles qui ont passé de longues années en migration.

Les enquêtés (FAD52) (HIC63) (NAD 70) (KAIR59 (SOA64) (AZ76) (IMA77) (KAR54) (FAT65) (ADL57)

Age 58 ans 32 ans 36 ans 53 ans 60 ans 58 ans 40 ans 31 ans 36 ans 29 ans

Lieu

de naissance Tunisie Algérie Maroc Maroc Maroc Maroc

Maroc Maroc

Algérie Tunisie Algérie

Profession Femme Au foyer Etudiant Femme au foyer Homme d’affaires Restaura trice Cabinet financier

Professeur Etudiant Journali ste

Employé

Niveau d’instruction

Bac+3 Doctorat Bac+4 Bac+2 Secon-

daire

Bac+3 Doctorat Doctorat Doctorat Bac+2

Situation familiale Mariée 3enfants Célibataire Mariée, 3enfants Marié, 3 enfants Mariée, 3enfants Marié, 2 enfants Mariée 2enfants Célibataire Mariée, 1 enfant Célibataire Nombre D’années en France

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3. 5.TECHNIQUES ET MOYENS D’EXPLORATION DU TERRAIN

Le but de chaque enquête est de recueillir des informations valides, répondant aux questions posées par le chercheur. Pour obtenir les réponses attendues, celui-ci doit s’appuyer sur des techniques adaptées à la finalité de son objet d’analyse. C’est la raison pour laquelle le choix de celles-ci doit être mûrement réfléchi. Si l’observation (directe, indirecte et participante) des locuteurs dans l’exercice de leurs pratiques langagières est d’une importance capitale, souvent bien longue elle ne fournirait pas à elle seule les résultats attendus (Calvet 1999 : 11). Il faudrait extraire ceux-ci en s’appuyant sur d’autres moyens comme le questionnaire et l’entretien (directif, semi-directif ou libre). Le sondage a lui, aussi, son utilité dans le cas d’une enquête quantitative telle celle que nous entreprenons.

Notre travail s’articule autour de deux axes différents. Le premier axe porte sur les pratiques langagières telles qu’elles se manifestent dans la vie quotidienne des groupes que nous avons définis. Le second s’intéresse aux imaginaires des langues de ces derniers ainsi qu’aux fonctions qu’ils leur attribuent objectivement et symboliquement. Au niveau des recueils des données, nous avons adopté deux moyens différents en fonction de ces deux orientations. Pour ce qui est des moyens utilisés suscitant les imaginaires linguistiques de nos enquêtés, nous avons opté pour l’usage d’un questionnaire avec des questions ciblées sur leurs langues et pratiques d’usage. Pour recueillir les pratiques langagières, nous avons privilégié l’emploi des entretiens semi directifs et libres.

3.5.1. LE QUESTIONNAIRE

L’objectif de la sociolinguistique est de caractériser et comprendre les rapports qui existent entre la société et la langue à travers ses diverses manifestations. Pour y parvenir, le chercheur doit s’appuyer sur des données collectées auprès de la population qu’il cible à travers l’usage d’un échantillon représentatif qui lui permet d’assurer la fiabilité et l’objectivité de ses résultats. Le questionnaire fait partie des moyens d’enquête utilisés par l’enquêteur pour confronter, avec les données empiriques, la pertinence des questions qu’il se propose d’élucider par sa recherche (Boukhous, 1999).