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A l’issue d’un relevé des occurrences de rangs 1 et 2 effectué sur 9 listes structurées, nous avions pu dégager les 13 notions les plus fédératrices selon les auteurs de ces listes (cf. II. § 3323). Etaient ainsi apparus, en tête de listes, les concepts suivants : information,

support, document et source. Les résultats suivants devaient être moins pris en compte, à

moins d’effectuer des regroupements, au motif de leur trop faible nombre d’occurrences. Au- delà des concepts élus, il ressort ce fait qu’un nombre très restreint (quatre en l’occurrence) d’objets émergent à partir de plus de 200 termes retenus. C’est bien là l’une des caractéristiques de ce type de concepts appelés intégrateurs.

Qu’appelle-t-on au juste concept intégrateur ? Comment les détermine-t-on ?

311. Des paradigmes explicatifs fondamentaux

Au milieu des années 80 apparaît en France cette idée que les concepts spécifiques des champs disciplinaires sont hiérarchisés, aussi bien du point de vue de leur rang, en tant que concepts essentiels à la compréhension du domaine considéré, que du point de vue de leur pouvoir intégrateur, en tant qu’ils fédèrent des concepts secondaires. Bien utiliser leur dimension structurante conduirait ainsi « à mieux voir la trame de nos disciplines, et à repérer

les quelques concepts fondateurs et vivants à l’œuvre dans chacune d’elles » (J.-P. Astolfi,

1986). L’idée qu’il existerait, somme toute, peu de concepts réellement structurants, et par conséquent essentiels, a conduit d’une part à marquer la distance avec les savoirs

propositionnels, multiples et juxtaposés et, d’autre part, à vouloir resserrer les programmes

autour de concepts clés et d’objectifs noyaux, par sélection des contenus d’enseignement (J.- P. Astolfi, 1990). Britt-Mari Barth (1993) invite ainsi l’enseignant à réfléchir sur les concepts les plus centraux, ou concepts organisateurs qui donnent au domaine sa cohérence interne.

Michel Develay (1992) les nomme quant à lui concepts intégrateurs et recourt à la métaphore pour évoquer leur relation d’inclusion : « à la manière des poupées gigognes, ils

emboîtent des concepts plus petits et constituent les principes organisateurs, au niveau notionnel, d’une discipline enseignée ». Il s’agira par exemple, pour l’information-

documentation, du concept d’information qui fédère les concepts de donnée informationnelle, de source, d’auteur, de connaissance informée, etc. A son tour, auteur contient les concepts d’autorité, de responsabilité éditoriale, d’autoritativité, et ainsi de suite.

Pour Britt-Mari Barth (1987), ces concepts inclusifs doivent être recherchés parmi ceux qui, par leur nombre limité d’attributs et par leur grand pouvoir évocateur auprès des élèves, aménageraient à ces derniers un point d’entrée le plus large possible dans l’abstraction. A titre d’exemple, Gérard de Vecchi et Nicole Carmona-Magnaldi (1996) donnent le concept chaise, lequel, par comparaison à ceux de fauteuil et de tabouret, permet de construire le concept de siège. Siège, en effet, pour englober chaise et fauteuil, doit être défini avec moins de spécifications. En information-documentation, il sera facile de partir de

moteur de recherche, par exemple, puis de le distinguer d’un métamoteur et d’un répertoire de sites, pour construire le concept d’outil de recherche en ligne.

Les deux dimensions didactiques du concept, épistémologique et psychologique se croisent à nouveau ici : d’un côté l’intérêt porté pour la structuration et la compréhension d’une matière d’enseignement, de l’autre la facilitation de l’appropriation du concept par l’élève pour qui l’on recherche le meilleur accès. La présentation des concepts aux élèves se

détermine alors par le choix des attributs qui satisfont le mieux à leur capacité de compréhension (B.-M. Barth, 2002).

La nature de ces « paradigmes explicatifs fondamentaux » comme les nomme M. Develay (1996) sont bien de nature intégratrice. Mais leurs fonctions sont multiples. Ils visent ainsi à :

. organiser les contenus : retrouver une cohérence à la matière, une certaine logique ; . donner ainsi une meilleure visibilité, en faciliter l’appréhension ;

. sélectionner l’essentiel de l’accessoire, ce qui a pour effet de limiter le nombre de concepts ;

. faciliter leur appropriation par les élèves.

En ce sens, ils intéressent les acteurs de la didactique de l’Information-documentation.

312. Des propositions pour l’Information-documentation

Pour Muriel Frisch (2003), « la documentation s’appuie sur un ensemble de concepts

qui eux-mêmes en recèlent d’autres ». Quatre d’entre eux, présentés comme des concepts phares, se révèlent essentiels : document, techniques documentaires (traitement de l’information), langage documentaire et information. Nous essayons de rendre compte dans ce tableau synthétique de la richesse des pistes ainsi dégagées :

Concepts phares Concepts secondaires

document document support ; document électronique ; document primaire ; document secondaire

techniques documentaires

catalogage : analyse documentaire ; indexation : index, annuaire, moteur de recherche, indexation automatique, indexation manuelle, hypermédia, hypertexte ; résumé documentaire : résumé indicatif, résumé informatif langage documentaire opposé à langage naturel ; classification (à structuration hiérarchique) :

classement documentaire ; lexique (à structuration combinatoire) : mot clé, thesaurus

information support ; forme/contenu ; code ; signification ; structure (pattern) ; information textuelle, numérique, graphique, sonore, audiovisuelle ; message ; décodage ; canal ; signal ; émetteur ; système de traitement de l’information ; communication ; etc.

Signalons également la proposition, beaucoup moins développée, de Frédérique Marcillet (2000) qui s’attache à suivre le modèle de Michel Develay (1992). Celle-ci fonde la matrice disciplinaire à partir des quatre concepts intégrateurs suivants :

. document, . information,

. traitement de l’information, . documentation.

S’inscrivant également dans la lignée de la réflexion de M. Develay, l’équipe réunie autour de Nicole Clouet et Agnès Montaigne (2006), quant à elle, réduit ces concepts au nombre de trois. Nous ne produisons dans le tableau ci-dessous que les deux premiers niveaux41 : 1 – Construction de l’information 2 – Traitement de l’information 3 – Usages de l’information Production de l’information Mise en scène de l’information Diffusion Analyse de l’information Adresse Outils de recherche Ressources Besoin d’information Source Droit Évaluation de l’information

17. Les « concepts intégrateurs » selon Nicole Clouet et Agnès Montaigne (2006)

La même année, une équipe d’enseignants documentalistes de l’académie de Nantes restitue, sous forme d’un terminogramme hiérarchisé à la manière d’un thesaurus, un travail d’inventaire des concepts info-documentaires mobilisés dans les activités de recherche d’information en ligne (P. Duplessis, I. Ballarini-Santonocito, et al., 2006). Si ce travail n’aboutit pas explicitement à la détermination de concepts intégrateurs de la matière d’enseignement dans sa totalité – il réduit son champ de validité à la recherche d’information en ligne - il peut du moins nourrir cette réflexion en ce qu’il donne à voir une structuration hiérarchique entre concepts génériques et concepts spécifiques. Le tableau ci-dessous se limite aux trois premiers niveaux de cette organisation :

41

Pôles opératoires Concepts génériques Concepts spécifiques de niveau 1 1.1.1 Internet 1.1.2 Web 1.1 Ressource 1.1.3 Web invisible 1.2.1 Portail

1.2.2 Outil de recherche en ligne 1.2.3 Signet 1.2 Interface 1.2.4 URL 1.3.1 Hyperlien 1. Mobilisation du système documentaire 1.3 Navigation 1.3.2 Flux RSS

2.1.1 Bruit / silence documentaire 2.1.2 Format de présentation 2.1 Résultat de requête

2.1.3 Tri des résultats

2.2.1 Donnée informationnelle 2.2.2 Source 2.2.3 Auteur 2.2.4 Connaissance informée 2.2.5 Document 2.2 Information 2.2.6 Média 2. Sélection – évaluation des ressources

2.3 Propriété intellectuelle 2.3.1 Droit d’auteur 3.1.1 Norme 3.1.2 Sitographie 3.1 Référencement

3.1.3 Métadonnée

3.2 Conservation 3.2.1 Conservation totale/ partielle 3.3.1 Prise de notes

3. Traitement de l’information

3.3 Extraction

3.3.2 Condensation

18. Les « pôles opératoires » en recherche d'information en ligne selon P. Duplessis, I. Ballarini- Santonocito, et al. (2006)

Enfin, signalons les travaux en cours de la commission de la FADBEN, attachée à la constitution et à la définition d’un ensemble de notions essentielles regroupées ici en sept « concepts organisateurs ». Chacun des sept concepts fédère huit notions :

1. Information 2. Document 3. Source 4. Recherche d’information 5. Indexation 6. Exploitation de l’information 7. Espace informationnel

313. La détermination des concepts intégrateurs

Les propositions dans le domaine de la Documentation, on l’aura compris, ne manquent pas. La littérature propose ainsi régulièrement quelques « pistes » pour organiser