• Aucun résultat trouvé

Les autorités en partie responsables des faits

PARTIE II. SYSTEME DE TRANSPORT ET PLANIFICATION A N’DJAMENA : POTENTIALITES ET DYSFONCTIONNEMENTS N’DJAMENA : POTENTIALITES ET DYSFONCTIONNEMENTS

CHAPITRE 3. L’OFFRE DU TRANSPORT PUBLIC AU SEIN DE LA VILLE DE N’DJAMENA DE N’DJAMENA

3.4. Les accidents : un danger social aux multiples compromis

3.4.2. Les autorités en partie responsables des faits

Aujourd’hui, même l’Etat a sa part de responsabilité dans les accidents que la ville de N’Djamena recense au quotidien. C'est-à-dire ; le mode de fonctionnement qu’assure la police au quotidien et du réglage qu’impose les militaires par moment contribuent à causer des accidents sur les principaux axes de circulation. Dans des situations pareilles, les victimes constituent des dommages collatéraux. Dans cette même logique, lors de l’accueil de hautes personnalités en provenance d’autres pays, toutes les voies qui se croisent sur l’avenue Charles de Gaulles à partir de la présidence jusqu’à l’aéroport sont bloquées pendant des heures. Parfois de l’aéroport aux villas des hôtes246. Cette pratique fait perdre à la ville beaucoup de ses potentialités dans une journée dans le 8e arrondissement. Des rendez-vous non– honorés à cause de l’inaccessibilité à la voie publique. Ces derniers temps, cette

243 http://www.france-guineeequatoriale.org/News/1151.html

244 http://www.slateafrique.com/83793/les-10-pays-africains-les-plus-corrompus

245 Des personnes qui profitent aux faveurs du système politique en place : enfants de généraux ou de la famille au pouvoir.

246 Des villas construites pour accueillir des invités de hautes personnalités à l’occasion des conférences, colloques et autres manifestations.

pratique a été dénoncée par certaines ambassades247, car cela empêche d’honorée les rendez-vous programmés et aussi la livraison de certains courriers par les différents services. C’est un état de fait qui met la ville au ralenti et qui est aussi à l’origine de certains accidents.

Lorsque les autorités ouvrent les barrières à la circulation, la population qui était stationnée pendant des heures sous un soleil de plomb se précipite dans tous les sens. Cela provoque beaucoup d’accidents que l’on peut imputer aux autorités en charge de la régulation par leur manière de gérer la circulation. Certains arrondissements se retrouvent coupés de la ville par faute d’accessibilité au centre-ville dans pareilles circonstances248.

Par ailleurs, la police, à travers ses contrôles multiples et imprévus sur les différentes voies, cause des accidents de circulation au sein de la ville de N’Djamena, car la plupart des motos circulent sans papiers (48%) et, lorsqu’ils aperçoivent la police, ont tendance à courir vers d’autres voies de circulation sans faire attention à leur environnement. C’est un comportement qui est aussi à l’origine de beaucoup d’accidents mortels. En effet, la brigade de circulation routière (BCR) n’est pas bien appréciée par la population selon l’enquête ménage et entretiens. La BCR est surtout composée de jeunes qui ont raté leurs études et parfois même des illettrés qui se sont retrouvés dans cette cellule de police par affinité et non par nécessité. L’unique préoccupation de cette brigade est le racket pour s’enrichir à tout prix249. Même si la population reconnaît l’inefficacité de la police, elle trouve une manière ingénieuse de compléter ce vide non-dit lors des accidents et s’adapte très facilement aux différents cas de figures qui peuvent se présenter à travers la ville.

Dans la plupart des cas d’accident, au niveau de la ville de N’Djamena, les victimes ne partent pas à l’hôpital, mais plutôt chez les tradipraticiens, à cause du manque de moyens et, parfois pour fuir la mauvaise prise en charge de soins au niveau de l’hôpital. La plupart de ceux qui partent à l’hôpital se font amputés où après guérison, ils ne retrouveront jamais la forme d’avant, ce qui fait que la population préfère les tradipraticiens. La plupart des accidents qui se font pendant la nuit sont en général provoqués par des personnes ivres, sous l’effet de l’alcool ou d’autres drogues selon la police nationale.

247 Surtout l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique.

248 Le 1er arrondissement se retrouve isolé du centre-ville dans des pareilles circonstances. 249 http://tchadinfos.com/tchad/tchad-lincivilit-usagers-de-route-criarde/

Tableau n° 15. Synthèse sur les véhicules, décès par accidents de la route et proportion d’usagers de la route par pays en 2007

Pays Tchad Niger Sénégal

Population 2007 10 780 571 14 225 521 12 378 532 RNB/hab en 2007 en dollar US 540 280 820 Niveau de revenu Faible Faible Faible Nombre de véhicule 124 088 76 061 280 594 Nombre de décès par accident de la route

(rapporté)

814 570 345

Nombre de décès par accident de la route (estimation ponctuelle)

3696 5357 4023 Estimation de taux de mortalité par accident

de la route pour 100 000habs

34,3 37,7 32,5

Source : OMS, Rapport de situation sur la sécurité routière dans le monde, 2009

Aujourd’hui, le phénomène de la consommation de drogue prend de l’ampleur chez les jeunes et les endroits où l’on vend de la drogue sont connus de tous à l’exemple du marché de Diguel250. La police fait des descentes parfois mais, il est connu de tous que cette place est un lieu de rencontre entre jeunes drogués de toute la ville. D’autres lieux commencent à voir le jour et à être des repères pour ces jeunes qui se livrent à cette pratique néfaste et nuisible pour la société dans des lieux de distraction qu’ils appellent les chichas. Des lieux aménagés comme des restaurants où l’on peut commander des chichas à différents parfums, ce qui fait que l’on peut mettre de la drogue dans ces tubes de chicha. Ces lieux se multiplient et le pire, c’est que ces derniers temps, même les filles fréquentent ces lieux supposés dangereux pour la jeunesse. La drogue la plus utilisée est connue sous le nom de tramol, ou encore tra vient du Tramadol qui est un produit pharmaceutique utilisé dans le traitement des douleurs aiguës ou prolongées, d’intensité moyenne à forte et/ou en cas d’effet insuffisant des analgésiques de type non opioïde selon Djimé Adoum251. Aujourd’hui, beaucoup des personnes en consomment y compris certains motards et aussi d’autres personnes, en milieu rural comme dans les centres urbains. Ce produit, pour certains médicament252 et drogue pour d’autres, a des effets secondaires très sérieux parmi lesquels: la somnolence, les vertiges, les nausées, les difficultés respiratoires. A ceux-là s’ajoutent d’autres effets tels que : hallucinations, constipations, euphorie et troubles visuels,

250 Au croisement entre la voie de contournement, le marché et le bouta, « le fleuve d’ordure ».

251 http://makaila.over-blog.com/article-tchad-le-tramol-et-ses-consequences-deuxieme-partie-41499497.html 252 Pour les medecins.

accélération du rythme cardiaque, etc. Il semblerait que le phénomène touche beaucoup plus les jeunes, même au Cameroun la prise du tramol a pris de l’ampleur d’où les hautes autorités ont décidé de l’interdire sur le territoire camerounais253.

Ainsi, les accidents de circulation sont monnaie courante et les causes sont nombreuses au sein de la ville de N’Djamena, même si l’alcool aussi fait des ravages. Le pays a une législation sur la conduite sous l’effet de l’alcool avec un seuil de ›0,05g/dl (OMS, 2009).

Par ailleurs, le port de casque pour les motocyclettes a été un certain moment bien appliqué avant 2013 et non ces derniers temps, même si le pays a une législation sur les ports de casque. Cette interdiction est basée sur la crainte d’infiltration des membres de la secte terroriste Boko Haram. Mais, aujourd’hui, le port du casque est obligatoire au sein de la ville de N’Djamena depuis le 01 03 2015254. Les autorités ont plus de difficultés à faire appliquer la décision du port du casque. Par exemple, les élèves et les étudiants ont refusé de porter des casques pour plusieurs raisons. D’abord, ils se demandent pourquoi l’État les oblige dans un premier temps à porter un casque puis demande ensuite à la population de ne plus en porter. Les cours ont été suspendus pour une semaine par les autorités suite aux violents incidents liés à l'imposition du casque aux motocyclistes, des incidents qui ont coûté la vie à un étudiant. C’est pourquoi les étudiants ont déclenché une grève illimitée en signe de protestation, estimant avoir été pris pour responsables par la police alors qu'ils n'étaient pas à l'origine des violences. Ensuite, les commerçants ont doublé les prix de caques voir même triplé255. Selon le site d’information tchadinfo.com256 « Le prix de casques a augmenté considérablement en deux jours. Le lundi matin ; un casque coûtait 3 500 FCFA, le lundi après-midi ; le prix est passé à 7 500 FCFA, et le mardi dans la journée le prix a quadruplé pour se retrouver à 12 500 FCFA. La règle de la demande et de l’offre a fait ses effets, et on ne sait pas si cette flambée de prix de casques s’arrêtera ». Enfin, aujourd’hui le port de casque est effectif, mais le ministère des Infrastructures et de l’Aviation civile (MITAC)

253 https://www.cameroon-tribune.cm/index.php?option=com_content&view=article&id=72621:le-tramol-desormais-interdit-sur-le-territoire-camerounais&catid=4:societe&Itemid=3 254 http://lacoquette.mondoblog.org/2015/03/12/rebelote-le-port-du-casque-pour-les-motocycliste-simpose-a-ndjamena/ 255 http://observers.france24.com/fr/content/20150310-lycee-universite-tchadiens-manifestation-violences-echauffourees-police-port-casque-moto-obligatoire-ndjamena 256 http://tchadinfos.com/societes/lapplication-port-de-casques-ndjamena-cassette-tchadien/

estime que si le port des casques est obligatoire, tous les casques ne sont pas les bienvenus sur les voies publiques257.

Il existe aussi une législation sur le port de la ceinture pour tous les occupants d’une voiture, mais dans la pratique personne n’y prête attention si ce n’est les chauffeurs des ONG et de certaines sociétés privées comme la SOGEA-SATOM. Sur ce volet, il y a un manque à gagner pour l’administration sur les infractions et il convient de prévenir la population du risque. Il y a autant de facteurs qui sont parfois causes et conséquences du nombre élevé d’accidents au niveau de la ville de N’Djamena, mais cela n’empêche pas de voir l’augmentation du parc automobile et surtout l’ingénieuse adaptabilité de la population.

Tableau n° 16. Récapitulatif des accidents de circulation au sein de N’Djamena

Année Mortels Blessés graves Blessé légers matériels Dégâts Délit de fuite Chute libre Total258

2011 89 438 1069 443 34 0 2073

2012 70 321 761 424 22 0 1598

2013 76 400 674 356 26 14 1546 Total 235 1159 2504 1223 82 14 5217

Source : Police Nationale du Tchad et mairie de N’Djamena

En définitif, il est connu de tous que si jamais une voiture et une moto font un accident et que le motard a eu mal, alors même s’il est en tort, la faute revient à l’automobiliste. Il en est de même pour un motard et un cycliste et aussi bien entre un cycliste ou un motard avec un piéton. Cette pratique selon laquelle le plus faible n’a jamais tort a été inculquée depuis des décennies. Alors, l’on se pose la question suivante pourquoi ?

Même si le nanti est dans l’infraction, s’il est victime il n’a pas tort, cette pratique institutionnalisée vient des années 1970, car il semblerait qu’après les années d’indépendances, le premier président259 l’a instituée de telle sorte que si un automobiliste ou un motard fait un accident avec un usager de la route, même si ce dernier est sur la chaussée ; le propriétaire de l’engin est mis en cause. Alors, comme c’était la période où

257 http://www.mcie-tchad.com/actualites/343-le-port-de-casque-est-obligatoire-mais-tous-les-casques-ne-sont-pas-le-bienvenu-sur-les-voies-publiques-.html

258 Ces valeurs cachent une certaine vérité, car une grande partie des accidents de circulation ne sont pas déclarés ou enregistrés auprès des différentes entités de l’Etat.

tous les engins appartenaient aux étrangers. La pratique était bien vue et respectée de tous. Elle s’est, par la suite, pérennisée même si les détenteurs des motos, voitures et bicyclettes ne sont plus des étrangers.

Dans le fond, il n’y a aucun texte qui a institutionnalisé cette pratique, mais dans les faits, personnes n’y échappe. C’est peut-être un mal nécessaire sur les cendres d’un vide juridique dans une ville où l’on apprend à conduire sur les friches urbaines et où les permis s’obtiennent comme les tickets de bus et surtout les voitures circulent sans organes fonctionnels (Mahamat, 2013).

La législation sur la sécurité routière

Sécurité routière, stratégie et politique selon le rapport mondial de l’OMS (2009)

D’après l’analyse du rapport de l’organisation mondiale de santé (OMS) sur la sécurité routière au Tchad, nous nous dégageons la synthèse suivante sur l’état du secteur des transports du pays en général et de celui de la ville de N’Djamena en particulier :

- Absence de politique en faveur de la marche à pied et des déplacements en vélos ; - Absence d’une politique en faveur de l’investissement dans les transports publics ; - Existence d’un système d’assurance, mais dans la pratique, elle n’est pas effective

auprès des détenteurs des engins de circulation ;

- Existence d’une stratégie nationale pour la sécurité routière, mais qui n’arrive pas à s’imposer dans les faits,

- Pour apprendre à conduire, l’examen de conduite existe selon la législation, mais dans la pratique, la population apprend à conduire sur les différentes friches urbaines de la ville sans examen écrit, ni pratique comme le recommande pourtant la législation ;

- La législation sur le port de casque recommande le port du casque chez les passagers adultes ou mineurs et ce sur toutes les routes et quel que soit le type de motorisation. Mais, aujourd’hui personne n’en porte,

- Il existe aussi une législation sur le port de la ceinture et cette législation s’applique à tous les occupants de la voiture, mais dans la pratique personne ne met sa ceinture de sécurité;