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a. Évolution démographique de la ville de N’Djamena

PARTIE II. SYSTEME DE TRANSPORT ET PLANIFICATION A N’DJAMENA : POTENTIALITES ET DYSFONCTIONNEMENTS N’DJAMENA : POTENTIALITES ET DYSFONCTIONNEMENTS

CHAPITRE 3. L’OFFRE DU TRANSPORT PUBLIC AU SEIN DE LA VILLE DE N’DJAMENA DE N’DJAMENA

3.1. Présentation du territoire d’étude

3.1.2. a. Évolution démographique de la ville de N’Djamena

La ville de N’Djamena créée en 1900 a connu une croissance démographique exponentielle. L’observation de cette évolution peut être scindée en trois périodes :

- D’abord, l’expérimentation de l’urbanisme de 1900 à 1945, est la première période. En 1900, la croissance de la population était relativement faible (3,1% en 1906); pour une population de 2000 habitants. En 26 ans, c'est-à-dire de 1906 à 1932, cette population a été multipliée par cinq malgré un taux d’accroissement de 3% (Ngaressem, 2001).

Graphe n° 1. Croissance de la population de N’Djamena

- La deuxième période commence à partir de 1945 et prend fin à la veille de l’indépendance (1960). Elle correspond à une augmentation en volume de près de

188 L’ensemble des problèmes comme la guerre civile, crise de sécheresse des années 80 et 90, défaillances politiques et économiques. 2000 10000 1700018450 30000 55000 84000 132000 285000 530965 993492 1137854 11771101217720 0 200000 400000 600000 800000 1000000 1200000 1400000 1 906 1 932 1 945 1 948 1 954 1 956 1 962 1 968 1 985 1 993 2 009 2 013 2 014 2 015

cinq fois la population de 1945. En 1948, l’on remarque une chute, mais une chute qui donne un nouvel élan en faisant croître plus que deux fois le taux d’accroissement par rapport à la période précédente, passant de 2,6 à 6,4%. Ainsi, en 1956 on remarque un taux d’accroissement sans précédent, qui suit une évolution vertigineuse, cette croissance urbaine est sans doute motivée par la préparation du pays à la souveraineté internationale qui a été acquise en 1960.

- La troisième période commence à partir de l’indépendance du pays en 1960 et dure jusqu’à nos jours. Les estimations de la population urbaine à N’Djamena ont été fournies par deux recensements réalisés en 1962 et 1968. Ce ne sont que des dénombrements qui ont donnés un résultat respectif de 84 000 et 132 000 habitants189. Il a fallu attendre 1993 pour qu’il y’ait un recensement général de la population et de l’habitat (RGPH1)190 pour connaître le nombre presqu’exact de la population résidante à N’Djamena. Ainsi, le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 1993 estime la population de N’Djamena à 530 965 habitants et le RGPH2 de 2009 donne un effectif de 993 492 habitants. Alors, sur la base du taux d’accroissement annuel du RGPH2, nous estimons en 2013 la population de N’Djamena à 1 207 596 habitants191.

189 Selon le rapport d’Africapolis II- 2010. Fiches Pays – République du Tchad

190 Le premier vrai recensement général de la population et de l’habitat qui a eu lieu au Tchad en 1993. 191 Une population estimative appuyée sur les données du RGPH2.

Tableau n° 1. Historique des données démographiques du Tchad

Date Type de source démographique Couverture

Période

coloniale Estimations issues des rapports annuels de l’administration coloniale (listes de villages et recensements par cantons)

Alain Beauvilain192 (1993 et 1996)

1962 Enquête démographique par sondage Au 1/5 ; préfecture du Lac Tchad 1962 Recensement du centre urbain de Fort

Lamy Actuel N’djamena

1964 Enquête démographique par sondage

(INSEE) 1/20 – définition d’unités primaires de 300 habitants par tirage au sort dans des sous-strates – Excl.: Fort Lamy, partie des préfectures 1968 Recensement à vocation nationale Exclus : B.E.T. Batha, Ouaddaï,

Salamat (estimations faites à partir d’un taux de croissance estimé depuis 1964)

1993 Recensement Général de la Population et

de l’Habitat Certains cantons et poste administratif de Aouzou non recensés

2000 Estimations de la Société Tchadienne

d’Eau et d’Electricité Préfectures et centres urbains 2009 2eRecensement général de la population

et de l’habitat Nationale

Source : Africapolis II- 2010. Fiches Pays – République du Tchad.

Par ailleurs, le découpage administratif de N’Djamena en 1993 ne comptait que cinq arrondissements. A cette époque, la répartition de la population par arrondissement était très inégale (voir tableau 4). De même, la comparaison est significative sur les poids relatifs de la population en pourcentage et densités (habitants/ha) à travers les cinq arrondissements. Un 6e arrondissement a été créé en 1994 par arrêté193, puis un 7e et 8e en 1999194 et enfin un 9e et 10e en 2005195. Ce qui fait que la ville compte aujourd’hui dix arrondissements en 2005 (une référence administrative) mais sur le terrain, la ville a grandi de manière spontanée. Aujourd’hui, les limites de la ville ont dépassées Lamadji vers le Nord et désormais le village de Ngaoui fait partie de la ville N’Djamena vers l’Est (voir carte 4).

192 Beauvilain Alain, 2003, Toumaï : l’aventure humaine. Paris, La Table Ronde, 238p.

193 Arrêté ministériel n°056/MTPT/MIS/1994 portant les nouvelles limites de la capitale tchadienne.

194 Le décret n°227/PR/MISD/1999 portant la restructuration des arrondissements municipaux de N’Djamena. 195 Suite à la loi n°009/MATUH/SG/DUCC/CC1/MAT/SG/DEL/2005 fixant les limites du périmètre urbain de la commune de N’Djamena.

Tableau n° 2. La répartition de la population dans les cinq arrondissements de la ville en 1993

Découpage

administratif Population Poids relatif en % Superficie en ha Densité en hab/ha

1er 32 144 6,1 990 32,5 2e 72 965 5,3 400 70 3e 61 997 11,7 580 106,9 4e 169 132 31,9 560 302 5e 239 727 45 1 470 152,7 Total 530 965 100 4 100 129,5 Source : RGPH – 1993 ; Vivien, 2006.

En effet, après un dépeuplement très important né des différentes guerres civiles196, le développement de N’Djamena se fit avec une rapidité déconcertante. On constate qu’entre 1982 et 1984, la population a pratiquement doublé, passant de 150 000 à 289 000 habitants. Ensuite, de 1984 à 1994, la ville s’agrandit à un rythme oscillant entre 8% et 10% par an. Cette évolution suppose un doublement de la population en moins de 10 ans. Une croissance aussi rapide laisse supposer une multiplication par quatre au minimum des efforts d’équipement et d’aménagement pour maintenir un niveau de vie décent à la population (Dobingar, Balmet-Marty & Appolinnair, 1994).

En moins de 50ans, la population de la ville a été multipliée par plus de trente-cinq fois. Une telle expansion suppose des efforts d’aménagement correspondant à cette évolution. Or, ce ne fut pas le cas et l’interférence des événements de 1979 à 1982 et plus récemment en 2008197 ont contribués à accentuer une situation déjà critique du fait de la rapide croissance urbaine spontanée.

196 La guerre civile a prie fin au Tchad depuis février 2008.

Tableau n° 3. La répartition de la population dans les dix arrondissements de la ville en 2013

Arrondissement surface (ha) population RGPG2 (2009) Population (2013) (hab/ha) densité

1 4778 77817 94587 20 2 1880 67983 82634 44 3 390 41305 50206 129 4 423 75096 91280 216 5 630 103019 125220 199 6 422 47420 57639 137 7 1685 230905 280666 167 8 2599 189916 230844 89 9 1297 78241 95102 73 10 2709 81790 99416 37 16813 993492 1207596 72

Source : RGPH2 de 2009 et de nos estimations sur la base du RGPH2.

Aujourd’hui, l’occupation au sol représentée dans le tableau 3 ressort des limites d’arrondissements du 2005 sur la base d’une population estimée en 2009. Ainsi, par comparaison à l’occupation au sol issue de la restitution de 2008198, nous constatons une réelle différence dans les densités d’occupation au sol face à l’extension urbaine qui n’obéit à aucune logique de maîtrise urbaine.

Par ailleurs, il faut signaler aussi que l’étalement urbain est assuré d’abord par les chefs traditionnels appelé communément boulama199, ensuite par la mairie et aujourd’hui par le MATUH. Mais ce dernier, arrive souvent trop tard. C'est-à-dire qu’il faudrait (?) un accompagnement par des enregistrements des occupants au sol, et la distribution des lots dans une logique de restructuration pour pouvoir assurer l’arrivée d’éventuelles équipements et infrastructures dans ces quartiers souvent défavorisés.

3.1.2.b. L’étalement urbain de N’Djamena

L’actuelle ville de N’Djamena, peuplée de 2100 habitants en 1921, était une bourgade coloniale du nom de Fort-Lamy devenue N’Djamena en 1973, verra sa population croître à un rythme accéléré et atteindre successivement 12 100 habitants en 1940, puis 16 000 habitants en 1947. Dans cette même logique sa population atteindra en 13ans les 64 997

198 Des limites revues par le MATUH en avril 2008.

habitants (1960) aux années d’indépendances. Ainsi, la population de N’Djamena s’accroît bon gré mal gré de 317 959 habitants en 1978 à 425 600 habitants en 1990 (Goual, 1999, Moussa & N’dilbé, 2006). Ainsi l’occupation au sol est passée de 2840 ha en 1971 à 4500 ha en 1984, puis 5900 ha en 1995 (Ngaressem, 1998), ensuite 7120 ha en 1999 (BCEOM, 1999), et enfin aujourd’hui à plus de 20 000ha (Ngaressem, 2013). En 50 ans, sa population a été multipliée par 35 et depuis les années 80, elle double tous les 10 ans.

Face à l’étalement urbain non maîtrisé et qui n’est pas du tout maîtrisable par la mairie actuelle de la ville. N’Djamena mène aujourd’hui une expérience qui est en principe une aubaine pour la ville. Cette opportunité s’explique par la décentralisation du système de gestion de la ville de N’Djamena. La ville compte 10 arrondissements qui sont érigés en communes urbaines avec autonomie de gestion. Par ailleurs, la répartition de la population à travers les différents arrondissements n’est pas la même. Il en est de même pour les équipements socioculturels. Car, les communes centrales concentrent les équipements publics de hautes fréquentations et les lieux de productions comme marchés, gares, etc. Par contre, les communes périphériques jouent le rôle de dortoir et aussi parfois des zones de transit.