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4. LA PRÉSENTATION DES DONNÉES

4.3. L’analyse de la séquence

4.3.2. L’analyse des activités

4.3.2.3. Les activités d’actualisation

Le second ensemble regroupe deux activités issues des trois premières séances de la séquence didactique, soit le visionnement du film Molière et l’atelier d’actualisation. Ces activités impliquent majoritairement l’implication du sujet lecteur spectateur puisqu’elles exigent un va-et-vient entre l’œuvre littéraire étudiée et diverses créations artistiques et culturelles, présentées aux étudiants à l’aide de matériel audiovisuel.

Tableau no16 : Analyse des activités d’actualisation en regard des rôles interprétatifs de la lecture dramaturgique et des gestes professionnels

Les activités Le visionnement du film

Molière

L’atelier d’actualisation du

Bourgeois Gentilhomme

Les rôles interprétatifs dominants

de la lecture dramaturgique Le lecteur et le spectateur

Les ge st es pr of es si onn el s (de c at égor ie 1)

Les gestes d’enrôlement d’une communauté de

lecteurs

0 4

Les gestes de déploiement

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Les gestes éthiques 0 0

Les gestes de tissage 4 12

Les gestes d’enseignement

de l’œuvre 6 6

Les gestes de pilotage 4 6

Les gestes d’effacement 0 0

Activité E : Le visionnement du film Molière La description de l’activité

Cette deuxième catégorie d’activités comprend d’abord le visionnement du film Molière (2007) de Laurent Tirard. Cette activité se déroule en trois temps : la courte présentation orale du film (séance 1), le visionnement (séance 2) et l’activité de comparaison (séance 3). Cette dernière étape consiste à comparer, dans un tableau, le film à l’œuvre littéraire à l’étude. Ces activités impliquent la participation du sujet lecteur spectateur puisqu’il est constamment appelé à établir des liens entre l’œuvre et le film, ce qui pourrait l’aider à proposer des hypothèses de lecture plus variées en plus de l’aider à bonifier sa compréhension de l’œuvre littéraire.

Les gestes professionnels

Le codage de l’expérimentation de ce regroupement d’activités révèle que lors de l’expérimentation de la séquence en classe, l’enseignante favorise l’implication du sujet lecteur spectateur par plusieurs gestes d’enseignement et de tissage.

D’abord, avant même le visionnement, un geste d’enseignement des savoirs déclaratifs est posé en guise d’introduction au film Molière : « C : On va regarder le film Molière. C’est le titre du film. C’est un film qui date de 2007. C’est un film français » (S1, C_05_01). L’enseignante propose aux étudiants une description rapide du film (titre, réalisateur, résumé, etc.) dans le but de les préparer à son visionnement. Ce geste permet également de justifier l’intégration de cette activité dans la séquence : « C : Le film met en scène le dramaturge et s’inspire de plusieurs de ses pièces, dont Le Bourgeois Gentilhomme » (S1, C_05_01). Ainsi, les étudiants sont en mesure de comprendre l’intérêt

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de cette activité dans leur apprentissage et dans leur lecture de l’œuvre. Ils savent que le film permettra peut-être d’éclairer leur lecture.

Après le visionnement, plusieurs autres gestes d’enseignement des savoirs déclaratifs sont posés, notamment dans le but de préciser certains termes, certains mots ou expressions en lien avec le film et l’œuvre nécessaires à l’approfondissement de la lecture et de la spectature des étudiants :

C : C’est quoi des dévots, quelqu’un qui est dévot, qui fait preuve de dévotion? […] C’est quelqu’un qui est croyant. La dévotion, c’est être croyant. À l’époque du Grand siècle, les dévots, c’était presque une secte, pas une secte, mais c’était des gens qui étaient très croyants qui faisaient partie d’une caste sociale de religieux ultraconservateurs, qui étaient très, très influents en fait à la cour (S3, C_05_01).

Ici, l’enseignante explique ce qu’est la dévotion afin que les étudiants puissent comprendre le rôle joué par Molière (le personnage) dans le film et afin qu’ils puissent comprendre ce qu’il a tenté de dénoncer réellement dans ses écrits au XVIIe

siècle. Ainsi, en définissant certains mots, Cassiopée permet aux étudiants de bien comprendre les termes employés dans ses explications et dans les diverses œuvres au programme, en plus d’enrichir leur vocabulaire, dans le but de les aider à acquérir certaines connaissances littéraires.

Aussi, ces gestes sont posés dans le but d’enseigner des savoirs déclaratifs plus spécifiques à la discipline français, savoirs qui contribuent à l’enrichissement de l’analyse de l’œuvre littéraire et du film. Par exemple, à un moment, l’enseignante explique certains procédés d’écriture : « C : C’est ce qu’on appelle la mise en abyme : du théâtre dans le théâtre. Il jouait un rôle. La mise en abyme, c’est un procédé. Il y en a eu plusieurs dans le film. Quand il y a eu l’intervention du notaire, c’était un peu ça aussi, le théâtre dans le théâtre » (S3, C_05_01). Cet enseignement permet aux étudiants de mettre des mots sur certaines réalités présentes dans les œuvres. Ce geste aide les étudiants à acquérir certaines notions applicables, entre autres, dans leur analyse littéraire.

Aussi, les gestes de tissage intertextuels et interculturels sont nombreux lors de cette activité. Ils sont un prétexte à l’introduction de la notion d’actualisation dans la séquence, notion qui sera explicitement décrite lors de l’atelier d’actualisation (activité suivante). Ils préparent subtilement les étudiants au travail interprétatif qui leur est demandé lors de la lecture jeu. L’activité consiste à comparer l’œuvre littéraire étudiée et le film visionné.

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D’abord, ces gestes sont posés pour mettre en évidence les ressemblances entre les deux œuvres :

C : Est-ce qu’il y en a qui peuvent m’identifier une, deux ressemblances […]?

É : Par rapport à une scène… La scène où il dit de tourner une phrase dans tous les sens, elle présente dans les deux.

C : Effectivement, la scène où dans la pièce Monsieur Jourdain est avec qui? É : Son maître de philosophie.

C : Son maître de philosophie effectivement. Il veut tourner une phrase. Il voulait que la phrase sonne bien. Il lui dit ce qu’il voulait dire. Il demande même au maître de philosophie de la reformer, mais de la même façon. En gros, c’est ce qu’il lui demande (S3, C_04_02).

Cette comparaison permet évidemment à l’enseignante de justifier le visionnement de ce film, mais elle offre aussi l’occasion aux étudiants de réviser certains événements se déroulant dans l’œuvre afin de mieux les comprendre, de mieux les imager.

Les gestes de tissage intertextuels et interculturels sont aussi posés pour mettre en évidence les différences entre l’œuvre étudiée et le film : « C : Est-ce qu’il y a des scènes que vous n’avez pas reconnues […] Comment s’appelait-il dans le film? É : Tartuffe. C : Monsieur Tartuffe. Il faut savoir que c’est un clin d’œil à une autre pièce de théâtre de Molière qui s’intitule Tartuffe, qui est une de ses pièces les plus connues, dans laquelle Molière dénonce l’imposture des dévots » (S3, C_04_02). La comparaison permet à Cassiopée de faire comprendre aux étudiants que les œuvres littéraires peuvent générer diverses productions culturelles et artistiques et qu’une œuvre littéraire peut en inspirer une autre, sans qu’elle en soit une réplique exacte.

En résumé, les activités entourant le visionnement du film Molière permettent à l’enseignante :

 de contextualiser le long métrage et d’établir des liens avec l’œuvre à l’étude, grâce aux gestes d’enseignement des savoirs déclaratifs ;

 de définir certains mots nécessaires à la compréhension des explications et des œuvres, grâce aux gestes d’enseignement des savoirs déclaratifs ;

 d’enseigner les savoirs disciplinaires essentiels à la réussite du cours, grâce aux gestes d’enseignement des savoirs déclaratifs ;

 d’introduire la notion d’actualisation, grâce aux gestes de tissage intertextuels et interculturels.

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Activité F : L’atelier d’actualisation du Bourgeois Gentilhomme La description de l’activité

Cet atelier se déroule lors de la troisième séance de la séquence didactique. Lors de celui-ci, l’enseignante présente aux étudiants des extraits d’œuvres littéraires (la fable La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf de La Fontaine), cinématographiques (un extrait du film Elvis Gratton II : Le film à voir avec la tête s’ti! de Pierre Falardeau) et théâtrales (un extrait du Bourgeois Gentilhomme mis en scène par Jean Bigard) qui présentent des similitudes avec l’œuvre à l’étude (ex. les mêmes thèmes). Cet atelier requiert l’apport du sujet lecteur spectateur puisqu’il doit constamment établir des liens entre Le Bourgeois Gentilhomme et les divers extraits visionnés en complétant le tableau commencé lors de l’activité précédente en identifiant les ressemblances et les différences entre les œuvres et en échangeant leurs réponses avec leurs collègues de classe lors d’une mise en commun. Les gestes professionnels

Trois catégories de gestes semblent se démarquer lors de cette activité : les gestes

d’enrôlement d’une communauté de lecteur, les gestes de tissage et les gestes d’enseignement.

Les gestes d’enrôlement d’une communauté de lecteurs sont particulièrement importants dans cet atelier, malgré le petit nombre d’occurrences relevé lors du codage des données. L’enseignante pose quelques gestes assurant un climat de disponibilité et de

concentration pour l’écoute littéraire. Ces gestes permettent aux étudiants d’amorcer une

réflexion interprétative (ou plutôt actualisante) sur l’œuvre au programme. Par exemple, à un moment, l’enseignante dit : « C : Je vous invite peut-être à réfléchir, pas tout de suite, mais à la fin de la séance, qui sont nos bourgeois gentilshommes aujourd’hui? Est-ce que vous pouvez penser à quelqu’un qui, par son obsession d’être ce qu’il n’est pas, se ridiculise? » (S3, C_01_01) À ce moment précis, Cassiopée permet aux étudiants d’amorcer une réflexion actualisante, difficile au préalable puisque les étudiants ne connaissaient pas nécessairement ses demandes et ne se rendent peut-être pas compte que l’œuvre peut être actualisée, qu’elle peut encore avoir un lien avec la société actuelle. Elle les amène

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également à tisser des liens entre le personnage de la pièce et la vie des élèves. Ces gestes contribuent à l’explication de l’intemporalité des œuvres littéraires.

Elle pose aussi des gestes d’aménagement préalable de l’aire interprétative. En effet, lors de cet atelier, l’enseignante rappelle à maintes reprises que les œuvres littéraires peuvent en générer d’autres ou du moins en inspirer d’autres. Dans ce cas-ci, elle rappelle qu’il peut y avoir plusieurs portes d’entrée possible dans le texte, notamment selon l’époque à laquelle on choisit de le transposer : « C : Outre le texte, vous pourriez transposer l’histoire du Bourgeois Gentilhomme à une autre époque, la nôtre même. Ce que vous feriez, c’est rendre le texte actuel dans sa mise en scène, dans sa représentation et c’est ça l’actualisation d’une œuvre. Là, je vous demande de respecter le texte. On pourrait ne pas… On pourrait jouer sur le texte » (S3, C_01_02). Ces gestes permettent à l’enseignante de favoriser l’implication du sujet lecteur spectateur en lui indiquant qu’il y a plusieurs possibilités d’actualisation différentes, donc plusieurs interprétations possibles de l’œuvre, et ce, selon le contexte sociohistorique dans lequel se situent les créateurs et selon les contraintes qui leur sont imposées.

Cet atelier nécessite plusieurs gestes de tissage, plus spécifiquement des gestes de tissage

intertextuels et interculturels. Ces gestes contribuent à favoriser la compréhension de la

notion d’actualisation par la comparaison de diverses œuvres culturelles dans le but de préparer les étudiants à proposer leurs propres interprétations de lecture : « C : Je vais vous montrer des exemples d’œuvres qui sont inspirées ou même si ce n’est pas volontairement inspiré. Il y a des écrivains qui ont pu présenter un peu le même type d’histoire, le même discours sans que l’inspiration soit venue nécessairement, soit tirée nécessairement du Bourgeois Gentilhomme de Molière. » (S3, C_04_02) Ainsi, les étudiants voient, lisent et comparent, de façon concrète, plusieurs actualisations différentes d’une même œuvre. Ainsi, Cassiopée encourage les étudiants à proposer de nouvelles actualisations en s’inspirant de celles vues en classe. Ces gestes encouragent les étudiants à sortir des interprétations figées du texte pour en expérimenter d’autres, plus actuelles. Ils permettent à l’enseignante de montrer qu’une œuvre peut générer plusieurs autres créations artistiques. L’enseignante pose aussi des gestes d’enseignement lors de l’atelier. Ces différents gestes l’aident à préparer les étudiants aux évaluations sommatives, notamment à les préparer à la

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rédaction de l’ouverture de leur analyse littéraire. Elle pose d’abord un geste

d’enseignement des savoirs opératoires qui semble particulièrement important : « C :

Quelles sont les œuvres qui s’inspirent du personnage moliéresque du Bourgeois Gentilhomme? C’est une chose à laquelle vous devrez réfléchir. Pour quelle partie de votre analyse littéraire? […] L’ouverture dans la conclusion » (S3, C_05_01). Par ce geste, elle explique aux étudiants qu’ils doivent se poser certaines questions avant la rédaction de la conclusion de leur analyse littéraire, s’ils veulent être bien outillés. Puis, l’enseignante pose de nombreux gestes d’enseignement des savoirs déclaratifs, notamment afin d’introduire les œuvres. Avant chacune des lectures ou chacun des visionnements, elle prend un moment pour présenter l’œuvre et son auteur ou son réalisateur : « C : Dans le deuxième film, Elvis Gratton : le film à voir avec la tête s’ti… C’est un film québécois qui… J’ai pas la date. Il est sorti en 1999. Vous pouvez prendre ça en note » (S3, C_05_01) Ces gestes sont essentiels puisque c’est grâce à eux que les étudiants peuvent réinvestir les informations sur les œuvres dans la conclusion de leur analyse littéraire. Aussi, les gestes

d’enseignement des savoirs déclaratifs, comme nous l’avons vu précédemment,

permettent à l’enseignante de spécifier certains termes utiles aux étudiants. Par exemple, à un moment, l’enseignante définit le mot « moliéresque » : « C : Moliéresque, c’est l’adjectif de Molière. Vous pouvez l’utiliser dans votre analyse littéraire » (S3, C_05_01). Ce geste permet à l’enseignante de transmettre certains savoirs aux étudiants, savoirs qu’ils pourront réintégrer dans leur évaluation finale. Bref, les gestes d’enseignement contribuent globalement à aider les étudiants à atteindre les compétences finales du cours.

Plus spécifiquement, dans cet atelier, les gestes d’enseignement des savoirs déclaratifs permettent à l’enseignante de proposer une progression dans la présentation des diverses actualisations de l’œuvre dans le but de montrer aux étudiants que les interprétations des œuvres peuvent changer au fil du temps et que les thèmes abordés dans Le Bourgeois Gentilhomme sont intemporels. Par exemple, au début de l’atelier, elle commence par présenter la fable La Grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le Boeuf de La Fontaine : « C : Si je ne me trompe pas, la publication des fables, c’est 1670. On est vraiment à la même époque. On est sous le règne de Louis XIV, donc on parle de la même société de cour, on parle des mêmes courtisans, on parle des mêmes inégalités, de ces mêmes injustices entre les différentes classes sociales » (S3, C_05_01). Ce geste permet à

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l’enseignante de montrer que les sujets abordés dans l’œuvre étaient importants à l’époque et qu’ils reflétaient une société particulière. Par d’autres gestes d’enseignement des savoirs déclaratifs, elle montre qu’une pièce peut s’actualiser par la transformation des costumes des personnages. En effet, après le visionnement d’un extrait de la mise en scène de Bigard, elle porte son attention sur l’habillement du bourgeois, qui s’éloigne considérablement d’un habit du XVIIe siècle, afin d’en déterminer l’époque : « C : On pourrait dire que c’était à peu près à quelle époque que les hommes portaient des pantalons pattes d’éléphant un peu? On est plus dans les années 70-80, même plus dans les années 1970, fin 1970, pour ce qui est du bourgeois effectivement » (S3, C_05_01). Ces différentes informations concernant des époques différentes permettent à l’enseignante de montrer aux étudiants que l’œuvre au programme peut inspirer des artistes vivant lors de périodes historiques très différentes et peut engendrer des œuvres multiples. Bref, ces gestes contribuent à fournir certaines informations relatives aux différentes œuvres dans le but d’exposer leur diversité.

Finalement, lors de l’atelier d’actualisation, l’enseignante favorise la participation du sujet lecteur spectateur en :

 lui permettant d’amorcer une réflexion actualisante sur l’œuvre en lui expliquant son intemporalité, grâce aux gestes assurant un climat de disponibilité et de concentration pour l’écoute littéraire ;

 lui expliquant qu’il existe plusieurs possibilités d’entrées dans un texte littéraire, grâce aux gestes d’aménagement préalable de l’aire interprétative ;

 lui montrant qu’une œuvre peut générer plusieurs autres créations artistiques dans le but de l’encourager à sortir des interprétations figées du texte, grâce aux gestes de tissage intertextuels et interculturels ;

 lui transmettant les savoirs nécessaires à la rédaction de l’analyse littéraire, grâce aux gestes d’enseignement des savoirs opératoires et des savoirs déclaratifs ;

 lui fournissant des informations nécessaires à la contextualisation des différentes œuvres artistiques dans le but d’exposer la diversité interprétative de l’œuvre à l’étude, grâce aux gestes d’enseignement des savoirs déclaratifs.

L’évaluation des activités d’actualisation par l’enseignante

Lors du deuxième entretien, l’enseignante collaboratrice explique que le visionnement du film Molière fait partie intégrante de son cours depuis longtemps, notamment lorsqu’elle enseigne Le Bourgeois Gentilhomme. Lors de la création de la séquence, elle tenait absolument à conserver le film au programme pour des raisons d’appréciation personnelle,

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mais aussi puisque, selon elle, le visionnement d’un film est une « façon de gagner les étudiants » (ENT2, B_02_01C). Cette activité contribuerait donc à les motiver en diversifiant l’enseignement des cours de littérature et en les « allégeant ».

Après l’expérimentation en classe, l’enseignante réitère ses premières réflexions concernant l’activité : « Il [le film] est tellement bon. J’aurais vraiment mal au cœur de pas le garder » (ENT3, B_02_02B). Molière est donc un coup de cœur pour l’enseignante, mais également pour les étudiants : « Les étudiants l’aiment le film. Il y a personne qui m’a dit que c’était plate » (ENT3, B_02_02B). De plus, elle ajoute que le film aide les étudiants à mieux comprendre l’œuvre étudiée : « Le Bourgeois Gentilhomme est pas difficile à comprendre, avec le film, ça aide beaucoup » (ENT3, B_02_02B). Ce long métrage les aide aussi à mieux saisir les possibilités d’actualisation des œuvres littéraires : « J’ai l’impression qu’ils ne comprennent pas qu’une pièce de théâtre peut inspirer un film, qu’un roman peut inspirer… Pour eux, c’est comme deux affaires différentes » (ENT3, B_02_02B). Bref, pour l’enseignante, cet exercice a sa place dans la séquence didactique malgré le fait qu’il requiert un temps considérable.

Avant l’expérimentation, Cassiopée juge positivement l’atelier d’actualisation : « Je trouve ça super intéressant parce qu’effectivement les étudiants, quand, quand tu comprends le schéma, ce qu’a voulu dénoncer finalement Molière, tu te rends compte que ça peut être de toutes les époques. C’est ce qui en fait un classique » (ENT2, B_02_02B). Pour elle, cet atelier permet d’actualiser les propos de Molière, de montrer aux étudiants que les sujets abordés dans la littérature patrimoniale peuvent encore être d’actualité.

Après l’expérimentation, l’enseignante se questionne toutefois sur les bénéfices engendrés spécifiquement par l’atelier : « L’actualisation, je ne sais pas si ça les a aidés. Je sais pas. J’ai toujours trouvé ça super intéressant, mais je pense qu’ils l’avaient compris » (ENT3, B_02_02B). Selon elle, après la lecture et le visionnement du film, les étudiants avaient compris l’œuvre à l’étude. L’atelier d’actualisation n’a donc pas précisément amélioré ni la compréhension ni l’interprétation de l’œuvre puisque, comme nous le verrons, Cassiopée affirme que les étudiants n’ont pas proposé d’actualisations particulières de l’œuvre. Or, elle croit que l’ensemble des activités (de la séquence) l’a fait : « Je pense que c’est le tout. […] Je pense que tout a contribué » (ENT3, B_02_02B).

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