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Le Quai d’Orsay fait bouger ses pions diplomatiques

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 128-137)

Comme la politique culturelle internationale de la France devient chaque fois plus centralisée par l’Etat depuis la fin de la guerre, son ambassade au Brésil elle aussi a une fonction de plus en plus importante dans la direction et la concrétisation de cette politique.

Sous son orientation, les consulats, agences consulaires, services responsables (Service culturel, Service de Presse, etc.), institutions publiques, privées et semi privées (Alliances françaises, associations franco-brésiliennes, instituts franco-brésiliens, lycées, théâtres et congrégations religieuses dirigés par des Français) qui diffusent la culture française, servent comme relais, organisant et exécutant, dans tout le territoire brésilien, les directives qui sont définies par la Direction générale des relations culturelles (DGRC) au sein du Quai d’Orsay.

Et c’est précisément pour mieux rendre présente sa culture, que la France s’efforce d’installer ces « relais » dans tout le Brésil. Dans ce chapitre, on se concentrera sur les problèmes et stratégies de la France pour faire valoir sa présence diplomatique (consulats et agences consulaires), donc aussi culturelle, dans un pays de dimension continentale.

Dans son ambassade à Rio de Janeiro, relèvent des chefs de services les fonctions suivantes pour le rayonnement de la France au Brésil :

1) Le Service de coopération culturelle, scientifique et technique, qui s’occupe des relations avec les établissements brésiliens et franco-brésiliens, tels que les universités, instituts, écoles, lycées, Alliances françaises et manifestations artistiques françaises ; 2) Le Service administratif : gestion de bourses, stages, comptabilité, personnel ; 3) Le Service du conseiller scientifique. Ce service apporte, sous l’autorité directe de l’ambassadeur, son concours aux chefs de services pour toutes les questions présentant des aspects en coopération scientifique ou ayant trait aux techniques avancées ;

4) Le Service de Presse, qui doit diffuser au Brésil les informations venues de la France et/ou créées par des agences françaises. Ce service a un bureau chargé de la presse dans chaque consulat. Ces bureaux sont là pour que les journalistes locaux prennent connaissance de la documentation qui leur est destinée.

Les postes consulaires, dans le cadre de l’autorité générale qu’exercent les consuls en ce qui concerne la politique culturelle et la coopération scientifique et technique, et les

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attributions des attachés spécialisés sont remodelés en fonction du schéma précédent. Aux consuls, il est demandé de faire parvenir à l’ambassade leurs observations sur les programmes culturels et de coopérations scientifiques et techniques qui doivent êtres exécutés dans leur circonscription.

Les consuls généraux ont la responsabilité - entre autres - de l’ensemble de la politique culturelle française dans leur circonscription. Donc, plus il y a de consulats généraux, - on peut le supposer - plus facile et plus efficace est la politique culturelle française dans un espace géographique déterminé. Il est donc dû à l’immensité du territoire brésilien et à l’augmentation extraordinaire de sa population (en 1940 la population du pays compte 40 millions et en 1970 ce nombre est à peu près de 90 millions) que pendant toute la période ici étudiée la France essaie d’augmenter sa représentation diplomatique au Brésil à travers la création de consulats généraux et d’agences consulaires.

En ce qui concerne la politique culturelle, les consuls sont informés de toute action entreprise et conduite, dans leur circonscription, par les chefs de service, qui prennent l’avis des consuls sur les opérations projetées. La correspondance engageant une action culturelle (voyages, stages, missions, manifestations artistiques, personnelles, etc.) est rédigée au nom de l’ambassadeur et adressée au consul général de la circonscription où se passe l’action. La correspondance officielle adressée aux attachés spécialisés dans chaque service est remise au consul général dans une enveloppe ouverte. Pour toute démarche auprès d’un gouverneur d’un des Etats brésiliens, d’un secrétaire d’Etat, maire ou représentant d’une institution brésilienne ou franco-brésilienne le consul général est consulté et décide de la manière de procéder.

Pour le Quai d’Orsay, il faut toujours être attentif au fait que l’intervention du consul

« […]doit être privée de tout aspect politique et elle ne le serait que si le consul a la réputation d’être apolitique, c’est-à-dire s’il n’a jamais pris parti dans une affaire politique locale, mieux encore s’il n’a pas un passé dans un parti dans son pays d’origine. […] [Le consul doit] bien rappeler fréquemment et avec la plus grande énergie aux personnes relevant de son autorité (consuls adjoints, vice-consuls, détachés techniques, coopérants scientifiques et techniques, experts, professeurs et artistes subventionnés par l’Etat français) qu’il est essentiel qu’aucune manifestation, parole, activité ou contact ne puisse laisser planer un doute sur le caractère apolitique de tout ressortissant français en mission officielle au Brésil. […] [Il doit aussi] s’efforcer d’associer les Alliances françaises et les chaires universitaires de

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Français aux réceptions et aux manifestations prévues pour les équipages des navires français de passage » 240.

Cette division des tâches et les règles pour leur exécution restent fondamentalement les mêmes dans la période ici étudiée.

En 1945 la France a trois consulats généraux au Brésil, ils sont à Rio de Janeiro, São Paulo et Recife. Ce dernier, dans l’Etat de Parnambuco, a lui seul à sa charge les agences consulaires dans des Etats d’Amazonas, Maranhão, Paraíba, Ceará, Alagoas… Bref, une circonscription qui comprend tous les Etats du nord et du nord-est du Brésil, couvrant 4 313 516 km², c’est-à-dire plus de la moitié de la superficie du pays ; un espace composé d’environ 11 424 550 habitants, approximativement le quart de la population nationale.

A la fin 1951, préoccupé par le nombre de ressortissants français de la région nord et la proximité de cette région avec la Guyane, l’ambassadeur Gilbert Arvengas demande au MAE d’envisager de rattacher les Territoires brésiliens de Rio Branco et Amapá au consulat de Recife et celui de Guaporé au consulat de São Paulo241. Au début de l’année suivante, le MAE lui fait savoir qu’il n’a pas d’objection à sa demande. Les trois Territoires brésiliens deviennent alors plus « proches » de la diplomatie française, augmentant encore la charge de travail du consulat à Recife242.

La Ve République accroît sa représentation diplomatique au sud du pays avec la création du consulat de Porto Alegre, partageant ainsi les circonscriptions des régions sud-est, centre-ouest et sud entre ce nouveau consulat et ceux de Rio de Janeiro et de São Paulo. Mais

240 Lettre de l’ambassadeur François de Laboulaye au MAE, RJ 26/12/69, AMAE, s. Amérique, s. s.

Brésil 1964-1970, Représentation de la France au Brésil, c. 109.

241 Lettre de l’ambassadeur Gilbert Arvengas au MAE, RJ 14/12/51, AMAE, s. B Amérique, s. s.

Brésil 1944-1952, Consulats, microfilm vol. 3.

La République Fédérative du Brésil est formée, de 1946 à 1960, par 20 Etats, 1 District Fédéral et 5 Territoires. Le District Fédéral est la Capitale du pays (Rio de Janeiro de 1763 à 1960 et Brasília à partir de 1960) ; les Etats sont des entités sous-nationales relativement autonomes (autogouvernement, autolégislation, etc.) qui possèdent leur propre Constitution ; les Territoires, différemment des Etats, sont directement administrés par le Gouvernement Fédéral. Les 5 Territoires existannt entre les années 1946 et 1960 sont : Amapá, Acre, Fernando de Noronha, Rio Branco (rebaptisé Roraima) et Guaporé (rebaptisé Rondônia). Depuis 1960 et jusqu’à la dernière Constitution brésilienne de 1988, ces Territoires, à des dates diférentes, ont acquis le statut d’Etat. Deux autres Territoires ont existé entre les années 1943 et 1946 : Ponta-Porã et Iguaçú. Le premier a été rattaché à l’Etat de Mato Grosso, le second a été partagé et rattaché aux Etats de Santa Catarina et de Paraná. Voir les cartes dans la page 12. Sur les changements de la géographie politique et administrative brésilienne depuis 1940, voir le site Internet d’Instituto brasileiro de Geografia e Estatística (IBGE) : www.ibge.gov.br

242 Note interne de la Direction générale du personnel, MAE, Paris 19/01/52, AMAE, s. B Amérique, s. s. Brésil 1944-1952, Consulats, microfilm vol. 3.

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la documentation souligne encore l’insuffisance de postes consulaires pour les régions nord et nord-est.

C’est pour des raisons budgétaires que la France n’augmente pas ses postes consulaires au Brésil. Même conscients de cette difficulté, les ambassadeurs vont souvent solliciter le ministère des Affaires étrangères (MAE) afin qu'il soit fait un effort majeur pour la création au moins d’un nouveau poste à Belo Horizonte. L’ambassadeur Jean Binoche tente de convaincre son ministère avec l’argument que « cette ville [Belo Horizonte] se développe avec rapidité », qu’elle est devenue « la troisième du Brésil et son importance devrait être accrue en raison de sa position géographique, à mesure que Brasília affirmera sa position de Capitale fédérale »243.

A 716 km de Brasília, Belo Horizonte est, d’entre les grandes capitales brésiliennes, la plus proche de la nouvelle Capitale fédérale ; celle-ci se trouve à 1 148 km de Rio de Janeiro et à 1 015 km de São Paulo. Dans sa demande, Jean Binoche insiste sur les intérêts économiques et culturels de son pays dans l’Etat de Minas Gerais, où il y a des affaires d’entreprises françaises comme Schneider Electric, Ciments Lafarge, etc., où travaillent plusieurs experts français et où existent une « petite école française et une Alliance française prospère »244. La demande de l’ambassadeur est liée au fait que d’autres pays ont déjà avancé leurs présences à Belo Horizonte. Les Allemands et les Italiens ont des agents diplomatiques de carrière dans la capitale de Minas Gerais, les Anglais ont chargé de son consulat dans la ville le directeur du British Council, « qui est spécialement appointé par le Foreign Office et assisté d’un adjoint de carrière »245.

Outre la demande de la création d’un poste consulaire à Belo Horizonte, Jean Binoche indique que « serait urgent […] de renforcer les deux postes de carrière les plus éloignés de Rio de Janeiro » : Porto Alegre et Recife. Depuis le début des années soixante, le poste consulaire de Recife couvre déjà 14 Etats, où existent 8 agences consulaires ; à peu près 400 Français habitent en cette circonscription. Dans cet immense espace, la politique culturelle française - permanente - se manifeste à travers 7 Alliances françaises, dont celle de Recife qui a plus de 1 200 élèves en 1967 ; 2 lecteurs de français donnent un enseignement dans l’Université Fédérale de Pernambuco, tandis que 18 experts de coopération scientifique et technique exercent leur activité dans la région nord-est. Le travail du consulat de Recife est largement accru par les problèmes posés par le voisinage de la Guyane et par « les

243 Lettre de l’ambassadeur Jean Binoche au MAE, RJ 09/08/67, AMAE, s. Amérique, s. s. Brésil 1964-1970, Représentation de la France au Brésil, c. 109.

244 Idem.

245 Idem.

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nombreuses visites de bâtiments de guerre qui en résultent » ; de plus, la collaboration française pour « la mise en valeur » de la Vallée du Jaguaribe - une région du Ceará, celui-ci étant aussi un des Etats de la circonscription du consulat - et la création d’une zone franche à Manaus - l’Etat d’Amazonas est lui aussi dans la même circonscription - en 1967, vont demander de nouveaux efforts du consul général français à Recife246.

Même avec cette énorme tâche, le poste est assisté seulement « par son chef, un agent contractuel, une dactylographe et un garçon de course ; ces deux derniers ignorent le français »247. Le consulat est situé dans un appartement « vétuste et exigu » loué, de 110 m², comprenant trois pièces. Le consulat allemand, par exemple, dans la même ville et depuis l’année 1955, comprend 4 agents de carrière et 11 auxiliaires, « et est installé dans un local climatisé de 400 m² »248.

A Porto Alegre, toujours selon l’ambassadeur Jean Binoche, « où le poste est mieux pourvu […] en quantité et en qualité », c’est essentiellement un « collaborateur commercial qui fait défaut »249. Outre le besoin d’un collaborateur commercial, le développement économique et populationnel au sud du pays incite l’ambassadeur à demander au Quai d’Orsay la création d’une nouvelle agence consulaire pour la région - qui en plus du consulat général à Porto Alegre a déjà des agences consulaires à Curitiba et Joenvile -. La ville choisie est Florianópolis. En effet, en mai 1968, époque de sa demande, cette ville est en plein essor économique et intellectuel, son université est perçue par la diplomatie française comme

« notable ». Le fait que la ville soit mal reliée par la route aux divers centres régionaux, crée des difficultés et augmente le coût de l’action commerciale et culturelle française dans l’Etat. Pour l’ambassadeur, l’agence consulaire de Florianópolis aurait la possibilité de mieux faire rayonner la culture française à Santa Catarina et dans des villes qui font frontière avec cet Etat250.

L’autre souci de la diplomatie française pendant les années soixante est celui du transfert de son ambassade de Rio de Janeiro à Brasilia, qui devient officiellement la nouvelle Capitale nationale le 21 avril 1960. Ce changement oblige la France à maintenir sa

246 Lettre de l’ambassadeur Jean Binoche à la Direction générale du personnel, MAE, RJ 01/11/67, AMAE, s. Amérique, s. s. Brésil 1964-1970, Représentation de la France au Brésil, c. 109.

247 Lettre de l’ambassadeur Jean Binoche au MAE, RJ 09/08/67, AMAE, s. Amérique, s. s. Brésil 1964-1970, Représentation de la France au Brésil, c. 109.

248 Idem.

249 Idem.

250 Lettre de l’ambassadeur Jean Binoche au MAE, RJ 21/05/68, AMAE, s. Amérique, s. s. Brésil 1964-1970, Représentation de la France au Brésil, c. 109.

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représentation officielle au Brésil divisée, durant la majeure partie de cette décennie et la moitié de la décennie suivante, entre l’ancienne et la nouvelle Capitale, situation qui conduit à une importante augmentation des dépenses.

Cette question revient à l’ordre du jour en mars 1967, quand le président Costa e Silva prend la décision de réaliser à Brasília toutes les grandes réceptions officielles. La nouvelle entraîne de grandes conséquences matérielles pour les chefs de missions diplomatiques, principalement avec les frais de voyages. A la fin d’août de la même année, l’ambassadeur français insiste auprès de son ministère sur le fait qu’il serait plus économique d’accélérer le transfert de l’ambassade à Brasilia251. Suite à une série d’échanges de lettres, une réponse plus précise est envoyée le 7 février 1969 à l’ambassade. Dans celle-ci, le Quai d’Orsay communique que sur le plan budgétaire et « dans la meilleure des hypothèses » il ne sera possible d’obtenir des autorisations pour le financement de la construction de la résidence et de la chancellerie française à Brasilia qu’au cours des exercices 1970 et 1971. C’est-à-dire que les travaux de construction « ne pourront commencer qu’en 1971 pour s’achever en 1972 », pour être en mesure de fonctionner à la fin de cette même année252.

En ce qui concerne le projet de la nouvelle chancellerie, grâce auquel le Quai d’Orsay prétend qu’il aurait là une importante opportunité pour divulguer l’avant-garde de l’architecture française, il est « exclu de ne pas réaliser le bâtiment dont l’esquisse extérieure avait été tracée par Le Corbusier »253. Toutefois, le Service des immeubles de ce ministère a entrepris avec l’architecte et le maître d’œuvre de revoir et d’adapter entièrement les aménagements intérieurs du futur immeuble. En effet, ce Service affirme que la formule envisagée se prête mal à une extension des constructions adaptées à l’évolution des besoins postérieurs à 1972. Pour ce qui est spécifiquement de la future résidence diplomatique, le crédit serait demandé seulement en 1973 pour l’édification des logements254.

Pour le Gouvernement brésilien, le transfert des ambassades - avec tout ce qu’elles apportent - à Brasilia, peut aider au développement de la région, qui dans les années soixante reste encore isolée des principaux centres économiques et culturels du pays255. Pour motiver

251 Lettre de l’ambassadeur Jean Binoche à la Direction générale du personnel, MAE, RJ 21/08/67, AMAE, s. Amérique, s. s. Brésil 1964-1970, Représentation de la France au Brésil, c. 109.

252 Lettre du MAE, M. A. Rodocanachi [?], à l’ambassadeur François de Laboulaye, Paris 07/02/69, AMAE, s. Amérique, s. s. Brésil 1964-1970, Représentation de la France au Brésil, c. 109.

253 Idem.

254 Idem.

255 Brasília est créée principalement pour développer la région centrale et, par extension, la

colonisation du pays vers l’ouest. Mais l’idée de transférer la Capitale nationale à l’intérieur du pays est ancienne et chargée de mythes. Brasília est donc la synthèse du mythe de la terre promise et de l’idéologie du nationalisme progressiste brésilien. Ce n’est pas par hasard que sa construction débute

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les représentants étrangers au déménagement, le Gouvernement va offrir alors des concessions de terrains et l’exemption d’impôts sur l’ensemble des matériels pour la construction de leurs ambassades. Mais la Capitale Champignon (surnom de Brasília à l’époque) est encore très peu séduisante. De plus, le Brésil lui-même ne donne pas l’exemple, puisque son ministère des Relations extérieures (MRE) maintient toujours la plupart de ses services à Rio de Janeiro.

au milieu des dites Anos dourados (Années dorées) brésiliennes, époque de puissant nationalisme, de croissance industrielle et d’espoir dans l’avenir du pays.

Le mythe le plus directement lié à Brasília est celui de Don Bosco (qui deviendrait le saint patron de la Capitale) durant la nuit du trois au quatre septembre 1883. Cette nuit-là, le prêtre italien fait un rêve prophétique qui peut être résumé de la façon suivante : « Dans la région de Goiás, région d’une grande plaine, je vois s’élever une terre de richesses incalculables, qui un jour seront découvertes. Je vois s’élever une grande civilisation sur cette plaine, au bord d’un lac, entre les 15ème et 20ème parallèles.

Là-bas naîtra une Terre promise » (« Na região de Goiás, região de um grande planalto, vejo elevar-se uma terra de riquezas inestimáveis, as quais um dia elevar-serão descobertas. Vejo elevar-se elevar uma grande civilização sobre este planalto, a bordo de um lago, entre o 15° e o 20° paralelo. Lá surgirá uma terra prometida »). En effet, Brasília est construite entre le 15ème et le 16ème parallèle, au bord du lac

artificiel Paranoá ; celui-ci de 48 km² a été aménagé pour diminuer les préjudices causés par le bas taux d’humidité de la région, qui peut aller jusqu’à 10 %. (Deis Siqueira et Laurdes Bandeira, « O profano e o sagrado na construção da ‘terra prometida’ », in Brasilmar Ferreira Nunes (org.), Brasília : A construção do cotidiano, Brasília, Coleção Biblioteca Brasiliense, Paralelo 15, 1997. p. 229.) En ce qui concerne l’utilité purement politique et économique, la nouvelle Capitale fédérale est pensée, pour la première fois, selon les historiens, durant l’Inconfidência mineira, mouvement indépendantiste et séparatiste de 1789. Après l’Indépendance, en 1822, José Bonifácio, un des

politiciens les plus importants de l’époque, réputé comme le Patriarche de l’Indépendance brésilienne, récupère l’idée d’aménager la capitale pour favoriser l’expansion du pays vers l’ouest ; c’est lui aussi le premier à suggérer le nom « Brasília » pour la future ville. Toutefois, le projet est officialisé seulement en 1891, quand il est inscrit dans la première Constitution républicaine du Brésil. Depuis lors, l’idée d’une nouvelle capitale à l’intérieur du pays apparaît dans les Constitutions de 1934 et 1946.

C’est Juscelino Kubitschek qui prend l’initiative de concrétiser en « 1 000 jours » cette déjà ancienne ville utopique. Selon le journaliste José Adirson Vasconcelos, qui arrive à Brasília en 1957 pour faire la chronique quotidienne de la Capitale en construction, « quand il accède à la Présidence de la République [le 31 janvier 1956], le président Juscelino Kubitschek se lance dans un programme de gouvernement osé ; il vise, principalement, le développement économique et social du pays, au travers de l’expansion de la production d’énergie, de l’amélioration des transports et de l’industrialisation […]

du pays. Et, entre ces plans, le président Juscelino en inclut un autre, durant sa compagne

présidentielle, qu’il nomme ‘Meta-Síntese’ : Brasília » (« Ao assumir a Presidência da República, o presidente Juscelino Kubitschek lançou-se a um programa ousado de metas, visando, principalmente, ao desenvolvimento econômico e social do país, através da energização, da melhoria dos transportes e da industrialização […] do país. E, dentre as suas metas de trabalho, o presidente Juscelino fez incluir uma, ainda durante a campanha eleitoral, a que deu-lhe o título de Meta-Síntese : Brasília »).

présidentielle, qu’il nomme ‘Meta-Síntese’ : Brasília » (« Ao assumir a Presidência da República, o presidente Juscelino Kubitschek lançou-se a um programa ousado de metas, visando, principalmente, ao desenvolvimento econômico e social do país, através da energização, da melhoria dos transportes e da industrialização […] do país. E, dentre as suas metas de trabalho, o presidente Juscelino fez incluir uma, ainda durante a campanha eleitoral, a que deu-lhe o título de Meta-Síntese : Brasília »).

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