• Aucun résultat trouvé

Les Brésiliens vus par la diplomatie française et le choix de partenaires- partenaires-outils

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 137-161)

L’idée de réaliser un chapitre sur les Brésiliens vus par la diplomatie française naît à la suite de la constatation de la difficulté d’écrire l’histoire en utilisant comme source principale une documentation d’origine diplomatique. Une documentation qui parfois peut conduire l’historien moins attentif à l’écriture d’une fiction ; en effet plusieurs documents, en particulier les discours des diplomates et les lettres échangées entre autorités de pays différents, sont de vrais trompe-l’oeil. Voyons l’exemple du consul français à São Paulo, Robert Valeur, et ses deux commentaires sur le président du Lycée franco-brésilien de cette même ville, Victor da Silva Freire.

Le premier des deux documents est un discours prononcé par Robert Valeur, devant les autorités brésiliennes, à l’occasion des obsèques du président du lycée mort en janvier 1951 :

« Ingénieur brillant diplômé de notre grande Ecole des Ponts et Chaussées, il appartenait à cette génération profondément pénétrée de culture française des Ramos de Azevedo, Jorge Tibirica, Júlio de Mesquita [Filho], Alfredo Pijol et Rynaldo Porchat. C’est avec cette pléiade qu’il fondait, il y a presque 30 ans, le Lycée franco-brésilien destiné à resserrer les relations culturelles entre nos deux pays […]. A ce Lycée, Victor da Silva Freire a consacré le plus clair des trente ans de sa vie. C’est son œuvre, son enfant chéri, le principal monument qui immortalisera son souvenir.

C’est grâce à son travail acharné […] que nous avons à São Paulo ce magnifique établissement […]. Nous perdons avec Victor da Silva Freire un véritable drapeau français au Brésil »262.

Le deuxième document est une lettre que le même consul envoie à la Direction générale des relations culturelles (DGRC), dans laquelle il commente la situation du Lycée franco-brésilien et de son président mort il y a quelque mois :

262 Paroles prononcés par le consul Robert Valeur lors des obsèques de Victor da Silva Freire, envoyé au MAE, SP 01/02/51, AMAE, s. B Amérique, s. s. Brésil 1944-1952, Œuvres, microfilm vol. 29.

138

« La mort inopinée du Dr. Victor da Silva Freire est venue simplifier nos problèmes. Le Dr. Roberto Moreira, que je suis arrivé à lui faire désigner comme successeur avec l’aide du gouverneur de l‘Etat de São Paulo, nous offrait toutes les garanties de loyauté qui nous manquaient sous l’administration du Dr. Victor da Silva Freire.

Le Dr. Lima Pontes, imposé par le Dr. Victor da Silva Freire comme directeur brésilien du lycée, malgré sa complète ignorance du français, a des amis politiques […] [donc]

dans les circonstances actuelles, il est impossible de penser à l’éliminer. La solution élégante et définitive de nos problèmes était de construire un pavillon séparé pour le cours de français.

Le gouverneur [de São Paulo] Lucas Nogueira et le cardinal Vasconcellos Motta ont rendu une visite officielle au lycée à l’occasion de laquelle a été posée la première pierre d’un monument à la mémoire - j’allais dire à la triste mémoire du Dr. Victor da Silva Freire »263.

La politique est l’art de sculpter le discours à la convenance du contexte. Ou, comme le dirait Hannah Arendt, la politique est la liberté dans le discours, elle sert aussi à éviter la violence directe entre les hommes264.

Nous pouvons bien supposer, à partir de cet exemple, que le consul Robert Valeur et le président du Lycée franco-brésilien Victor da Silva Freire, dans leur dispute pour le pouvoir sur ce lycée à São Paulo, ne sont pas arrivés à la voie de fait grâce à la politique et la diplomatie. Mais pour nous, le plus important de cette anecdote, c’est l’évidence que le discours diplomatique, pour qu’il puisse servir de source, doit être très critiqué, parce qu’il est un discours politique, donc géré dans la liberté de façon à s’adapter au contexte, de manière qu’il ne fait pas de distinction entre ce qui est vrai ou faux, il est donc parfois chargé de mensonges et d’impudence.

Donc, pour savoir comment les Brésiliens sont vus par la diplomatie française, il faut plutôt utiliser les documents produits par les Français et adressés aux Français. Les informations dans ces documents semblent plus véridiques que ceux qui sont envoyés par les Français aux Brésiliens. Quand on connaît comment les diplomates, professeurs, intellectuels etc. français perçoivent les Brésiliens, on a plus de facilité à comprendre aussi leurs actions, leurs choix de conduite au Brésil et leurs choix des éléments culturels envoyés au pays. Pour

263 Lettre du consul Robert Valeur au MAE, SP 22/11/51, AMAE, s. B Amérique, s. s. Brésil 1944-1952, Œuvres, microfilm vol. 29.

264 Hannah Arendt, Qu'est-ce que la politique ?, Paris, Ed. Seuil, 1995.

139

cette raison, pour parler de la politique culturelle française au Brésil, il faut avoir la compréhension de comment la diplomatie française conçoit le Brésil et son peuple.

Dans ce chapitre nous avons choisi de prendre en considération aussi des documents qui ont été produits avant de la période ici traitée. En effet il est utile de montrer la constance ou non du regard français sur le Brésil et les Brésiliens à travers de la perspective de l’histoire de longue durée, vu que la politique culturelle française est définie et menée en raison de la demande qui existe dans le pays où elle est appliquée. Demande qui est d’ailleurs parfois plus le fruit de l’imagination des Français que d’une réalité empirique du Brésil. Enfin, ce chapitre doit nous servir aussi à prouver que la vision que les Français ont du Brésil et des Brésiliens est plutôt conditionnée par leurs propres besoins dans la conduite de leur politique culturelle dans le pays. Autrement dit, les responsables de la politique culturelle française généralement

« aiment » et « n’aiment pas » plutôt en fonction de l’utilitarisme.

Depuis les premières missions universitaires françaises au Brésil au milieu des années trente, on perçoit déjà l’insatisfaction et les critiques incisives de plusieurs acteurs de la politique culturelle française sur les Brésiliens et le fonctionnement des institutions locales.

Le professeur Henri Hauser se plaint auprès du recteur de l’Université de Paris du fait que

« […] malgré nos instances [des professeurs français] et les interventions de l’ambassade, nous n’avons pas encore reçu un centime ! La situation devient critique pour certains de nos collègues, surtout pour ceux qui ont des enfants. Tous les jours, là encore, on nous promet pour demain ; aujourd’hui pour la fin du mois !. [Et il affirme encore que] la situation des professeurs français au Brésil est ardue à cause de la lenteur brésilienne, aidée par un sens rare de l’inorganisation »265.

Malgré le prestige des intellectuels français, leur vie au Brésil, d’après plusieurs témoignages, est chargée de difficultés. Cela souvent à cause de la « lenteur », de l’« irresponsabilité », de l’« incompétence »… des Brésiliens.

Après la guerre, et à plusieurs occasions, la diplomatie française fait des mea culpa.

Mais la plupart des fois on s’aperçoit que c’est plus théorique et/ou rhétorique que le résultat d’un changement de sensibilité. L’analyse de la politique culturelle française en Amérique latine, faite par Paul Rivet immédiatement après la guerre, nous montre en grandes lignes comment pensent les protagonistes de la diffusion de la culture française au Brésil, lesquels en général sont en même temps raisonnables et réduits à l’eurocentrisme. Il dit :

265 Lettre du professeur Henri Hauser au recteur de l’Université de Paris, RJ 28/04/36, c. AJ/16/6946, MEN-CARAN.

140

« La propagande française en Amérique latine a été singulièrement négligée et dans ses faibles efforts, mal orientée. L’envoi de savants ou de professeurs, souvent mal préparés, ignorant tout de la langue et des coutumes des pays visités, a été parfois nuisible, presque toujours improductif. […] La plupart de ces missionnaires considéraient un voyage en Amérique latine comme un voyage de plaisance ou de tourisme […]. Ils adoptaient souvent une ligne de conduite maladroite.

La vraie propagande dans des milieux où le nationalisme est d’une grande susceptibilité ne doit pas être un hymne à la grandeur de la France, à son prestige scientifique ou littéraire. […] Ce complexe de supériorité est très fréquent chez les hommes de notre pays. Il y a, chez tous les peuples latino-américains un complexe d’infériorité qui tient à des causes multiples (conscience de la dépendance de leur civilisation matérielle et spirituelle, inquiétude provenant de leur composition ethnique, etc.).

L’Amérique latine a été trop souvent considérée [par les Français] comme un territoire de seconde zone, où l’on pouvait envoyer des éducateurs médiocres dont l’emploi dans la métropole ou dans les autres régions du monde […] ne paraissait pas désirable »266.

Cette perception aide les Français pour fixer les grandes lignes du programme politique culturel qui sera appliqué en Amérique latine à partir 1945. Mais l’autocritique de Paul Rivet dans son rapport ne suggère pas des changements substantiels, à savoir comment les acteurs de la politique culturelle de son pays doivent voir l’Amérique latine. Il conseille plutôt un changement de comportement, plus de tact, une apparence d’humilité, plus de sophistication, puisqu’il

« […] consent à exposer des points de vue d’inspiration française, des idées qui portent par leur clarté et leur précision la marque du génie français, mais sans que le conférencier proclame à tout instant que la France est le grand foyer de la culture, des arts ou des sciences »267.

Il n’y a pas de doute que la politique culturelle française au Brésil se sophistique, au sens indiqué par Paul Rivet. En fait, la conscience collective dans les pays périphériques dans

266 « Rapport sur la propagande d’après-guerre en Amérique latine », de Paul Rivet, envoyé au MAE, (date illisible) Paris 1945, AMAE, s. Relations culturelles 1945-1947, c. 144.

267 Idem.

141

l’après-guerre exige moins d’arrogance de la part des vieux empires coloniaux. Cette sophistication, le plus grand souci dans la pratique de l’exportation de sa culture, est imposée de l’extérieur de la France (la France se voit sans choix), mais à l’intérieur, à l’exemple des

diplomates, on voit que la perception des Français sur les Brésiliens reste intacte après 1945.

D

ans le Plan de la politique culturelle définie pour l’Amérique latine en 1946, il est écrit que les Brésiliens - comme les Argentins - « ont eu de la peine à comprendre les audaces des œuvres de Picasso, d’Utrillo, de Vlaminck », entre autres268. A partir de cette perception, la DGRC définit que, pour que le public brésilien soit capable d’admirer les nouvelles œuvres d’art, il faut d’abord qu’il soit « instruit dans la richesse et la continuité de l’art français »269. Et pour cela, les expositions dans l’avenir doivent être composées tout d’abord par des classiques de la peinture et de la sculpture, où les œuvres modernes et avant-gardistes seraient plutôt montrées de façon discrète et subtile, de façon à ne pas choquer et en même temps habituer le public270.

La DGRC et les diplomates français paraissent ignorer le fait que le Brésil a un processus d’évolution artistique concomitant - ou presque - de celui qui se passe dans l’Europe occidentale pendant la première moitié du XXe siècle. Au Brésil, ainsi qu’en Europe, les artistes sont à la quête des mêmes innovations esthétiques (primitivisme, nativisme, irrationalisme, etc.) et sont forgés par les mêmes et contre les mêmes idéologies (par exemple, contre les conservatismes du XIXe et du début du XXe siècle et, d’un autre côté, souvent sans que les artistes et les intellectuels s’en rendent compte, ils sont aliénés à l’idéologie de la bourgeoisie industrielle selon laquelle les innovations doivent être constantes)271. La différence est plutôt liée au quantitatif car l’art moderne au Brésil, dans la première moitié du XXe siècle, touche moins de monde qu’en Europe. Mais l’art moderne est le fruit de la société industrielle et en même temps la contestation de cette même société, donc rien de plus logique que le fait qu’elle doit sensibiliser une proportion mineure de la population dans un Etat peu industrialisé comme le Brésil des années quarante.

268 « Plan d’action pour l’Amérique latine (très confidentiel) », signé par Henri Laugiers, président de la commission qui définit la politique culturelle pour l’Amérique latine, MAE, Paris 02/03/46, AMAE, s. Relations culturelles 1945-1947, c. 144.

269 Idem.

270 Idem.

271 Voir Philippe Satot, Primitivisme et surréalisme : Une ‘synthèse’ impossible ?, mars/2003, www.methodos.revues.org ; Avatar da Silva Moraes, O sagrado Moderno, Rio de Janeiro, Tiro de Letra, 2009 ; Franklin de Oliveira, A Semana de Arte Moderna na contramão da história e outros ensaios, Rio de Janeiro, Topbooks, 1993.

142

A l’occasion de la 7e Biennale de São Paulo en 1963, le consul Geoffroy de la Tour se plaint auprès de son ministère du fait que la France n’a gagné aucun prix. Pour lui « le palmarès était établi d’avance »272. L’attribution du Grand Prix au peintre états-unien Gottlieb

« avait été convenue entre les augures », puisque « les abstractions de M. Gottlieb semblent blâmables »273. Le consul considère donc que l’événement ne doit pas être pris au sérieux, alors que « ces festivals [brésiliens], qu’ils soient de musique, de cinéma, ou d’arts plastiques, sont faux et faussés au départ »274. A São Paulo, selon le consul, « le public n’est ni formé, ni instruit, ni averti ». Le « hall immense d’Ybirapuera [où se passe la Biennale], ces kilomètres de galeries, ces centaines de toiles, cela ne s’appelle pas une exposition, mais une foire aux œuvres d’art, d’autant plus morne, déprimante, que les visiteurs sont si peu nombreux que leur présence ne permet pas de cacher la médiocrité de la plupart des œuvres exposées ». Pour lui - évidemment - le meilleur peintre de la 7e Biennale était le franco-belge Singiar, qui « n’a pu être couronné pour des raisons de convenance politique et l’argent »275.

Que le consul Geoffroy de la Tour ait ou non raison dans son analyse, le fait est qu’on est ici devant un type de perception constante, de la part de la diplomatie française, par rapport à la sensibilité artistique brésilienne, ou plutôt, par rapport à la sensibilité de l’élite brésilienne.

Dans une affaire qui se passe dans la même année 1963, entre le même consul et un musée de São Paulo, on voit alors une autre façon de percevoir les Brésiliens. Celle-ci liée à un contact plus intime des Français. L’affaire a comme objet de dispute le tableau présenté au Musée de São Paulo Fille de Louis XV, du peintre Jean-Marc Nattier. Le consul, avec l’appui de son ambassadeur, voudrait faire revenir le tableau en France pour qu’il reste installé au bureau du Roi à Versailles. Le fondateur et le directeur du musée paulista proposent de l’échanger contre une autre œuvre française, mais le conservateur du Musée de Versailles n’est pas d’accord avec la proposition. La proposition reste en impasse. Impasse qui motive le consul Geoffroy de la Tour à chercher d’autres solutions. Il suggère alors dans une lettre adressée au chargé des Affaires de France au Brésil, Jean-Paul Angles, que Laymarie (?), « à l’occasion de la Biennale de São Paulo, [prenne] des contacts utiles avec les détenteurs de Filles de Louis XV ». Ces « contacts utiles » doivent êtres faits « avec le maximum de discrétion », « pour bien préparer la voie », et le consul ajoute :

272 Lettre du consul Geoffroy de la Tour au MAE, SP 04/10/63, AMAE, s. Amérique, s. s. Brésil 1952-1963, Questions culturelles, c. 95.

273 Idem.

274 Idem.

275 Idem.

143

« Nous sommes depuis assez longtemps, vous et moi, au Brésil, pour savoir ce qu’est le jeitinho [petite manière de savoir-faire] brésilien. [Il conclut en faisant une proposition que lui-même considère] fort gracieuse et prometteuse, dont Laymarie recueillera aisément tout le fruit »276.

Les Brésiliens sont qualifiés aussi fréquemment de « moralistes », de « prudes », d’« affectés ». En ce sens, un drôle d’exemple se passe pendant les jeux de l’Universiade (jeux universitaires mondiaux de la Fédération internationale du sport universitaire), qui ont lieu à Porto Alegre en 1963. A l’ouverture des Universiades, l’équipe française bénéficie d’un préjugé, selon le consul Paul Katz à Porto Alegre, « extrêmement favorable et lors du défilé des sportifs, elle a été une des plus acclamées par la foule »277.

Mais peu à peu la situation s’est dégradée. Dès le début de ces jeux, les joueurs de l’équipe de basket-ball français ont été accusés de faire des « propositions brutales et inconvenantes à des jeunes filles brésiliennes », la même équipe a expulsé du local des douches un de ses membres « en tenue d’Adam ». Comme un groupe de police féminine et des jeunes filles brésiliennes ont assisté à ces scènes, certains journaux ont exploité le sujet. Et ce parce que, dans « ce pays si prude ce type de chose fait scandale. Ces mêmes faits qui chez nous auraient été considérés comme négligeables »278.

Le dommage continue quand les journaux accusent aussi des jeunes filles de l’équipe de France d’avoir fait du strip-tease au Village Olympique. Pour le consul, « ceci est une pure calomnie quand on connaît les jeunes filles françaises ». Une autre fois, trois jeunes gens de l’équipe française ont été priés par un reporter de parler à la télévision, les trois jeunes ont terminé l’émission « par des chansons grivoises »279.

Enfin, le clou de ces incidents a été la manifestation de l’équipe tout entière sur le terrain d’aviation à Porto Alegre lors de leur départ vers la France. La compagnie aérienne Panair les fait attendre 27 heures. L’énorme retard pousse les étudiants français à envahir l’aire d’atterrissage et à « légèrement blesser le directeur du terrain d’aviation qui s’était opposé à eux ». La situation se calme avec l’arrivée de 40 hommes de police « qui

276 Lettre du consul Geoffroy de la Tour au chargé des Affaires de France au Brésil Jean-Paul Anglés, SP 21/08/63, AMAE, s. Amérique, s. s. Brésil 1952-1963, Questions culturelles, c. 95.

277 Lettre du consul Paul Katz au chargé des Affaires de France au Brésil Jean-Paul Anglés, Porto Alegre 10/09/63, AMAE, s. Amérique, s. s. Brésil 1952-1963, Questions culturelles, c. 95.

278 Idem.

279 Idem.

144

heureusement n’ont pas eu à intervenir »280. A ce moment encore une fois le consul se plaint parce que le journal Última Hora s’est emparé du sujet avec un titre « sur une largeur d’une page », où « il [le journal] n’a pas été tendre avec nous »281.

Lors de cette Universiade de Porto Alegre, les Français arrivent à la 9ème place (avec 10 médailles) sur 27 pays participants. Le mauvais classement et les scandales font que le consul regrette qu’une manifestation à l’étranger de l’ampleur de l’Universiade, au lieu de nous être bénéfique, soit devenue un « lamentable fiasco ». Même en faisant un mea-culpa, en reconnaissant des fautes de la délégation de son pays et le fait qu’aucun autre pays n’a eu de mauvais échos dans la presse brésilienne pendant ces jeux, le consul Paul Katz ne peut s’empêcher non plus de faire porter aux Brésiliens la responsabilité du « lamentable fiasco » français. En effet si les Brésiliens n’étaient pas des « moralistes », « prudes » et

« irresponsables, les choses se seraient peut-être déroulées de manière différente »282. Pour le chargé des Affaires de France au Brésil :

« Ceux qui connaissent bien le Brésil n’ont pas été surpris de l’impréparation générale qui a caractérisé ces jeux ni de la confusion qui n’a pas cessé de régner dans tous les domaines. Ces problèmes, la gentillesse naturelle des Brésiliens n’a pu les effacer. […] nos athlètes, qui n’avaient évidemment pas les mêmes raisons que ceux des pays de l’Est et de Cuba de marquer un enthousiasme de commande, ont exprimé un dépit bien compréhensible »283.

Mais les intérêts de la France sur le Brésil sont importants, si bien que la concession, la tolérance et l’humilité s’imposent à elle. Dans les années cinquante, quand le Brésil paraît entrer dans une « phase positive » de son histoire (on le verra dans les chapitres suivants), en même temps que le ministère des Affaires étrangères (MAE) a une idée plutôt amère de la

Mais les intérêts de la France sur le Brésil sont importants, si bien que la concession, la tolérance et l’humilité s’imposent à elle. Dans les années cinquante, quand le Brésil paraît entrer dans une « phase positive » de son histoire (on le verra dans les chapitres suivants), en même temps que le ministère des Affaires étrangères (MAE) a une idée plutôt amère de la

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 137-161)