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La Maison du Brésil : un fruit du prestige français dans l’après-guerre ?

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 89-99)

La réorganisation et la mise en place de la politique culturelle française au Brésil

6.2 La Maison du Brésil : un fruit du prestige français dans l’après-guerre ?

La Maison du Brésil - comme toutes les autres maisons de la Cité universitaire - est le fruit de la stratégie du Gouvernement français pour conserver à sa Capitale le rôle de centre culturel planétaire. Le long processus, de son idéalisation dans les années 1920 jusqu’à sa concrétisation, doit être observé dans le contexte d’une géopolitique globale ; la crise économique occidentale des années 1930 - qui touche de plein fouet le Brésil - et la guerre qui a suivi, entraîne l’abandon du projet par les autorités brésiliennes, lequel ne sera repris qu’en 1945. Ainsi, la reprise, tout d’abord par la diplomatie française, de l’idée de la construction d’une Maison brésilienne à Paris, fait partie de la réorganisation de sa politique culturelle internationale.

Ceci est la raison pour laquelle on a décidé d’introduire ce chapitre sur la Maison du Brésil au début de cette deuxième partie de la thèse, que traite de la réorganisation de la politique culturelle internationale française dans l’immédiat après-guerre. Il est important ici d’observer le « pont » entre les années de grand prestige de la culture française au Brésil, celles de 1920, et l’effort du MAE pour les faire revivre à partir de 1945.

D’un autre côté, selon la perception des autorités et de certains intellectuels brésiliens, la Maison du Brésil doit servir à intensifier la présence des étudiants brésiliens en France et, dans une conception plus large, augmenter l’importance du Brésil au niveau international.

Donc, nous pouvons affirmer que l’effort utilisé par les autorités brésiliennes à la construction de la Maison du Brésil est - aussi - un indicatif du poids que ces mêmes autorités attribuent à la France dans la géopolitique, vu que, comme c’est le cas pour les Français, l’intérêt qui guide les Brésiliens pour la création de cette maison est de faire rayonner l’image du Brésil.

146 Deux autres résidences en dehors du terrain du 14ème arrondissement (où est localisée la Cité universitaire) sont ouvertes au début du XXIe siècle (les deux dans le 19ème arrondissement),

complétant ainsi les quarante maisons qui composent la Cité internationale universitaire de Paris. Au total, la Cité universitaire dispose de 5 600 lits pour les étrangers. Brigitte Blanc et Philippe Ayrault, Fondation Emile et Louise Deutsch de la Meurthe - La Cité internationale universitaire de Paris… ; voir aussi Bertrand Lemoine, Cité internationale universitaire de Paris, Paris, Editions Hervas, 1990.

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L’intention brésilienne de créer une maison pour ses étudiants en France est née pratiquement avec la Cité universitaire internationale de Paris, et avant même l’inauguration de la première maison de cette Cité en 1925, la Fondation Deutsch de la Meurthe. Déjà en février 1923, l’architecte Lucien Bechmann est contacté par le recteur de l’Université de Paris, Paul Appell, pour faire l’estimation des dépenses à prévoir pour deux pavillons, l’un de 10 lits et l’autre de 20 lits. Ces pavillons seraient destinés aux étudiants argentins et brésiliens et devraient être conçus « dans le même esprit que les pavillons de la Fondation Deutsch de la Meurthe », encore en phase de construction147.

La documentation ne laisse pas connaître clairement au nom de qui le recteur Paul Appell fait une telle commande. Nous ne savons pas si sa demande est due à une proposition argentine et/ou brésilienne. Toutefois il est bien probable qu’elle soit la conséquence de la demande des deux pays, principalement de l’Argentine, vu que celle-ci se consacre depuis 1923 à la réalisation de sa Maison à Paris ; qui est inaugurée en juin 1928148. En tout cas, au début mars 1923, Lucien Bechmann adresse l’estimation des dépenses au recteur Paul Appell pour la construction d’un pavillon de 20 lits. Il prend comme base de comparaison les bâtiments de la Fondation Deutsch de la Meurthe, même si ceux-ci sont beaucoup plus grands (les plus petits ont une quarantaine de lits), et que la Fondation a été construite pour près de 350 lits, ce qui permet d’obtenir des conditions exceptionnelles de prix, sur lesquels il ne faut pas compter pour la construction d’un pavillon isolé. Pour avoir des avantages de prix, l’architecte conseille d’exécuter leurs travaux ensemble (pour les Maisons argentine et brésilienne), surtout si les deux pavillons sont voisins.

Le premier calcul est basé sur la construction d’un pavillon de 20 lits. La dépense prévue n’inclut que la construction sur le sol. Il reste à calculer encore le jardin d’environ 30 mètres et les branchements d’eau, gaz, égouts, etc. Cette première ébauche de projet est supposée avoir trois étages couvrant environ 200 m² de surface, une vingtaine de chambres et sans autres services généraux qu’un service de bains et douches, et une pièce de réunion « de petites dimensions ». Pour faire ressortir l’avantage des prix, l’architecte présente parallèlement, ce qui serait une deuxième option, l’estimation pour un pavillon de 30 lits, qui ne représenterait qu’environ 60 m² de surface construite en plus149.

147 Lettre de l’architecte Lucien Bechmann envoyée au recteur de l’Université de Paris à la Sorbonne, Paul Appell, Paris 02/03/23, c. AJ/16/7037, MEN-CARAN.

148 Histoire de la Maison de l’Argentine à Paris, www.casaargentinaenparis.org

149 Lettre de l’architecte Lucien Bechmann, envoyée au recteur de l’Université de Paris à la Sorbonne Paul Appell, Paris 05/03/23, c. AJ/16/7037, MEN-CARAN.

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Cette première ébauche - de la Maison de l’Argentine ? du Brésil ? - est présentée avant même que soit défini le terrain pour la construction. En avril 1924, l’ambassadeur brésilien Luíz Martins de Souza Dantas signale au recteur Paul Appell son désir que la Maison du Brésil soit à côté de la Maison du Portugal (baptisée Résidence André Gauveia, la Maison du Portugal sera inaugurée seulement en 1967). Si d’un côté le recteur ne nie pas la demande brésilienne, d’un autre côté il conseille à l’architecte Lucien Bechmann, qui doit rencontrer l’ambassadeur brésilien :

« Ne lui faire de promesses trop précises quant à l’emplacement du terrain, [puisque]

insiste le recteur, nous sommes en ce moment-ci en pourparlers pour l’acceptation d’une fondation très importante (Fondation Biermans), qui sera destinée à la construction d’une Maison belge, [qui] pourrait désirer occuper le terrain situé précisément à côté du n° 8 du plan et sous le n° 9. Il ne faudrait donc rien donner là sans connaître les désirs définitifs de M. Hubert Biermans »150.

La situation sur la taille et l’emplacement du terrain pour la construction de la Maison du Brésil reste alors incertaine, ainsi que l’effort du Gouvernement brésilien. Mais nous constatons la mobilisation d’importants secteurs de l’élite brésilienne en fonction de la concrétisation du projet. En ce sens, nous mentionnons ici deux exemples encore dans des années vingt. Afin de régler les doutes pour mieux pouvoir faire pression sur les autorités brésiliennes, à la fin 1924, le docteur Tigre de Oliveira, représentant les universitaires brésiliens - qui essaient d’intervenir auprès du Gouvernement -, demande un entretien avec le recteur Paul Appell. Il souhaite discuter sur les points suivants :

1) « S’agirait-il de l’acquisition de 2 000 m² de terrain ? 2) Quel peut être le coût approximatif de cette acquisition ?

3) Sous quelle forme et dans quel délai le paiement devrait-il en être effectué ? 4) Serait-il possible d’indiquer, au moins de façon approximative, le devis de construction d’un pavillon, en se basant sur les dépenses déjà effectuées pour tel ou tel bâtiment destiné à un certain nombre d’étudiants ?

5) Un type d’architecture est-il imposé pour chaque bâtiment et en ce cas, auprès de qui peut-on recueillir les indications nécessaires ?

150 Lettre de l’ambassadeur Souza Dantas, envoyée au recteur de l’Université de Paris à la Sorbonne Paul Appell, Paris 04/04/24, c. AJ/16/7037, MEN-CARAN ; lettre du recteur de l’Université de Paris Paul Appell, envoyée à l’architecte Lucien Bechmann, Paris 09/04/24, c. AJ/16/7037, MEN-CARAN.

Sur Jean Hubert Biermans, milliardaire et mécène d’origine hollandaise et très attaché à la Belgique, voir André Vermeirre, Hubert Biermans. Du Congo à Shawinigan, Sillery, Ed. Septentrion, 2001.

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6) Enfin, pourrait-on nous faire connaître celles des nations participant déjà effectivement à la création de la Cité universitaire, ou celles ayant à cet égard initié des démarches ? »151.

Le second exemple se passe en novembre de l’année suivante. C’est au tour du président de la Société de la Légion d’Honneur brésilienne, Lineo de Paula Machado, de contacter le recteur Paul Appell en lui demandant de lui faire parvenir un film de la Cité universitaire pour savoir « exactement à quelles dépenses on s’engage de façon à pouvoir justifier ces dépenses devant le Parlement brésilien ». Il dit avoir parlé au Président du Brésil Washington Luíz qui lui a « déclaré qu’en principe il s’intéresserait à cette fondation »152.

Mais le premier signe officialisé de l’engagement brésilien pour la construction de sa Maison à Paris arrive seulement le 13 juillet 1926, quand la Chambre des Députés approuve la loi pour la réalisation de ce projet. A l’occasion, le Parlement brésilien ouvre un crédit de 1 000 contos (6 250 000 francs à l’époque, environ 3 770 000 euros en 2010153) afin de débuter les travaux. L’article 2 de la loi dit que la « Maison de l’Etudiant brésilien est créée dans le but de faciliter la vie matérielle des étudiants brésiliens dans la capitale de la France »154. L’exposé des motifs de la proposition du projet, présenté par le député fédéral Austregesilo (qui est aussi membre de l’Académie brésilienne des Lettres et professeur à la Faculté de Médecine de Rio de Janeiro), est un magnifique hommage rendu à l’« influence intellectuelle française » et un important indicatif du prestige de ce pays au Brésil des années vingt, qui nous sert à bien constater que ce même prestige survivra dans l’après-guerre :

« La France est le pays qui exerce la plus grande influence sur l’esprit brésilien. […]

Il est hautement utile, pour la formation de la culture nationale, que beaucoup de nos compatriotes étudient dans les centres européens, afin de perfectionner leurs connaissances et d’améliorer les conditions effectives de leur apprentissage artistique et scientifique.

151 Lettre du Secrétaire de la Compagnie du Chemin de fer de Victória de Minas, Gaston André, envoyée au M. Guyot, Secrétaire général de l’Université de Paris à la Sorbonne, Paris 22/10/24, c.

AJ/16/7037, MEN-CARAN.

152 Lettre du président de la Société de la Légion d’Honneur du Brésil, Lineo de Paula Machado, envoyée au recteur de l’Université de Paris à la Sorbonne Paul Appell, Paris 19/11/25, c. AJ/16/7037, MEN-CARAN.

153 Conversion faite à partir des informations dans le site Internet de l’Institut national de la Statistique et des études économiques, www.insee.fr

154 Traduction du projet de loi pour la construction de la Maison de l’Etudiant brésilien, présenté à la Chambre des Députés brésilienne par le député fédéral Austregesilo, le 13 juillet 1926, voté et

approuvé à la même date. Document annexé à la lettre de M. F. Pila, chef au SOFE-MAE, envoyée au recteur de l’Université de Paris Paul Appell, Paris 13/08/26, c. AJ/16/7037, MEN-CARAN.

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Indéniablement, les Brésiliens trouvent à Paris un milieu propice à leur développement artistique et scientifique, surtout à l’acquisition de connaissances fondamentales et pratiques qui constituent la base pour la formation d’un esprit moderne étant donné les affinités intellectuelles entre les Brésiliens et les Français.

Il y a, dans la Capitale française, la Cité universitaire. Le ménage du philanthrope Deutsch a doté la France d’une somme élevée pour construire la merveilleuse Maison de l’Etudiant français, où, dans un milieu salubre et pittoresque, existent les installations les plus modernes, les plus commodes, les plus magnifiques et hygiéniques. Moyennant un prix relativement modeste, l’étudiant trouve le logement, la nourriture, un casino, des divertissements sportifs, etc. D’autre part, quelques pays d’origine latine, comme la Belgique, le Canada et l’Argentine, ont déjà construit ou sont en train de construire les Maisons de l’Etudiant pour leurs nationaux respectifs.

L’exemple qui doit nous stimuler le plus est celui de l’Argentine, qui ne perd aucune occasion de prouver son amitié et son respect à la France, et n’épargne aucun effort pour manifester son souci de perfectionnement moral et son désir de s’approcher davantage encore de la mère spirituelle des peuples latins.

On sait que le Mexique fait actuellement construire une Maison pour ses étudiants.

J’ai pu personnellement me rendre compte de la grandeur de ces entreprises, qui resserrent chaque jour davantage les liens de la latinité. Le Brésil, qui s’est toujours montré un des partisans les plus fermes et les plus enthousiastes de l’union américaine et de l’union latine, ne pourra qu’encourager son Gouvernement dans cette œuvre de progrès, édifiante et utile.

Le Pays qui s’est inspiré des idées philosophiques françaises pour la forme de son Gouvernement, […] ne peut pas s’abstenir de contribuer de plus en plus à l’affermissement de ce signe d’amitié spirituelle entre les universités nationales et la grande Université parisienne, entre l’esprit brésilien et l’esprit français »155.

Toutefois, il faut attendre encore plus de deux ans pour que le projet soit finalement sanctionné par le Congrès brésilien, après son vote au Sénat à la fin 1928. Et cela grâce au rôle décisif qu’a joué le sénateur français Fernand Faure et le toujours présent Georges Dumas auprès des autorités et des élites brésiliennes. Selon André Honnorat, sénateur et ancien ministre, père fondateur et président du Comité de direction de la Fondation Cité universitaire de Paris, le sénateur Fernand Faure

155 Idem.

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« a réussi à vaincre, pendant son voyage à Rio, les hésitations des représentants du Gouvernement et du Parlement du Brésil, mais il a, par surcroît, décidé un généreux ami de la France dans ce pays, M. Octávio Guinle [un des plus grands représentants de la haute bourgeoisie brésilienne du XXe siècle], à prendre l’engagement de contribuer à la Fondation [Maison du Brésil] projetée pour une somme égale à la moitié de celle qui lui serait affectée sur le budget de l’Etat brésilien […] »156.

Mais même avec l’effort conjugué des représentants des deux côtés de l’Atlantique, la construction de la Maison du Brésil est bloquée. Nous ne trouvons presque plus aucun signe de l’évolution du projet après 1930. Et pour des raisons évidentes l’idée semble disparaître dans les années de guerre. Les causes les plus visibles pour ce long intervalle sont la crise économique des années trente, la Révolution brésilienne de 1930 - qui inaugure la Nouvelle République157 - et la guerre qui, touchant pratiquement toute l’Europe, efface un des plus importants idéaux de l’esprit fondateur de la Cité universitaire internationale, celui de promouvoir la paix entre les nations.

Avec la fin de la Première République brésilienne, les décisions sur la Maison du Brésil approuvées par le Congrès national durant les années vingt sont annulées. Le projet est réveillé en 1945 à l’occasion de la mission Pasteur Vallery-Radot, au cours de son enquête avec des autorités et des intellectuels brésiliens à Rio de Janeiro. Son rapport fait mention de la stratégie qui doit être utilisée par les autorités diplomatiques françaises, auprès des milieux universitaires brésiliens, afin de pousser le Brésil à la construction de sa Maison d’étudiants à Paris. Cette stratégie consiste à faire appel à

« l’orgueil national des intellectuels brésiliens, qui ne peuvent qu’être sensibles au fait que l’Argentine, le Mexique, et même Cuba ont à la Cité universitaire d’importants

156 Lettre de André Honnorat, sénateur et président du Comité de direction de la Fondation Cité universitaire de Paris, envoyée au recteur de l’Université de Paris Paul Appell, Paris 10/12/28, c.

AJ/16/7037, MEN-CARAN.

157 Pour l’historien Boris Fausto, la Révolution de 1930 représente le mouvement le plus important de l’histoire du Brésil au XXe siècle. Avec des caractéristiques progressistes et libérales, au détriment du pouvoir conservateur agraire, elle inaugure l’accélération de l’industrialisation du pays, fonde une nouvelle République, développe et soutient politiquement les bases pour une vraie transformation culturelle, celle-ci plutôt nationaliste. Voir Boris Fausto, A Revolução de 1930 : historiografia e história, São Paulo, Brasiliense, 1972 ; et Antônio Cândido, A Revolução de 1930 e a cultura, São Paulo, Cebrap, 1984.

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pavillons, et que les étudiants brésiliens étaient avant-guerre obligés de recourir à l’hospitalité de la Maison argentine »158.

Pasteur Vallery-Radot note que la solution de cette question pourrait faciliter la construction de la Maison de France à Rio de Janeiro (comme on le verra plus avant dans le chapitre sur la Maison de France), dans un esprit de réciprocité. Raymond Ronze, le principal interlocuteur français de la mission auprès des universitaires brésiliens, a demandé à son ambassadeur de faire appel à la communauté française au Brésil pour participer au financement de la Maison du Brésil - son plan est de faire suivre l’exemple de la communauté française au Mexique, qui pendant la guerre a voté la construction, à ses frais, de la Maison mexicaine à la Cité universitaire.

L’ambassadeur, le général François d’Astier de La Vigerie, retient cette possibilité.

Raymond Ronze lui demande alors de réunir le plus tôt possible les « personnalités les plus en vue de la colonie française et quelques amis brésiliens, dont l’ex-ambassadeur brésilien à Paris Luíz Martins de Souza Dantas et le dr. Paulo Carneiro, afin de leur demander de voter le principe de la construction de la Maison brésilienne ». Dès son retour à Paris, en septembre 1945, Raymond Ronze sollicite la direction de la Cité universitaire pour faire connaître à Rio de Janeiro les modalités d’attribution et d’utilisation du terrain prévu, ainsi que les frais nécessaires à la construction de la Maison brésilienne159.

En octobre 1947, la Fondation nationale de la Cité universitaire demande à la DGRC d’envoyer aux représentants de l’Institut brésilien d’Education auprès de l’UNESCO le plan du domaine de la Cité universitaire. La Fondation souligne que la DGRC doit convaincre le Gouvernement brésilien que l’œuvre entreprise par l’Université de Paris, avec la Cité universitaire,

« sert à offrir aux élites des jeunes générations de tous les peuples l’occasion et le moyen de se connaître et de se comprendre ; [en plus] assurer aux Brésiliens que nous ferons tout ce qui dépendra de nous pour que le Brésil se décide à avoir chez nous sa Maison »160.

158 « Rapport de la Mission Pasteur Vallery-Radot, janvier à août 1945 », Paris 1945, c. AJ 16/6960, MEN-CARAN.

159 Idem.

160 Lettre du recteur, délégué général et président de l’Université de Paris (nom illisible), Fondation nationale de la Cité universitaire de Paris, envoyée à la DGRC-MAE, Paris 10/10/47, AMAE, s.

Relations culturelles 1945-1947, c. 28.

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En même temps la Fondation affirme pouvoir attribuer un terrain pour la construction de la Maison, à la condition que le gouvernement brésilien lui envoie une idée du projet du bâtiment qui sera édifié et l’acte qui précise les fins pour lesquelles servira le bâtiment (le don de ce terrain devient, on verra plus tard, une partie de la contrepartie du terrain où est construite la Maison de France à Rio de Janeiro). D’après les règles de la Fondation nationale de la Cité universitaire, le gouvernement brésilien n’est pas obligé de signer lui-même l’acte constitutif à la Cité universitaire, celui-ci peut être confié à l’Université de Rio de Janeiro, à l’Institut brésilien d’Education auprès de l’UNESCO ou encore à n’importe quel organisme analogue161.

Toutefois, du côté brésilien, les démarches restent lentes. Elles indiquent le décalage entre les intérêts de certains milieux intellectuels brésiliens et français et les priorités des autorités officielles brésiliennes. Les premiers sont beaucoup plus motivés par la concrétisation du projet que les seconds. Elles indiquent également un certain déclin du prestige de la France en cet immédiat après-guerre. En ce moment-là, la documentation montre - ce qui est évidemment très difficile à mesurer, mais les arguments exposés touchent avant tout la sensibilité du chercheur - que les interventions pour faire avancer la création de la Maison du Brésil partent plutôt des personnalités françaises.

Toutefois, du côté brésilien, les démarches restent lentes. Elles indiquent le décalage entre les intérêts de certains milieux intellectuels brésiliens et français et les priorités des autorités officielles brésiliennes. Les premiers sont beaucoup plus motivés par la concrétisation du projet que les seconds. Elles indiquent également un certain déclin du prestige de la France en cet immédiat après-guerre. En ce moment-là, la documentation montre - ce qui est évidemment très difficile à mesurer, mais les arguments exposés touchent avant tout la sensibilité du chercheur - que les interventions pour faire avancer la création de la Maison du Brésil partent plutôt des personnalités françaises.

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