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Partie 1: L’information du patient sur les effets indésirables de sa chimiotherapie

III. Amélioration de l’information et de la qualité de vie du patient sous chimiothérapie

1. Les besoins d’information du patient

1.3. Le pharmacien d’officine au cœur de l’information

La communication entre le malade et l’ensemble des professionnels de santé intervient à tous les niveaux de sa prise en charge. On l’a vu, le patient peut se sentir isolé et vulnérable à son retour de l’hôpital entre deux cures. Il va se trouver face à des situations et des difficultés nouvelles auxquelles il ne sera pas, peu ou mal préparé. Il se tournera alors vers les brochures distribuées, vers les médias, vers Internet, vers son entourage, vers des associations ou des centres d’information. Mais pour la majorité des individus, la solution idéale reste la rencontre avec un professionnel de santé. En ville, deux choix s’offrent à eux : le médecin traitant et le pharmacien d’officine. Le système de santé en

ville peut paraitre encombré mais chaque professionnel a le devoir de prendre le temps d’écouter son patient, de sentir son appel et de lui proposer de solutions afin de le rendre plus autonome et collaboratif. Le médecin connait bien son patient mais une simple rencontre nécessite un rendez-vous souvent difficile à obtenir en urgence au vu de l’emploi du temps serré des médecins de ville. Le pharmacien connait également bien son patient et pourra l’accueillir pendant les horaires d’ouverture de l’officine dans de bonnes conditions. Il pourra écouter les problèmes du patient et éventuellement y trouver des solutions. L’entretien se fera dans un espace isolé, à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes afin que le patient se sente à l’aise et que le pharmacien ne soit pas distrait par l’activité de l’officine. Au besoin, il proposera un rendez-vous afin d’assurer une entière disponibilité.

La proximité géographique du pharmacien est indispensable par le fait que l’apparition d’un effet indésirable doit être prise en charge immédiatement mais aussi parce que les mesures à prendre sont mieux assimilées et respectées lorsque le patient est face au problème. Même si l’information préalable délivrée à l’hôpital est indispensable, l’approfondissement des connaissances du patient au cas par cas et au jour le jour permet une meilleure prise en charge de ces effets indésirables. Après écoute des problèmes rencontrés, le pharmacien devra dispenser l’ensemble des informations nécessaires et adaptées au cas du patient, assurant ainsi une prise en charge de l’effet indésirable

personnalisée et collaborative. Si le patient ne mentionne pas lui-même les effets indésirables dont il

souffre, le pharmacien doit pouvoir les détecter. Par une simple question « Comment s’est passé votre retour à domicile ? » ou le fait d’insister sur son soutien au patient « Si vous rencontrez le moindre problème, n’hésitez pas à m’en parler. », il évaluera les effets indésirables ressentis, nouveaux ou déjà diagnostiqués et pourra suivre leur évolution.

La communication sera également déterminante pour favoriser une bonne observance des traitements prescrits en association avec le traitement anticancéreux. Cette dernière dépend des caractères du traitement, des malades mais surtout de l’intervention des soignants. En cancérologie, l’observance n’est pas si bonne qu’on pourrait le croire : certains malades se croient si sûrement condamnés qu’ils estiment les conseils des soignants inutiles. Les personnes les moins observantes sont les hommes, les personnes âgées ou les jeunes et les personnes de milieux marginaux. Le soignant devra, quelque soit le profil du patient, prendre des mesures afin de motiver le patient à une bonne observance : expliquer

le rôle des médicaments et leur mécanisme, détailler leur utilisation pratique et réduire les inconvénients évitables. D’autres facteurs peuvent favoriser l’observance : la bonne relation et la

confiance établies avec le patient, l’information appropriée, la définition d’objectifs de traitement et de moyens, le respect des objections et des besoins, l’assurance d’une entière disponibilité, … (110) Une autre mission du pharmacien sera d’évaluer la souffrance physique et psychologique et leur soulagement par les différents traitements curatifs entrepris, notamment antalgiques, ceci en relation avec les proches et les autres professionnels intervenants. Une communication de qualité sera nécessaire afin que le patient confie sa souffrance et ses difficultés (110).

Il est nécessaire de souligner ici un point faible de ce système : afin de pouvoir aider à la prise en charge d’un effet indésirable chez un patient, le pharmacien doit connaitre le protocole suivi, ce qui n’est pas toujours le cas. En effet, s’il a connaissance du protocole et donc des molécules utilisées, il pourra identifier précisément l’effet indésirable rencontré et en déduire son mécanisme d’apparition, ses moyens de prévention, son traitement... Il pourra de même anticiper les effets indésirables probables et dispenser au patient l’ensemble des mesures de préventions associées. Malgré une augmentation des médicaments sortis de la réserve hospitalière, beaucoup d’entre eux sont encore délivrés uniquement en milieu hospitalier et rares sont les hôpitaux qui transmettent aux officines le traitement de leur patient. Voici une piste pour améliorer le lien Ville-hôpital en cancérologie. Les réseaux de cancérologie ont développé l’accès à l’information dans ce sens permettant au pharmacien d’avoir plus facilement accès aux protocoles (25).

Lors de la Journée de l’Ordre des Pharmaciens en 2006, la place du pharmacien dans le plan Cancer a été définie, précisant notamment son rôle dans la qualité et la sécurité des soins et l’accompagnement du patient pendant et après le traitement. Au quotidien, l’officine représente « un lieu de soutien, de conseils, d’orientation vers les différents soutiens prévus par le plan Cancer, c’est aussi un relais

d’information ». Cette journée a permis de reconnaitre les besoins de formation du pharmacien

devant la complexité du cancer, les évolutions constantes de la prise en charge et l’intervention pluridisciplinaire. Des programmes de formation professionnelle adaptés aux demandes des pharmaciens devront voir le jour. Le rapport insiste sur le rôle clé du pharmacien dans le bon usage

des produits de santé et insiste sur sa participation au développement de la chimiothérapie à domicile. (147)

Le livre « Des lieux de soin » présente avec philosophie la relation du pharmacien avec les patients atteints du cancer. Il résume cette partie consacrée au rôle du pharmacien. La rencontre avec le patient oblige le pharmacien à « transcender l’acte scientifique pour élaborer un acte relationnel, utiliser la transaction marchande pour déployer une relation non marchande et percevoir une intimité parfois souffrante qui invite la nôtre au partage d’un moment où se mêlent sentiments et émotion ». Il faudra du temps au pharmacien pour mêler la science et la relation car cet exercice mérite à la fois de la réflexion, de l’expérience, la sureté technique et l’intelligence du moment. Les enjeux de la prise en charge officinale sont également présentés : « Si la motivation d’un patient entrant dans une pharmacie parait évidente, les enjeux en sont moins et ce sont ceux qu’il conviendra de découvrir dans un souci d’efficacité du soin d’une part et d’autre part dans un souci d’éthique, de créer une relation aidante ». Ainsi, il incombera au pharmacien de favoriser l’observance, de mettre en œuvre une surveillance et de créer un espoir raisonné en évitant tant que possible les arrêts et l’inobservance (pour des raisons émotionnelles). Il devra accueillir les plaintes et questionnements quant aux effets indésirables et tenter de contenir la désespérance. (111)

2. Les outils pour améliorer la qualité de vie des