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Le développement économique et l’économie géographique

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Introduction

L’observation de l’économie mondiale fait apparaître des inégalités dans la dis- tribution des activités et le développement économique. Le développement écono- mique semble être corrélé à la localisation géographique des pays. Les pays près de l’équateur tendent à être plus pauvres que ceux des zones tempérées et, comme le note Krugman (1999), le PIB par tête en Europe semble décroître à partir du coin nord-ouest du continent. La moitié de la richesse mondiale est produite par moins du cinquième de la population mondiale et par un peu plus de la moitié des pays occupant seulement 10% des terres mondiales. Il apparaît aussi de larges inégali- tés de développement à l’intérieur des pays et aussi une tendance des populations à se concentrer dans quelques régions densément peuplées. De grands centres mé- tropolitains concentrent l’essentiel des activités économiques. Presque tous les pays enclavés sont des pays pauvres à l’exception des pays intégrés au marché européen et connectés à celui-ci par de faibles coûts de transport (Sachs, 2001).

L’observation de ces faits amène à se poser di¤érentes questions. Qu’est-ce qui explique ces inégalités dans le développement ? Les nations peuvent-elles sortir de la trappe du sous-développement ? Quelles sont les politiques appropriées à cet e¤et ? etc.

La théorie économique tente d’apporter des explications à ces observations et des éléments de réponses à ces questions. Il y a deux approches générales en économie géographique. La première approche tente d’expliquer ces di¤érences de développe- ment économique en terme de di¤érence inhérente à la localisation. Cette approche associe les di¤érences de développement économique à la situation géographique, au climat tropical qui génère de faibles revenus par tête. Cette approche semble se

référer à une question de prédestination. La seconde approche essaie d’expliquer la destinée économique de régions et la divergence même en l’absence d’avantages ou de désavantages. Elle essaie d’expliquer pourquoi des accidents historiques, même insigni…ants, peuvent amener un pays à faire partie du centre industriel alors que les autres pays font partie de la périphérie productrice de biens primaires ; pourquoi des lieux deviennent arbitrairement des sites métropolitains de plusieurs millions d’habitants et comment s’opère le processus de développement.

Dans la réalité, les agglomérations sont causées par les interactions des éléments géographiques de première et seconde nature. Il est donc important de savoir l’im- portance relative de ces deux e¤ets.

Notre objectif, dans ce chapitre, est d’analyser le processus de développement économique à la lumière de l’économie géographique. La littérature de la NEG, à la suite des travaux de (Krugman 1991b), a introduit la géographie comme facteur explicatif du développement économique. La NEG a permis de répondre aux pro- blématiques soulevées par la prise en compte de la dimension spatiale en économie. Elle propose d’expliquer la distribution spatiale des activités économiques comme résultats d’un processus impliquant deux types de forces opposées : les forces d’ag- glomération et les forces de dispersion. L’accumulation spatiale des activités écono- miques n’est pas neutre dans les potentialités de développement. Les régions denses en activité ont potentiellement un avantage pour leur croissance ou pour leur déve- loppement. Il y a un e¤et rétroactif dans la concentration géographique des facteurs. Les chances de développement ne sont souvent que le re‡et des conditions initiales et tout désavantage initial tend à s’accentuer. On s’aperçoit ainsi que toute di¤é- rence, même petite, dans les conditions initiales conduit l’économie vers des schémas géographiques et de croissance inégaux. Les politiques d’intégration susceptibles de

contrer ce processus et conduire au développement sont les politiques communau- taires de réduction des inégalités. Ces politiques communautaires peuvent contrer le processus de divergence et d’asymétrie des économies en modi…ant les dotations initiales des régions défavorisées. Ce sont les politiques d’amélioration des infrastruc- tures publiques, d’éducation, de communication, de R&D et innovation, etc.

La suite du chapitre est articulée comme suit. La section 2 expose les principes théoriques des deux approches générales de la théorie géographique et les princi- pales caractéristiques des pays en développement. La diversité et la dynamique de développement sont d’abord expliquées par des facteurs naturels et ensuite selon les forces d’agglomération et de dispersion mises en valeur par la NEG. La section 3 fait un point des prédictions des modèles d’économie géographique quant au dévelop- pement industriel des pays en développement. On relève les mécanismes à l’œuvre et quelques résultats empiriques de la littérature concernant le développement in- dustriel. Elle aborde les questions de fragmentation internationale de la production, des délocalisations des pays développés vers les pays en développement et des im- plications des accords préférentiels sur l’industrialisation. La littérature théorique et empirique montre que l’ouverture économique a¤ecte la répartition spatiale des activités économiques. La section 4 s’intéresse à cette question d’ouverture écono- mique à travers quatre sous parties que sont : l’impact de la situation géographique, l’intégration et les disparités, le rôle des infrastructures, la di¤usion technologique et la dynamique de l’innovation. En guise de conclusion, la section 5 fait ressortir les implications en terme de politique économique et donne les perspectives à ex- plorer pour les questions de développement économique en relation avec l’économie géographique.

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Géographie et développement : principes théo-