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La sigma-convergence dans les zones d’intégration

Il y a plusieurs raisons qui justi…ent l’étude de la convergence au sein de ces zones d’intégration et particulièrement en Afrique de l’Ouest. Il y a des évidences empiriques de la convergence des revenus de di¤érents groupes de pays formant une zone d’intégration. L’intégration régionale serait à l’origine d’une coopération com- merciale et économique mais aussi de la croissance et du développement des pays. Le concept de convergence est important dans le contexte du groupe de pays que nous analysons. La convergence serait un phénomène qu’expérimentent les partenaires commerciaux ou des pays géographiquement proches qui auraient leurs économies liés. Un des objectifs des accords d’intégration régionale étant de parvenir à une in- tégration parfaite des économies à long terme, l’absence de convergence justi…erait le besoin de politiques proactives pour promouvoir la croissance et réduire les inéga- lités de revenus. La motivation de créer une zone monétaire ou une union douanière en vue de faciliter et accroître les échanges entre les Etats membres nécessite la

convergence entre ceux-ci.

La CEDEAO est composée de deux zones monétaires avec pour objectif la forma- tion d’une zone monétaire unique avec une monnaie régionale. Nous nous attachons à véri…er principalement si cette zone d’intégration a connu une convergence des revenus.

Comme déjà mentionné, la sigma convergence suppose la réduction dans le temps de la dispersion des revenus par tête pour un groupe d’économie ou de pays. On pourra tester la sigma convergence en faisant la régression de l’écart-type des revenus par tête des groupes de pays sur le trend. Il y a sigma convergence si le coe¢ cient du trend est signi…cativement négatif.

Dans le cadre de cette étude, la sigma convergence est appréhendée à partir du calcul du coe¢ cient de variation qui correspond au rapport de l’écart-type à la moyenne. La sigma convergence est calculée pour les autres zones d’intégration a…n de situer la région de l’Afrique de l’Ouest par rapport à celles-ci. Cette convergence au sein de la CEDEAO est aussi évaluée à di¤érentes périodes à l’aide du ratio de variance correspondant au coe¢ cient de variation au début de la période divisé par sa valeur à la …n de la période.

Selon les ratios, on peut a¢ rmer qu’il y a convergence dès lors que le ratio de variance est inférieur à l’unité. Comme le montre Quah (1993), la convergence est le concept de convergence le plus pertinent.

Le tableau (3.13) indique qu’il y a globalement une réduction de la dispersion des PIB par tête en PPA sur la période 1960-2006 au sein de la CEDEAO. On observe donc a priori une convergence des PIB par tête sur la période. Cette relative convergence des économies de niveaux de développement di¤érents peut être due à di¤érentes recessions qu’ont observées ces économies sur la période. Le Nigéria, pays

Tab. 3.13 –La sigma-convergence au sein de la CEDEAO Période 1960-2006 1960-1975 1975-1994 1994-2006

UEMOA 0,61 1,19 0,70 0,74

Non UEMOA 0,84 0,95 0,63 1,41 CEDEAO 0,83 0,94 0,58 1,52 source : PWT 6.1 et nos calculs

Fig. 3.1 –Convergence des PIB par tête en Afrique de l’Ouest

poducteur de pétrole n’a pas su pro…ter des gains pétroliers ; les pays exportateurs de matières premières agricoles ont subit une détérioration des termes de l’échange et la baisse tendancielle des prix de ces matières premières. De manière générale cette homogénéisation peut être expliquée par divers facteurs tels que les di¤érentes réponses aux chocs pétroliers et de change des année 1970 et les politiques nationales faiblement génératrices de croissance.

La tendance à l’homogénéisation n’est pas soutenue dans le temps comme le con…rme la …gure (3.1). Après une légère dispersion observée sur la période 1960- 1975, on observe une forte baisse de la disparité des PIB par tête après la création

de cette zone d’intégration. Après 1994, la période de déstabilisation de la région d’Afrique de l’Ouest avec les guerres au Libéria, en Sierra Leone et Guinnée a produit une forte dispersion des niveaux de PIB par tête. Les pays de la zone ont dans l’ensemble divergé sur la période 1994-2006. Cette divergence est à mettre à l’actif de la mauvaise performance des économies déstabilisées par la guerre et les crises politiques. Ce sont en général les pays non francophone de la zone.

Ce résultat re‡ète aussi le manque de succès de la promotion de l’intégration entre les pays membres de la CEDEAO. La CEDEAO conçue comme un moyen pour arriver à l’intégration économique et au développement devrait conduire à un éventuel établissement d’une monnaie commune en Afrique de l’Ouest, renforçant la stabilité économique et les relations entre les pays membres. La CEDEAO a mis le marché régional au centre de son développement stratégique s’appuyant sur la réduction des barrières aux échanges, l’implémentation de mécanisme et de mesures visant à faciliter les échanges (y compris les moyens de paiement) et la création d’un marché commun africain (OCDE 2000). Ces objectifs sont loin d’être atteints, le commerce intra-régional en 2000 ne représentait que de 7% des échange totaux ; il se situe à 9% en 2006 (voir tableau 3.12).

La baisse des échanges entre les pays de la CEDEAO peut être attribuée à dif- férents facteurs incluant la combinaison de lourdes procédures et la multiplicité des organisations d’intégration régionale poursuivant les mêmes objectifs ; la diversion de tarifs préférentiels dans des canaux de distribution, et l’absence de compétitivité domestique des produits éligibles pour une coopération régionale …scale. Le dévelop- pement du commerce régional a été entravé par de fortes protections des entreprises nationales et la croissance, la complexité, l’incertitude et l’instabilité des taxes na- tionales et des règles douanières. Ces facteurs a¤ectent la croissance, la convergence

et l’intégration économique à l’intérieur de la CEDEAO, le tout renforcé par les problèmes d’instabilité politique et l’absence de bonne gouvernance qui plombe la plupart des économies. La substantielle dette extérieure de chaque Etat reste un des grands chalenges de la région.

L’analyse du sous-groupe de pays de la zone CEDEAO qui forment l’UEMOA montre une relative convergence de ces économies. Le ratio de variance sur la période 1960-2006 est de l’ordre de 0,61 inférieur à la valeur 0,83 qui caractérise l’ensemble de la zone CEDEAO sur la même période. La …gure (3.1) montre une baisse tendan- cielle des écarts de PIB par tête de la zone UEMOA après une relative divergence sur la période 1960-1975. Le degré de dispersion de l’ensemble de la zone CEDEAO reste nettement supérieur à celui de la sous-zone UEMOA sur l’ensemble de la période. La dispersion des revenus montre une tendance nette à la convergence des revenus. La disparité des revenus dans l’UEMOA se situe à un niveau plus faible que celle des autres zones d’intégration impliquant les pays africains et a même tendance à se rapprocher de celui des pays européens à partir de 1994. Les pays de l’UEMOA sont donc plus homogènes avec des structures économiques semblables. Ils ont une mon- naie commune, pour langue o¢ cielle le français et ont des relations privilégiées avec la France, ancienne puissance coloniale, qui soutient les e¤orts d’intégration. Les rai- sons possibles de la convergence au sein de l’UEMOA incluent le libre échange entre les pays membres, les transferts vers les autres pays membres, l’existence d’une union monétaire, les politiques économiques proches. Des organes au sein de l’UEMOA travaillent à l’harmonisation des politiques économiques et aussi à la surveillance multilatérale des économies. Les pays s’e¤orcent à respecter les critères nominaux de convergence macroéconomique et à mettre en oeuvre le programme économique régionale. Les pays suivent les règles conventionnelles d’une coopération monétaire,

Fig. 3.2 –Convergence des PIB par tête (ppa) pour di¤érentes zones géographiques

d’une discipline budgétaire et la mobilité du capital. La monnaie commune contri- buerait à la convergence des économies. Des études récentes montre l’impact d’une monnaie commune sur le commerce qui contribuerait à la convergence (voir Frankel et Rose (2000), Glick et Rose (2001), Persson (2001)). Ces résultats sont conformes à ceux obtenus par Hammouda et al (2007) qui montrent que l’UEMOA est un exemple a imiter en terme de convergence et de politique économique d’intégration en Afrique subsaharienne.

La …gure (3.2) relève la comparaison de la dispersion des PIB par tête entre di¤érentes zones d’intégration. Les pays de la CACM connaissent une tendance à la hausse de la dispersion des revenus par individu. Il y a une forte croissance de la disparité entre le début et la …n de période. L’évolution de la sigma-convergence est très erratique dans le cas du SAFTA. La dispersion des revenus de la zone a évolué graduellement jusqu’à atteindre un pic en 1980, date à partir de laquelle il

y a eu une forte homogénéisation des revenus. Le processus de divergence a repris à partir de 1989. La dispersion des PIB par tête est globalement plus élevée en …n de période qu’en début de période, soit un ratio de variance de 1,75. Le ratio de variance est inférieur pour le Mercosur sur l’ensemble de la période et la dispersion de revenus par tête est proche de celle de l’UEMOA. Cette relative convergence peut être due à la mise en place du Mercosur conjugée à une période d’expansion macroéconomique malgré les quelques années di¢ ciles. On remarque que seul l’union européenne enregistre une réduction constante des écarts de PIB par habitant, avec un degré de dispersion inférieur en début comme en …n de période aux autres zones géographiques considérées. Les degrés de dispersion de la SADC et de la CEDEAO restent supérieures aux autres zones géographiques sur toute la période avec une forte disparité particulière à l’intérieur de la CEDEAO sur la période 1960-1985 et à l’intérieur de la SADC sur la période suivante de 1985-2006.

4.2

De la mise en oeuvre de la méthode Bayesian Model