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Croissance, développement et convergence

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Introduction

Le nombre des AIR a plus que quadruplé depuis 1990, se situant à environs 230 en 2004. Ces AIR sont composés de pays de di¤érentes tailles et sont multiformes. Il y a eu, en particulier, une rapide croissance du nombre d’AIR regroupant des pays en développement. Ces AIR se caractérisent par une intensi…cation des mouve- ments d’échange avec suppression des obstacles internes, un tarif extérieur commun et une mobilité des facteurs. Ils se caractérisent aussi par une coordination des poli- tiques économiques ou sociales, par des projets de coopération mis en place par des acteurs, par des interdépendances entre économies conduisant à des convergences économiques, par la mise en place de règles de transfert de souveraineté, etc. Ils re‡ètent souvent un désir politique de former ou de joindre une initiative régionale comme c’est le cas pour l’Asean, le Comesa ou le Mercosur. Une caractéristique particulière des AIR entre pays en développement est le niveau de développement di¤érent des ces pays. Les caractéristiques de ces pays sont très diverses en terme de géographie, de dotation en facteurs, de niveau de développement industriel, etc. En formant ces accords d’intégration régionaux, les pays en développement es- pèrent en tirer des gains à tel point que la plupart d’entre eux appartiennent à plusieurs groupements. La littérature économique identi…e di¤érents avantages de l’intégration économique. Parmi tant d’autres, il y a l’e¤et taille de marché, une grande di¤usion des connaissances sous forme d’externalités technologiques inter- nationales ou par des e¤ets d’apprentissage issus des produits importés. L’accrois- sement de la taille de marché conduit souvent à une réduction des coûts du fait de l’exploitation des économies d’échelle ou par une réorganisation plus e¢ cace de la structure de production. Cet e¤et taille de marché peut créer des économies

d’échelle dynamiques par les e¤ets d’apprentissage. L’intégration entre ces nations produit des e¤ets sur la croissance et la convergence. Les régions denses en activités ont potentiellement un avantage pour leur croissance ou pour leur développement. Les dynamiques de croissance peuvent a¤ecter la concentration géographique des facteurs de croissance. Les conditions et désavantages initiaux peuvent aussi a¤ecter les chances de développement économique. Les pays peuvent être caractérisés par des degrés de di¤érenciation de la production plus ou moins grands, par di¤érents niveaux de quali…cation de la main d’oeuvre ou di¤érentes dotations et qualité des infrastructures publiques, par des degrés variables de rigidité des économies en terme de mobilité et de restructuration.

Les di¤érences dans les conditions initiales peuvent conduire le système écono- mique vers un schéma de centre périphérie. Ainsi, une conséquence de l’intégration est la probable apparition de phénomène de divergence. Toutefois, il pourrait émer- ger à l’échelle régionale, un processus de convergence entre pays, c’est-à-dire que les taux de croissance des pays les plus pauvres sont plus élevés que les taux de crois- sance des pays riches. Selon les théories néoclassiques de croissance, les politiques d’intégration régionales conduiraient à un phénomène de rattrapage des économies régionales. Par contre les nouvelles théories de croissance prédisent de multiples trajectoires de croissance selon les groupes de régions. On peut observer ainsi les phénomènes de club de convergence entre zones d’intégration.

Le fait qu’une politique économique puisse in‡uencer le taux de croissance a ouvert de nombreuses perspectives de recherches empiriques sur le sujet. Cette lit- térature empirique ne se fonde pas sur un cadre théorique précis, mais teste les prédictions des spéci…cations néoclassiques et certaines hypothèses spéci…ques à la théorie de la croissance endogène. Nombre de modèles empiriques ad hoc ont été

ainsi construits. Ces études empiriques s’e¤ectuaient à partir d’une démarche éco- nométrique qui manquait de robustesse (Doppelohofer et al. 2004 ; Fernandez et al. 2001 ; Liu et Stengos, 1999). En plus de nombreux travaux ont montré des problèmes de biais provenant de l’endogénéité des variables (Caselli et al., 1996 ; Cohen, 1996 ; Goetz et Hu, 1996) et de la présence de caractéristiques spéci…ques aux pays qui sont inobservables (Islam, 1995 ; Temple, 1998).

A ces remises en cause, la nouvelle économie géographique introduit des éléments de la théorie de la croissance endogène et émet de nouveaux doutes sur les prédic- tions néoclassiques de convergence. Il y a un arbitrage entre croissance et conver- gence régionale (Baldwin et al., 2001 ; Baldwin et Forslid (2000a, 2000b) ). Un jeu d’interdépendance est instauré entre croissance économique et agglomération. La croissance in‡uence positivement l’agglomération lorsque les externalités technolo- giques sont di¤usées largement ; inversement, l’agglomération donne une impulsion à la croissance économique lorsque les externalités technologiques restent localisées géographiquement. L’ouverture commerciale encourage l’agglomération des entre- prises en favorisant l’innovation technologique.

Dans ce chapitre, nous nous proposons d’illustrer une caractéristique particulière des zones d’intégration Sud-Sud qui est la forte asymétrie entre les pays partenaires. Nous allons ensuite nous intéresser à la question de convergence dans ces types de zones d’intégration en insistant particulièrement sur le cas de l’Afrique occidentale et essayer de les expliquer à la lumière de la théorie économique. Nous considérons, pour ce faire, cinq AIR couvrant l’Afrique Subsaharienne (CEDEAO1, UEMOA2,

1Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Les pays membres de cette or-

ganisation, créée en 1975, sont : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Leone, Togo.

2Union Economique et Monétaire de Ouest Africaine. Cette organisation compte huit Etats

SADC3), l’Asie (SAFTA4) et l’Amérique Latine (CACM5 et Mercosur6) sur la pé- riode de 1960 à 2005 et l’Union européenne à titre de comparaison.

Le reste du chapitre est organisé comme suit. La section 2 expose le débat théo- rique sur les questions de croissance économique et convergence. Sans être exhaustif, nous passons en revue les di¤érentes approches de la convergence selon les principes de l’homogénéisation et de rattrapage puis les critiques et les approches de club de convergence. L’étude de la convergence suppose aussi la connaissance des détermi- nants de la croissance. Cette section se termine par la question des vraies détermi- nants de la croissance et la meilleure méthode à même de répondre à cette question : la Bayesian Model Averaging (BMA). La section 3 adopte une approche beaucoup plus empirique pour montrer les disparités régionales dans les accords d’intégration de type Sud-Sud. Ces disparités pourraient s’expliquer à la lumière de l’économie géographique et selon les deux approches de la géographie de première et seconde nature7. Les disparités entre les nations ne constituent pas des handicaps mais des avantages dont peuvent en tirer les Etats dans le cadre de ces accords d’intégra- tion. Même s’il peut apparaître dans un premier temps un phénomène d’aggloméra- tion, la théorie de l’économie géographique prévoit, selon les di¤érentes phases de la convergence, le rattrapage des régions périphériques et le développement et l’indus- trialisation des régions périphériques. La section 4 traite de la convergence dans les zones d’intégration considérées et particulièrement en Afrique de l’Ouest dans les

3South African Development Community. Cette communauté est formée de 14 membres que

sont : Angola, Botswana, Republique Démocratique du Congo, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, Afrique du Sud, Swaziland, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe

4South Asian Free Trade Aeria. Cette organisation est formée des pays d’Asie suivant : Ban-

gladesh, Bhutan, Inde, Maldives, Nepal, Pakistan, Sri Lanka

5Central Amrica Common Market. Cette organisation est formée de cinq pays que sont : Costa

Rica, El Salvador, Guatemala, Honduras, Nicaragua

6Mercado Comùn del Sur. Quatre pays forment cette organisation : Argentine, Brésil, Paraguay,

Uruguay

zones CEDEAO et UEMOA. Le manque de données et de variabilités dans les don- nées existantes n’a pas permis l’application des techniques économétriques comme celles de la BMA. Suivant en cela Desdoigts (1997) et Quah (1996a), nous avons adopté une approche descriptive de la croissance à partir des données existantes et de politiques économiques de la zone d’étude.