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L’économie géographique et l’agglomération des écono mies

3 Croissance et économie géographique : les par ticularités

3.1 L’économie géographique et l’agglomération des écono mies

L’économie géographique est l’étude de la localisation des activités. L’aggloméra- tion est la concentration d’activités créées et soutenues par des causalités circulaires. L’économie géographique essaie d’expliquer la concentration spatiale par l’interac- tion entre les économies d’échelle, les coûts de transport et la mobilité des facteurs. La distribution géographique des activités est déterminée par l’interaction entre éco- nomies d’échelle, qui supportent la concentration de la production dans les grands marchés. La concentration des activités économiques prospère à cause des économies d’agglomération et son processus auto-entretenu.

Un cadre d’analyse analytique a été formulé seulement au début des années 1990 par Krugman (1991a) malgré les contribution fondamentales de Lösch (1940), Harris (1954) ou Pred (1966). La plupart des concepts aujourd’hui utilisés dans l’économie géographique ont été élaborés par di¤érents économistes du siècle dernier. Parmi tant d’autres, on peut citer Christaller (1933), Lösch (1940), Harris (1954) et Henderson (1974).

Christaller (1933) suppose un espace où les fermiers sont distribués d’une façon homogène, mais où certaines activités ne peuvent pas être également reparties sur le terrain en raison d’économies d’échelle. L’interaction entre les coûts amène à l’émer- gence de lieux centraux assimilés à des centres urbains et donc au marché pour les fermiers des environs. Il suppose alors une structure hiérarchique des lieux centraux, mais n’expliquent pas ses origines. Lösch (1940) montre que les lieux de marché n’émergent pas au hasard, ils sont le résultat de l’activité économique. C’est l’ar- bitrage entre spécialisation et économies d’échelle d’un coté et coûts de transport de l’autre qui explique l’agglomération. Harris (1954) établie que les producteurs

préfèrent les lieux qui o¤rent des bons accès aux consommateurs mais aussi que l’accès aux marchés tend à être bon dans les régions dans lesquelles plusieurs …rmes décident de produire. Pred (1966) développe une théorie qui a pour objectif de dé- terminer la taille de localisation des zones urbaines mais n’explique pas l’émergence des villes et de l’agglomération. Il suppose l’existence de deux types d’activités dans chaque région : celles qui satisfont la demande locale et celles qui satisfont la de- mande d’exportation. Ces dernières constituent la base de croissance de l’économie. Le modèle de Pred formalise un certain nombre de résultats (Fujita et al, 1999) : l’interaction entre économies d’échelle et taille endogène de marché peuvent conduire au processus cumulatif de l’agglomération ; le processus cumulatif apparaît pour des valeurs seuils des paramètres du modèle ; la valeur critique des paramètres entraîne une birfucation dans la distribution spatiale des activités économiques, il existe alors deux points seuils pour la stabilité des équilibres spatiaux.

La NEG provient de ces études et a béné…cié des nouveaux outils des modèles de l’organisation industrielle et de la nouvelle théorie du commerce. La NEG es- saie d’apporter des réponses aux deux questions suivantes : (1) Quand est-ce qu’une concentration spatiale des activités est-elle soutenable ? (2) Quand est-ce qu’un équi- libre symétrique, sans concentration spatiale, est-il instable ?

La réponse à ces deux questions met en balance les forces centripètes qui tendent à promouvoir la concentration spatiale des activités économiques et les forces cen- trifuges qui s’opposent à de telles concentrations.

Les forces en opposition peuvent se répartir comme présentées dans le tableau (1.1). Les forces centrifuges incitent les …rmes à s’implanter loin les unes des autres pour satisfaire la demande des divers marchés. A l’inverse, les forces centripètes créent une incitation à la concentration des …rmes et des travailleurs.

Tab. 1.1 –Les forces de concentration et de dispersion

Forces centripètes ou de concentration Forces centrifuges ou de dispersion - Liens verticaux - Facteurs de production immobiles - Existence d’un grand marché du travail - Rentes foncières

- Grande disponibilité d’inputs - Coûts de congestion - E¤ets externes positifs liés à la facilité - Di¤érences de salaire de collecte et d’échange d’information - Economie d’échelle globale

- Spillovers locales de connaissance - Coûts de transport faible ou élevé - Coûts de transport intermédiaires

3.1.1 Les forces de concentration

La concentration géographique des activités repose sur l’existence d’importantes économies d’échelle. Les économies d’échelle nécessaires à l’agglomération des acti- vités économiques peuvent être aussi bien internes qu’externes aux …rmes. Les mé- canismes externes incluent la di¤usion de la connaissance (knowledge spillovers) et les externalités provenant du marché du travail. Par exemple, la di¤usion de l’infor- mation peut s’accroître avec les …rmes voisines ; en les observant et en apprenant ce qu’elles font, les …rmes s’informent des changements technologiques, de qui acheter et à qui vendre, qui éviter, quels sont les produits qui se vendent le mieux (Ebert et Mcmillen 1999). Sur le marché du travail, on tire des gains de la localisation dans un grand marché et dans un lieu où les autres …rmes ont déjà formé une o¤re de travail quali…é (Marshall 1920, Krugman 1991b). Les sites avec un bon accès à un grand marché sont préférés pour la production de biens sujets à des économies d’échelle croissantes. Un grand marché local sert de support à la production locale de biens intermédiaires, réduisant les coûts pour les entreprises en amont. La concentration industrielle est un support pour un grand marché du travail, spécialement pour les travailleurs hautement quali…és et spécialisés, de sorte que les travailleurs trouvent facilement un employeur et vice versa. Une concentration locale d’activité écono-

mique pourrait créer des externalités économiques plus ou moins pures à travers la di¤usion de l’information.

Les économies externes incitent les …rmes à se localiser à priximité les unes des autres, de même que les économies d’échelle internes. La décision de localisation des …rmes est basée sur la considération des prix des inputs et l’accès facile aux marchés (Fujita et al 1999). La demande provenant de la migration du facteur travail modi…e la répartition des dépenses qui exercent un impact sur la distribution de la production qui se localise là où les dépenses sont relativement les plus importantes via l’e¤et taille de marché. Un changement de la structure productive a¤ecte le coût de la vie qui a un impact sur la production.

Une autre source d’agglomération provient de la combinaison de l’accès au mar- ché et la production de biens de consommation intermédiaire. La demande de biens manufacturés ne provient pas seulement du consommateur …nal mais aussi de la demande de biens de consommation intermédiaire par les autres …rmes. Ainsi une localisation comprenant plusieurs …rmes va générer une grande demande de biens de consommation intermédiaire, la rendant attractive pour les producteurs de biens intermédiaires. Cette localisation sera aussi attractive pour les …rmes utilisatrices de biens intermédiaires, celles-ci pouvant économiser les coûts de transport. Avoir plus de fournisseurs rend le marché plus compétitif et réduit les coûts marginaux (Venables, 1996). Les producteurs de biens intermédiaires dans une région avec un grand secteur manufacturier pourront avoir un bon accès au marché o¤ert par les producteurs en amont (backward linkage) et ces producteurs en retour vont avoir l’avantage d’un meilleur accès aux biens intermédiaires produits dans leur région (forward linkage).

3.1.2 Les forces de dispersion

Nous avons vu que l’agglomération résultait des externalités pécuniaires associées aux économies d’échelle croissantes et aux coûts de transport. Les …rmes localisées dans une région dense épargnent de l’argent en terme de coûts …xes en concentrant la production dans un seul établissement, et sur les coûts de transport en se localisant sur le grand marché. L’agglomération crée des coûts de congestion si les …rmes dans une zone concentrée doivent compenser la congestion subit par les travailleurs en leur payant un salaire élevé relativement aux régions périphériques (Krugman et Livas 1996).

De même, l’agglomération requiert que les travailleurs vivent dans une zone con…- née, ce qui accroît la pollution, les loyers et des infrastructures pour faire face aux contraintes de congestion. Alors que les …rmes dans le centre payent leurs travailleurs à des salaires élevés, les …rmes dans la périphérie payent de faibles salaires à leurs travailleurs dans le but de compenser les coûts de transport. Ces travailleurs vont accepter ces faibles salaires du moment qu’ils subissent de faibles coûts de conges- tion. Une des forces de dispersion est le fait que les …rmes se délocalisent vers les régions qui o¤rent de faibles salaires. Ainsi la distribution des …rmes évolue dans le temps avec le di¤érentiel de salaire entre les régions.

Finalement, il apparaît qu’à des coûts de transport élevés, l’équilibre symétrique est unique, parce que chaque pays doit avoir des …rmes pour o¤rir des biens à ses consommateurs. La force dominante qui détermine la localisation est le besoin de se rapprocher du consommateur …nal, prévenant toute forte concentration géogra- phique de …rmes manufacturières. Pour des coûts de transaction faibles, la force déterminante de la localisation est le coût de salaire.

3.1.3 Le cycle de développement

Le pays qui s’industrialise le premier le fait en développant des industries spé- cialement intensives en travail ou des industries très peu liées aux autres secteurs. Le progrès technique accroît tous les facteurs primaires. Si les liens entre industries (appelé lien de Jacob) sont forts plus qu’à l’intérieur, la concentration n’est pas sou- tenable et les nations tendent à se diversi…er. Inversement, s’il y a des liens de type MAR (Marshall-Arrow-Romer ou liens à l’intérieur d’industries), la concentration est soutenable pour de faibles coûts de transaction. Après relocalisation, les indus- tries dans le Sud peuvent construire leurs propres liens et le processus de rattrapage va en s’accroissant et s’accélère.

Une industrialisation réussie, accroît l’emploi et les salaires dans l’industrie dans le Sud et éventuellement prépare la voie pour la localisation vers un autre pays. Les industries plus intensives en travail ou requerrant peu de biens intermédiaires (étant ainsi peu dépendant de l’o¤re d’autres industries) sont les premières à quit- ter le Nord, parce qu’elles sont plus réactives à des salaires élevés ce qui cause la délocalisation des industries. Les entreprises peu intensives en travail vont suivre graduellement avec la dynamique des liens verticaux de la nouvelle localisation.

3.1.4 Le rôle des coûts de transaction

Selon la NEG, des coûts de transaction élevés ou faibles favorisent les forces de dispersion et des coûts de transaction intermédiaires favorisent les forces de concen- tration. A des coûts de transaction su¢ samment élevés, il y a un unique équilibre stable dans lequel les …rmes sont également réparties entre les régions. Un accrois- sement de la force de travail industrielle dans une région y réduit le salaire réel, parce qu’il accroît l’o¤re de biens manufacturiers qui ne peut être exporté. Quand

les coûts de transport baissent à un niveau inférieur à une valeur critique, il y a un nouvel équilibre d’échange dans lequel toutes les …rmes sont concentrées dans une seule région. Les liens amont aval associés à la relocalisation des travailleurs accroît le salaire réel dans le lieu où les travailleurs migrent et l’équilibre symétrique est in- stable. Quand ils baissent sous une seconde valeur critique, l’équilibre asymétrique devient instable (point de rupture). Chronologiquement, on part de l’asymétrie vers la symétrie.

A des coûts d’échange faibles et élevés, chaque pays utilise la moitié de sa force de travail dans chaque industrie. A des coûts d’échange élevés, les forces centrifuges de la demande créées par des consommateurs immobiles contrebalancent les forces de concentration, provoquant la délocalisation des …rmes. De même, à des coûts d’échange faibles, les forces centrifuges de l’o¤re créées par le besoin d’importer des biens agricoles aussi contrebalancent les forces de concentration. Ceci constitue l’e¤et non-monotone des coûts d’échanges sur le facteur d’agglomération. Entre les deux, il y a un intervalle dans lequel l’agglomération est soutenable, et un petit intervalle dans lequel l’équilibre symétrique est instable. A des coûts de transaction intermédiaires, il y a un intervalle intemédiaire entre l’équilibre soutenable et le point de rupture, auquel il y a trois équilibres stables. Ainsi les forces qui peuvent causer l’agglomération sont fortes relativement aux autres forces pour des valeurs intermédiaires des coûts de transaction. Ainsi, il y a une relation inverse en U entre les coûts de transaction et la concentration géographique des industries.

3.2

La croissance économique et le changement technolo-