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La concurrence monopolistique

2 Croissance et économie géographique : les traits communs

2.2 La concurrence monopolistique

La concurrence monopolistique considère qu’il y a des secteurs composés de plu- sieurs producteurs avec des fonctions de production identiques. Les échanges intra- industries sont possibles dans un secteur avec des économies d’échelle croissantes et/où les produits sont di¤érenciés. Il est ainsi naturel (Chamberlin 1933) d’espérer dans de tels industries une structure de concurrence monopolistique où chaque …rme choisit une variété et son prix de sorte à maximiser ses pro…ts, prenant comme don- nées les variétés et les stratégies de prix des autres producteurs du secteur. Dans ce cas, chaque …rme aura pour objectif de produire une variété di¤érente du produit.

Spence (1976) et Dixit et Stiglitz (1977) ont développé une formalisation du concept de Chamberlin (1933) de concurrence monopolistique. Cette formalisation est le modèle le plus utilisé en présence d’économie d’échelle croissante dans les théories de croissance endogène et d’économie géographique. Ces théories ont ainsi une structure de marché très similaire. Quand les préférences sont du type de Spence, Dixit et Stiglitz, un producteur est en égale concurrence avec les autres producteurs

et il tire le même niveau de pro…t de toute variété de produit non o¤erte par les autres. S’il devait choisir une variété déjà produite par une autre …rme, il partagerait le marché de cette variété avec cette …rme et en tirerait des pro…ts inférieurs à ceux qu’il aurait pu obtenir en adoptant une autre variété. Ainsi aucune variété ne sera produite par plus d’une …rme.

S’il n’y a pas de barrières à l’entrée et à la sortie dans le secteur des biens di¤érenciés, alors le nombre de …rmes est déterminé de manière endogène. Si le nombre de …rmes est su¢ samment grand, alors l’entrée ou la sortie des …rmes conduit à des pro…ts nuls. Dans ce cas, le degré de pouvoir de monopole est égal au degré d’économie d’échelle.

Le modèle de Dixit et Stiglitz (1977) suppose que plusieurs biens di¤érentiés entrent parfaitement et de manière symétrique dans la demande ; les fonctions d’utili- tés individuelles prennent la forme de fonctions à élasticité de substitution constante. Il o¤re une voie pour prendre en compte l’e¤et des économies d’échelle croissantes au niveau des …rmes et est adapté pour une analyse en équilibre général. Il y a un grand nombre de …rmes produisant chacune une variété de biens en un seul lieu.

La taille de marché n’a¤ecte ni le taux de mark-up ni le niveau de production de chaque bien. La production implique des économies d’échelle au niveau de la variété. Normalement, on suppose qu’un grand marché implique une concurrence plus intensive et une manière d’en tirer un avantage serait de produire à grande échelle. Le modèle de Dixit et Stiglitz suppose, toutefois, que tous les e¤ets de marché contribuent au changement de variétés. L’interaction stratégique entre les …rmes n’est pas centrale et le cadre d’analyse de Dixit et Stiglitz permet de se focaliser sur les implications de la localisation endogène des demandes et des ressources.

cités de substitution constante entre toute paire de biens comme c’est le cas dans un contexte de di¤érenciation de produits. Comme le montre Either (1982), cet indice peut être aussi composé de biens intermédiaires di¤érentiés et les ménages consomment un seul bien homogène. Les biens sont des substituts imparfaits et il y a ainsi une accroissement de la diversité dans la consommation. La productivité totale des facteurs s’accroît avec le nombre de variétés disponibles du fait de la crois- sance des degrés de spécialisation des productions (Ethier 1982) ou un nombre élevé de processus de production.

Un intérêt du cadre d’analyse de Dixit et Stiglitz pour les théories de la croissance endogène et la NEG est qu’il permet d’introduire des liens verticaux en supposant que les entreprises utilisent leurs productions en plus du travail comme inputs. Ainsi la production des …rmes constitue une demande pour les consommateurs et un input pour la production des variétés. Cela suppose que la même industrie est en même temps en aval, produisant pour la consommation …nale et en amont, produisant les biens de consommation intermédiaire. De même, dans les modèles de croissance de Rivera-Batiz et Xie (1992, 1993), le secteur manufacturier produit deux types de biens : un bien de consommation et un bien servant d’input pour la production. Pour la simpli…cation des calculs, ils considèrent que la fonction de production est la même dans les deux cas de sorte qu’il y a une conversion possible entre ces deux types de biens. Dans ce sens, le secteur manufacturier est en même temps o¤reur et consommateur.

Romer, Grossman et Helpman ont fortement contribué à la compréhension de l’introduction de la concurrence monopolistique dans la théorie de la croissance. Dans leurs modèles, le taux de croissance de la population est nul et les rendements d’échelle pour les facteurs reproductibles sont constants dans chaque secteur. La

R&D requiert l’utilisation de travailleurs quali…és (capital humain) et le stock de connaissance ne peut strictement être considéré comme un bien privé. La connais- sance est un bien non-rival et partiellement non-exclusif. La non-rivalité implique que la production et la dispersion de la connaissance ne peuvent être strictement gérées par le secteur privé. Après découverte, le coût marginal de transfert à un nouvel utilisateur est nul. Ainsi le gain pour l’inventeur est aussi nul. Dès lors, l’es- poir d’obtenir un béné…ce privé ne peut être à l’origine des activités de R&D. Le seul moyen serait de vendre ce produit à un coût supérieur au coût marginal ou que le secteur public alloue des subventions à l’activité de R&D. Dans tous les cas, la concurrence parfaite n’est pas appropriée pour discuter un tel cadre.

La non-exclusivité provient de la relative di¢ culté pour les inventeurs de protéger leurs inventions par des patentes ou droits de propriétés et prévenir une utilisation non consentie par d’autres personnes. Le degré d’exclusivité est essentiel dans l’in- ‡uence de la production et la di¤usion de la connaissance. Sans exclusivité, il ne peut y avoir de béné…ces privés. En revanche, l’exclusivité, même partielle, assure aux inventeurs la possibilité de breveter leurs inventions et d’en tirer des béné…ces. Le cas de non-exclusivité correspond au cas de pures recherches ordinairement …- nancée par le secteur public. Toutefois, quand cette recherche peut être utile à la production, elle forme des externalités positives. L’exclusivité partielle permet aux inventeurs de capter un pouvoir de marché. Une voie de modélisation de ces activités est de considérer que l’inventeur a le contrôle exclusif sur l’utilisation de ses idées et vend des licences aux producteurs de biens qui utilisent ses idées.

Si on considère que de nouvelles idées requièrent un e¤ort volontaire en R&D et se transfèrent graduellement à d’autres producteurs, alors le cadre de la concurrence imparfaite est mieux adapté que celui de la concurrence parfaite. Dans ce cadre

de travail, proposé d’abord par Romer (1987, 1990) et ensuite par Grossman et Helpman (1991a) et Aghion et Howit (1992), le changement technologique provient d’un e¤ort volontaire de R&D. Les activités de R&D sont …nancées ex-post par des pouvoirs de monopole. Mais dans le but d’encourager la R&D, les inventeurs doivent être rémunérés. Puisque les nouvelles idées sont coûteuses mais peuvent être partagées sans exclusivité stricte, des …rmes peuvent utiliser sans coûts les idées d’une autre …rme. Ainsi, il n’y a pas d’incitation ex-ante sans un système de patente garantissant aux inventeurs un pouvoir de monopole sur la production et la vente des biens issus de l’exploitation de l’idée nouvelle. De par ce pro…t protégé par les brevets ou le secret, les inventeurs ont l’incitation à créer ; la période de monopole est dans tous les cas réduite par l’obsolescence ou l’imitation.

L’investissement dans la connaissance requiert un environnement où les droits de propriétés intellectuelles sont protégés. Sans une telle protection, les investisseurs ne peuvent tirer pro…t de leur travail. Un brevet donne à l’inventeur la possibilité d’exercer un pouvoir de monopole sur le marché de ce produit. Une …rme qui a un droit de propriété sur une technologie innovante peut ordinairement …xer ses prix au delà du coût marginal sans perdre toutes ses ventes. Plus cette technologie innovante est unique et supérieure, plus grande sera son pouvoir de monopole et plus grands seront ses gains (Arrow, 1962). Ceci explique pourquoi la concurrence imparfaite a une place prépondérante dans ce type de modèle.

Les pro…ts doivent se rétablir en réponse à la sortie de sociétés pour fournir des signaux d’entrée nécessaires. Dans la théorie statique de la concurrence monopolis- tique, l’existence de coûts …xes est su¢ sante pour garantir la stabilité. L’entrée de nouvelles …rmes évince l’o¤re de travail par …rme, élevant ainsi la part des coûts …xes dans le coût total et réduisant les pro…ts jusqu’à leur annulation. Dans un mo-

dèle dynamique de concurrence monopolistique, le coût total …xe par …rme n’est pas exogène mais peut être réduit en diminuant les e¤orts de recherche. L’entrée de nou- velles …rmes réduit l’o¤re de travail, mais pas nécessairement le pro…t instantané si les …rmes décident de diminuer l’emploi de recherche pour compenser le poids élevé des dépenses …xes d’administration. Une telle décision ne sera pas prise si le gain intertemporel de la recherche est relativement élevé.

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Croissance et économie géographique : les par-