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ii. le déversoir de la Bouillie à Blois

3. la vulnérabilité résiliençaire et le cycle de Panarchy

cette notion permet d’imbriquer des cycles adaptatifs (caractérisés par des échelles spatio-temporelles différentes) comme l’illustre le modèle multiscalaire de panarchy (figure 20), schématisé sur 2 cycles connectés entre eux. Deux connexions apparaissent :

1 « L’adaptabilité du système pour un choc bien précis peut entraîner la décroissance d’une résilience générale

face à des chocs inconnus ou extrêmes » (Provitolo, 2009)

2 la résilience est un concept systémique : la résilience d’un territoire passe par la transversalité. l’aspect

systémi-que ne doit pas être négligé car c’est là systémi-que réside la force de ce concept. il permet de s’intéresser aux fonctionnements et aux interactions.

3 résilience = résistance (faible vulnérabilité) + adaptation (capacité de transformation)

- la connexion “révolte“ : des évènements rapides dans le cycle adaptatif d’un système perturbent des processus lents dans le cycle adaptatif d’un méta-système ; la formation de délaissés dans le quartier de la bouillie induit des enjeux (développés infra) à l’échelle du Val.

- la connexion “mémoire“ : le renouvellement du cycle du système est organisé par la phase K du cycle du méta-système. ce renouvellement s’appuie sur l’héritage écologique, institutionnel/social et économique (fondement du développement durable).

Figure 20 : modèle du cycle de Panarchy

cette approche implique que la disparition du sous-système “bâti“ révèle la capacité de résilience du méta-système (le Val blésois). c’est ainsi que la ZaD et la déconstruction ouvrent la voie à la définition d’un projet de mitigation paysagère dont les fondements s’appuieraient sur les ressources écologiques, sociales et économiques du tissu local appréhendé sous différentes échelles1. en effet, le passage d’une vulnérabilité (relative au risque d’inondation) à une autre (paysagère) implique le passage d’une échelle à une autre superposant des enjeux.

par sa situation périurbaine, à l’interface entre pôles urbains, milieux naturels et agricoles et par sa fonction d’entrée de ville, le site de la bouillie présente une multitude d’enjeux (atelier de l’Île, 2010) parmi lesquels nous citerons : Des enjeux de paysages et de territoire (détourner la contrainte inondable pour donner une valeur ajoutée au territoire, fédérer la diversité écologique et paysagère, construire un projet appuyé sur le cosson, ouvrir le paysage pour renforcer sa lisibilité entre ville et coteau) ; des enjeux d’usages (exploiter les proximités potentielles par des complémentarités d’usages) ; des enjeux d’image (conforter l’image touristique du complexe blois/cheverny/chambord en tant qu’image “exceptionnelle“ des paysages classés à l’unesco2 dans la catégorie des Paysages culturels vivants, requalifier les entrées de ville de Blois et les articulations avec le coteau, diversifier les accessibilités du site ; et enfin des enjeux sociaux (recréer un espace public lisible et appropriable).

L’interconnexion de ces enjeux préfigure les multiples trajectoires par lesquelles le système “Bouillie“ peut transiter. La définition d’un projet de mitigation paysagère répondant à ces enjeux nécessite de construire une réflexion à l’échelle globale du val, de la ville mais également de l’agglomération soit à l’échelle dite du “grand paysage“. cette mitigation paysagère doit s’attacher d’une part à réduire la vulnérabilité paysagère et, d’autre part, à maintenir un niveau de vulnérabilité réduite face au risque d’inondation tout en apportant une valeur ajoutée au territoire.

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es exemples des prairies st Martin à rennes et du déversoir de la bouillie à blois montrent que les collectivités n’hésitent pas, dans une logique de délocalisation des enjeux bâtis, à mettre en œuvre des outils d’expropriation ou de préemption afin de soustraire certains espaces au risque d’inondation caractérisant ainsi une première étape du repli stratégique. Toutefois, le seul usage de l’outil réglementaire ne saurait être suffisant dans la mesure où il engendre, à l’instar du cas blésois, une vulnérabilité paysagère consécutive des délaissés progressivement générés par la désurbanisation. la résilience du système est alors relative. néanmoins, la nouvelle vulnérabilité perçue contraint la collectivité à mener une réflexion plus globale à l’échelle du val blésois afin de répondre à d’autres enjeux de territoire et peut donc, en ce sens, être qualifiée de vulnérabilité résiliençaire.

1 « C’est l’interaction entre les phénomènes à différentes échelles qui doit retenir notre attention. » leVin siMon

a. 1992, the problem of pattern and scale in ecology : the robert H. Macarthur award lecture. ecology, Vol. 73, no. 6 (Dec., 1992), pp. 1943-1967.

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es réductions successives des vulnérabilités décrivent un cycle adaptatif dans lequel le système passe d’une modalité de résilience à une autre et dans lequel une phase de bifurcation lui permet de définir ses trajectoires. Dans le cas blésois, deux cycles adaptatifs s’imbriquent : l’un est inhérent à la réduction du risque d’inondation à l’échelle du quartier de la bouillie, l’autre est inhérent à la réduction de la vulnérabilité paysagère à l’échelle du val blésois. cette imbrication induit un cycle global (cycle de panarchy) duquel peut émerger un projet de mitigation paysagère ; projet qui superposera les enjeux de maintien d’une vulnérabilité faible face au risque d’inondation et les enjeux d’une reconversion paysagère du val.

les expériences de dépoldérisation abordées au début de ce chapitre ont montré que la mitigation paysagère se révélait être une source de valeur ajoutée aux territoires. cependant, au-delà des aménités du paysage, la mitigation paysagère peut-elle proposer d’autres fonctions au paysage ?

l’étude prospective lancée en 2009 par la communauté d’agglomération a permis d’explorer différentes trajectoires du système et d’approfondir un projet de réaménagement. comment ce projet intègre-t-il le risque d’inondation ? sous quelles formes paysagères, sociales et économiques ? En quoi peut-il être qualifié de projet de mitigation paysagère ?

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cHapitre

projet de paysage