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cette première étape visait à démontrer la richesse et à suggérer les potentialités paysagères du site, souvent perçu comme homogène et uniforme (atelier de l’île, 2010).

1.1 Des séquences paysagères variées

le val se caractérise par une diversité de paysages2 lisibles sous forme de séquences (figure 21) et dans lesquelles l’eau s’identifie selon une palette de motifs paysagers variés (cours d’eau du Cosson, mares temporaires ou permanentes, affleurements de nappes, fossés…).

l’analyse paysagère a souligné le rôle de frange et d’articulation de cet espace entre la ville endiguée et le coteau sud blésois, le qualifiant d’antichambre verte, naturelle, d’espace tampon et d’écotone.

1.2 les principaux usages

avant d’émettre des propositions de vocations au site, le diagnostic a permis de s’interroger sur la nature, le sens, la forme et la localisation des usages existants caractérisés par une identité paysagère forte : les jardins familiaux, le parc des expositions, le centre équestre, l’aire de grand passage... A ce stade de la réflexion, la légitimité actuelle de ces entités n’était pas avérée mais pouvait représenter des opportunités d’accroches spatiales à de futures vocations.

1 Le diagnostic permet d’identifier les atouts à préserver et à valoriser ainsi que les contraintes et les

dysfonction-nements d’un territoire.

2 paysages agricoles, périurbains ou bocagers.

Figure 21 : schéma des séquences paysagères du val ligérien blésois. source atelier de l'Île, 2010.

1.3 les traces historiques

l’analyse a permis de rappeler que ce qui est aujourd’hui le déversoir de la bouillie était au 17e siècle le chenal d’écoulement d’un canal (le canal de blois) qui entretenait une communication régulière avec la loire : un espace caractérisé par une variabilité paysagère. il a également été rappelé l’existence au 19e siècle d’un parcellaire marqué par l’eau et de jardins en entrée de ville (porte Wilson), à hauteur de l’actuel quartier de la bouillie, ainsi qu’en pied de coteau au droit de st Gervais. notre site d’étude était donc un espace productif organisé par une trame hydrographique. Enfin, des lignes fortes historiques maillent le site. il s’agit des ponts chartrains, des ponts st Michel ou encore de l’ancienne ligne de tramway1 sur lesquelles devra s’appuyer le projet de réaménagement.

1.4 Une autre échelle de réflexion

si l’analyse paysagère et le diagnostic ont principalement été réalisés à l’échelle “physique“ du val (entre digue et coteau), une échelle parallèle a guidé la réflexion, l’échelle “programmatique“, qui élargit la première et sous-tend des accroches potentielles ou des points d’appui au site d’étude. il a ainsi été établi l’inventaire des mutations locales en cours ou à venir, sur la base des projets de développement émergents. Dans la ville endiguée de blois-Vienne :

- constitution d’un pôle sportif à partir du projet de centre aquatique, de la délocalisation consécutive à la ZaD des terrains de tennis de l’aaJb et des terrains de sports situés à l’entrée du déversoir,

- projet d’installation de jardins familiaux en tissu urbain,

- Développement d’un pôle horticole, composé du lycée Horticole de blois, des Jardins de cocagne (jardins maraîchers biologiques à vocation d’insertion sociale et professionnelle) et des serres municipales.

et dans le val amont : réaménagement de l’ancien site du lac de loire2.

l’analyse et le diagnostic multiscalaire ont révélé l’existence d’un espace périurbain aux ambiances paysagères multiples et stratégiques à l’échelle de l’agglomération. considérant la rupture engendrée par la ZaD et les ambitions de réaménagement du site de la bouillie, cette première étape a conduit à formuler de nombreux enjeux3 de paysages, de territoire, d’usages et d’images (cf. chapitre 3.b.iii.3) partagés et validés par l’ensemble des acteurs composant les comités technique et de pilotage.

1 ligne qui reliait blois aux bas de st Gervais.

2 ancien centre nautique fermé consécutivement au démantèlement du barrage en 2009 qui visait à rendre son

caractère sauvage au fleuve.

3 « Problématique identifiée qui porte en elle un potentiel de changements, positifs (opportunités) ou négatifs

(menaces) et qu’il est nécessaire de prendre en compte pour construire une prospective et déterminer une stratégie. L’enjeu est ce qui, sur le terrain [...] peut être perdu ou gagné. Un des rôles de la prospective consiste à identifier des enjeux futurs,

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2. les acteurs de l’étude prospective

Dès la définition de la ZAD, il était apparu aux concepteurs de la démarche (les services de l’etat) que l’intercommunalité était l’acteur le plus à même de porter l’opération en tant que maîtrise d’ouvrage, parce que le bras de décharge s’étend sur trois communes de l’intercommunalité et parce que l’etat estime ne pas avoir vocation à porter des opérations locales relatives à l’urbanisme et à la réduction de la vulnérabilité (gestion décentralisée du risque). sur ce point, le plan loire ii insiste sur l’implication des collectivités locales1.

alors que la transmission de l’opération ZaD à la communauté d’agglomération a été marquée en 2002 par un désengagement des services municipaux (Doussin, 2009), la nouvelle étude prospective a réuni l’ensemble des services de la ville de blois et de la communauté d’agglomération concernés. Cette “réunification“ est conséquente de la fusion en 2006 des services de la ville et de l’agglomération. le comité technique fut ainsi composé d’un large panel de services (aménagement de l’espace, urbanisme, habitat/gens du voyage, culture/tourisme/loisirs, cadre de vie, mission risques, mission relogement, développement territorial et économique) renforçant l’intérêt de l’étude. la prospective, méthode pluridisciplinaire, a ainsi été reconnue et de nombreux acteurs se la sont approprié (Jouvenel, 2009).

en effet, la prospective s’intéresse aux ruptures possibles décelables par l’observation des tendances lourdes et des phénomènes émergents porteurs d’avenir et par l’écoute des signaux faibles. le bureau d’étude a donc mené de nombreux entretiens avec les acteurs du comité technique et bien d’autres2 afin que chacun s’exprime sur sa vision, ses attentes et le sens du paysage ligérien blésois. ainsi, aux acteurs initialement concernés se sont ajoutés de nouveaux3, liés aux tendances et aux signaux faibles perçus durant la phase diagnostic. ces nouveaux acteurs ont permis de faire émerger des germes de changement et de préfigurer des propositions de vocations.

3. les tendances

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Des acteurs ont fait référence à des vocations proches de certaines tendances actuelles de notre société. ainsi, au regard des contraintes et de l’historique du site, des élus ont rapidement confié leur ambition de développer une activité de maraîchage biologique dont la tendance nationale s’illustre par le « mode de consommation bio » renforcée par les objectifs du Grenelle de l’environnement (2007) : développement d’une agriculture biologique avec 6 % des surfaces en bio en 2012 (soit un triplement de la surface actuelle), et 20 % de produits bio dans la restauration collective en 2012. D’autres discours se partageaient entre les loisirs et le tourisme de nature. Enfin, un discours plus minoritaire évoquait la tendance aux énergies renouvelables et notamment la bioénergie.

1 l’utilisation des crédits du plan loire ii doit permettre de ne faire porter que faiblement le coût de la démarche à

l’intercommunalité et faciliter ainsi son engagement.

2 elus, techniciens, ingénieurs, associations, conservatoire des sites, observatoire loire, chambre de l’agriculture,

lycée horticole…

3 il pourra être regretté l’absence d’habitant ou d’usager dans ce large panel d’acteurs.

4 une tendance est une transformation mesurable ou observable au sein d’un système donné et dont l’évolution est

aussi, par la dimension stratégique de cet exercice de prospective, il convenait de déterminer les signes porteurs d’avenir à l’échelle de l’agglomération à partir desquels développer les tendances précitées.

4. les signaux faibles du développement local

les signaux faibles1 sont des variables qui peuvent constituer les tendances de demain. ainsi, le contexte local s’illustre par :

- L’émergence d’une « couveuse d’entreprises »2 en maraîchage biologique ; - l’essor des Jardins de cocagne (production et vente de paniers de légumes bio). le développement local témoigne d’une activité croissante des structures existantes. c’est le cas d’une association de 26 producteurs en région centre qui propose à la vente des paniers de fruits et légumes. elle a connu un décuplement de son chiffre d’affaire en 4 ans, d’où une réelle demande locale en produit bio. Mais la production actuelle reste inférieure à la demande (faute de foncier) d’où une crainte de ne pouvoir prochainement satisfaire la demande. et en loir-et-cher, trois structures agricoles (ca413, adasea4, Gablec5) ont été sollicitées en 2009 par 28 candidats à l’installation maraîchère dont certains sont en recherche de foncier.

D’autres projets émergent :

- l’installation de jardins familiaux en tissu urbain,

- la création d’un écopôle touristique sur l’ancien site du lac de loire par la délocalisation notamment de l’observatoire loire de blois (actuellement situé en centre-ville),

- la construction d’une chaufferie biomasse à blois.

ces signaux s’inscrivent au cœur d’une ambition politique de développement d’une « green Valley » à l’échelle régionale, profitant du classement Unesco de la Loire, de l’image touristique de la région (châteaux de blois et cheverny), de l’enseignement et de la recherche, du développement des métiers “verts“ et du rayonnement international du festival des jardins de chaumont6.

1 les signaux faibles n’ont aucune incidence au moment où ils apparaissent mais peuvent avoir des conséquences

fortes plus tard.

2 il s’agit d’un système d’aide à l’installation d’entrepreneurs désireux de produire en maraîchage biologique et à la

recherche de terrains disponibles.

3 chambre d’agriculture du loir-et-cher.

4 association Départementale pour l’aménagement des structures des exploitations agricoles.

5 Groupement des agriculteurs biologiques du loir-et-cher.

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5. les premières orientations et le dégagement de thématiques

la synthèse du diagnostic paysager, des tendances et des signaux faibles locaux a concouru à entrevoir l’opportunité de concevoir un espace périurbain « au service » de la

ville ; une antichambre productive, source de biodiversité où la ville puise ses ressources,

un lieu de ressource qui absorbe l’agitation urbaine (Morisseau, 2009), un espace qui puisse « nourrir », « chauffer », « valoriser » et « divertir » la ville (atelier de l’Île,

2010). Ces orientations exprimées sous forme infinitive se sont ouvertes sur les thèmes de l’agriculture périurbaine, de la bioénergie, de la renaturation et de la valorisation écologique et patrimoniale du site, des loisirs, du tourisme et du culturel.

Afin de préfigurer les scénarios, ces thèmes ont été distingués selon leur rapport au paysage. Ainsi, ont été différenciés les thèmes qui « fabriquent un paysage » (l’agriculture périurbaine, la bioénergie, la restauration…), des thèmes qui en « tire partie » (les loisirs, le tourisme…). Le bureau d’étude a également fait émerger un thème « conducteur », fondé sur l’eau en tant qu’élément fédérateur du paysage, du territoire et de ses usages (développés par les autres thèmes). cette dernière thématique vise à réinscrire la problématique de l’inondabilité dans la réflexion et à ne pas perdre de vue les enjeux liés au chemin de l’eau.

iii. les scénarios de réaménagement d’un espace périurbain