• Aucun résultat trouvé

la Bouillie, un quartier au cœur d’un ouvrage de régulation des crues ligériennes

ii. le déversoir de la Bouillie à Blois

1. la Bouillie, un quartier au cœur d’un ouvrage de régulation des crues ligériennes

D’une longueur de 25 km pour une largeur moyenne de 1,5 km, le Val de blois (3 800 ha) possède deux déversoirs :

- sur sa partie amont, le déversoir de Montlivault, d’une longueur de 560 m, réalisé à l’emplacement d’une brèche de la crue de 1856 ;

- à mi-hauteur, le déversoir de la bouillie, d’une longueur de 450 m, beaucoup plus ancien2 et dont le bras de décharge, appelé parfois la boire, est l’ancien canal de blois (person, 2001).

la protection du quartier entièrement endigué3 de blois-Vienne4 (3 300 habitants) et le rétrécissement du lit de la Loire au droit du Pont Jacques Gabriel ont justifié l’existence du déversoir de la bouillie, ouvrage de gestion des crues par l’espace (anciennement appelé déchargeoir). ainsi, pour une crue moyenne de la loire (légèrement supérieure à la crue cinquantennale), le fonctionnement du déversoir et la mise en eau du bras de décharge permettent d’éviter la mise en charge du pont Gabriel et de réduire sensiblement le risque de rupture des levées de loire. pour une crue de retour de 70 ans, le déversoir fonctionne

1 cette validation s’est traduite en septembre 2011 par le lancement d’un concours de maîtrise d’œuvre publique

pour l’aménagement d’un « parc naturel urbain ».

2 première présence attestée en 1584.

3 levées de la loire en rive gauche et levées intérieures.

4 en terme de concentration d’enjeux, le quartier de Vienne apparaît comme le secteur stratégique du val de blois.

pourtant, ce quartier a connu de nombreuses inondations par remontées de nappes mais également par rupture des levées intérieures.

durant plus de deux jours avec un débit de 300 m3/s (equipe pluridisciplinaire plGn, 2004). pour une crue de retour de 170 ans, le déversoir de Montlivault entre en fonctionnement un jour après celui de la bouillie. celui-ci fonctionne alors durant 3,5 jours avec un débit de 500 m3/s (Doussin, 2009). une hauteur d’eau de 3 à 4 m est observable dans certains secteurs étroits du bras de décharge (Minéa, 2000) ; lequel a fonctionné lors des trois grandes crues du 19e siècles (1846, 1856 et 1866) et lors des crues de 1907 et 1924.

actuellement, le problème majeur se situe au niveau du déversoir de la bouillie. en effet, ce déversoir est un des systèmes de défense de la ville de blois puisqu’il doit limiter le débit dans le lit endigué. cependant, sur les communes de blois, saint-Gervais-la-Forêt et dans une moindre mesure Vineuil (figure 17), des maisons (entre 135 et 150 habitations pour 400 habitants), des locaux d’activités (20 entreprises), des jardins familiaux, une aire de grand passage des gens du voyage et de nombreuses installations précaires sont implantés dans le déversoir. ainsi, dans l’éventualité où le déversoir se mettrait en fonctionnement, les maisons de la zone constitueraient un véritable barrage et feraient obstacle au libre écoulement des eaux (photo 11 et figure 18). Le risque serait alors grand de voir la crue refouler sur le quartier de Vienne et la rive droite puisqu’il faut un exutoire à l’eau. De plus, si le quartier de la bouillie compte beaucoup moins d’enjeux que celui de Vienne, il reste soumis à un aléa important et surtout direct. De ce fait, la prise en compte du risque à l’intérieur du déversoir de la bouillie, compte tenu de la présence de vies humaines et d’activités économiques, constitue un enjeu majeur de sécurité civile.

l’urbanisation du quartier de la bouillie s’est opérée au début du 20e siècle à la faveur d’un « relâchement »1 administratif alors que l’interdiction de construction était jusque là forte (person, op. cit.). cette urbanisation s’était renforcée depuis les années 1970 par le déplacement de familles issues d’autres quartiers populaires de blois (Zup nord notamment). a l’instar du quartier r. anthony de rennes, de nombreuses constructions ont été bâties directement par leurs propriétaires. avec le temps, cette urbanisation a gommé des lignes fortes, parfois historiques, du paysage (ancienne ligne de tramway, voie romaine…).

1 Doussin n., 2009, Mise en œuvre locale d’une stratégie globale de prévention du risque d’inondation : le cas

Figure 17 : Périmètre du val ligérien blésois entre coteau et ville endiguée. réalisation Morisseau.

151 Photo 11 : Quartier et déversoir de la Bouillie aux franges du quartier endigué de Blois-Vienne,

2006. source agglopolys, photo lavallart p.

le 25 mai 1998, un ppr est prescrit1 sur le Val de blois ; en juillet 1999 il classe le bras de décharge et le secteur de la Bouillie en zone A4 et confirme par là même l’arrêt de l’extension urbaine2 dans le val de blois.

en 2000, la remise en état de fonctionnement du bras de décharge de la bouillie est classée parmi les opérations prioritaires du second plan loire. le déversoir étant un ouvrage aréolaire (surfacique), sa gestion et son bon fonctionnement résident dans la nature et l’organisation de l’espace. La préfecture confie alors une étude d’aménagement du site à un groupement de bureaux d’études3 composé notamment de paysagistes.

Cette réflexion a permis de souligner différents enjeux :

- redonner une identité paysagère au lieu, en tant que bras sec de la loire ;

- définir de nouvelles vocations au site, à l’échelle de l’agglomération (vocation touristique notamment, par la création d’un plan d’eau) sans construction pérenne (hormis quelques constructions flottantes) ;

- tenir compte de la spécificité sociale du quartier, composé d’une population modeste souvent âgée, à l’attachement profond au lieu et ignorante du risque auquel elle est exposée.

si cette étude a formulé les premières orientations de réaménagement du site tournées vers la renaturation du chemin de l’eau et quelques pistes axées sur les loisirs, elle a surtout préconisé l’utilisation de l’outil Zone d’Aménagement Différé (ZAD) (figure 18) sous la conduite de l’intercommunalité pour une stratégie progressive de rachat des propriétés en parallèle d’une politique de communication et d’une démarche de concertation avec les habitants et les usagers du site.

Afin d’identifier d’autres alternatives à la ZAD, une nouvelle étude a été confiée par la DDe d’indre-et-loire au bureau d’étude sogreah. celui-ci a conclu qu’aucune autre solution structurelle visant à protéger une partie ou la totalité du site de la bouillie n’était pertinente.

2. la ZaD, outil de désurbanisation : première étape de l’adaptation du