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I.1. Le parler dans tous les états

I.1.1. Cadre théorique

I.1.1.2. La stratification de la langue

Tous les linguistes modernes s’accordent à dire que la structure de la langue n’est pas homogène, mais qu’elle est composée d’éléments plus au moins divers. « Aucune langue humaine n’est fixée, uniforme ou invariable : toutes les langues montrent des variations internes »2, - remarquent les linguistes américains, auteurs du Linguistics : An Introduction

to Language and Communication. Toutes les langues connaissent par conséquent de

multiples variations. Chacune des deux formes de la même langue, orale et écrite, peut à son tour avoir une structure relativement diversifiée malgré la présence de la censure normative plus stricte à l’écrit, imposant à ce dernier un modèle plus recherché.

Plusieurs linguistes ont tenté de résoudre la question de dénomination d’un espace agencé de discours. Nous avons également soulevé cette question dans notre article « Différentes approches de la notion de registre dans les études occidentales modernes »3. De ce fait, dans la linguistique, on ne trouve pas de terme unique pour désigner ces strates langagières à l’intérieur de la forme parlée ou de la forme écrite de la langue. Il faut dire que peu de notions en linguistique se sont heurtées à tant de difficultés d’appellation et de définition. Après avoir consulté plusieurs grammaires, dictionnaires et ouvrages spécialisés dans la question, nous avons constaté que le terme de registre4 se trouve en concurrence

1 Id.

2 A. Akmajian, R. A. DeMers, et A. K. Farmer, Linguistics : An Introduction to Language and

Communication, MTI Press, 2001, p. 275.

3 S. Maire, « Différentes approches de la notion de registre dans les études occidentales modernes », Koncept

et kul'tura, Kemerovo, Université d’État de Kemerovo, 2010, pp. 489-493.

4 L’appellation « registre » est employée pour la première fois par Thomas Bertram Reid en 1956. Le concept est par la suite développé dans les années 1960 par un groupe de linguistes anglophones (Jean Ure, Dell Hymes et Michael Halliday). Dans l’approche hallidayienne, la notion de registre ne doit pas être mélangée avec la notion de style. Ainsi, M. Halliday établit la distinction entre « variation according to use » et « variation according to user ». Le premier type lié aux situations de communication est dénommé le registre alors que le deuxième, le style, est relié aux relations entre participants et à l’individu du point de vue social. (Cf. M. Halliday, « The Users ans Uses of Language », in Readings in the Sociology of Language, J. Fichman (dir.), La Haye, Mouton, 1968). En se basant à son tour sur les travaux de M. Halliday, Martin Montgomery réfère le terme de registre à trois dimensions : field of discourse (« the activity itself »), tenor of discourse

avec les termes comme « niveau » (Bellenger, Bezooijen, Dorais, Gooskens), « variété » (Riegel, Pellat, Rioul), « variation » (Gadet) ou encore de « champ » (Bourdieu) pour désigner les divers types de discours.

Ainsi, il existe différentes approches des linguistes en terme de stratifications langagières. En ce qui nous concerne, nous pensons que le terme de variation devrait être appliqué pour désigner un phénomène linguistique plus large que le registre. Nous comprenons sous le phénomène de variation, l’existence dans le langage des éléments ayant une matérialisation phonétique et morphologique semblable, unis par un même sens lexico-sémantique, mais qui peuvent cependant se différencier sur le plan stylistique et expressif. La notion de variation implique les changements langagiers en fonction d’une kyrielle de facteurs extralinguistiques alors que la notion de registre met en exergue les particularités discursives individuelles vues sous un angle sociologique. On peut donc parler des variations langagières et des registres discursifs. Tout au long de notre travail, nous utiliserons le terme de registre qui désignera un regroupement de productions langagières dont les individus font usage à l’oral comme à l’écrit sous la dépendance des facteurs sociolinguistiques. Ce terme nous semble être plus légitime que le terme de niveau, car nous partageons l’envie des linguistes de ne pas être impliqués dans une évaluation hiérarchique des strates langagières.1, 2

Ainsi, vus sous cet angle, les registres illustrent une corrélation entre le comportement social et les pratiques langagières. En partant du fait que le registre discursif

(« the kind of social relationship enacted by the text ») et mode of discourse (« the means adopted for communication »), cf. M. Montgomery, « Language and situation : register », Langage et Société, N° 124, 2008, pp. 90-91).

1 Cf. par exemple, F. Gadet qui souligne que le terme « registre de langue » porte en lui plus d’objectivité car en employant le terme « niveau » le locuteur procédera même inconsciemment à la hiérarchisation des couches langagières. (F. Gadet, Le Français ordinaire, op. cit., pp. 18-19). Cependant, nous rejoignons les critiques de F. Gadet concernant le découpage de la langue seulement en registres. F. Gadet, qui fait de la langue parlée, porteuse de diversités, l’objet de ses réflexions, remarque que « les désignations des registres ne sont aucunement satisfaisantes, car elles ne distinguent pas de stratification sociale… ». (Id.). La linguiste met en exergue le caractère largement insuffisant de cette notion, « en particulier par la façon dont elle fige le jeu discursif en des variétés ». (F. Gadet, « Le Français tel qu’on le parle », in Le Langage. Nature, histoire et

usage, J. F. Dortier (dir.), Sciences Humaines Éditions, 2001, p. 96). Elle estime qu’il n’est pas judicieux de

faire la distinction entre les termes de variations et de registres. Dès lors, elle propose de croiser ses deux substances sociolinguistiques afin de mieux cibler les spécificités de chaque champ discursif. Cette vision est commune avec le point de vue exprimé dans les travaux de Pierre Achard. Les différenciations en termes de types d’actes est un point nodal dans la délimitation des registres chez P. Achard. Il adopte ainsi une analyse sociologique des variations langagières car selon lui il s’agit d’une partie intégrale au sein de la réalité sociale et que le registre discursif doit être étudié en corrélation et à travers la notion de variation.

2Voir par exemple M. Arrivé, F. Gadet, M. Galmiche, La Grammaire d’aujourd’hui, P., Librairie Flammarion, 1986, pp. 597-600 ; O. Ducrot, J.-M. Schaffaer, Nouveau dictionnaire encyclopédique des

ne peut être perçu qu’à partir de plusieurs points de vue lors de la mise en rapport des pratiques sociales et des régularités discursives, Pierre Achard le définit comme « jeu de langage, style de vie, place sociale abstraite ou légitimité »1. Le registre discursif accomplit le rôle du noyau « qui entretient des relations, de natures très différentes, avec les autres pôles »2. Les registres illustrent par conséquent « des rapports relativement stabilisés entre des formes (syntaxe, lexique, énonciation) et des pratiques sociales ».3 C’est donc pour cette raison que la notion de registre devient un des termes-clés de la sociologie et plus particulièrement de la sociologie du langage dont les recherches se focalisent sur le rôle du langage dans les processus sociaux.

Certaines recherches consacrées à l’étude des rapports entre l’homme et les registres affirment que le locuteur qui s’exprime dans sa langue maternelle n’éprouve pas généralement de difficulté à classer les unités langagières selon les registres. Par ailleurs, Baxtin ajoute que « dès le début nous sommes sensibles au tout discursif qui, ensuite, dans le processus de la parole, dévidera ses différenciations ».4 Cependant, le caractère relatif de cette affirmation a été démontré. Cette remarque sur le caractère inné de la connaissance des registres est, en effet, vraie et fausse à la fois. Elle est vraie, car la personne, porteuse de la langue, n’aura pas beaucoup de difficultés à ranger les mots et les expressions dans trois grands groupes : le registre soutenu – le registre standard – le registre parlé. Or, elle aura plus de mal à ranger des vocables dans les registres non conventionnels : le registre parlé et familier – le registre populaire – l’argot – le jargon – le registre très familier.

En raison de la difficulté de répartir des éléments langagiers en registres de façon spontanée, les linguistes se sont donné une lourde tâche de le faire de façon « artificielle ». Or, jusqu’à nos jours, personne d’entre eux n’a réussi à présenter la répartition qui mettrait tout le monde d’accord. La divergence dans la définition du registre révèle une grande part de subjectivité de la part des chercheurs. Il en va de même pour toutes les tentatives de répartir des éléments langagiers dans un registre donné. L’aspect subjectif dans la division des éléments de la langue en registres est prouvé par ailleurs par le fait qu’un mot ou une

1 P. Achard, La Sociologie du langage, P., PUF, Que sais-je ?, 1993, p. 87. 2 Id.

3 Ibid., p. 92. 4

M. M. Bakhtine, « Les genres du discours », in Esthétique de la création verbale, P., Gallimard, 1979, p. 285.

expression sont qualifiés de différentes façons dans les dictionnaires. D’autant plus que les appellations et le nombre de registres varient d’un ouvrage à l’autre. Il faut signaler, à juste titre, que les auteurs des dictionnaires ou des grammaires, qui classent les éléments, reconnaissent le caractère subjectif de leurs ouvrages et tiennent à préciser dans l’introduction que « cette notation des niveaux de langue est délicate et peut prêter à des discussions »1,2.

Ainsi, le problème de fond, c’est de savoir selon quels critères les unités doivent être classées dans un registre donné : faut-il en élaborer plusieurs ou suffit-il d’un seul ? Parce que même si, comme nous venons de le voir, le classement des vocables et d’autres éléments langagiers dans les registres est subjectif, il doit avoir un minimum de justification scientifique. Pour ce faire, les auteurs des dictionnaires et des grammaires doivent dresser une liste des critères. Or, la définition des critères reste à ce jour un problème ouvert. La difficulté provient avant tout du fait qu’un système universel de registres, qui aurait mis tous les linguistes d’accord, n’existe pas à ce jour.

Nos analyses des dictionnaires et des grammaires nous révèlent également différentes façons dans le classement des éléments langagiers.

Les auteurs du Robert méthodique avancent plusieurs classifications possibles pour le lexique en fonction de divers critères. Ainsi, les mots et les expressions de la langue nationale peuvent être classés selon leur valeur : dans le temps (vieux / contemporain / nouveau) ; dans l’espace (régional / national) ; dans la société (familier, argot, enfantin) ; dans un domaine d’activité (technique). 3

Les auteurs de la Grammaire méthodique du français proposent de distinguer les variétés régionales (parlers et usages locaux du français) ; les variétés situationnelles (langue soignée, courante, familière, etc.) ; les variétés techniques (langues de spécialités) ; les variétés sociales (parler populaire, argots, etc.); les variétés stylistiques (langue littéraire, administrative, etc). 4,5

1 Le Robert méthodique, J. Rey-Debove (dir.), Monréal, Le Robert, 1988, pp. X-XI. 2

Les méthodes intuitives dans la détermination du registre donné ont fait que dans la linguistique soviétique le nouveau terme de razgovorno-prostore!naja leksika a été mis en application.

3 Le Robert méthodique, op. cit., pp. X-XI. 4

M. Riegel, J.-C. Pellat, R. Rioul, Grammaire méthodique du français, P., Quadrige, PUF, 2001, p.10. 5 Une précision doit être faite concernant les mentions figurant dans les dictionnaires. Le mot appartenant au registre neutre n’aura pas de mention sauf cas particulier ; ainsi, par défaut, c’est-à-dire en l’absence de mention à côté du vocable, il va appartenir au registre neutre. La mention « parlé » ou « populaire » sert à marquer les mots qui n’ont pas d’équivalent dans le registre standard. Parmi ces vocables il y a des

Un grand nombre de recherches linguistiques nous fournissent également différents types de classification du lexique d’une langue selon les registres.

La variation stylistique, selon Françoise Gadet, implique quatre registres : registre soutenu (ou encore soigné, recherché, élaboré, châtié, cultivé, tenu…) ; registre standard (ou non marqué ou encore courant, commun, usuel) ; registre familier ( ou encore relâché, spontané, ordinaire) ; registre vulgaire.

Marie-Françoise Mortureux distingue dans la langue le registre standard qui est opposé d’un côté à un registre soutenu1 et de l’autre aux registres familier, populaire, vulgaire, argotique.2

Les éléments de la langue orale sont répartis en cinq « niveaux » dans la classification de Lionel Bellenger. Sa répartition des strates langagières repose sur la nature des mots, des types de syntaxe et de l’accentuation. Ainsi, en fonction des particularités ci-dessus, les éléments langagiers peuvent faire partie

- soit de la langue oratoire des discours emphatiques et des sermons, « précieuse et pédante » ;

- soit de la langue soutenue des cours magistraux, des allocutions et des réceptions ; - soit de la langue courante de la conversation, de la télévision, de l’école ;

- soit de la langue familière, truffée d’incorrections et pour cela extrêmement vivante ;

- soit de la langue populaire, caractérisée par une forte présence d’éléments argotiques.3

nominations métaphoriques, qui sont dans la règle générale des porteurs des nuances affectivo-émotionnelles plus fortes que les simples épithètes. Les mentions de registres dans les dictionnaires peuvent donc éclairer en quelque sorte le lecteur sur le registre d’un mot ou d’une expression. Mais soulignons-le encore une fois, ces mentions n’ont pas de valeur absolue, pour les raisons suivantes : 1) les frontières entre les registres étant fluctuantes, il existe en effet beaucoup d’exemples dans la langue du passage d’un mot d’un registre à l’autre ; 2) le caractère des mentions est subjectif.

1

Le registre soutenu est aussi appelé « le registre littéraire ».

2 Cf. M.-F. Mortureux, La Lexicologie entre langue et discours, P., Sedes, 1997, p. 110. 3 L. Bellenger, L’Expression orale, P., PUF, Que sais-je ?, 1988, p. 80.

Dans un grand nombre d’études russes, la catégorisation des registres repose également sur des marques morpho-syntaxiques et lexicales même si lors de la rédaction des classifications les linguistes et les grammairiens essayent de ne pas se limiter au seul critère discursivo-fonctionnel. Ils prennent également en compte la formation des mots, le rôle du mot à l’intérieur d’une unité syntaxique. Il s’agit notamment des suffixes de modification stylistique.

Le linguiste russe, spécialiste de la langue parlée, V. D. Devkin parle de trois registres lexico-stylistiques : soutenu, intermédiaire et bas1. Il considère que les registres peuvent se croiser dans leur isofonctionnalité, dans la communauté du contenu exprimé et dans la synonymie obligatoire au sens large du terme. À son avis, le fait d’appartenir à un registre donné n’apporte pas de caractéristique complémentaire substantielle à la plupart des mots.

Après avoir consulté différentes classifications, nous avons décidé de nous en tenir à notre classification personnelle des registres discursifs dans nos futures recherches. Nous nous rendons compte que cette classification peut paraître réductrice ou inexacte. Mais nous croyons que notre risque est justifié, car, si nous voulons aboutir à une analyse productive, il paraît nécessaire d’apprivoiser les principaux termes opératoires. Ainsi, nous proposons de distinguer à l’intérieur d’une langue trois registres principaux :

- le registre soutenu, divisé en sous-registres littéraire et administratif; - le registre standard;

- le registre parlé qui se décompose à son tour en sous-registres parlé et familier, populaire, dialectal, argotique, jargonnesque et vulgaire.

Partant de l’hypothèse qu’il est impossible de dissocier les éléments du registre parlé, nous avons décidé de nous en tenir à ce classement pour les raisons suivantes :

• Nous avons mentionné à plusieurs reprises dans notre ouvrage la difficulté de délimiter le vocabulaire et d’autres unités langagières pour chaque sous-registre, surtout pour les sous-registres familier et populaire. Les paramètres de nature

1

Cf. V. D. Devkin, «Specifika slovarja razgovornoj leksiki», in Nemecko-russkij slovar’ razgovornoj leksiki, M., Russkij jazyk, 1994.

purement linguistique ou sociolinguistique ne sont pas toujours d’une netteté absolue, surtout aux franges de chaque registre. Personne ne peut affirmer avec exactitude l’appartenance d’un élément langagier à un des deux registres en question.

• À supposer que l’argot ou le jargon ne soient que quelques éléments marginaux à l’intérieur de la langue nationale, nous pensons qu’il n’est ni indispensable ni justifié de les considérer comme un champ à part entière.

Le critère de vulgarité ne peut être retenu, car c’est, à nos yeux, un des critères les moins fiables ; en effet, cela dépend beaucoup de l’intonation, des relations entre les personnes et des conditions du déroulement de la situation discursive.

Le choix d’un registre n’est jamais dû au hasard, il est déterminé par plusieurs facteurs et toute une gamme d’intentions émanant du sujet parlant. Penchons-nous maintenant sur l’étude de ces variables situationnelles qui seront déterminées à leur tour par les facteurs pragmatiques, extralinguistiques et situationnels qui conditionnent le déroulement de la situation discursive1 et par conséquent le choix du registre.

Les facteurs extra-linguistiques suivants peuvent être évoqués :

1) La situation de communication est déterminée avant tout par la qualité des participants au processus communicatif : certains mots ou unités linguistiques ne peuvent être employés que dans la conversation avec les proches, les amis, etc., tandis que d’autres unités linguistiques sont employées principalement dans la conversation avec des personnes inconnues ou peu connues, avec des supérieurs, etc. Ce qui voudrait dire que le choix du registre de langue est un processus complexe qui se fait non seulement en fonction de l’agent parlant, mais également en fonction de son / ses destinataire(s). Aussi, la formulation discursive varie-t-elle selon la formation, les motivations et les intérêts des destinataires ou des allocutaires.

2) La préférence pour tel ou tel registre de langue se fera selon l’état émotionnel de la personne. L’état calme et posé de la personne est souvent associé au registre

1 J. Caron définit la situation discursive comme « un ensemble constitué par le champ discursif et la relation des énonciateurs à celui-ci et entre eux, tel qu'il se définit à un moment quelconque du discours » (J. Caron, « Stratégies discursives dans les tests projectifs », in Stratégies discursives, Presses Universitaires de Lyon, 1978, p. 183).

standard, tandis que les forts états émotionnels sont associés aux registres périphériques de la langue. Il ne s’agit pas forcément des registres bas, mais aussi du registre soutenu, même si le choix de ce dernier registre est beaucoup moins courant de nos jours. Les études ont montré qu’une personne dans un des états émotionnels forts, positifs ou négatifs, choisit plutôt le registre parlé. La préférence pour ce registre lors d’un fort état émotionnel peut être expliquée par le fait que les vocables du registre en question véhiculent des nuances affectivo-émotionnelles plus intenses que ceux du registre standard.

3) Le registre de langue varie selon les intentions communicatives de l’émetteur. En effet, il optera pour un registre plus soutenu que celui de ses interlocuteurs s’il a l’intention de se mettre au-dessus d’eux. Et au contraire, l’émetteur choisira le registre parlé s’il veut se rapprocher de son public. Ainsi, le sujet parlant élaborera différentes stratégies discursives visant à construire un certain type de situation discursive. Le choix de la stratégie se fera en fonction de l’effet recherché.

4) Le thème du discours est également important. Dans ce sens, Olga Lapteva souligne le fait que « le thème […] ne peut être dissocié de l’utilisation d’un certain assortiment de moyens discursifs »1. Chaque cycle thématique est composé du noyau et des champs périphériques2, le noyau contient à son tour des éléments normatifs, il est présent dans chaque cycle thématique. Par contre, la largeur des champs périphériques, composés d’éléments d’autres registres que le registre standard, sera variable. Le contenu des champs périphériques de chaque cycle thématique n’est pas homogène non plus : on verra plus d’éléments langagiers en provenance du registre standard ou soutenu lorsque les thèmes de communication sont graves, sérieux. En revanche, les thèmes évoquant les événements de notre vie de tous les jours ou les sujets légers acceptent facilement des mots et des tournures en provenance du registre parlé.

5) Le facteur habitat avec son opposition rural/urbain peut également être déterminant. Ici la distinction se fait essentiellement sur différent pourcentage des éléments des argotiques, jargonnesques, dialectaux, populaires à l’intérieur du discours des habitants des villes et des campagnes.

1 O. A. Lapteva, Russkij razgovornyj sintaksis, M., URSS, 2003, p. 12. 2 Cf. Ibid., p. 13.

6) Le choix du registre est sensible au facteur classe d’âge. Ce facteur s’associe la plupart du temps avec les études des particularités de « la langue des jeunes ». La