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I.1. Le parler dans tous les états

I.1.2. Différents aspects de la langue parlée

I.1.2.2. Aspects extralinguistiques

Ici, notre objectif sera de montrer le rôle prépondérant du contexte extralinguistique à l’oral. Le langage est une production sociétaire. De ce fait, il se trouve en constante corrélation avec la société humaine et constitue un facteur essentiel de la socialisation des individus. L’homme a créé le langage afin d’avoir un moyen de communication lui assurant une vie sociale. À l’aide du langage l’homme est en mesure d’exprimer tout ce qui lui permet de mener une vie sociale normale. Le langage à son tour ne pourra jamais exister sans les hommes. C’est pourquoi le fonctionnement de la langue est géré non seulement par les lois langagières, mais elle s’adapte aussi à des changements venant de l’extérieur. Voyons donc la façon dont l'oral s'adapte sur le plan expressif et émotionnel.

I.1.2.2.1. Niveau expressivo-émotionnel

L’expressivité fait partie des six fonctions du langage désignées par Roman Jakobson: référentielle, expressive ou émotive, conative, métalinguistique, phatique, poétique.1 Il procède ainsi d’une conception polyfonctionnelle de l’acte de langage se produisant entre les personnes impliquées dans l’échange linguistique (destinateur et

1

Cf. R. Jakobson, Essais de linguistique générale. 1. Les fondations du langage, traduit et préfacé par N. Ruwet, P., Les Éditions de Minuit, 2003, pp. 213-218.

destinataire). En ce qui concerne la fonction expressive, elle est centrée sur le destinateur et vue comme « capacité d’exprimer un état émotionnel de la personne parlante, son opinion subjective envers les objets désignés et des phénomènes de la réalité »1. La fonction expressive, telle qu’elle est définie par Jakobson, avec son « je » omniprésent, est largement employée à l’oral.

Catherine Chauvin souligne que ladite fonction « fait peut-être l’objet d’un peu moins d’attention que d’autres fonctions »2. Elle explique cela par le fait que l’expressivité est difficilement saisissable pour les linguistes : elle « peut éventuellement sembler échapper en partie à la linguistique, et peut-être même à l’analysable, et elle est potentiellement reléguée à un second plan »3.

Charles Bally peut être considéré comme pionnier dans l’étude du discours expressif et fondateur des théories modernes utilisées dans ce domaine. Il fut le premier qui a considéré l’expressivité comme la principale tendance discursive : « [...] jamais les formes logiques du langage ne sont au premier plan ; affectivité et expressivité, voilà ce qui domine… »4. L’opposition entre le rationnel et l’émotionnel servait à Bally de base de délimitation des éléments langagiers. En effet, les éléments langagiers neutres décrivant la réalité étaient opposés aux éléments connotés qu’il nomme stylistique de la langue. Le linguiste suisse a insisté sur la présence de multiples procédés et moyens pour l’expression du même contenu émotionnel. Il a étudié de façon profonde l’expression de l’expressivité langagière en soulignant que sa caractéristique principale était une capacité potentielle de la langue de transformer les faits, les idées, de les exprimer dans en échelle plus grande ou plus petite par rapport à la réalité. Le linguiste suisse s’est surtout penché sur les questions concernant la nature langagière et discursive de l’expressivité, son lien avec l’émotion, l’intensité et le caractère imagé. Selon lui,

Le langage, intellectuel dans sa racine, ne peut traduire l’émotion qu’en la transposant par le jeu d’associations implicites. Les signes de la langue étant arbitraires dans leur forme – leur signifiant – et dans leur valeur – leur signifié – les associations s’attachent soit au signifiant, de manière à en faire jaillir une impression sensorielle, soit au signifié, de manière à transformer

1 O. V. Aleksandrova, Problemy èkspressivnogo sintaksisa : na materiale anglijskogo jazyka, &., Vys"aja "kola, 1984, p. 7.

2 C. Chauvin, « Énoncés sans sujet et/ou sans verbe en anglais et fonction expressive : évaluation/expressivité, structuration de l’énoncé/expressivité », in La Fonction expressive, vol. 1, PUF de Franche-Compté, 2007, p. 13.

3 Id.

le concept en représentation imaginative.1

Dans les années 1940, Gustave Guillaume a avancé sa conception de l’expressivité à partir de son équation originale où expression + expressivité = 1. Il a insisté sur la distinction entre l’expressivité explicite, qui sert pour se démarquer d’autres mots du discours, et l’expressivité implicite « qui se traduit par une certaine manière de parler, de s’adresser à la personne », employée « avec l’intonation appropriée »2. Dans la théorie de Guillaume, l’expressivité apparaît « comme l’un des pôles d’une bi-polarité expression / expressivité partout présente dans le discours, cette bipolarité signifiant que tout gain du côté de l’expressivité est compensé par une perte du côté de l’expression (et réciproquement) »3.

Dans la linguistique moderne, l'expressivité est étudiée depuis des angles différents. Irina Arnol’d, Evdokija Galkina-Fedoruk et d’autres soutiennent que l’expressivité est une catégorie langagière qui ne contient pas d’information sur le sujet, mais qui définit le caractère et l’intensité de la réception de l’information. Les auteurs du Dictionnaire de

linguistique et des sciences du langage définissent la fonction expressive comme « la

fonction du langage par laquelle le message est centré sur le locuteur, dont il exprime les sentiments »4. L’idée que le locuteur est le point nodal de la fonction expressive est reprise dans la définition de Hélian Kohler selon qui la fonction expressive est « une expression directe de l’attitude du sujet à l’égard de ce dont il parle »5.

Nous comprenons sous le terme d’expressivité un ensemble d’indices sémantico-stylistiques des unités du langage qui permettent de participer à un acte de communication. Par ailleurs, l’expressivité peut être également conçue comme un ensemble d’attitudes, marquées sur le plan émotionnel et subjectives, du sujet du discours envers le désigné. L’essence de la catégorie sémantique de l’expressivité

1 Ibid., p. 83. 2

G. Guillaume, « Grammaire particulière du français et grammaire générale », in Leçons de linguistique de

Gustave Guillaume, 1948-1949, publié par R. Valin, Québec, Les Presses de l’Université de Laval, 1982, p.

185.

3 Ph. Monneret, « Expressivité et image. Retour sur la conception guillaumienne de l’expressivité », Les manifestations linguistiques de l’expressivité à travers les langues. Journées d’études organisées par le Centre Interlangues "Texte Image Langage", 2007, p. 3.

4 J. Dubois et al., Dictionnaire de linguistique et des sciences du langage, P., Larousse-Bordas, 1999, p. 191. 5

H. Kohler, « Évaluation et discours rapporté : l’expressivité dans un article d’information brésilien », in La

consiste soit dans l’expression des nuances de sens complémentaires, où ces derniers se superposent sur le sens de base (lexique ou grammatical), soit dans le renforcement du sens de base qui entraîne à son tour une plus grande influence sur l’interlocuteur.

L’expressivité en tant que catégorie linguistique large représente un résultat de l’actualisation des macro-composants d’appréciation, d’émotivité et d’expressivité renforcées dans la sémantique du mot. Les mots portent une couche d'expressivité qui leur adhère lors de leur introduction dans le discours. Aussi peut-il s’agir du résultat d’une actualisation de signification d’un dérivé polysémique, du résultat d’une organisation particulière du contexte qui fait naître chez le dérivé différentes sortes de la connotation.

L’expressivité est liée aux composants principaux de l’acte discursif. D’un côté, elle se trouve en corrélation avec l’émetteur lors de l’expression de ses sentiments, de ses humeurs, de son attitude envers l’objet et envers son interlocuteur. De l’autre côté, cette catégorie sémantique est liée au destinataire et à l’effet perlocutoire qui est produit sur l'auditeur par un acte de parole, pour provoquer diverses émotions.

L’expressivité doit être également appréhendée à travers sa corrélation avec l’émotivité. Le rôle central des émotions dans la mentalité humaine, démontré dans un concept popularisé du psychologue américain Daniel Goleman, prouve que l’intellect ne reste jamais privé d’émotion1. On parle alors de l’intelligence émotionnelle. De ce fait, l’intelligence émotionnelle qui désigne « l’habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi et chez les autres »2 semble extrêmement importante dans l’étude du texte et notamment lors de l’analyse du lexique.

Les moyens verbaux de l’expression des émotions lors de leur actualisation dans le discours par l’émetteur jouent le rôle de signaux premièrement de son état émotionnel et deuxièmement de son attitude subjective. Le sujet de l’état et le signe émotionnel composent l’état émotionnel. Ce dernier se caractérise par un caractère instable et provisoire ainsi que par une durée limitée dans le temps. L’attitude émotionnelle ne peut se

1 Cf. D. Goleman, L’Inteligence émotionnelle : Comment transformer ses émotions en intelligence, P., R. Laffont, 1997.

2 J. D. Mayer, P. Salovey, « What is emotional intelligence? », in Emotional Development and Emotional

Intelligence: Implications for Educators, New York: Basic Books, P. Salovey et D. Sluyter (Eds), 1997 (pp.

3-31), d’après l’article J. D. Mayer « Emotional intelligence: popular or scientific psychology? », URL : http://www.apa.org/monitor/sep99/sp.html .

réaliser qu’à travers la présence d’un interlocuteur ou une tierce personne ou encore un objet à qui les émotions sont destinées. Ainsi, dans la structure sémantique des unités langagières servant à exprimer les émotions, le sème fait de sorte que ces unités en question soient perçues et utilisées de la façon adéquate par tous les porteurs de la langue lors de l’expression de leur état émotionnel.

Or, si dans la linguistique du début du XXe siècle, l’émotion faisait partie de la fonction expressive du langage1, aujourd’hui, le statut de l’émotion par rapport à ladite fonction se révèle plus complexe. Le schéma évoqué par Dell H. Hymes2 qui fusionne l’émotivité et l’expressivité paraît fortement discutable. On considère aujord’hui que les objectifs et l'effet produit sur l'interlocuteur de ces deux catégories ne sont pas les mêmes : « si le sens émotionnel donne des informations sur les sentiments de la personne parlante, le sens expressif doit contribuer à une meilleure livraison des informations logiques et émotionnelles jusqu'au récepteur»3. Dès lors, on étudie l’émotivité en tant que catégorie linguistique qui est actualisée à travers le texte littéraire dans tout extrait textuel. !. &. Galkina-Fedoruk fut parmi les premiers à insister sur la nécessité de différentiation de l’expressivité et du caractère affectif chez un élément langagier. Selon elle, la nature et les objectifs discursifs des notions en question ne doivent pas être mélangés. En effet, l’objectif du caractère affectif est d’exprimer l’attitude envers un fait ou un phénomène alors que l’objectif de l’expressivité est de renforcer le caractère imagé et d’impressionner l’interlocuteur. De ce fait, « dans le langage l’expressivité est plus large que le caractère émotionnel »4. Dans l’avant-propos de son ouvrage, A. Henri choisit d’emblée de mettre le point sur le « i » en traçant la différence entre la syntaxe affective et la syntaxe expressive.5

C'est donc en avançant ces arguments que les linguistes modernes optent pour une étude séparée du sens expressif et émotif d'un élément langagier. Ce point de vue séparatiste à l'égard de la notion d'émotivité et celle d'expressivité peut être recevable à condition de considérer que toutes les unités expressives du langage ne soient pas

1 Cf. E. Sapir, Language : An Introduction to the Study of Speech, New York, Harcourt, Brace, 1921, Bartleby.com, 2000,

URL : www.bartleby.com/186/ .

2 Cf. D. H. Hymes, « On the typology of cognitive styles in language (with examples from Chinookan) »,

Anthropological Linguistics, 3 (1), 1961, pp. 22-54.

3 A. V. Filippov, « K probleme konnotacii », Voprosy jazykoznanija, N° 1, 1978, p. 61.

4 E. M. Galkina-Fegoruk, Ob èkspressivnosti i èmocional’nosti v jazyke. Sbornik statej po jazykoznaniju, M., MGU, 1958, p. 107.

5 A. Henry, Études de syntaxe expressive. Ancien français et français moderne, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1977.

forcément émotives. Cela vient par ailleurs soutenir la thèse de l'impossibilité de rattacher un procédé expressif donné à un sentiment bien défini.

Or, ce qui arrive le plus souvent c’est que l’expressivité du mot se superpose sur son sens émotivo-appréciatif dans quel cas il semble difficile de les dissocier. C'est pourquoi l’importance de délimitation de ces deux catégories dépendra du type des unités langagières étudiées. Aussi, la délimitation entre l’émotivité et l’expressivité semble-t-elle prendre une grande importance lors de l’étude des significations connotatives du lexique. Pourtant, l’importance de cette délimitation diminue lorsque l’on s’attaque à l’analyse des unités syntaxiques où la frontière sémantique entre l’émotivité et l’expressivité est difficile à tracer.

De plus, l’expressivité se trouve en étroite corrélation avec d’autres catégories subjectives du langage. Il faut mentionner son lien fort avec l’appréciation et la modalité subjectives. De ce fait, l’expressivité peut être appréciative ou modale en fonction de l’aspect subjectif exprimé dans le discours.

La fonction expressive est liée intrinsèquement avec la notion de compétence communicative. En 1972, Dell Hathaway Hymes, linguiste américain, introduit ce terme en se basant sur des études menées sur les usages langagiers de groupes humains. Tout en opposant sa vision sur le fonctionnement du langage à celle de Noam Chomsky, le linguiste affirme que « la compétence communicative est indissociable de certaines attitudes, valeurs et motivations touchant à la langue, à ses traits et à ses usages et tout aussi indissociable de la compétence et des attitudes relatives à l’interrelation entre la langue et les autres codes de conduite en communication »1. Il ajoute plus loin que « l’acquisition d’une telle compétence est bien sûr alimentée par l’expérience sociale, par des besoins, des mobiles et elle se traduit en actions qui sont elles-mêmes nouvelles sources de mobiles, de besoins, d’expérience »2.3 Il en ressort que les contextes communicationnels sont rattachés à un système socioculturel commun. Ce système est

1 D. H. Hymes, Vers la compétence de communication, P., CREDIF-Hatier, 1984, p. 74. 2

Id.

3 Ainsi, dans ses conclusions portées sur les études empiriques, Hymes privilégie la dimension sociale et pragmatique et opte pour « une perspective centrée sur l’action parce que c’est elle qui autorise l’approche la plus globale » (D.H. Hymes, op. cit., p. 195). Hymes rejette l’idée de la langue en tant que système autonome et insiste sur la corrélation entre la langue et les facteurs sociaux.

chargé de gérer et de codifier les rapports entre les sujets parlants. De ce fait, en étudiant les règles de fonctionnement liées à la réalisation dans la langue et dans le discours les potentiels de l’émetteur, on fait appel constamment à la compétence communicative, autrement dit à un composant émotionnel du mot.

L’expressivité est propre à toutes les formes et à tous les registres de la langue.1 Tous les moyens expressifs de ces registres possèdent une connotation positive ou négative bien déterminée. L’expressivité est de ce fait la possibilité d’exprimer sa subjectivité puisque le mot expressif contient toujours divers indices-porteurs de la connotation subjective de l’individu. D'ailleurs, la subjectivité, appelée à définir la fonction expressive déjà dans les travaux de K. Bühler, est à l’origine du fait que « toute séquence discursive porte la marque de son énonciateur »2.

Le langage possède d’un grand nombre de moyens capables d’exprimer les émotions où le lexique occupe indéniablement la première place. Le lexique est une source principale lors de la création de l’expressivité dans un acte de communication. Les procédés lexicaux sont représentés par des mots qui, en plus de leur sens de base, contiennent par ailleurs un composant connotatif. Nous classons également les interjections dans cette catégorie. L’intensification de la sémantique expressive des composants de la phrase se fait grâce à l’élargissement du sens de tout l’énoncé.

Le lexique de la langue parlée peut être divisé en deux grands groupes marqués différemment du point de vue expressif et stylistique :

- le premier groupe est composé de mots et d’expressions à usage commun, neutres sur le plan expressivo-stylistique. Il s’agit du lexique du contenu « ordinaire », servant à décrire des objets ou des actions « de tous les jours ». Ce lexique ne fera donc pas l’objet de notre analyse.

- la composition du deuxième groupe est plus complexe et représente beaucoup d’intérêt pour notre travail, car hormis les lexèmes proprement parlés nous pouvons y nommer des éléments en provenance du jargon, de l’argot, de la langue

1 Selon C. Blanche-Benveniste, il s’agit d’une des idées reçues sur la langue parlée. Elle explique que la manifestation d’une forte expressivité dans la langue parlée peut être vraie uniquement dans certaines situations. Or, cette affirmation ne peut pas être appliquée pour d’autres situations à l’oral comme « récits, explications, parole professionnelle, parole publique ». (C. Blanche-Benveniste, « La Langue parlée », op.

cit., p. 320).

populaire, du sous-registre vulgaire, des dialectes. Les nuances expressives sont propres à des mots exprimant une désapprobation, un dédain, un mépris. Dès lors, il s’agit des éléments non normés dont l’emploi dans le discours va généralement baisser le niveau stylistique et fonctionnel de la communisation. Parmi les éléments lexicaux qui jouent un rôle important dans la transmission des émotions, nous pouvons par ailleurs nommer des formes d’adresse, des diminutifs, du lexique obscène.

En se réalisant à l’intérieur du texte, le lexique expressif se trouve en étroite collaboration avec un composant appréciatif. Ainsi, la couche expressive du mot représente une structure à multiples facettes dans laquelle l’émotion elle-même et l’appréciation sont deux composants principaux. Les nuances expressives enrobent le sens principal du mot en sous-entendant la sortie de l’élément langagier de la neutralité. Un élément particulier ou tout un énoncé expressif sort de l’ordinaire par la présence à l’intérieur d’eux des signaux stylistiques ou associatifs qui servent à provoquer une réaction négative ou positive, mais en aucun cas une indifférence, chez le récepteur. La connotation, qui correspond à « l’auréole de sens, plus ou moins importante, qui flotte autour du sens immédiat et officiel »1, est primordiale lorsque l’on évoque l’expressivité dans un mot. L’expressivité a le plus souvent une connotation appréciative où divers composants de connotation, « plus marginaux, diffus, instables, qui se greffent sur le premier, le complètent ou le déforment et qui retentissent de manière variable chez les individus selon leur expérience et leur culture »2. Ces composants se croisent souvent dans la sémantique des unités expressives. Or, ce sont le composant appréciatif et le composant imagé qui dominent largement tous les autres. Ces composants apportent dans le discours des nuances qui sont, d’un côté, appréciatives et, de l’autre côté, elles sont extrêmement diversifiées. Ce qui nous permet de dire que l’expressivité est opposée à la neutralité et que tous les phénomènes langagiers qui se trouvent en dehors du registre neutre sont considérés en tant qu’expressifs.

Nous émettons l’hypothèse que le lexique expressif et appréciatif dans les œuvres littéraires révèle que ce genre de lexique contient une kyrielle d’émotions qui participent à la création des portraits psychologiques complexes des personnages, à la description des

1 L. Bardin, « Le texte et l’image », Communication et Langages, N° 26, 1975, pp. 99-115, URL : http://www.comanalysis.ch/ComAnalysis/Publication20.htm .

scènes particulières et à la formation d’une ambiance générale de l’ouvrage. L’expressivité joue le rôle d’intensificateur qui, en fonction de l’entourage stylistique, sémantique et textuel de l’élément langagier peut entraîner ou pas son expressivité. Dans ce cas-là, l’expressivité est perçue comme "additions" de sens complémentaires, non divisibles du point de vue logiques au sens principal ou comme renforcement ou mise en relief d’un sens.

Il faut cependant savoir que le processus d'expressivité ne s'arrête pas au lexique. Les deux processus phonétiques opposés, tels la réduction et l’élargissement des sons sont souvent des signes de l’expressivité de l’action de parole. Les procédés expressifs phonétiques peuvent également être présentés par une modification inhabituelle de sons ou par l’intermédiaire des moyens d’accentuation ou intonatifs. La composition de mots et l’affixation peuvent être nommées parmi les procédés morphologiques de l’expressivité. Il