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La représentation des activités et les activités représentatives

Les indicateurs de la pluriactivité : le temps et l’organisation du travail

3. La partition du temps : la pluriactivité des ménages

3.2. Les variables de l’analyse et l’analyse du temps

3.2.1. La représentation des activités et les activités représentatives

Afin d’étudier les combinaisons d’activités des ménages, nous avons préalablement calculé le nombre total d’actifs à partir du module démographique des enquêtes. Les occurrences de chaque activité rapportées à l’ensemble de cette population nous ont permis d’établir le tableau de synthèse présenté ci-après.

Tableau 8 : Occurrences des activités recensées parmi les ménages sondés

Activités Occurrence Pourcentage du

nombre d'actifs

Activité agricole 1688 82,78

Pêche (quelle que soit la technique employée) 1065 52,23

Fumage du poisson 572 28,04

Préparation de l'huile rouge 276 13,53

Saliculture 258 12,64

Elevage avicole 252 12,35

Fabrication du savon noir 182 8,92

Activité de responsabilité villageoise, communautaire ou religieuse (Imam, etc.) 150 7,34

Elevage de ruminants 113 5,53

Médecine traditionnelle : Karamoko / Guérisseur 103 5,03

Vente de produits manufacturés 68 3,32

Vente de produits transformés (artisanat alimentaire) 62 3,03

Vannerie « domestique » 57 2,84

Cueillette 48 2,34

« Ouvrier agricole » 47 2,30

Apiculture / Collecte de miel 43 2,11

Journée(s) de travail contre produit(s) 34 1,67

Chasse 30 1,47

Travail du bois (menuiserie, ébénisterie, etc.) 28 1,37

Fagotage 26 1,28

Fabrication et réparation de filets de pêche 21 1,03

Coupe de bois (mangrove ou œuvre et construction) 19 0,93

Animation (Dancing, soirées, bals, etc.) 16 0,78

Mécanique / réparation (horlogerie, radio, vélo, véhicule, bateau) 16 0,78

Vannerie « masculine » 14 0,69

Fabrication de pirogue 14 0,69

Agent de l'État (central ou décentralisé) ou agent du développement 13 0,64

Forge 13 0,64 Activité à l'extérieur 13 0,64 Charbonnage 12 0,59 Couturier tailleur 9 0,44 Briqueterie 9 0,44 Poterie 6 0,29

Piroguier (transport de marchandises et/ou de voyageurs) 3 0,15

Artisanat du cuir 1 0,05 Cordonnerie 1 0,05 Puisatier 1 0,05 Peinture en bâtiment 1 0,05 Maçonnerie 1 0,05 Chaudronnerie 1 0,05 Boulangerie 1 0,05

Réalisation : Mathilde Beuriot, 2006 – Source : Enquêtes OGM 2003 – 2005

Procéder à l’analyse des combinaisons d’activités des ménages implique de travailler sur un échantillon d’activités suffisamment représentatives. Lors du premier travail de synthèse des enquêtes (OGM, 2006), il est rapidement apparu que la kyrielle de petites activités faiblement représentées (notamment les petits métiers et autres arrangements), dispersait très largement les résultats d’analyse et ne permettait pas d’offrir une réelle lisibilité des combinaisons utilisées par les ménages. Cela indiquait la nécessaire création d’un seuil en deçà duquel les activités seraient considérées comme peu représentatives et regroupées lors des traitements de l’ensemble de l’information sur les temps d’activité. Nous avons fixé ce seuil à 5%109. Dix activités (surlignées en gris dans le tableau ci-dessus) ont donc été considérées comme représentatives des combinaisons mises en œuvre par les ménages de la base de sondage. Il s’agit de l’activité agricole, de la pêche, du fumage du poisson, de la fabrication de l’huile rouge, de la saliculture, de l’élevage avicole, de la fabrication du savon noir, des activités de responsabilité villageoise, communautaire et/ou religieuse, de l’élevage de ruminants et de l’activité de médecine dite « traditionnelle » désignée ici par les fonctions de karamoko et/ou de guérisseur. Toutes les autres activités sont regroupées en une seule et même catégorie, « les autres activités »110, afin de les intégrer à cette première analyse.

Quelques remarques préliminaires à partir des données du tableau :

L’activité agricole et la pêche sont particulièrement représentatives des activités menées dans les sites. Dans la première partie de notre travail, nous avons démontré que celles-ci regroupaient un grand nombre de pratiques techniques. Il a ainsi fallu décomposer ces activités pour proposer à l’analyse des variables qui mettent en lumière cette diversité.

L’activité agricole repose principalement sur les travaux des champs. Les cultures vivrières et les plantations ne sont ni assez nombreuses ni assez importantes quantitativement (en terme d’occurrences dans la base de données et en temps passé) pour faire l’objet de la construction de variables spécifiques. Qui plus est, les populations ne font référence qu’au

walikhè111 pour évoquer l’activité agricole. Ils font, au sein de walikhè, la distinction entre

109 Au-delà de 5%, plus de 100 individus sont concernées par l’activité, en deçà, l’effectif est relativement faible. 110 Dans la première partie, nous avons établi une catégorisation des « autres activités » qui n’était pas basée sur

des traitements statistiques. Celle-ci sera employée ultérieurement dans d’autres traitements pour affiner les premiers résultats présentés ici qui sont issus des bases brutes et du travail de systématisation. Si elle avait été utilisée à ce stade, elle aurait forcément introduit un biais dans l’analyse.

culture commerciale (kansikhè : les champs d’arachide) et la culture du riz, base de l’alimentation (malékhè : les champ de riz ; booramalé : riz de mangrove (boora) ou

bagamalé : riz des Baga112). Nous avons donc choisi de transformer « activité agricole » en

trois variables d’allocation du temps113 : le temps de l’arachide, le temps du riz pluvial et le

temps du riz inondé114.

Les journées travaillées (JT) des collectifs de travail n’ont pas été comptabilisées. Dans le cadre de la convocation d’un groupe institué auquel au moins un membre du ménage appartient, le nombre de journées travaillées reçu est automatiquement rendu, le bilan « temps alloué pour les parcelles du ménage/temps alloué par le ménage pour les parcelles des autres membres du groupe » étant globalement nul.

Pour ce qui est des collectifs ou individus salariés par le ménage, l’enquête ne fournit pas de chiffres fiables dans la mesure où elle ne renseigne pas les modalités de la présence de ces convocations en 2003 : s’il s’agit d’un cadeau offert pour sceller des alliances, il y a une forte probabilité que le ménage concerné ne convoque pas de nouveau un kilé ou un maaswali l’année suivante ; si ce n’est pas un cadeau, peut-être dispose-t-il de moyens suffisants pour réitérer l’opération mais nos enquêtes ne nous permettent pas de le savoir. Nous ne disposons donc pas d’informations suffisantes pour construire une variable. Si nous avions eu la possibilité de l’élaborer, elle n’aurait, de toute façon, pas été utilisée dans l’analyse car elle n’aurait pas désigné des journées travaillées des membres du ménage.

En ce qui concerne la pêche, il faut distinguer le temps consacré à la pêche embarquée du temps alloué à la pêche à pied. Comme il en a déjà été fait mention dans le second chapitre, les techniques embarquées sont hautement productives, commerciales et font l’objet d’une spécialisation accrue tandis que les techniques à pied restent le plus souvent des pêches d’autosubsistance auxquelles les membres d’un ménage ne se consacrent pas tous les jours de l’année. Deux variables différentes sont donc là encore proposées à l’analyse : le temps de la

pêche embarquée et le temps de la pêche à pied. Le temps de pêche embarquée effectué par

des ouvriers pêcheurs dans les ménages spécialisés est comptabilisé dans une troisième

112 Riz flottant cultivé par les Baga des plaines de la Basse Côte.

113 Temps calculés sur la base des temps moyens alloués aux étapes culturales : surveillance, labour, bêchage,

billonnage, désherbage, semis, repiquage, battage, vannage, récolte, réfection des aménagements.

114 Les itinéraires techniques de production du riz pluvial et du riz inondé sont très différents et requiert des

temps de travaux singuliers. C’est pour cela que nous proposons de considérer deux variables d’allocation de temps à la production rizicole et non une seule qui engloberait cette dernière indépendamment de la nature des procès et temps techniques.

variable : le temps de la pêche ouvrière ; variable qui n’est pas intégrée à l’analyse mais utilisée dans les profils des modalités pour voir ressortir les « patrons de pêche » et observer s’ils sont réunis au sein d’un même type de combinaison d’activités ou disséminés dans plusieurs types.

Sur les huit activités représentatives restantes, seuls le fumage et la saliculture avaient été perçus comme des activités majeures au cours des premières observations de terrain et avaient fait l’objet d’un questionnaire spécifique. La présence des activités de préparation de l’huile rouge et de saponification dans les dix premières activités pratiquées dans les sites, activités regroupées dans la catégorie de l’effet de genre115, montre que les femmes occupent un rôle majeur au sein des combinaisons et qu’une part probablement conséquente des liquidités du ménage provient des épouses et autres femmes du ménage et non des chefs de famille ou des autres hommes placés sous leur responsabilité.

En marge des travaux des champs ou de la pêche, ces derniers axent prioritairement leur investissement en temps dans des activités de responsabilité collective (villageoise/ communautaire et/ou religieuse) ou dans des activités de capitalisation (élevage de ruminants et élevage avicole116). La présence de celles-ci dans les dix principales activités pratiquées dans les sites reflètent bien l’importance de la vie politique et du respect de l’ordre établi à l’intérieur des villages. Si liens et réciprocités, valeurs morales et exercice du pouvoir qui structurent et organisent la communauté, permettent le vivre-ensemble dans l’espace du village, du secteur, du district, il est logique qu’une part conséquente du temps soit consacré à leur entretien et à leur adaptation. La présence d’une autre sphère importante de pouvoir, celle de la connaissance du secret, des karamoko et guérisseurs, ne fait que renforcer cette hypothèse.

Le tableau des activités recensées montre que les dix plus représentatives des types de pluriactivité reposent prioritairement sur l’utilisation des ressources naturelles, sur l’exercice et les jeux des pouvoirs et sur les petits arrangements des femmes mettant ainsi en exergue deux types d’espaces : ceux de la ressource et de son exploitation et ceux de la médiation

115 Voir le chapitre 2 de la première partie.

116 Quels que soient le ou les membres du ménage qui s’occupent véritablement du bétail ou de la basse-cour, ce

socio-politique. Une dernière variable entrant elle aussi dans l’analyse, celle des journées travaillées (JT) alloués à l’ensemble des « autres activités » des ménages, pourrait cependant révéler d’autres espaces au sein des combinaisons.

Tableau 9 : Récapitulatif des variables entrant dans l’analyse

Variable Caractère Modalités ou Unité

Temps de l’arachide Quantitatif Journées travaillées

Temps du riz inondé Quantitatif Journées travaillées

Temps du riz pluvial Quantitatif Journées travaillées

Temps de la pêche embarquée Quantitatif Journées travaillées

Temps de la pêche à pied Quantitatif Journées travaillées

Temps du fumage Quantitatif Journées travaillées

Temps de l’huile rouge Quantitatif Journées travaillées

Temps de la saliculture Quantitatif Journées travaillées

Présence de l’élevage avicole Qualitatif Oui ; Non

Temps de la saponification Quantitatif Journées travaillées

Fonction de responsabilité Qualitatif Oui ; Non

Présence de l’élevage de ruminants Qualitatif Oui ; Non

Fonction de médecine traditionnelle Qualitatif Oui ; Non

Temps des « autres activités » Quantitatif Journées travaillées

Réalisation : Mathilde Beuriot, 2006 – Source : Enquêtes OGM 2003 – 2005

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